Après des années d’interdictions policières et d’arrestations hebdomadaires (voir notre dernier article), les Mères du samedi et leurs sympathisants ont pu accéder pour la première fois à leur lieu de rassemblement traditionnel devant le lycée Galatasaray sur l’avenue Istiklal à Istanbul. Depuis plus de 28 ans, les Mères du samedi réclament des informations sur leurs proches disparus en détention par l’État. Il s’agit de la plus ancienne campagne de désobéissance civile en Turquie, qui a débuté le 27 mai 1995 avec le sit-in de la famille de Hasan Ocak, un enseignant assassiné sous la torture. On estime que 17 000 personnes ont « disparu » en Turquie dans les années 1980 et 1990, en particulier dans les régions kurdes. Leurs corps ont souvent été jetés dans des fosses communes secrètes sur des bases militaires, mais aussi dans des décharges ou des puits. Ni la police ni la justice n’ont pris de mesures pour enquêter.