Le 30 novembre 2025, le prisonnier anarchiste Dimitris Chatzivasileiadis, détenu à la prison de Domokos en Grèce, a publié une déclaration de solidarité avec la grève de la faim collective lancée dans les prisons britanniques par les militants emprisonnés suite à des actions organisées par Palestine Action. Dans son texte, il détaille les objectifs de cette mobilisation, qui vise à protester contre l’implication du Royaume-Uni dans le génocide en Palestine, l’interdiction de Palestine Action, tout en appelant à une solidarité révolutionnaire internationale face à la situation en cours. Sa déclaration :

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Depuis le 2 novembre, une grève de la faim collective et tournante a lieu dans les prisons britanniques contre l’implication du Royaume-Uni dans la guerre coloniale en Palestine et la répression de l’organisation Palestine Action. Trente-trois prisonniers se sont inscrits à l’avance, Amu Gib et Qesser Zuhrah ont été les premiers à commencer, et le nombre de grévistes augmente progressivement. La lutte à l’intérieur des prisons est déjà devenue internationale, avec la participation des camarades Massimo Passamani et Luca Dolce (Italie). Les revendications :

  • Fin immédiate de toute censure et restriction sur leur correspondance et communications.

  • Libération immédiate et inconditionnelle sous caution.

  • Droit à un procès équitable et transparent.

  • Levée de l’interdiction de Palestine Action.

  • Fermeture permanente de toutes les installations d’Elbit Systems au Royaume-Uni.

Toutes ces demandes soutiennent la résistance palestinienne et la lutte commune contre la contre-révolution capitaliste. La dernière revendication situe la grève de la faim dans le cadre de la campagne politique pour laquelle Palestine Action a été placée sur la liste des « terroristes ». Ainsi, la lutte se poursuit depuis l’intérieur des prisons.

La société israélienne Elbit fournit une grande partie de l’armement de l’armée israélienne. Palestine Action, à travers le sabotage et les blocages, a causé des dégâts importants à l’entreprise et la fermeture de certaines usines. Elle a également mené des sabotages sur des bases et avions de la RAF, élevant les formes plus modérées de résistance antimilitariste au niveau des besoins objectifs déterminés par le conflit en Palestine.

Le 28 novembre, le militant palestinien Anan Yaeesh, ancien prisonnier politique en Palestine occupée, sera jugé par l’État italien. Il est accusé, sans preuves, de collaboration avec les Brigades de Tulkarm (Cisjordanie), liées aux Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, une composante armée du Fatah qui résiste à l’occupation. L’UE combat sur le front de l’occupation sioniste par tous les moyens. Anan a déclaré : « Vous voulez que je me défende contre les accusations portées contre moi, mais j’ai honte de chercher l’acquittement sur des accusations qui, pour moi, sont une source d’honneur. Je ne veux pas me défendre contre l’accusation d’avoir des droits et de les avoir revendiqués, ou d’avoir tenté de libérer mon peuple et mon pays de l’oppression coloniale. Je jure que je n’ai pas l’intention d’être acquitté de la résistance légitime contre l’occupation sioniste. La résistance palestinienne est l’un des phénomènes les plus nobles connus de l’histoire. »

Je rends hommage à la mémoire des deux martyrs de l’attaque sacrificielle contre une colonie israélienne au sud de Bethléem le 18/11. Comme l’ont écrit les Brigades d’Al-Shahid Abu Ali Mustafa, du Front populaire de libération de la Palestine : « Notre serment est une vengeance éternelle qui ne s’éteint pas. Demain, le brouillard se lèvera des collines. »

La grève de la faim collective a été annoncée pour coïncider avec l’anniversaire de la Déclaration Balfour, mandat britannique pour la mise en œuvre du plan sioniste. L’évolution historique du capital s’est fondée sur un génocide incessant. Il faut considérer les génocides d’un point de vue anti-étatique et anti-capitaliste. Le massacre et la famine à Gaza et la guerre centenaire de destruction et de déplacement du peuple palestinien sont des processus d’accumulation primitive, de discipline de classe et d’extermination du prolétariat excédentaire. La brutalité de la machine de guerre impérialiste et de son avant-garde sioniste se manifeste ouvertement pour établir son terrorisme mondialement. Face à la résistance héroïque d’un peuple, les capitalistes font de son pain et de son eau l’objet de négociations de guerre. La décision unanime du Conseil de sécurité de l’ONU le 17 novembre, avec l’accord des impérialistes chinois et russes, proclame la responsabilité pour la complétion de l’occupation. Ce que le sionisme n’a pas pu obtenir par les guerres constantes, ses parrains le prennent maintenant en charge. La Force internationale de stabilisation prévue a pour mission de désarmer la résistance « par tous les moyens nécessaires », c’est-à-dire en poursuivant la guerre génocidaire. Comme l’ont déclaré les Comités de résistance populaire le même jour : « Nous n’accepterons le déploiement d’aucune force internationale ou étrangère à l’intérieur de la bande de Gaza pour remplacer l’occupation, et nous n’accepterons aucun rôle américain dans l’administration de Gaza. Tout soutien international à cette décision sera considéré comme un alignement, un biais et une légitimation de la présence étrangère sur le sol de Gaza. »

La résistance palestinienne ne renonce pas à ses objectifs politiques : libération de Gaza, militaire et économique ; arrêt de la colonisation de la Cisjordanie ; libération de tous les prisonniers ; punition de tous les criminels de guerre. Pas de paix avec l’occupation. La seule langue que l’ennemi comprend est celle de la force. Deux ans après l’initiative révolutionnaire du 7 octobre qui a remis en avant, plus que jamais, la cause de la destruction de la colonie impérialiste, je répète que tout compromis sur les demandes de liberté populaire, au nom de la paix, en dévalorisant et enterrant la résistance dans le silence ou le moule des droits bourgeois, aiguise les armes de la contre-révolution.

Si la gauche est hantée par la malédiction historique de la social-démocratie coloniale, le courant anti-autoritaire et le marxisme académique sont hantés par la malédiction de l’idéalisme utopique élitiste, qui transforme commodément les maîtres en victimes. Mais il n’y a pas de fédéralisme sans justice, ni de socialisme sans terre et liberté.

La conscience de la société israélienne, selon l’objectrice de conscience Daniela Schultz, reconnaît l’objectif de la résistance : « Une société dont la sécurité exige l’extermination d’un autre peuple n’a pas droit à la sécurité. Un peuple déterminé à commettre un holocauste sur un autre peuple n’a pas droit à l’autodétermination. » Elle critique également l’inaction de la société civile israélienne face au génocide et souligne que le refus de servir dans l’armée est avant tout un acte humain.

Cette analyse s’étend au nationalisme grec et à son État. Le bloc stratégique Amérique-Israël-Grèce-Chypre (1+3) porte une responsabilité politique conjointe dans la guerre génocidaire. La bourgeoisie grecque et les classes moyennes associées soutiennent cyniquement la guerre en Palestine au nom de l’intérêt national. Le Premier ministre grec a été le premier à rencontrer Netanyahu après son inculpation par la Cour internationale de Justice. Aucun procureur grec n’a inculpé Mitsotakis pour avoir abrité un criminel de guerre international.

La résistance révolutionnaire implique de connecter tous les mouvements de résistance sur Terre et d’étendre tous les fronts, partout où nous sommes. Ici, sur le territoire grec-OTAN, la solidarité avec la Palestine signifie guerre civile de classe.

Liberté aux militants de Palestine Action, liberté pour Elias Rodriguez et Casey Goonan, honneur à l’anarchiste révolutionnaire Aaron Bushnell, liberté pour tous les otages du camp sioniste.

« J’ai peur de la faim, de perdre des gens, de ne rien avoir à perdre, des rivières asséchées, des terres empoisonnées, des incendies de forêt, des bombes capables d’évaporer des gens… Mais notre silence, notre peur, notre productivité ne nous protégeront pas », Amu Gib.

« Elbit, pendant que vous vous vantez que vos armes ont été ‘testées sur les Palestiniens’, notre résistance vous informe que vos tests ont échoué. Car Gaza se relèvera et la Palestine ne mourra jamais », affirment les grévistes de la faim.

« La différence entre une nation enracinée dans sa terre et les campagnes d’invasion répétées contre elle n’a pas encore été comprise », Front populaire de libération de la Palestine.

Aucune action de solidarité ne doit être faite en mon nom. L’objectif immédiat est de faire céder l’État britannique face à la lutte commune. Dans le territoire grec-OTAN, la cible est la machine de guerre de l’alliance 1+3. Comme l’a dit le camarade Anan : « J’ai honte de me trouver dans une pièce chaude, même en prison, tandis que des enfants à Gaza meurent de froid, de faim et de soif ».

Dimitris Chatzivasileiadis
Prison de Domokos, Grèce