Un jour après avoir été libéré d’une prison du district du Bastar (Chhattisgarh) après avoir été acquitté de toutes les accusations d’implication dans la guérilla maoïste, Gajala Goppanna, membre présumé du Dandakaranya Special Zonal Committe du CPI(Maoist) a été ré-arrêté mercredi par la police qui l’accuse de meurtre et d’extorsion. L’homme, âgé de 80 ans, avait été libéré de la Jagdalpur Central Jail mardi après qu’un tribunal de la ville de Dantewada l’ait acquitté faute de preuve. Goppanna était en détention préventive après avoir été arrêté à Gariaband (Chhattisgarh) en 2007 pour ‘implication dans les violences maoïstes’. Il était un des huit guérilleros présumés incarcérés dont le CPI(m) avait exigé la libération pour libérer Alex Paul Menon, un fonctionnaire qui avait été fait prisonnier il y a quelques années. Mercredi, l’homme a donc été arrêté sur base de 5-6 mandats d’arrêt émis par le district de Bijapur, dans le sud du Bastar. Les autorités du Chhattisgarh l’ont remis à la police du Bijapur.

L’affrontement a eu lieu hier soir dans les forêts de Munga, à proximité du commissariat de Gangaloor dans l’état du Chhattisgarh. Une brigade des forces de sécurité locales effectuaient une opération de ratissage lorsqu’elle est tombée sous le feu d’un groupe de guérilleros. Ceux-ci ont blessé un des soldats avant de battre en retraite. Alors que la brigade se retirait vers son camp de base, elle a été une nouvelle fois prise pour cible, entrainant une nouvelle fusillade de plus d’une demi heure. C’est en encerclant la zone après le départ des guérilleros que les soldats ont retrouvé le corps de l’un d’eux. Par ailleurs, les traces de sang laissent suspecter que d’autres membres de la guérilla aient été soit blessés soit même tués. Des renforts de l’armée ont été envoyés sur places pour soutenir les forces de sécurité locales.

Le ministre de l’Intérieur a constitué un comité composé de deux anciens chefs de la CRPF afin qu’il réfléchisse à des propositions en vue d’une refonte de la force de contre-insurrection. Le comité examinera la structure actuelle de la CRPF à la lumière de ses missions dans les états touchés par la guérilla maoïste avant de proposer un projet de réorganisation à long terme de la force. Le ministre attend de ce comité qu’il analyse diverses questions telle que les procédure d’opérations pour travailler dans les zones naxalites, la politique de transfert au sein de la force, le type d’armes utilisées et les besoins idéaux, y compris le type de véhicules nécessaires dans ces régions. Le comité évaluera également la formation des soldats, et proposera éventuellement un nouveau plan d’entraînement. Selon plusieurs sources, le ministère de l’Intérieur aurait déjà dit que la CRPF aurait besoin de davantage d’AK-47 au lieu des fusils INSAS, et qu’il faudrait acheter un grand nombre de motos – près de 20 motos pour chaque compagnie de 125 hommes pour une meilleure mobilité opérationnelle des forces ainsi que pour leur sécurité face aux ‘armes favorites’ des guérilleros, les IED.

Au Telengana, des élus de tous les partis politiques locaux, des fonctionnaires et des membres de la société civile soutenus par la police se sont lancés dans une vaste opération avec pour objectif la reddition de plusieurs membres haut placés du CPI(maoïste). Ils se rendent aux domiciles de ces derniers afin de convaincre leurs parents de leur parler et de les pousser à se rendre. Ils ont, entre autre, rendu visite à la maman de Mallojula Venugopal Rao, membre du Comité Central et du Politburo du parti. Pour cette visite, ils étaient accompagné d’un médecin, qui a offert ses services, et la dame a reçu des présents tels que des vêtements et des sucreries.

Mallojula Venugopal Rao est le frère cadet de Kishenji, membre du Comité Central qui a été abattu dans une ‘rencontre’ au Bengale occidental il y a quelques années (lire notre article de l’époque). La tête de Venugopal Rao a récemment été mise à prix par les autorités pour une somme de 5.000.000 roupies (environ 60.000 euros). En marge de cette campagne, les autorités ont mis en place un vaste plan de réhabilitation pour les guérilleros qui renonceraient à leur combat: le montant de la récompense, un domicile et une assistance financière de la part d’une banque.

La police de Gadchiroli a arrêté deux cadres du parti maoïstes actifs dans le Chhattisgarh, dont un membre haut placé, dans la forêt de Markegaon, dans le nord du district. Kamlesh Gawde, alias Shamlal, un ancien commandant de brigade, a été arrêté avec Maheshwari Madavi, alias Jeeteshwari.

Par ailleurs, les autorités ont annoncé qu’un membre éminent du Special Area Committee du CPI(Maoist) a été arrêté à proximité du commissariat de Ramgarh, dans le district de Dumka (Jharkhand).

Enfin, samedi, la police a interpellé une femme se déplaçant de manière suspecte dans le village de Godloi situé dans le district de Deogarh, toujours dans le Jharkhand. Identifiée comme étant Basanti Barla, les autorités la suspecte d’être active dans la guérilla maoïste. Elle a été emmenée pour être interrogée, mais aucun lien entre elle et le CPI(Maoist) n’a encore pu être établi. Elle a été arrêtée dans le cadre du opération de ratissage menée par la CRPF et les forces de sécurité, et a été placée en détention préventive.

Récemment, plusieurs sources médiatiques ont remis en avant la problématique des arrestations injustifiées de tribaux qui sont interpellés sans autre justification qu’un comportement ‘suspect’. Ces arrestations abusives se multiplient en raison, entre autre, des récompenses obtenues par les policiers pour l’arrestation de membres de la guérilla.

28/09/2014

Inde: Arrestations

Alors que le CPI(m) fête ses dix ans d’existence dans le cadre du ‘foundation week’ ponctuée par divers événements et actions, cinq guérilleros ont été arrêtés ce vendredi dans le district de Narayanpur (Chhattisgarh). La police locale les a capturé dans le cadre d’une opération de ratissage menée dans une zone forestière située dans le périmètre du commissariat de Narayanpur. Les cinq personnes auraient été identifiées, et toutes avaient leur tête mise à prix. L’une d’entre elles, Mura Salaam, est suspecté d’être à la tête du Mondi Janata Sarkar, tandis qu’une autre, Anant, est accusée d’être responsable du Kasturmeta Janata Sarkar. Les Janata Sarkar sont ces organes de pouvoir populaire mis en place par le parti maoïste dans plusieurs zones qu’il contrôle. Les cinq guérilleros sont accusés d’avoir mené des attaques contre la police, d’être responsables de meurtres, de pillages et de captures de soldats. Près d’une vingtaine de guérilleros présumés ont été arrêtés au cours de la ‘foundation week’ qui a début ce 21 septembre.

Le département d’état en charge des prison a construit un bâtiment spécial dans le district de Gadchiroli (Maharashtra) pour les prévenus accusés d’avoir des liens avec la guérilla maoïste. Les travaux sont actuellement terminé, mais la prison n’est pas encore ouverte car le département a demandé des mesures de sécurité spéciales fournies par les forces paramilitaires. A terme, cette prison deviendra une prison spéciale pour les Naxalites. En plus de celle-ci, il est prévu la construction de prisons de ce type dans les districts de Washim, de Sindhudurga, de Jalgaon et de Nandurbar.

Au cours de ces dernières années, des centaines de personnes ont été arrêtées par la police du Maharashtra pour leurs prétendus liens avec les maoïstes. La plupart ont finalement été libérés, faute de preuve, après de longs mois de détention préventive dans la prison centrale de Nagpur. D’après un avocat, une grande partie de ces prisonniers étaient et sont des militants luttant pour les droits des tribaux ou contre les expropriations. Des fonctionnaires du Anti-Terrorism Squad (ATS – Brigade Anti-Terroriste) n’ont eux pas caché l’objectif de la construction de ces prisons spéciales, affirmant que cela faisait longtemps qu’ils attendaient cette initiative, principalement parce que ces prisonniers exercent une influence sur les prisonniers communs. Un fonctionnaire haut placée de l’ATS a déclaré: ‘Il est crucial d’avoir une prison spéciale. Nous avons vu que les Naxalites influencent leurs co-détenus avec leur idéologie. En fin de compte, leur objectif est d’absorber autant de personnes que possible de leurs groupes. Donc, une prison spéciale pour eux est un pas bienvenu dans la lutte contre les maoïstes’.

Ce dimanche devait se tenir à Hyderabad (Andhra Pradesh) une conférence du Forum for Political Alternative à l’occasion des dix ans du mouvement révolutionnaire mené par le CPI(m). Varavara Rao, président de ce forum, le décrit comme une organisation dont le but premier est de fournir une alternative aux politiques actuelles, avec pour objectif de reproduire le concept de ‘Janata Sarkar’ (ou gouvernement populaire), système de gouvernance mis en place par les maoïstes dans plusieurs régions du pays. Le meeting, qui se voulait être un bilan des dix dernières années de lutte, en référence à la fusion des deux plus grands partis maoïstes du pays le 21 septembre 2004, devait avoir lieu ce dimanche à partir de 10h, mais les autorités locales en ont décidé autrement affirmant que le Forum est une organisation de front du CPI(m).

Dans la nuit de samedi à dimanche, elles ont déclenché une vaste opération d’arrestations à travers la ville, arrêtant un total de près de 800 personnes. Des femmes et des enfants ont été emmenés depuis leur domicile au milieu de la nuit. De nombreux participants ont été interpellés directement à la gare alors qu’ils se dirigeaient vers Hyderabad. D’autres ont été assignés à résidence. Ce fut notamment le cas de Varavara Rao, d’abord assigné à résidence (vers 5h du matin) et emmené en cours de matinée pour être placé en détention préventive. Un grand nombre de sympathisants s’opposant à ces arrestations arbitraires ont également été interpellés.

Les autorités de l’Andhra Pradesh ont annoncé avoir arrêté un couple mardi lors d’une conférence de presse donnée en fin de semaine. Des membres de la Special Intelligence Branch (SIB) ont interpellé un couple accusé de travailler pour l’équipe technique du comité central du CPI(maoïste). Les deux personnes arrêtées ont été identifiées comme étant Kistappa, alias Krishna, 40 ans et sa femme, Laxmi, alias Bhavani, 35 ans. D’après les autorités, Kistappa travaillait pour les maoïstes depuis plus de vingt ans, alors que sa femme serait elle active depuis douze ans. Après plusieurs mois de surveillance, la SIB est entrée en action et a pris d’assaut leur cachette dans la région de Bagalagunte, à proximité de Bangalore mardi soir.

D’après la SIB, le couple vivait dans un appartement loué depuis quatre ans. Kistappa travaillait comme maçon et sa femme comme tailleur. Elle a également déclaré que le propriétaire du bâtiment leur avait signalé qu’une ou deux fois par ans, le couple fermait tout à clé et partait durant plusieurs semaines. Ayant saisi leur téléphone, la SIB est actuellement en train d’analyser le détail de leurs appels. ‘Nous savons qu’ils font partie de l’équipe technique du comité central. Nous tentons actuellement de découvrir leur rôle exact et les missions qui leur étaient confiées’. Leur tête avait été mise à prix pour 500.000 roupies (6000 euros) chacun.

La nuit du 28 août dernier, une jeune étudiante de la Jadavpur University a été brutalisée dans son auberge située sur le campus par dix étudiants. Son compagnon a également été violenté ce soir-là. L’absence de réaction des autorités universitaires, et leur refus de lancer une enquête sur les faits ont entraîné le déclenchement d’un mouvement sur le site de l’université à l’initiative des étudiants mécontents.

Durant plusieurs jours, ils ont organisé des rassemblements, des sit-ins, des projections de documentaires sur la violence sexuelle et autres agressions contre les femmes, des concerts, etc. En restant sur le campus, en campant devant le bâtiment abritant les bureaux de la direction de l’université, ils espéraient être entendus dans leur revendication. Un soir, interpellant le vice-directeur qui sortait pour rentrer chez lui, ils se sont entendus répondre: ‘Parler aux étudiants va à l’encontre de ma dignité’. Suite à ce message, après plus de 100 heures d’occupation du campus, les étudiants ont décidé, le 17 septembre, d’aller plus loin et ont formé une chaîne humaine autour du building afin d’empêcher toute entrée et sortie.

Les autorités universitaires ont alors fait appel à la police qui est intervenue en force pour briser le blocage. Les policiers ont chargé dans la foule d’étudiants avec des batons et du gaz lacrymogène. Selon plusieurs sources sur place, les policiers étaient accompagnés par des hommes en civil qui ont été identifiés comme étant des hommes de main du parti TMC, parti politique proche des autorités universitaires. Après de longues minutes d’affrontements, 37 étudiants ont été arrêtés, dont une fille. Tous ont été libérés au compte-goutte dès le lendemain matin, avant d’être emmenés par leurs camarades à l’hôpital pour y être soignés.