Suite à la pression d’organisations sionistes et de leurs avocats, Zoom a décidé de censurer un webinaire de Leila Khaled prévu à l’Université d’État de San Francisco. L’événement a également subi des restrictions de la part de Facebook. Mercredi, l’événement a eu lieu via YouTube mais, peu après le début, la société a coupé le canal vidéo, le remplaçant par un avis disant : « Cette vidéo a été supprimée, parce que qu’elle violait les conditions d’utilisation de YouTube. » Leila Khaled devait prendre la parole en compagnie du dirigeant militaire anti-apartheid sud-africain Ronnie Kasrils, d’activistes américains et d’anciens prisonniers politiques comme Sekou Odinga et Laura Whitehorn, ainsi que de la professeure Rula Abu Dahou, directrice de l’institut des études féminines à l’Université de Birzeit, en Cisjordanie occupée.

Zoom fait régulièrement l’objet de critiques pour son manque de sécurité et ses collaborations avec les différents gouvernements et forces de répression du monde entier (voir notre article). Nous conseillons l’utilisation de Jitsi qui constitue une alternative sécurisée et permet de se prémunir contre l’espionnage policier. Pour nos conseils sur l’utilisation de Jitsi (alternative sécurisée à Zoom): ici.

La députée palestinienne et icône de la résistance, Leila Khaled

La députée palestinienne et icône de la résistance, Leila Khaled

En réponse à la signature des accords de normalisation entre Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn, les Palestiniens ont appelé à une journée de protestation mardi 15 septembre. Brandissant des drapeaux palestiniens, des manifestants portant pour la plupart des masques anticoronavirus se sont rassemblés dans les villes de Naplouse et Hébron, dans le nord et le sud de la Cisjordanie, et dans la ville de Gaza. Une manifestation a eu lieu à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Plusieurs jeunes Palestiniens se sont affrontés à l’armée d’occupation près d’un checkpoint à Hébron.

Affrontements mardi à Hébron

Le gouvernement israélien a décidé de ne plus rendre à leurs familles les corps des Palestiniens tués par l’armée d’occupation israélienne. En 2019, au moins 132 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes. On ignore combien de corps ont été détenus par les autorités israéliennes puis rendus aux familles. Jusqu’à présent, Israël ne refusait la restitution que des dépouilles de combattants du Hamas tués dans des affrontements qui avaient causé des pertes israéliennes. Désormais, tous les corps de Palestiniens tués lors de heurts avec des forces d’occupation israéliennes seront conservés, même si ces affrontements n’ont pas causé de pertes israéliennes.

Check-point israélien à Beit Einun

Check-point israélien à Beit Einun

La semaine dernière, du 22 au 28 août 2020, de jeune insurgés ont pris pour cible des centres de répression en Iran. En outre, les jeunes rebelles ont brûlé d’autres centres du régime ainsi que des panneaux à la gloire de Khamenei et de Qassem Soleimani (des pasdarans), dans différentes villes. Ces activités ont été menées alors que les forces répressives du régime clérical sont en plein état d’alerte. En plus de Téhéran, des actions de résistance ont été signalées dans les villes de Machad, Karadj, Ispahan, Khomeini-Shahr, Pakdasht (Téhéran), Khorramabad, Hormozgan, Tchalousse et Arak. Des vagues d’actions de genre ont eu lieu plusieurs fois en Iran (voir notre article).

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En moins d’une semaine, à Bassora, dans le sud de l’Irak, deux militants ont été assassinés et trois autres ont été blessés. Mercredi, Riham Yacoub, une jeune militante de Bassorah a été criblée de balles. Elle était au volant de sa voiture lorsque des hommes chevauchant un scooter et armés de fusils d’assaut, l’ont tuée sur le coup, blessant les trois autres passagères. Riham Yacoub était médecin et coach de fitness, plusieurs fois menacée de mort. Depuis deux ans, elle participait aux mouvements de contestation pour dénoncer la déliquescence des services publics et la corruption des autorités locales. Charismatique, on la retrouvait à la tête des cortèges de manifestantes. Son assassinat est intervenu quelques jours après le meurtre d’un autre militant, Tahseen Ousama, lui aussi tué de sang-froid par des miliciens.

En réaction, des manifestants ont incendié le bureau local du parlement alors que les forces de sécurité tiraient des balles réelles en l’air pour les disperser Les manifestants s’étaient rassemblés pour exiger que le parlement irakien limoge le gouverneur de la province après l’assassinat des deux militants.

Les affrontements à Bassorah

La Jordanie a mis en place des mesures inédites pour museler la couverture médiatique de manifestations d’enseignants après la fermeture de leur syndicat. Le 25 juillet, la justice jordanienne a interdit d’activité l’Association des enseignants et ordonné la fermeture de ses locaux pour une durée de deux ans, après une manifestation organisée par le syndicat pour réclamer au gouvernement d’honorer un accord sur des hausses de salaire (voir notre article). Les autorités ont arrêté au moins deux journalistes en raison de leur couverture des manifestations d’enseignants, deux autres ont été frappés par les forces de sécurité en voulant couvrir la protestation. L’interdiction de couvrir les manifestations d’enseignants est la dernière d’une série de restrictions visant les médias ( harcèlement par les forces de sécurité, confiscations de cartes de presse, etc.).

manifestation des enseignants à Amman (archive)

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Plus de 400 artistes et acteurs marocains dénoncent dans un manifeste la répression policière et la diffamation de la part médias proches du pouvoir qui cherchent à faire taire les voix critiques. Sous le titre «Cette ombre est là», le texte pointe «plusieurs cas d’emprisonnement politique, de harcèlements et de répression, parmi lesquels l’arrestation des journalistes Omar Radi et Hajar Raissouni, ainsi que les répressions subies par des mouvements sociaux». La situation a été exacerbée par la pandémie et l’état d’urgence sanitaire, ajoute le manifeste signé entre autres par les écrivains Abdellatif Laâbi et Abdellah Taïa, le cinéaste Faouzi Bensaïdi ou encore la chanteuse Oum. Dans ce contexte, les médias de ‘‘diffamation’’, proches de l’appareil policier de l’Etat, ont joué un rôle important dans cette répression. Le manifeste réclame la «libération de tous les prisonniers politiques et le droit de la population de chercher, discuter, analyser, critiquer (…) sans être diffamé, criminalisé». A la mi-juillet, un groupe de 110 journalistes avait appelé les autorités marocaines à prendre des mesures contre les «médias de diffamation» qui calomnient impunément des «voix critiques».

Un manifestant brandit le portrait d'Hajar-Raissouni (archive)

Mardi 11 août, la population libanaise descendait pour la quatrième nuit d’affilée dans les rues de Beyrouth dans le but de faire tomber l’ensemble de la classe dirigeante. Le gouvernement de Hassan Diab a démissionné lundi mais les Libanais veulent aussi le départ du chef de l’État, du chef du Parlement, et des députés (voir notre article). Les affrontements ont repris entre manifestant·es et les forces de sécurité près du siège du Parlement à Beyrouth. Les manifestant·es ont tenté de défoncer des barricades en y mettant parfois le feu alors que la police utilisait des gaz lacrymogènes. Dix blessés ont été transférés vers des hôpitaux et 32 ont été soignés sur place, selon la Croix-Rouge libanaise. La révolte contre la classe dirigeante corrompue libanaise dure depuis octobre 2019 (voir notre article). La colère populaire générée par l’explosion de mardi, n’en est que le dernier chapitre.

Émeutes du mardi 11 août 2020 au Liban

Hier, les manifestants ont affronté pour une deuxième journée d’affilée les forces de sécurité libanaises à Beyrouth, afin d’exprimer leur colère contre le régime corrompu du pays dont la négligence a mené aux explosions survenues dans la capitale mardi. Des centaines de personnes se sont rassemblées en soirée devant l’une des entrées du parlement, qui a été incendiée. D’autres groupes de manifestant·es se sont rendus devant l’hôtel Le Grey et sur la place des Martyrs. Certains sont entrés dans les bâtiments des ministères des Travaux et des Déplacés, dans le même secteur, au centre-ville, tandis que d’autres pénétraient dans ceux du Logement et des Transports. Les forces de sécurité ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes contre les manifestant·es, qui ont répliqué avec des jets de pierres et des projectiles. Les affrontements se sont poursuivis aujourd’hui, ce qui a conduit le premier ministre, Hassan Diab, à démissionner suivant ainsi l’exemple de plusieurs autres ministres avant lui.

Nouveaux affrontements avec les forces de sécurité et démission du gouvernement au Liban

Nouveaux affrontements avec les forces de sécurité et démission du gouvernement libanais

“Vengeance, vengeance, jusqu’à la chute du régime”, scandaient les manifestants massés dimanche 8 août  Place des Martyrs, dont certains brandissaient des potences ou les noms des personnes tuées dans l’explosion qui a dévasté le port de Beyrouth. L’explosion au port de Beyrouth a fait 158 morts et plus de 6.000 blessés, selon un nouveau bilan samedi du ministère de la Santé.  La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc contre des groupes de jeunes manifestants qui ont lancé des pierres. L’attention des forces de sécurité se concentrant sur les heurts, environ 200 manifestants en ont profité pour prendre d’assaut le siège du ministère des Affaires étrangères, le proclamant «quartier général de la Révolution». Des manifestants ont aussi tenté de prendre le quartier général de l’Association des banques, y mettant le feu avant d’être délogés par l’armée. Des protestataires ont également investi les ministères de l’Économie et celui de l’Énergie, symboles de la gabegie des services publics, les coupures de courant alimentant la gronde. Un membre des Forces de sécurité intérieure est décédé d’une chute, les autorités accusent les manifestants d’avoir provoqué cette chute.

Les affrontements de Beyrouth