Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Juste quelques lignes pour éponger une étrange sensation que je traîne depuis plusieurs jours. Une sensation qui m’en rappelle une autre.

Beaucoup a été écrit déjà sur l’emballement médiatique concernant l’affaire CCC et la complaisance à mêler terrorisme et communisme mériterait à elle seule un billet. Mais, alors que je le fais peu sur ce blog, je voudrais cette fois ne pas aligner des chiffres ou des arguments mais partager un sentiment, un ressenti, un malaise qui se fait solidarité.

C’était si ma mémoire est bonne en 2004. C’était à Bruxelles, puis c’était à Liège, dans mon jardin et il faisait beau. Il y avait Thierry, il y avait Julien et Wahoub. Des horizons différents mais une même ouverture d’esprit. Il y a avait un projet, celui d’un journal qui passerait par-dessus le tourbillon des sectarismes et serait un point de rencontre à gauche. La Spirale. Je me souviens très bien qu’il n’y avait pas dans mon jardin de projet terroriste. Notre arme de destruction massive c’était une feuille de choux, un outil de vraie démocratie directe. Je me souviens des logorrhées, des débats riches.

Le projet n’est jamais né. Les liens se sont distendus. Chacun est reparti dans mille militances. Juste un visage reconnu à la RTBF. Un coup de fil pour la couverture d’une action antipub il y a plusieurs mois. Autant dire rien. Et puis cette information, cette bombe dans le cortex. Et puis un prénom et un nom que je connais jetés dans la cage aux lions du cirque médiatique. La présomption d’innocence déchiquetée. Le mot, le fameux mot lâché: terrorisme. Un mot qui tue.

Ce mot, il est là au milieu des armes dans l’Europe que l’on nous impose. Traité de Lisbonne. Article 42.3: ‘Les Etats membres s’engagent à améliorer progressivement leurs capacités militaires’. Article 43: ‘Toutes ces missions peuvent contribuer à la lutte contre le terrorisme, y compris par le soutien apporté à des pays tiers pour combattre le terrorisme sur leur territoire’. L’ennemi est intérieur. Son contour n’est pas bien défini et donc on dira qu’il est potentiellement ce qui déstabilise la machine. Machine économique.

Je ne suis pour Wahoub sans doute qu’une vieille connaissance. Je ne sais rien de ses solidarités, de son éventuelle conversion à des méthodes (je ne crois ni à la lutte armée ni à la dictature du prolétariat dans nos sociétés ‘démocratiques’) ou à un projet (j’ai pour la pensée stalinienne la plus grande aversion) que je ne partage pas. Cependant, au regard de nos échanges passés, j’ai les plus grands doutes sur un possible grand écart intellectuel d’une telle nature.

Mais cette nuit, au-delà de ce qui restera quand la marée judiciaire se retirera, j’ai le sentiment étrange que c’est une amie qui dort en prison. Et si je l’osais sans vexer ses proches, je dirais ma meilleure amie. Parce que j’ai ce sentiment piquant que c’est la liberté de penser un autre monde (et pas seulement les moyens éventuellement illicites de le promouvoir) qui doucement mais sûrement est menacée. J’entends le bourdonnement sourd de parois lourdes qui se rapprochent. Pensant à ce poème de Martin Niemöller, un peu maladroitement peut-être, j’ai envie d’être juste à côté de mon amie.

Als die Nazis die Kommunisten holten, habe ich geschwiegen; ich war ja kein Kommunist. Als sie die Sozialdemokraten einsperrten, habe ich geschwiegen; ich war ja kein Sozialdemokrat. Als sie die Gewerkschafter holten, habe ich geschwiegen, ich war ja kein Gewerkschafter. Als sie die Juden holten, habe ich nicht protestiert; ich war ja kein Jude. Als sie mich holten, gab es keinen mehr, der protestieren konnte.

Aucun groupe révolutionnaire n’a bénéficié d’autant de publicité que les Cellules Communistes Combattantes (CCC) quand leurs dirigeants historiques sont enfin sortis de prison. La presse s’est jetée sur ces gens, qui, après quinze ans d’enfermement, d’isolement et de refus de liberté conditionnelle, avaient gardé les mêmes conceptions révolutionnaires qu’au moment de leur arrestation.

Ces ex-prisonniers en liberté conditionnelle ont été longuement interviewés Pierre Carette a eu droit à un débat d’une heure la télévision avec l’ex-premier ministre Wilfried Martens sur ‘la révolution et la lutte armée’; la presse les a accompagnés dans une visite télévisée aux endroits où ils ont posé des bombes; ils y ont expliqué avec force détails comment ils ont procédé pour faire sauter la ligne d’alimentation de l’OTAN, qu’il n’est pas difficile de commettre un attentat; etc. Si le parquet avait voulu démontrer que les ex-détenus ne respectent pas leurs conditions de mise en liberté conditionnelle, il aurait pu les arrêter à ce moment là.

Pourquoi ont-ils reçu tant d’attention des médias lors de leur libération, chose inimaginable au moment de leur diabolisation suite aux attentats?

D’abord parce que les membres des CCC sont d’une espèce rare: tant d’années d’enfermement et de souffrance ne les ont pas brisés.

Ensuite, la police et la justice ne sont pas intervenus et n’ont pas protesté contre cette vague médiatique parce qu’ils pouvaient facilement se servir de ce matériel au moment choisi. Ce moment est arrivé aujourd’hui: par manque d’éléments concrets à leur charge, tout ce matériel médiatique est utilisé comme preuve à leur encontre.

Enfin, ils ont su les présenter comme des ‘dinosaures politiques’, faisant partie d’un monde révolu et professant une croyance quasi religieuse dans laquelle très peu de gens risquent de se reconnaître. Si leurs propos sur la lutte armée du prolétariat pouvaient susciter une certaine sympathie il y a trente ans, ils font peur aujourd’hui à l’opinion publique. Provoquer le réveil des masses par l’action violente des groupes révolutionnaires est une voie morte. Dans tous les pays européens, tous les groupes de cette mouvance ont été démantelés et liquidés, l’un après l’autre. Quasi tous leurs membres sont soit morts, soit en prison ou devenus des ‘repentis’.

Les militants du Secours Rouge ou les ex-CCC ne sont pas des fous: ils ne sont plus dans les années septante-quatre-vingt, le moment n’est pas du tout à une vague d’attentats en Belgique et même s’ils en avaient l’intention, ils savent qu’ils sont sous surveillance permanente et qu’ils seraient les seuls suspects possibles dans tout attentat ‘anticapitaliste’. Ils mettraient dès lors en danger tout le travail de solidarité, déjà extrêmement faible, avec leurs camarades encore emprisonnés dans d’autres pays.

Dans le climat et la vague de répression actuels, les objectifs poursuivis et le moment choisi dans l’affaire du Secours Rouge sont avant tout politiques.

Les procureurs fédéraux et les tribunaux en charge des affaires ‘terroristes’ n’arrivent pas à démontrer, ni dans l’affaire DHKP-C, ni dans l’affaire de Bilal Soughir et des volontaires pour l’Irak, que le danger terroriste est réel en Belgique. L’arrestation des ex- CCC doit prouver le contraire à l’opinion publique. Ce qui doit permettre de condamner et de punir tout autre danger potentiel.

Le plus important est l’existence en Belgique d’une véritable opposition démocratique de personnalités, de militants et d’associations à la législation anti-terroriste et à la vague de criminalisation des militants qui s’abat sur nos pays. Elle s’est manifestée dans la mobilisation pour Bahar Kimyongür, dans la mobilisation récente d’un nombre d’intellectuels autour de Soughir Bilal ou encore dans la mobilisation contre la condamnation de Dyab Abou Jahjah et le procès contre l’occupation de l’Onem à Liège (il y a dix ans !). L’arrestation des militants du Secours Rouge est un avertissement à tout ce mouvement de solidarité et en particulier à celui autour des inculpés dans le procès DHKP-C, à la veille de la Cassation du 10 juin. Leur acquittement a été la plus grande défaite de la justice anti-terroriste en Belgique depuis les attentats du 11 septembre.

Le principal reproche aux membres du Secours Rouge arrêtés est un travail de solidarité avec des militants italiens en prison. Le Secours Rouge est la seule organisation dont la spécificité est la mobilisation pour les détenus anciens et nouveaux de la mouvance révolutionnaire armée en Europe.

Le point essentiel est là: le seul fait d’organiser cette solidarité fait de vous un membre de l’organisation terroriste elle-même. La justice veut lancer un avertissement sérieux à tous ceux qui s’opposent aux lois anti-terroristes et à la criminalisation des militants. C’est une raison suffisante pour réclamer la libération immédiate des personnes aujourd’hui arrêtées.

Luk Vervaet, enseignant en milieu carcéral

Il existe de nombreuses façons de manifester votre soutien aux membres et sympathisants du SR détenus:

Vous pouvez contribuer financièrement:

Soit en versant au compte solidarité: 083-9777055-40. Soit en prenant contact avec nous pour nous donner une enveloppe. Toute initiative est la bienvenue: on peut récolter des fonds facilement avec un repas, une projection, une carte postale: n’hésitez pas. L’argent ira aux paiements des avocats et un versement est assuré pour la cantine des détenus. Attention: la prison de Saint-Gilles ne nous communique pas de numéro de compte à ce jour: téléphonez-leur, demandez-leur comment déposer argent, livres, vêtements: plus on le demandera, plus on a de chance d’être entendus.

Vous pouvez leur écrire:

Chaque manifestation de soutien fait du bien à un détenu. Nos voix ont sûrement été entendues lors du rassemblement de samedi: qu’ils nous entendent, qu’ils nous lisent. Ecrivez-leur pour leur demander de vous mettre sur la liste des personnes qu’ils peuvent voir: la décision sera entre les mains de l’appareil judiciaire, mais au moins nos amis et camarades sauront que nous sommes là.

Ecrivez-nous pour être informés:

Nous vous tiendrons au courant des actions prévues, des initiatives prises auxquelles chacun peut participer.

Faites comprendre:

Expliquez autour de vous que c’est la solidarité de classe qui est attaquée. Les confusions sont encore nombreuses, le Secours Rouge a une présentation en ligne : lisez-là. Le travail du SR consiste en un soutien aux prisonniers politiques: nous en avons aujourd’hui en Belgique: soutenons-les, soyons solidaires.

Refusons l’acharnement politique sur les militants de la solidarité! Il est inacceptable qu’on les retienne! ILS DOIVENT TOUS SORTIR!

La solidarité est notre arme!

Le MRAP, indigné, condamne la trahison d’Etat que représente la signature du décret d’extradition par le premier ministre concernant Marina Petrella. En effet, cette signature, gage à Berlusconi, représente une violation de la parole que le gouvernement français avait prise en 1981 et en 1985 à l’endroit de Marina Petrella. Le MRAP demande l’abrogation de ce décret honteux qui représente un grave et inquiétant déni d’asile. Exigence d’autant plus nécessaire que l’état de santé de Marina Petrella s’est très fortement dégradé tant sur le plan psychologique que physique. Une extradition entraînerait dans ces conditions une mort lente assurée en prison. C’est pourquoi le MRAP appelle au rassemblement de soutien qui aura lieu le mercredi 11 juin 2008 à 11h30, place de Sèvres Babylone, Paris 7ème. Paris, le 10 juin 2008

Ce vendredi, quatre personnes ont été inculpées : Wahoub Fayoumi, journaliste à la RTBF; Constant Hormans, transporteur routier; Abdallah Ibrahim Abdallah, réfugié politique libanais; et Bertrand Sassoye, serveur dans une brasserie et ex-membre des CCC. Ce vendredi, une cinquième personne, est arrêtée dans le cadre de la même affaire. Qu’ont en commun ces cinq personnes? Nullement la reconstitution d’une pseudo organisation ‘terroriste’ mais bien une action soutenue ou la marque d’une sympathie pour les luttes politiques et sociales (sans-papiers, les dockers, luttes syndicales,…), ainsi que pour certains, leur participation aux activités légales et légitimes du Secours Rouge/APAPC (secoursrouge.org).

Le Secours Rouge/APAPC travaille au développement de la solidarité face à la répression de classe: prisonniers politiques, répression sociale (grèves, occupations, etc), faits de solidarité internationaliste (solidarité avec les sans-papiers ou avec les peuples en lutte). Le travail du Secours Rouge consiste notamment en des soirées publiques comme celle organisée à Bruxelles en avril dernier sur la répression en Italie, lors de laquelle des personnes sont venues témoigner du cadre juridique dans lequel se sont déroulées les arrestations des inculpés du 12 février. (Vidéo de la conférence)

S’appuyant sur l’application des nouvelles ‘méthodes particulières de recherche’, le Parquet fédéral et la police ont organisé de multiples interpellations et perquisitions qui trouvent un relais complaisant, quasi enthousiaste, dans les médias. Ce relais s’est rapidement transformé en désinformation, en propagation de raccourcis mensongers et d’amalgames dangereux qui contribuent à la criminalisation de la solidarité avec les prisonniers politiques. Il faut aujourd’hui, en Belgique, refuser la criminalisation du Secours Rouge, de ses militants et de la solidarité internationale.

Libérons nos camarades!

La solidarité est notre arme!

Article du journal Le Soir: Sassoye et ses ‘bombes’ – format pdf
Article du journal Le Soir : Sassoye et ses ’bombes’ – format pdf

Vidéo de Bertrand Sassoye et des fusées pyrotechniques

Communiqué de solidarité de Netwerk – Secours Rouge Allemagne in German – format pdf
Communiqué de solidarité de Netwerk – Secours Rouge Allemagne in German – format html
Communiqué de solidarité du MLKP (Turquie, Kurdistan Nord) en français- format pdf
Communiqué de solidarité du MLKP (Turquie, Kurdistan Nord) in German – format pdf
Communiqué de solidarité du MLKP (Turquie, Kurdistan Nord) in German – format html
Communiqué de solidarité du MLKP (Turquie, Kurdistan Nord) in Castilian – format pdf
Communiqué de solidarité du MLKP (Turquie, Kurdistan Nord) in Castilian – format html
Communiqué de solidarité du MLKP (Turquie, Kurdistan Nord) in English – format pdf
Communiqué de solidarité du MLKP (Turquie, Kurdistan Nord) in English – format html
Communiqué de solidarité du Secours Rouge Espagne – format pdf
Communiqué de solidarité du Secours Rouge Espagne – format html
Communiqué de solidarité du Secours Rouge Italie in Italian – format pdf
Communiqué de soutien Naples Italie in Italian – format pdf

Prison de Berkendael – 44 rue Berkendael – B-1190 Bruxelles

Adresses des prisonniers – format pdf
Adresses des prisonniers – format html

Les photos du rassemblement:

Manif du 7 juin

Manif du 7 juin

Manif du 7 juin

Manif du 7 juin

Manif du 7 juin

Manif du 7 juin

Manif du 7 juin

Manif du 7 juin

Manif du 7 juin
Manif du 7 juin
Manif du 7 juin
Manif du 7 juin
Manif du 7 juin
Manif du 7 juin
Manif du 7 juin
Manif du 7 juin