Mercredi a eu lieu la deuxième journée d’affrontements entre la police et divers groupes de manifestants. Les étudiants ont manifesté mardi pour réclamer la mise en œuvre des changements promis dans le système de gouvernement. La police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Le lendemain, les manifestants se sont rassemblés pour demander au gouvernement sri-lankais de protéger les droits des femmes mercredi, à l’occasion de la Journée internationale de la femme. La police anti-émeute a bloqué la route et s’est heurtée à eux. Outre les droits des femmes, les manifestants ont protesté contre la hausse de l’inflation et demandé que les élections locales reportées soient organisées immédiatement. Les étudiants demandaient également que les élections locales se tiennent comme prévu, ainsi que l’abolition de la loi sur la prévention du terrorisme et de la présidence exécutive. Ils demandaient également la libération des dirigeants et des membres des syndicats d’étudiants universitaires qui ont été arrêtés et placés en détention provisoire.

Au Sri Lanka, le changement de gouvernement n’a toutefois pas entraîné la fin des manifestations, ni modifié les méthodes utilisées par l’administration pour disperser les citoyens mécontents. L’île est aux prises avec sa pire crise économique depuis qu’elle a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1948, en proie à une inflation supérieure à 50%, à une pénurie de devises étrangères et à une forte récession. Cette année, le gouvernement a augmenté l’impôt sur le revenu jusqu’à 36%. Le nouveau président  a déclaré au parlement que la réforme fiscale était nécessaire pour consolider les finances publiques selon les termes du prêt du FMI et que le gouvernement n’avait pas d’argent pour organiser les élections locales. Le gouvernement a également augmenté les tarifs de l’électricité de deux tiers dans le but d’assainir ses finances publiques et sa dette et de se qualifier pour un plan de sauvetage du FMI de 2,9 milliards d’USD, provisoirement accepté en septembre.

Des centaines de policiers et de militaires ont été déployés pour empêcher une manifestation massive de protestation contre le gouvernement de se diriger vers le Fort (le siège du gouvernement). La police a bloqué la marche à l’hôtel de ville de Colombo et a exigé que les manifestants se dispersent. La police a ensuite tiré des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour tenter de disperser les manifestants. Cependant, les manifestants sont revenus et ont à nouveau affronté la police. Au moins 20 personnes auraient été soignées à l’hôpital à la suite de l’affrontement.

Les policiers en tenue antiémeute ont arrêté le défilé des étudiants à Colombo, quelques heures après que le gouvernement eut déclaré le centre-ville « zone de haute sécurité », interdisant les manifestations dans les environs. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau pour disperser les manifestants qui demandaient la libération des militantes emprisonnés. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés au cours de ce rassemblement. Le nouveau président Ranil Wickremesinghe a adopté une ligne très dure à l’encontre des militants qui ont forcé son prédécesseur, le président déchu Gotabaya Rajapaksa, à fuir à l’étranger et à démissionner de son poste sous la pression des manifestations dans un contexte de chaos économique.

Le pays de 22 millions d’habitants a été secoué pendant des mois par une crise économique historique, marquée par de sévères pénuries de nourriture, carburant et médicaments, faute de devises pour financer les importations de produits essentiels. Au plus fort du mouvement de contestation, des milliers de manifestants ont pris d’assaut en juillet la résidence officielle de Gotabaya Rajapaksa, l’obligeant à se réfugier à l’étranger d’où il a annoncé sa démission. Peu après la prise du pouvoir par M. Wickremesinghe, l’armée a démantelé un site occupé par les manifestants devant la présidence et arrêté des centaines de personnes ayant pris part aux manifestations. L’ex-président  Rajapaksa est rentré début septembre au Sri Lanka, et vit depuis sous la protection du gouvernement, alors que des opposants ont réclamé sa comparution en justice pour les crimes commis pendant l’interminable guerre civile au Sri Lanka et des faits de corruption à l’époque où il était au pouvoir.

Joseph Stalin, secrétaire du Sri Lanka Teachers Union, avait été arrêté il y a une semaine (voir notre article) dans le cadre de la répression du soulèvement antigouvernemental qui a chassé l’ancien président du Sri Lanka. Le tribunal correctionnel de Colombo Fort l’a libéré sous caution tard dans la journée de lundi après que des manifestations massives aient réclamé sa libération.

Un haut dirigeant syndical sri-lankais, en première ligne des protestations qui ont conduit à l’éviction de Gotabaya Rajapaksa de la présidence, a été arrêté mercredi. Joseph Stalin (oui oui…), secrétaire du Sri Lanka Teachers’ Union, devient le plus ancien militant à être arrêté dans le cadre de la répression des manifestants qui ont forcé Rajapaksa à fuir le mois dernier. Des dizaines d’autres personnes ont déjà été placées en détention provisoire par la police, accusées d’avoir endommagé des biens publics au cours des mois de protestations qui ont culminé avec la prise d’assaut du palais de Rajapaksa le 9 juillet (voir notre article).

Le successeur de Rajapaksa, Ranil Wickremesinghe, a établi une distinction entre « manifestants » et « émeutiers » et a promis de prendre des mesures sévères contre « tout fauteur de troubles ». La police a arrêté un autre manifestant qui avait fait une descente dans l’armoire à alcool du leader déchu, avait bu une bière et était parti avec une tasse présidentielle. L’arrestation de cet homme de 43 ans intervient après qu’il a partagé une photo de lui sur Facebook au palais présidentiel de Colombo. L’homme a été arrêté en début de semaine pour entrée illégale présumée dans un bâtiment d’État et recel de biens volés. Il sera amené à Colombo pour y être jugé. La semaine dernière, la police a arrêté un autre militant syndical du port de Colombo pour avoir retiré deux drapeaux officiels du palais et les avoir utilisés comme drap de lit et sarong.

Joseph Stalin, dirigeant syndical emprisonné

Moins de 24 heures après l’investiture du nouveau président Ranil Wickremesinghe, les forces de sécurité en tenue antiémeute, armées de fusils d’assaut automatiques, ont délogé les manifestants, démonté les barricades et encerclé le complexe du secrétariat présidentiel. Il avait été envahi par des milliers de manifestants, précipitant la chute du président Gotabaya Rajapaksa, il y a près de deux semaines (voir notre article). Les soldats ont interpellé plusieurs personnes et détruit les tentes dressées le long de l’avenue menant au palais présidentiel, tandis que la police bloquait les rues adjacentes pour empêcher de nouveaux manifestants d’arriver sur place. Les soldats ont agressé des individus, dont des journalistes, à coups de matraque, alors qu’ils avançaient vers de petits groupes de manifestants rassemblés sur le campement baptisé « GotaGoGama » (« Village Va-t-en Gota(baya) »).

Le nouveau président avait mis en garde mercredi soir « les fauteurs de troubles » et promis la sévérité s’ils tentaient de perturber son gouvernement. Lundi, alors encore président par intérim, Wickremesinghe avait instauré l’état d’urgence, accordant aux forces armées et à la police des pouvoirs étendus. Le pays est ravagé par une crise économique catastrophique, à court de devises, marqué par de longues pannes d’électricité, des pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments depuis des mois.

Huit personnes ont perdu la vie suite à l’attaque des manifestants pacifiques par la police sri-lankaise dans le quartier de Negombo lundi. En outre, six  décès ont été signalés dans la province occidentale du Sri Lanka, tandis que deux décès ont été enregistrés dans la province méridionale. Parmi les personnes qui ont perdu la vie figurent un parlementaire et son garde de sécurité. Ils se seraient suicidés après qu’une foule de manifestants ait encerclé leur véhicule. Par ailleurs, un policier a perdu la vie suite à l’explosion d’une grenade lacrymogène. En outre, un jeune a également été blessé par balle par le policier. Enfin, un politicien a succombé à ses blessures lors de l’attaque de sa résidence lundi et est mort d’une crise cardiaque. Pendant ce temps, les 216 personnes qui ont été blessées lors des affrontements qui ont eu lieu à Colombo ont été admises à l’hôpital national de Colombo. Selon des sources hospitalières, cinq des blessés sont traités dans l’unité de soins intensifs. Le ministère de la Défense du Sri Lanka a annoncé que les forces armées avaient reçu l’ordre d’abattre tuer toute personne qui volerait ou détruirait des biens publics.

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Des coups de feu tirés depuis la résidence du Premier ministre sri lankais, Mahinda Rajapaksa, assiégée par des manifestants,alors que l’île est en proie à une vague de révolte due à la crise économique qu’elle traverse. Le Premier ministre, avait annoncé sa démission un peu plus tôt ce lundi, quelques heures après des affrontements meurtriersdans la capitale commerciale Colombo. Ces dernières semaines, poussés par la pire crise économique du pays, des milliers de manifestants ont exigé que le président Gotabaya Rajapaksa, 72 ans, et son frère aîné, le Premier ministre Mahinda Rajapaksa, 76 ans, démissionnent.

Ce départ fait suite à une journée de révolte à Colombo, qui a culminé avec l’imposition d’un couvre-feu par la police dans tout le pays. Tout a commencé après que des centaines de partisans du parti au pouvoir se sont réunis devant la résidence officielle du Premier ministre. Une manifestation antigouvernementale s’organisait devant la résidence officielle du président. La police avait formé une ligne à l’avance sur la route principale menant au site mais n’a pas fait grand-chose pour empêcher les miliciens pro-gouvernementaux d’avancer. Les miliciens pro-gouvernementaux armés de barres de fer, ont attaqué les manifestants anti-gouvernementaux au village de tentes qui a vu le jour le 9 avril dernier et qui est devenu le point central des protestations dans tout le pays. La police est enfin intervenue et les affrontements ont fait au moins cinq morts et 189 blessés.

Plusieurs milliers d’étudiants se sont massés dimanche 24 avril près de la résidence du Premier ministre Mahinda Rajapaksa à Colombo. Ces derniers ont tenté de pénétrer dans la propriété, lors d’une manifestation pour exiger sa démission face à la grave crise économique que traverse le Sri Lanka. Des dirigeants étudiants ont escaladé le mur qui entoure la propriété après que la police eut dressé des barricades dans plusieurs artères autour de la capitale afin d’empêcher une jonction entre les protestataires et d’autres manifestants.

Depuis plus de deux semaines, des milliers de protestataires campent quotidiennement devant le bureau du président Gotabaya Rajapaksa pour réclamer sa démission et celle de son frère aîné. Des foules de manifestants ont tenté d’investir les résidences et bureaux des membres du gouvernement. Cette semaine un homme a été tué dans des tirs de la police lors d’une manifestation à Rambukkana. L’économie srilankaise s’est effondrée après la crise due à la pandémie de coronavirus qui a notamment anéanti le secteur vital du tourisme. Le pays, qui connaît une inflation record, est incapable de financer les importations, ce qui entraîne des pénuries de riz, lait en poudre, sucre, farine et médicaments.

Le Sri Lanka subit de graves pénuries de biens essentiels, une forte hausse des prix et de longues coupures de courant, lors de sa plus grave crise économique depuis son indépendance en 1948, ce qui provoque un grand mouvement de protestation. Des soldats et policiers armés ont empêché une manifestation de l’opposition contre le président Gotabaya Rajapaksa. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des centaines de manifestants s’étaient dirigés vers son domicile pour réclamer sa démission, avant que la police ne fasse usage de gaz lacrymogène et de canons à eau. En temps normal, l’armée doit se contenter d’un rôle de soutien à la police. Mais avec l’état d’urgence proclamé vendredi soir, elle peut intervenir seule, notamment pour arrêter des civils. Elle a établi des barrages dans la capitale (photo).

Les réseaux sociaux étaient bloqués dimanche: Twitter, Facebook, Whatsapp, YouTube et Instagram figuraient parmi les réseaux sociaux rendus inaccessibles dans tout le pays. Avant que ce blocage ne prenne effet, des activistes anonymes avaient lancé sur internet des appels à de nouvelles manifestations massives dimanche, assortis de hashtags hostiles au pouvoir, tel que #GoHomeRajapaksas (« Dehors les Rajapaksa »). « Ne vous laissez pas dissuader par les gaz lacrymogènes, très bientôt ils seront à court de dollars pour se réapprovisionner », exhortait notamment un post samedi.