Le grand quotidien chilien El Mercurio et d’autres médias, ont reçu pendant la dictature de Pinochet des millions issus des caisses noires de la DINA, la police politique. Outres des journaux et des hebdomadaires chiliens, les agences de presse étrangères UPI et l’Agence France Presse ont touchés ces chèques qui expliquent le silence de ces médias sur les crimes de la dictature, mais ce n’est pas tout : ils témoignent aussi de la complicité de cette presse, qui a fait état de prétendus affrontements s’étant soldés par la mort de militants de gauche, alors que la justice a établi qu’il s’agissait d’assassinats et de disparitions.
Parmi ces affaires figure l’opération Colombo, montée par la dictature autour de 119 prisonniers assassinés. Certains des médias mis en cause ont rapporté qu’ils avaient été exécutés par leurs propres compagnons lors de règlements de comptes internes ou qu’ils étaient morts au cours d’affrontements imaginaires avec la police. Il y a aussi l’affaire de la Rinconada de Maipú, dans laquelle des journalistes ont « couvert » la DINA en se faisant l’écho de heurts inventés de toutes pièces avec des agents des forces de l’ordre ; dans les faits, comme l’a montré l’enquête judiciaire, les prisonniers étaient déjà morts quand ils sont sortis du centre de torture de la Villa Grimaldi.