L’offensive redoutée de longue date a commencé aujourd’hui : la Turquie a lancé ce matin une offensive militaire de grande ampleur contre plusieurs villes du Nord de la Syrie. Des frappes aériennes ont visé de nombreux endroits, dont certains n’avaient plus connu de situation de guerre depuis 2011. Des frappes aériennes ou de mortiers sont rapportées (dans l’ordre ouest-est) à Kobané, Gire Spî (Tal Abyad),  Mashrafah, Serê Kaniyê (Ras-al-Ayn), Darbasiyah, Qamishlo et Al-Malikiyah. Plus au sud, dans la campagne de Raqqah, une frappe a été rapportée à 50km de la frontière turque. Il est à noter qu’à l’heure d’écrire ces lignes les forces turques, accompagnées de « l’Armée Nationale Syrienne » (le récent rebranding des forces rebelles de l’Armée Syrienne Libre combattant pour le compte de la Turquie) n’ont pas encore avancé sur leurs lignes, cette situation pourrait toutefois changer.

En plus de cette offensive turque, des combattants de Daesh ont attaqué Raqqah ce matin. Il y aurait également eu une mutinerie dans le camp d’al Hol (où de très nombreux combattants de Daesh sont détenus par les Forces Démocratiques Syriennes. Plusieurs prisonnières ce serait échappées à cette occasion, démontrant tout l’intérêt que l’opération turque représente pour Daesh, quelques heures seulement après le début de l’offensive turque. Pour suivre la situation en direct, nous recommandons Syria Live Map ainsi que le compte Twitter « Syrian Rebellion Observatory ».

A Bruxelles, une manifestation a eu lieu devant l’Ambassade de Turquie, les manifestants ont été attaqués par la police alors qu’ils s’approchaient de l’Ambassade américaine, avant d’être repoussés vers la Place du Luxembourg (voir photo). D’autres manifestations et actions sont prévues dans les jours qui suivent pour soutenir la résistance kurde, nous vous tiendrons informés sur ce site.

Via un communiqué publié dans la nuit du 6 au 7 octobre, la Maison Blanche a indiqué que les troupes américaines présentes dans le nord de la Syrie allaient s’éloigner de la frontière turque afin de permettre l’opération militaire voulue par Erdogan contre le Rojava, défendu par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) en grande partie composées des troupes kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). Aujourd’hui, les troupes américaines ont déjà quitté les positions qu’elles occupaient à Ras al-Aïn et à Tal Abyad, des secteurs proches de la frontière turco-syrienne. Trump a déclaré que l’État Islamique étant vaincu, il n’a plus besoin de soutenir les FDS.

Les YPG et les YPJ

 

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Le groupe islamiste dépendant de l’État turc, « Sultan Murad », a enlevé 6 civils du village de Qurt Qilaq dans le district de Shera le 24 septembre : Mihemed Quma Ehmed, Mihemed Ehmed Reso, Issam Menam Moso, Henan Mihemed Muslim, Mustafa Abdulqadir Sex Ehmed et Omer Sahin Moso. Le même jour, deux étudiants du nom de Leyal Deri et Beyan Hemo ont été kidnappés par les gangs au centre d’Afrin. En août et en septembre, 140 personnes ont été enlevée à Afrin, dont 29 femmes. Et il ne s’agit que des cas connus. Il s’agit parfois pour les jihadistes de racketter les familles, auquel cas une rançon est demandée, mais le sort de la majorité des personnes enlevées par les jihadistes et les services secrets turcs reste inconnu. Par ailleurs, les troupes turques et leurs auxiliaires ont incendié les forêts dans le district de Mabata, mettant le feu à la forêt entre les villages de Rota et Kaxire, les gangs ont aussi coupé des dizaines d’arbres dans le district de Rajo. D’autre part, la soi-disant “police militaire” a mis en place des checkpoints à l’entrée des districts et des villages où ils confisquent les voitures des habitants, leurs biens et leur argent.

La guérilla des Forces de Libération d’Afrin (FLA) poursuit ses activités. Le mois passé, une opération contre les positions de l’armée turque dans le village de Kimare, dans le district de Sherawa a fait deux tués dans les rangs de l’armée turque. Une action contre une base de l’armée turque dans un village du district de Shera a causé la mort de deux autres soldats turcs.

Jihadistes dans le centre de la ville d'Afrin, après la prise de la ville par l'armée turque

 

Le Congrès de la société démocratique kurde du Kurdistan en Europe (KCDK-E) appelle à des manifestations contre le projet d’occupation turque au Rojava ce week-end. Cet appel fait suite à l’accord annoncé mercredi entre les États-Unis et la Turquie qui prévoit l’établissement d’une zone d’occupation conjointe au sein du territoire du Rojava.

Des manifestations ont déjà été annoncées dans de nombreux endroits. Elles ont été décidées ce week-end prochain lors d’une réunion conjointe de 34 partis et organisations kurdes. Il est appelé à une large participation aux manifestations dans divers pays européens, ainsi qu’en Australie et au Canada.

Les dates des manifestations connues à ce jour sont les suivantes :

BELGIQUE
Bruxelles, Gare Centrale – 10 août, 14h

FRANCE
Marseille, Place Canebière – 10 août, 19h
Bordeaux, Place Théâtre – 10  août, 18h
Paris, Gare de l’Est – 10 août, 15h
Rennes,  Place Colombie – 10 août, 16h
Draguignan, devant la poste – 10 août, 18h

SUÈDE
Örebro, Våghustårget – 10 août, 13h
Göteborg, Brunsparken – 10 août, 13h
Malmö, Triangeln, 21143 Malmö – 10 août, 13h
Stockholm, Norra Bantorget – 10 août, 13h

PAYS-BAS
Amsterdam, Waterlooplein – 10 août, 15h

AUTRICHE
Graz, Place du Tyrol du Sud – 10 août, 16h
Vienne, Opéra / Karlsplatz – 10 août, 17h

ALLEMAGNE
Berlin, Potsdamer Platz – 10 août, 17h
Hambourg, Sternschanze Station –  10 août, 16h
Stuttgart, Lautenschlagerstrasse – 10 août, 16h
Francfort, Kaisersack Station – 10 août, 14h
Bremen, Marché de Brême –  Stand d’information du 7 au 10 août de 10h à 18h

Combattantes kurdes au Rojava (archive)

Combattantes kurdes au Rojava (archive)

Depuis le 9 juillet, l’armée turque déploie des troupes, des tanks et de l’artillerie en nombre à sa frontière avec le Rojava des districts de Suruç à Ceylanpınar (de la province de Şanlıurfa dans la région de l’Anatolie du sud-est). La ville de Tel-Rifaat (dans le canton de Shahba) a quant-à-elle subi des tirs d’artillerie de la part de l’armée turque et l’armée turque a creusé des tranchées dans la ville de Akckakale. On signale également une augmentation de l’intensité des vols de l’armée de l’air turque ainsi que l’utilisation de drones pour des missions de reconnaissance. Enfin, des rumeurs d’une invasion imminente du Rojava ont circulé ces derniers jours.

Combattantes kurdes au Rojava (archive)

Combattantes kurdes au Rojava (archive)

Aujourd’hui, la campagne Fight 4 Rojava a mené une action à Zurich pour honorer la mémoire de Tekoşer Piling (de son vrai nom Lorenzo Orsetti) tombé en martyr en mars en combattant Deash (voir notre article).

Les militant·e·s se sont rassemblés et on placé une banderole à l’extérieur du siège de Rheinmetall AG (un conglomérat industriel allemand spécialisé dans l’armement et l’équipement automobile). Rheinmetall AG est un profiteur de guerre et est responsable de la mort d’Orso. La campagne appelle à attaquer des entreprises et des organisations comme Rheinmetall AG !

Plus d’infos sur la campagne Fight 4 Rojava

L’action de la campagne Fight 4 Rojava en mémoire d’Orso

L'action de la campagne Fight 4 Rojava en mémoire d'Orso

Lundi 17 juin, commençait un procès de trois jours initié par Anne Dalum qui essaye de récupérer son passeport confisqué par la police. Ce passeport lui avait été enlevé le 6 janvier alors qu’elle devait partir le lendemain au Rojava pour participer au programme « Make Rojava Grenn Again » (voir notre article). Cette procédure est la conséquence du durcissement de la loi sur les passeports voté au Danemark en 2015, censé notamment aider à empêcher le recrutement de combattants étrangers dans des conflits armés.

Par ailleurs, le gouvernement britannique prépare une réglementation similaire qui interdirait à ses citoyens d’être présent au nord-est de la Syrie sous peine d’écoper de dix ans de prison.

Solidarité avec Anne Dalum

Solidarité avec Anne Dalum

Lundi 22 avril, le TKP/ML annonçait, 104 ans après le génocide, la création du premier bataillon d’autodéfense arménien. Ce bataillon ira renforcer la révolution sur le territoire de Rojava en le défendant contre les attaques fascistes de l’Etat islamique et de l’état turc.

Il permettra également l’autodéfense du peuple arménien contre toutes les attaques d’oppression, de persécution, de massacre et d’assimilation. Enfin la création du bataillon réalise une partie des rêves du commandant Nubar Ozanyan, tombé en martyr dans la lutte contre l’Etat islamique (voir notre article).

Plus d’infos ici

Le bataillon arménien à sa création

Le bataillon arménien à sa création

Le 6 janvier 2019, la police danoise a confisqué le passeport d’Anne Dalum. Celle-ci devait partir le lendemain pour le Rojava et participer au programme « Make Rojava Grenn Again ». Cette procédure est la conséquence du durcissement de la loi sur les passeports voté au Danemark en 2015, censé notamment aider à empêcher le recrutement de combattants étrangers dans des conflits armés. Elle a entamé une procédure judiciaire pour faire contester la procédure et récupérer son passeport.

L’avocat d’Anne Dalum avait déjà plaidé le cas de deux autres personnes, toutes deux privées de leur passeport, dont Joanna Palani (voir notre article). Joanna Palini purge actuellement une peine de prison pour violation de l’interdiction de voyager.

Solidarité avec Anne Dalum

La semaine dernière, les autorités néerlandaises ont arrêté un volontaire néerlandais, connu sous le nom de guerre Andok, qui s’était battu avec les YPG contre l’État Islamique à Raqqa. Il aurait été identifié en septembre 2017 dans l’émission de télévision néerlandaise « EenVandaag ». Bien que n’ayant ni montré son visage ni révélé son nom durant l’interview pour se protéger de l’État islamique, il s’est retrouvé sur une liste de surveillance. Andok a été arrêté à son arrivée à l’aéroport de Schiphol après vérification de son identité. Il était cependant rentré aux Pays-Bas un mois auparavant (le voyage ayant mené à son arrestation n’étant donc semble-t-il pas son voyage de retour du Rojava). Mardi, il a été traduit devant le juge d’instruction de Rotterdam, qui l’a placé en garde à vue pour deux semaines.

Andok est le quatrième citoyen néerlandais poursuivi pour avoir pris part à la lutte des YPG contre l’État islamique. En 2016, la justice néerlandaise avait abandonné, faute de preuves, les poursuites contre Jitse Akse, un volontaire néerlandais des YPG (voir notre article). En 2018, Devin, un kurde néerlandais de 28 ans, faisait lui aussi l’objet d’un procès pour avoir combattu avec les YPG lors de la bataille de Tabqa en 2016.

Andok

Andok