Les vagues de protestation et leur répression se poursuivent au Nicaragua. Le vaste mouvement de protestation est, comme au Venezuela, un mélange de légitimes protestations populaires (en l’occurrence, contre le népotisme et la corruption du gouvernement Ortega, héritier de la guérilla sandiniste) et de manoeuvres de déstabilisation des forces de droite liées à l’impérialisme et à la grande bourgeoisie. Le bilan du mouvement, dont l’étincelle a été une protestation contre la réforme de la loi sur les retraites (voir notre article) serait de plus de 200 morts et 1300 blessés.

L’Église catholique est la principale force médiatrice. C’est ainsi qu’elle a obtenu la libération de jeunes protestataires. C’est aussi sous ses auspices que les négociations gouvernement/opposition ont repris ce lundi. Il est question d’élections anticipées qui devraient en mars 2019 (au lieu de fin 2021 comme prévu par la loi).

Insurgés défendant une barricade avec des armes artisanales

Insurgés défendant une barricade avec des armes artisanales

De violentes manifestations contre une réforme des retraites ont fait au moins onze morts au Nicaragua, jeudi 19 et vendredi 20 avril. Ces manifestations rassemblent des opposants à une réforme du gouvernement du président Daniel Ortega visant à augmenter les contributions des employeurs comme des salariés et à réduire de 5 % le montant des retraites. Les protestations commencées mercredi se sont durcies vendredi, au troisième jour de mobilisation, avec des barricades érigées, des heurts avec la police et des dégradations de bâtiments gouvernementaux, à Managua et dans d’autres villes du pays.

Le président Daniel Ortega a déclaré que le gouvernement était totalement d’accord pour reprendre le dialogue mais a toutefois affirmé que les manifestations étaient soutenues par des groupes politiques opposés à son gouvernement et financés par des organisations états-uniennes.

Les affrontements au Nicaragua

Les affrontements au Nicaragua

Au Nicaragua, 12 douze travailleurs ont été jugés coupables du simple fait d’avoir manifesté pacifiquement contre le licenciement de leurs représentants syndicaux en juin 2016 devant l’usine SAE-A Tecnotex, appartenant à un groupe coréen dans la zone de libre-échange à Tipitapa. La police anti-émeute est intervenue pour violemment disperser le rassemblement des ouvriers protestant contre le licenciement arbitraire de leurs délégués, congédiés après avoir soulevé des préoccupations au sujet de l’eau potable et des cibles de production. Ils attendent la prononciation de leurs peines qui pourraient aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement.

Les travailleurs de Tipitapa

Les travailleurs de Tipitapa

Un policier a été tué et 31 personnes ont été blessées dans les affrontements de mardi dans la ville de Mina El Limón, dans le nord-ouest du Nicaragua, où les travailleurs d’une compagnie minière employés ont brûlé le poste de police. Le policier a été tué en essayant de réprimer l’agitation autour du site de B2, la multinationale canadienne qui gère la mine d’or El Limon, au nord-ouest de Managua.

Les heurts ont commencé quand les mineurs ont attaqué avec des pierres, des bâtons et des grenades artisanales un bus de la police qui transportait les employés des pompes de la mine. Outre le commissariat d’El Limón, au moins trois véhicules de la société B2, un bus et une patrouille de police ont été incendiés. Les ouvriers de B2 luttent depuis 10 jours pour la réintégration de trois mineurs licenciés, et le départ du gérant de la société, accusé de violer les contrats de travail.

Affrontements à El Limón

Affrontements à El Limón

De multiples manifestations se sont déroulées ces derniers jours à travers le pays contre la récente hausse des prix de l’électricité. Vendredi, des manifestants sont entrés sur le site de l’aéroport de Managua pour l’occuper, entraînant des confrontations avec les forces de l’ordre. Au moins vingt personnes ont été blessées, et dix autres interpellées. Par ailleurs, près de 200 personnes ont affronté la police après avoir bloqué la Pan American Highway à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Managua. Des policiers et des manifestants ont été blessés dans un échange de jets de pierres, de tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. A 400 kilomètres au nord-est de la capitale, 400 personnes ont manifesté en prenant d’assaut l’aéroport local et en bloquant les transports publics.