Le président turc Erdogan a de nouveau menacé de bloquer l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, moins de quarante-huit heures après l’accord entre les trois pays (voir notre article d’hier). S’adressant à la presse en clôture du sommet de l’Alliance atlantique, le président turc  a posé ses conditions. « S’ils remplissent leur devoir, nous soumettrons [l’accord] au parlement » en vue de son adoption. « S’ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l’envoyer au parlement… ». Erdogan a évoqué une « promesse faite par la Suède » concernant l’extradition de « 73 terroristes ». « Ils les renverront, ils l’ont promis. Cela figure dans des documents écrits. Ils tiendront leur promesse ».

Dès le lendemain, Ankara avait déjà réclamé son dû, exigeant de la Suède et de la Finlande l’extradition de 33 membres présumés du PKK ou du mouvement fondé par le prédicateur Fethullah Gülen, qu’Erdogan accuse d’avoir fomenté la tentative de coup d’État de juillet 2016. « Toutes ces affaires ont été déjà résolues en Finlande », avait commenté le président finlandais, Sauli Niinistö. Le ministère finlandais de la Justice a de son côté précisé n’avoir « pas reçu de nouvelles demandes d’extraditions de la Turquie ces derniers jours ». La Première ministre suédoise Magdalena Andersson a pour sa part promis mercredi « de coopérer plus étroitement avec la Turquie concernant les listes des [membres présumés du] du PKK … Mais nous continuerons bien sûr de respecter la loi suédoise et le droit international ».

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La Turquie a fini par lever son veto à l’adhésion de la Suède et de la Finlande au sommet de l’OTAN à Madrid. Elle obtenu des deux pays candidats l’engagement de ne fournir aucun soutien aux kurdes syriens, de « rejeter et de condamner le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations dans les termes les plus forts » et de « condamner sans ambiguité toutes les organisations terroristes commettant des attaques » sur le sol turc. En outre, la Suède et la Finlande ont confirmé considérer le PKK comme une organisation terroriste et pris l’engagement de mener « la lutte contre le terrorisme avec détermination et résolution, conformément aux dispositions des documents et politiques de l’Otan » en prenant « toutes les mesures nécessaires pour renforcer la législation nationale en ce sens ».

Stockholm et Helsinki pays ont également accepté de renforcer leur coopération avec Ankara en matière de lutte contre le « terrorisme », via un « mécanisme structuré à tous les niveaux », y compris entre « les services de sécurité et les services de renseignement », et d’enquêter sur « toute activité de financement et de recrutement du PKK et de toutes les autres organisations terroristes ». Selon l’accord, la « Finlande et la Suède traiteront les demandes d’expulsion ou d’extradition de personnes soupçonnées de terrorisme de manière rapide et approfondie, en tenant compte des informations, preuves et renseignements fournis » par Ankara et « établiront les cadres juridiques bilatéraux nécessaires à la coopération en matière de sécurité avec la Turquie, conformément à la Convention européenne sur l’extradition ». Enfin, les restrictions sur les ventes d’armes et d’équipements militaires à la Turquie ont été levées. « La Turquie a obtenu ce qu’elle voulait », a commenté le bureau du président Erdogan après l’annonce de cet accord.

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Les candidatures de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, consécutive à l’invasion de l ‘Ukraine par la Russie, donne à la Turquie la possibilité de poser des exigences envers ces deux pays concernant les asiles politiques accordés aux réfugiés politiquex turcs et kurdes. En effet, un pays ne peut être admis au sein de l’Otan qu’à la condition qu’aucun pays déjà membre ne s’y oppose. La semaine passé, Erdogan, avait affirmé que l’adhésion de la Suède et de la Finlande était une « mauvaise idée »: « Comment allons-nous leur faire confiance? La Suède est la pépinière des organisations terroristes […] Nous ne céderons pas sur l’adhésion à l’ Otan de ceux qui appliquent des sanctions envers la Turquie ». Les deux pays n’ont jamais répondu favorablement aux demandes d’extradition adressées par Ankara au sujet de membres présumés du PKK et de l’organisation  Gülen et ont imposé un embargo sur les armes après son offensive lancée en 2019 contre le Rojava. Le 19 mai, Erdogan a encore haussé le ton. « Nous sommes résolus à maintenir notre position, nous avons informé nos amis que nous dirons non à la Finlande et à la Suède qui veulent rejoindre l’Otan et nous persisterons dans cette voie. […] Cette Suède et cette Finlande sont les pays qui hébergent les terroristes chez eux, le PKK et l’YPG ».