Du Nord au Sud en passant par Beyrouth et la plaine orientale de la Bekaa, les Libanais ont laissé éclater leur colère après la plongée de la livre libanaise face au dollar entamée mardi 2 mars. Des manifestants ont coupé des routes à l’aide de pneus enflammés, de bennes à ordures ou de blocs de béton pour protester contre l’érosion du pouvoir d’achat et la flambée des prix en raison de la dépréciation de la livre. En quelques mois seulement, le nombre de Libanais qui ont basculé dans la pauvreté extrême a triplé, passant de 8% à 23%, et plus de 55% des 5 millions de Libanais vivent sous le seuil de la pauvreté, selon des chiffres de la Banque mondiale datant de mai 2020. Le mouvement de protestation touche toutes les régions du pays et les manifestants appartenaient à toutes les communautés, preuve d’un ras-le-bol général, qui va au-delà des clivages politiques traditionnels. Devant la colère de la population, l’armée et les forces de sécurité ont évité toute confrontation, se contentant d’observer de loin et d’ouvrir quelques routes.