Vendredi, les troupes israéliennes ont abattu un Palestinien lors d’une manifestation protestant contre les colonies israéliennes en Cisjordanie. L’homme a reçu une balle dans la tête près du village de Beit Dajan, dans les environs de Naplouse, et a été emmené dans un hôpital où il est décédé. La manifestation à Beit Dajan, près de la ville de Naplouse, est une manifestation hebdomadaire contre les colonies.

Des dizaines de Palestiniens ont souffert de suffocation mardi soir par des gaz lacrymogènes lors d’affrontements avec les forces d’occupation israéliennes dans la ville de Kufr ‘Aqab au nord de la ville occupée de Jérusalem. Les forces israéliennes avaient pris d’assaut la ville à travers une ouverture qu’elles ont pratiquées dans le mur qui entoure la ville de Kufr’Aqab, et ont inondé les habitants de bombes lacrymogènes. Ces forces ont détruit au bulldozer la propriété d’un habitant de la ville.

Des soldats israéliens ont également pris d’assaut le village de Beit Dajan, à l’est de la ville de Naplouse, au nord de la Cisjordanie, et ont détenu un certain nombre de jeunes dans la partie orientale du village, provoquant des affrontements avec les habitants qui se sont précipités pour aider les jeunes. Les soldats ont tiré à balles réelles et des cartouches de gaz lacrymogène sur les habitants. Cependant, aucun blessé n’a été signalé. Pendant ce temps, des colons israéliens a détruit des clôtures entourant plusieurs parcelles agricoles dans le village de Qaryout, au sud de Naplouse. Les Palestiniens ont construit ces clôtures pour protéger leurs terres contre les accaparements des colons qui volent régulièrement les terres palestiniennes pour étendre leur colonies.

Vendredi 12, les gardes-côtes des  Gardiens de la révolution ont ouvert le feu sur de petits contrebandiers de carburant dans le secteur du port de Kouhestak, dans la province méridionale d’Hormozgan située sur les rives du golfe Persique et du détroit d’Ormuz. L’un d’eux a reçu une balle dans la tête et un autre a été blessé à la jambe. En signe de protestation, la population locale a affronté les Gardiens de la révolution et incendié deux de leurs vedettes. Les forces de sécurité ont tiré sur les manifestants depuis la terre et la mer, et des informations indiquent qu’il y a eu plusieurs blessés. Redoutant la propagation des manifestations, le régime a immédiatement envoyé des renforts depuis Minab et Sirik.

La contrebande de carburant vers l’Afghanistan est un moyen de subsistance pour de nombreuses familles sunnites de la région, discriminés par le pouvoir chiite. Le mois dernier, des émeutes ont eu lieu dans la ville frontalière de Saravan, dont la plupart sont des membres de la minorité baloutche, après que les gardiens de la révolution ont ouvert le feu sur des passeurs de carburant et en ont tué trois (voir notre article).

Du Nord au Sud en passant par Beyrouth et la plaine orientale de la Bekaa, les Libanais ont laissé éclater leur colère après la plongée de la livre libanaise face au dollar entamée mardi 2 mars. Des manifestants ont coupé des routes à l’aide de pneus enflammés, de bennes à ordures ou de blocs de béton pour protester contre l’érosion du pouvoir d’achat et la flambée des prix en raison de la dépréciation de la livre. En quelques mois seulement, le nombre de Libanais qui ont basculé dans la pauvreté extrême a triplé, passant de 8% à 23%, et plus de 55% des 5 millions de Libanais vivent sous le seuil de la pauvreté, selon des chiffres de la Banque mondiale datant de mai 2020. Le mouvement de protestation touche toutes les régions du pays et les manifestants appartenaient à toutes les communautés, preuve d’un ras-le-bol général, qui va au-delà des clivages politiques traditionnels. Devant la colère de la population, l’armée et les forces de sécurité ont évité toute confrontation, se contentant d’observer de loin et d’ouvrir quelques routes.

Des éléments de la brigade israélienne d’opérations en tenue civile « Mustaribin », ont poursuivi mardi des Palestiniens qui avaient jeté des pierres sur la police dans le quartier d’Iseviyye à Jérusalem-Est. Ils ont arrêté un Palestinien. Des dizaines de manifestants ont affronté la police dans la soirée avec des feux d’artifice et des cocktails Molotov, blessant légèrement quelques policiers. Mercredi, les forces israéliennes ont démoli deux maisons appartenant à des Palestiniens, toujours à Jérusalem-Est. Un adolescent palestinien protestant contre cette décision a également été arrêté. Les forces israéliennes ont démoli plus de 5 000 maisons de familles arabes à Jérusalem-Est depuis 1967.

Dimanche 28 février, à Bruxelles, une action a eu lieu en soutien à la militante féministe Khitam Saafin, ainsi qu’à tou·te·s les prisonnier·es incarcéré·es par le régime israélien. Une banderole a été déployée devant l’ambassade israélienne et ses soldats, et la façade a été taguée de messages « BDS ». Khitam Saafin est la présidente de l’Union des comités de femmes palestiniennes. Elle a été condamnée par une cour militaire israélienne à 4 mois de détention administrative après avoir été arrêtée avec 6 autres militant·es palestinien·nes le 2 novembre dernier (voir notre article). Ce n’était pas la première fois ; elle avait déjà été arrêtée par les forces d’occupation israélienne en 2017 et condamnée à 3 mois de détention administrative (voir notre article). Plus d’infos ici.

Action de solidarité avec Khitam Saafin, prisonnière féministe palestinienne

Action de solidarité avec Khitam Saafin, prisonnière féministe palestinienne

Des émeutes ont éclaté dimanche 28 février au soir dans plusieurs quartiers de Ouargla, dans le Sud algérien, après la condamnation à une lourde peine de prison d’un militant du mouvement de protestation populaire, accusé d’«apologie du terrorisme». Les manifestants ont bloqué plusieurs axes routiers et fait brûler des pneus après que le tribunal criminel local a condamné Ameur Guerrache, un blogueur, à sept années de prison ferme. Les jeunes ont lancé des pierres en direction de policiers, au milieu de gaz lacrymogène. Le parquet avait requis 10 ans de prison ferme.

Arrêté chez lui le 1er juillet 2020, Ameur Guerrache, 31 ans, présenté comme un militant et poète, est l’un des principaux animateurs de la protestation à Mekhadma depuis plusieurs années. Le mouvement Mekhadma tire son nom d’un quartier déshérité de la ville de Ouargla, où en juin dernier des centaines de personnes avaient protesté pacifiquement contre leurs conditions de vie ainsi que leur marginalisation et exclusion du développement local. Ouargla est la capitale d’une région riche en hydrocarbures, mais c’est aussi une ville où le taux de chômage des jeunes est élevé. 59 détenus d’opinion ont été libérés après l’annonce d’une grâce accordée par le président Abdelmadjid Tebboune le 18 février, mais, dans le même temps, les condamnations se poursuivent à un rythme soutenu devant les tribunaux. Quelque 700 personnes ont été interpellées en Algérie lors des marches du mouvement de protestation populaire du Hirak vendredi avant d’être toutes relâchées.

Samidoun est une organisation internationale, arabe et palestinienne indépendante qui se mobilise pour la libération de près de 5.000 prisonnier·e·s politiques palestinien·ne·s dans les prisons israéliennes. Elle plaide pour le boycott d’Israël et défend le droit des Palestinien·ne·s à résister à l’occupation, à l’apartheid et à l’oppression, ainsi que le droit de tous les réfugiés palestiniens à retourner dans leurs foyers et sur leurs terres. C’est une organisation sans personnel rémunéré à plein temps et qui ne collecte de fonds que pour soutenir ses propres campagnes politiques publiques. Elle a des sections aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne, en Suède, au Brésil, en Grèce et en Palestine occupée, et un réseau d’organisations membres dont le Collectif Palestine Vaincra en France.

Samidoun vient d’être désignée comme « organisation terroriste » par le ministre israélien de la Défense et criminel de guerre Benny Gantz. Il s’agit d’une attaque contre le mouvement des prisonnier·e·s palestinien·ne·s ainsi que contre le droit des Palestinien·ne·s en exil et de la diaspora à s’organiser. C’est également une tentative de détourner l’attention du problème auquel sont confrontés des centaines de responsables sionistes – dont Gantz lui-même – qui craignent les prochaines étapes des enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI) après sa dernière annonce le 5 février 2021 affirmant qu’elle a l’autorité d’enquêter sur les crimes de guerre dans les territoires palestiniens occupés. En savoir plus

 

Les manifestants ont tenté jeudi de se rassembler devant le bâtiment du gouvernorat à Nassiriya pour exiger le renvoi du gouverneur dans un contexte de dégradation des services publics. Ils ont jeté des pierres et les forces de sécurité sont intervenues. Un manifestant de 25 ans a été tué, et 26 autres manifestants et plusieurs membres des forces de sécurité ont été blessés. Ces nouveaux heurts ont lieu trois jours après un rassemblement similaire lundi devant le siège du gouvernorat, lors duquel un jeune manifestant avait également été tué. Des décennies de conflits, de corruption et de faibles investissements ont laissé l’Irak avec des services publics déficients et des pénuries récurrentes d’électricité et d’eau. Fin 2019, la colère de la population face à la corruption et le chômage endémique avait débouché sur un soulèvement dont la répression a fait 600 morts et 30.000 blessés à travers le pays. Les manifestations s’étaient quasiment éteintes en 2020, mais elles reprennent à Nassiriya.

manifestation à Nassirya (archives)