Du 4 au 18 novembre se tient à Paris le procès de dix personnes accusées d’avoir participé à l’organisation d’une traversée de la Manche ayant causé la mort de sept exilé·es afghans en août 2023, dans un contexte où la militarisation croissante de la frontière franco-britannique pousse les candidat·es à l’exil à emprunter des routes toujours plus dangereuses. Parmi les prévenus figure Ibrahim A., un jeune Soudanais, originaire du Darfour qui est en détention provisoire depuis août 2023. Survivant du naufrage, il est accusé d’être un des passeurs de la traversée. Lui clame son innocence depuis deux ans.

Depuis des années, drones, hélicoptères, contrôles routiers et présence policière massive sur les plages rendent les départs plus rares, plus éloignés et plus risqués, entraînant surcharges des bateaux, matériel fragile et naufrages meurtriers — au moins 89 morts en 2024 et déjà 38 en 2025. Plutôt que de reconnaître le rôle direct de ces politiques dans les drames, les autorités criminalisent un nombre toujours plus large de personnes, y compris des exilé·es eux-mêmes contraints de piloter des embarcations faute de pouvoir payer leur passage.