Trois ouvriers ont été licenciés de l’usine de pneus Michelin à Midigama, dans le sud du Sri Lanka dans le cadre des tentatives de la direction de briser la résistance des travailleurs de l’usine. Ceux-ci se battent depuis le 23 mai pour défendre leurs emplois et salaires contre les attaques liées à la restructuration de la multinationale française. L’usine, qui emploie plus de 1 500 travailleurs, a été vendue par Michelin à la société indienne CEAT, la transaction devant être finalisée ce mois-ci. Le groupe Michelin a également annoncé une vague de fermetures d’usines, dont deux dans l’ouest de la France – Cholet et Vannes – impactant environ 1 250 salariés.

Les trois travailleurs ont été licenciés sans préavis, sans aucune enquête en violation du droit du travail en vigueur au Sri Lanka. Ils ont également été convoqués par la police suite aux plaintes de la direction selon lesquelles ils seraient entrés dans l’usine sans autorisation. Le trust a également traité « d’illégal » une grève des travailleurs de Michelin Midigama pour la réintégration des trois travailleurs licenciés et pour les emplois de tous, la direction a aussi procédé à un lock-out en arrêtant les opérations au sein de l’usine.

Mercredi a eu lieu la deuxième journée d’affrontements entre la police et divers groupes de manifestants. Les étudiants ont manifesté mardi pour réclamer la mise en œuvre des changements promis dans le système de gouvernement. La police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Le lendemain, les manifestants se sont rassemblés pour demander au gouvernement sri-lankais de protéger les droits des femmes mercredi, à l’occasion de la Journée internationale de la femme. La police anti-émeute a bloqué la route et s’est heurtée à eux. Outre les droits des femmes, les manifestants ont protesté contre la hausse de l’inflation et demandé que les élections locales reportées soient organisées immédiatement. Les étudiants demandaient également que les élections locales se tiennent comme prévu, ainsi que l’abolition de la loi sur la prévention du terrorisme et de la présidence exécutive. Ils demandaient également la libération des dirigeants et des membres des syndicats d’étudiants universitaires qui ont été arrêtés et placés en détention provisoire.

Au Sri Lanka, le changement de gouvernement n’a toutefois pas entraîné la fin des manifestations, ni modifié les méthodes utilisées par l’administration pour disperser les citoyens mécontents. L’île est aux prises avec sa pire crise économique depuis qu’elle a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1948, en proie à une inflation supérieure à 50%, à une pénurie de devises étrangères et à une forte récession. Cette année, le gouvernement a augmenté l’impôt sur le revenu jusqu’à 36%. Le nouveau président  a déclaré au parlement que la réforme fiscale était nécessaire pour consolider les finances publiques selon les termes du prêt du FMI et que le gouvernement n’avait pas d’argent pour organiser les élections locales. Le gouvernement a également augmenté les tarifs de l’électricité de deux tiers dans le but d’assainir ses finances publiques et sa dette et de se qualifier pour un plan de sauvetage du FMI de 2,9 milliards d’USD, provisoirement accepté en septembre.

Des centaines de policiers et de militaires ont été déployés pour empêcher une manifestation massive de protestation contre le gouvernement de se diriger vers le Fort (le siège du gouvernement). La police a bloqué la marche à l’hôtel de ville de Colombo et a exigé que les manifestants se dispersent. La police a ensuite tiré des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour tenter de disperser les manifestants. Cependant, les manifestants sont revenus et ont à nouveau affronté la police. Au moins 20 personnes auraient été soignées à l’hôpital à la suite de l’affrontement.

Les policiers en tenue antiémeute ont arrêté le défilé des étudiants à Colombo, quelques heures après que le gouvernement eut déclaré le centre-ville « zone de haute sécurité », interdisant les manifestations dans les environs. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau pour disperser les manifestants qui demandaient la libération des militantes emprisonnés. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés au cours de ce rassemblement. Le nouveau président Ranil Wickremesinghe a adopté une ligne très dure à l’encontre des militants qui ont forcé son prédécesseur, le président déchu Gotabaya Rajapaksa, à fuir à l’étranger et à démissionner de son poste sous la pression des manifestations dans un contexte de chaos économique.

Le pays de 22 millions d’habitants a été secoué pendant des mois par une crise économique historique, marquée par de sévères pénuries de nourriture, carburant et médicaments, faute de devises pour financer les importations de produits essentiels. Au plus fort du mouvement de contestation, des milliers de manifestants ont pris d’assaut en juillet la résidence officielle de Gotabaya Rajapaksa, l’obligeant à se réfugier à l’étranger d’où il a annoncé sa démission. Peu après la prise du pouvoir par M. Wickremesinghe, l’armée a démantelé un site occupé par les manifestants devant la présidence et arrêté des centaines de personnes ayant pris part aux manifestations. L’ex-président  Rajapaksa est rentré début septembre au Sri Lanka, et vit depuis sous la protection du gouvernement, alors que des opposants ont réclamé sa comparution en justice pour les crimes commis pendant l’interminable guerre civile au Sri Lanka et des faits de corruption à l’époque où il était au pouvoir.

Joseph Stalin, secrétaire du Sri Lanka Teachers Union, avait été arrêté il y a une semaine (voir notre article) dans le cadre de la répression du soulèvement antigouvernemental qui a chassé l’ancien président du Sri Lanka. Le tribunal correctionnel de Colombo Fort l’a libéré sous caution tard dans la journée de lundi après que des manifestations massives aient réclamé sa libération.

Un haut dirigeant syndical sri-lankais, en première ligne des protestations qui ont conduit à l’éviction de Gotabaya Rajapaksa de la présidence, a été arrêté mercredi. Joseph Stalin (oui oui…), secrétaire du Sri Lanka Teachers’ Union, devient le plus ancien militant à être arrêté dans le cadre de la répression des manifestants qui ont forcé Rajapaksa à fuir le mois dernier. Des dizaines d’autres personnes ont déjà été placées en détention provisoire par la police, accusées d’avoir endommagé des biens publics au cours des mois de protestations qui ont culminé avec la prise d’assaut du palais de Rajapaksa le 9 juillet (voir notre article).

Le successeur de Rajapaksa, Ranil Wickremesinghe, a établi une distinction entre « manifestants » et « émeutiers » et a promis de prendre des mesures sévères contre « tout fauteur de troubles ». La police a arrêté un autre manifestant qui avait fait une descente dans l’armoire à alcool du leader déchu, avait bu une bière et était parti avec une tasse présidentielle. L’arrestation de cet homme de 43 ans intervient après qu’il a partagé une photo de lui sur Facebook au palais présidentiel de Colombo. L’homme a été arrêté en début de semaine pour entrée illégale présumée dans un bâtiment d’État et recel de biens volés. Il sera amené à Colombo pour y être jugé. La semaine dernière, la police a arrêté un autre militant syndical du port de Colombo pour avoir retiré deux drapeaux officiels du palais et les avoir utilisés comme drap de lit et sarong.

Joseph Stalin, dirigeant syndical emprisonné

Moins de 24 heures après l’investiture du nouveau président Ranil Wickremesinghe, les forces de sécurité en tenue antiémeute, armées de fusils d’assaut automatiques, ont délogé les manifestants, démonté les barricades et encerclé le complexe du secrétariat présidentiel. Il avait été envahi par des milliers de manifestants, précipitant la chute du président Gotabaya Rajapaksa, il y a près de deux semaines (voir notre article). Les soldats ont interpellé plusieurs personnes et détruit les tentes dressées le long de l’avenue menant au palais présidentiel, tandis que la police bloquait les rues adjacentes pour empêcher de nouveaux manifestants d’arriver sur place. Les soldats ont agressé des individus, dont des journalistes, à coups de matraque, alors qu’ils avançaient vers de petits groupes de manifestants rassemblés sur le campement baptisé « GotaGoGama » (« Village Va-t-en Gota(baya) »).

Le nouveau président avait mis en garde mercredi soir « les fauteurs de troubles » et promis la sévérité s’ils tentaient de perturber son gouvernement. Lundi, alors encore président par intérim, Wickremesinghe avait instauré l’état d’urgence, accordant aux forces armées et à la police des pouvoirs étendus. Le pays est ravagé par une crise économique catastrophique, à court de devises, marqué par de longues pannes d’électricité, des pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments depuis des mois.

Le président du Sri Lanka, Gotabaya Rajapaksa, a fui aujourd’hui ce samedi sa résidence officielle de Colombo quelques minutes avant qu’elle ne soit prise d’assaut par des manifestants exigeant sa démission. Des centaines de personnes, parmi des milliers de manifestants, ont escaladé les grilles du palais présidentiel au coeur de la capitale.  Rajapaksa est jugé responsable de la crise économique sans précédent qui frappe le Sri Lanka et cause une inflation galopante et de graves pénuries de carburant, d’électricité et d’aliments. Des dizaines de milliers de personnes avaient auparavant participé à des manifestations pour exiger cette démission (voir notre article), des militaires avaient même tiré sur la foule (voir notre article). Vendredi, les forces de l’ordre avaient imposé un couvre-feu qui avait  été largement ignoré par les manifestants, dont certains ont même forcé ce samedi les autorités ferroviaires à les conduire en train jusqu’à Colombo pour participer au rassemblement.

Une émeute s’est déclenchée ce dimanche dans une ville du nord du pays lorsqu’une station-service n’a plus été en mesure de fournir de l’essence. La colère de la population s’est alors retournée contre des militaires présents sur place. Les soldats ont fait feu dimanche, faisant quatre blessés parmi les manifestants. Les faits se sont produits à Vusuvamadu, à 365 kilomètres au nord de la capitale Colombo, dans la nuit de samedi à dimanche, lorsqu’un poste militaire a été la cible de jets de pierres. Le Sri Lanka est frappé par la pire crise économique de son histoire et une grave pénurie de devises étrangères ne lui permet pas d’importer suffisamment de nourriture, de carburant et autres produits essentiels. L’île  vit depuis de nombreux mois au rythme de pannes d’électricité quotidiennes, de longues files d’attente devant les stations de carburant, des rationnements des denrées et d’une inflation record. Des manifestations pacifiques réclament depuis des semaines la démission du président Gotabaya Rajapaksa qu’ils accusent de mauvaise gestion. Des policiers et des soldats armés ont été déployés devant les stations-service.

La police du Sri Lanka a dispersé dimanche au gaz lacrymogène des milliers d’étudiants qui tentaient de prendre d’assaut la résidence du président Gotabaya Rajapaksa, après des semaines de manifestations demandant sa démission. La police antiémeute a utilisé des canons à eau, puis du gaz lacrymogène, lorsque des manifestants ont renversé les barricades métalliques dans une rue menant à la résidence présidentielle à Colombo. Près de là, des milliers de femmes et d’hommes ont défilé pour la 51e journée d’affilée, réclamant la démission du dirigeant du Sri Lanka, plongé dans la pire crise économique depuis son indépendance en 1948.

Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a tenté d’amadouer les protestataires en annonçant la création de 15 comités qui travailleront avec le Parlement pour décider des futures politiques nationales, incluant dans ces comité des jeunes issus du mouvement de protestation. M. Wickremesinghe a été nommé Premier ministre après la démission le 9 mai de son prédécesseur Mahinda Rajapaksa, le frère aîné du président, après des semaines de manifestations. Les événements de dimanche surviennent au lendemain d’affrontements similaires, lorsque des protestataires avaient tenté d’entrer dans la résidence officielle du président, où il est retranché depuis que des milliers de personnes avaient encerclé son domicile privé le 31 mars.

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