Alors qu’elle n’avait même pas été informée qu’une procédure légale avait été engagée contre elle, la FAU-Berlin a été moralement interdite en tant que syndicat par le tribunal régional de Berlin ce 11 janvier. Engagée dans un conflit social local, ce syndicat alternatif est la victime d’un accord conclu entre Ver.di (gros syndicat allemand, qui considérait la FAU comme une concurrence ), les politiciens et les patrons afin de faire cesser ses activités. En effet, depuis plusieurs années, elle a pu démontrer qu’un syndicalisme alternatif est possible en Allemagne affirmant qu’un conflit n’est pas seulement une question de meilleures conditions de travail, mais aussi une question de liberté d’association.
Dans le contexte syndicaliste allemand actuel, où le DGB (organisme des syndicats majoritaires) détient un quasi-monopole, cette décision judiciaire montre à quel point ce puissant monopole est effrayé de l’émergence de l’auto-organisation et de la décentralisation des actions des travailleurs. La décision du tribunal, sans même qu’aucune audition ne soit menée, a donc interdit la FAU de travailler en tant que syndicat. Et comme elle fera jurisprudence, elle affectera l’ensemble du mouvement syndicaliste allemand, car quelle que soit la forme prise par un syndicat alternatif, ce précédent le rendra impuissant.