«Force est de constater que, sous l’emprise du Parquet fédéral, des juges d’instruction semblent avoir perdu leur position de tiers devant enquêter à charge et à décharge et se positionner du côté de l’accusation. Nous verrons qu’une telle tendance s’est manifestée, par exemple, dans le cadre du dossier ‘Secours Rouge.»(…)
«On assiste, en effet, à un glissement vers l’affirmation d’une présomption de culpabilité – et de dangerosité – , qui a notamment mené à soumettre plusieurs personnes à une détention injustifiée dans l’affaire dite du Secours Rouge.
Le 6 juin 2008, un juge anti-terroriste bruxellois a placé sous mandat d’arrêt quatre membres de Secours Rouge, vieille organisation d’inspiration communiste visant à aider ceux qui, détenus, seraient victimes d’une répression à caractère politique.
Très rapidement, pourtant, les tribunaux ont considéré que les mandats d’arrêt de trois des quatre personnes placées en détention préventive ne se justifiaient pas.
Dans cette affaire (et indépendamment de ce que la suite de l’enquête pourrait éventuellement révéler), les moyens employés paraissent démesurés et injustifiés. En effet, la mise en détention préventive survient plusieurs mois après que des photos suspectes (qui fondent notamment le soupçon de lien avec le terrorisme) aient été transmises aux autorités belges par l’Italie et, surtout, après une année de vérifications de toute nature n’ayant apporté aucun élément nouveau à charge des personnes soupçonnées.
Une telle démarche aurait-elle été possible sans le climat qui entoure la mise en oeuvre d’une législation d’exception? En effet, dès lors que la législation anti-terroriste se donne pour but de protéger les citoyens contre les actes les plus graves menaçant leur sécurité, son application tend à devenir en soi-même la preuve de l’existence d’un danger, même en l’absence d’éléments objectifs.
Pire encore, l’étiquette de ‘terroriste’ semble impliquer, aux yeux de certains représentants du Parquet, une incapacité d’amendement et une dangerosité irréductible des individus mis en cause.
Au même moment, en effet, deux autres membres de Secours rouge étaient remis en détention pour non respect des conditions mises à leur libération conditionnelle.
Une nouvelle fois dans un très court délai, les tribunaux ont considéré que les conditions mises à la libération conditionnelle avaient bel et bien été respectées.
Cependant, durant quelques jours, les médias ont crié à la ‘rechute des ex-CCC’ dans une tempête de manchettes très dommageables pour les personnes qui en furent l’objet.»
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