Le 15 mars, plusieurs organisations avaient appelé à descendre dans la rue pour dénoncer la corruption du pouvoir actuel et exiger la vérité sur un scandale de détournement de fonds dans l’achat de matériel militaire, révélé par la presse en février (soupçons de surfacturation et de fausses factures portant sur plusieurs centaines de milliards de francs CFA, soit des centaines de millions d’euros, de 2011 à ,20199). Bien que le 13 mars, des mesures restreignant les libertés publiques ont été prises dans la lutte contre le Covid-19, les organisateurs de la manifestation n’ont reçu aucune notification d’interdiction. Tôt dans la matinée du dimanche 15 mars, les forces de l’ordre ont bloqué toutes les voies menant à la place de la Concertation, à Niamey, lieu du rassemblement. Quatre personnes ont été tuées à proximité d’un marché de la capitale qui a pris feu après l’intervention des forces de l’ordre et quinze personnes ont été arrêtées dont des acteurs de la société civile, toutes interpellées à leur domicile. Après quatre jours de garde à vue, six d’entre eux ont été placés sous mandat de dépôt pour «participation à une manifestation non autorisée». Une précédente manifestation contre la corruption avait été brutalement réprimée (voir notre article).