Le New York Times a révélé que les tortionnaires de la CIA ont soumis 183 fois à la simulation de noyade Khalid Cheikh Mohammed, le citoyen pakistanais présenté comme le planificateur des attentats du 11 Septembre. Un autre membre présumé d’Al-Qaïda, Abou Zoubaydah, l’a été à 83 reprises. Citant une note interne du département de la Justice de 2005, le quotidien américain indique que le personnel de l’agence de renseignement chargé de mener les interrogatoires a utilisé cette méthode sur ces deux détenus bien plus souvent que cela ne l’avait été dit jusqu’à présent. En 2007, l’ancien agent de la CIA John Kiriakou avait indiqué aux médias qu’Abou Zoubaydah avait subi cette technique d’interrogatoire pendant 35 secondes avant de dire qu’il était prêt à dire tout ce qu’il savait. La méthode de la simulation de noyade avait été réclamée pour Abou Zoubaydah malgré le fait que les interrogateurs pensaient qu’il avait déjà dit tout ce qu’il savait.
Il faut noter que les Etats-Unis ont poursuivi des interrogateurs japonais lors de procès pour crimes de guerre après la Deuxième Guerre mondiale pour simulation de noyade. Au Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient ou lors des Procès de Tokyo pour crimes de guerre de 1946 à 48, plusieurs soldats japonais avaient été condamnés pour avoir procédé à des simulations de noyade sur des prisonniers américains.
Cette description de l’expérience de la simulation de noyade par un GI américain aurait aussi bien pu être faite pour décrire la méthode de la CIA, ‘Ils m’ont allongé et attaché sur une civière. Ensuite la civière a été relevée et j’avais la tête qui touchait presque le sol et les pieds en l’air… Ils ont alors commencé à verser de l’eau sur mon visage et il m’était parfois quasiment impossible de respirer sans avaler de l’eau.‘
Voici les termes exacts de la note de service de la CIA: ‘Dans ce procédé, l’individu est fermement attaché à un banc incliné… De l’eau est versée sur un linge qui est d’abord placé sur le front et les yeux puis abaissé pour lui recouvrir le nez et la bouche… Ceci provoque un excès du niveau de gaz carbonique dans le sang de l’individu, ce qui incite à des efforts accrus pour respirer. Ces efforts combinés à la présence du linge trempé sur le visage produisent une impression de ‘suffocation et de panique’, c’est-à-dire l’impression de se noyer… La procédure peut alors être répétée… Un expert en médecine… sera présent durant toute la durée de l’opération…‘