Samedi 7 juillet, l’ELN a abattu un soldat lors d’un affrontement avec l’armée colombienne. Cet affrontement s’est déroulé dans le cadre d’une attaque de l’ELN dans une zone rurale de la municipalité de San José de Palmar, dans le département du Chocó (ouest). Une autre attaque contre un poste de police du village d’Andagoya, situé également dans le département du Chocó, a également été menée le même jour, possiblement par l’ELN.

Ces affrontements ont eut lieux alors que l’ELN et le gouvernement en sont à leur sixième round de négociations en vue d’un cessez-le-feu bilatéral. Ces négociations semblent cependant fortement compromises par l’arrivée au pouvoir du président Ivan Duque partisan d’une ligne dure envers l’ELN (voir notre article).

Combattante de l’ELN

Lundi 2 juillet, l’ELN et le gouvernement colombien ont entamé le sixième cycle des négociations (voir notre article). A l’issue de la première journée l’ELN a annoncé qu’elle n’était pas parvenue à un accord avec le gouvernement colombien sur un cessez-le-feu bilatéral.

Depuis la fin des élections, l’ELN et le gouvernement colombien de Juan Manuel Santos ont mené des négociations intenses, pour parvenir un accord avant la prise de fonction du président élu Ivan Duque. Cependant les négociations portant sur un cessez-le-feu bilatéral n’ont pas abouties. Cet échec serait du à l’intransigeance du gouvernement colombien. Celui-ci refuserait de se conformer au droit international, de modifier sa politique sur la protection de l’environnement face à l’industrie minière et la privatisation des pipelines de pétrole. Enfin le gouvernement n’apporterait pas de solutions aux persécutions et aux assassinats des leaders de mouvements sociaux.

Pablo Beltrán

Lundi 25 juin, l’ELN et le nouveau gouvernement colombien ont annoncé qu’ils reprendront les pourparlers de paix à la Havane le 2 juillet. Il s’agira du début du sixième cycle de négociations qui devait initialement être entamé le 20 juin. Cependant il avait été reporté sur proposition du gouvernement colombien sortant afin qu’il ait le temps de communiquer avec le nouveau gouvernement sur la continuité du processus de paix.

L’ELN est préoccupée par l’arrivée au pouvoir du nouveau président, Iván Duque, qui souhaite établir une ligne plus dure vis-à-vis de l’ELN (voir notre article). A ce titre, il a récemment marqué son scepticisme par rapport au bilan actuel des négociations et a affirmé vouloir revenir sur certains accords déjà conclus entre l’ELN et le précédent gouvernement.

Combattants de l’ELN

Combattants de l'ELN

16 combattants des FARC opposés à l’accord de paix de 2016 ont été tués dans un bombardements réalisé par les Kfir et les SuperTucano de l’aviation colombienne dans la municipalité de Fortul (Arauca). Le bombardement visait les Fronts (dissidents) 1, 10 et 45 des FARC, commandés par Alexis Enrique Ramos, surnommé « El Burro », qui se trouve parmi les morts. Il s’agit du second bombardement contre ces dissidents des FARC depuis le début de l’année. Fin mai, une autre opération militaire avait tué onze dissidents des FARC (voir notre article). Sans commandement unifié, les groupes dissidents compteraient environ 1.200 combattants et opèrent dans des zones isolées de Colombie où ils se lient parfois avec l’ELN.

Image du bombardement

Image du bombardement

Ce lundi l’ELN a décrété un nouveau cessez-le-feu unilatéral pour le deuxième tour des élections présidentielles pour le week-end du 17 juin. Au premier tour, le candidat de droite conservateur Ivan Duque, l’avait emporté. Il est notamment opposé à l’accord de paix avec les FARC et partisan d’une approche plus dure avec l’ELN. Un autre cessez-le-feu unilatéral avait déjà été appliqué par l’ELN au cours du premier tour des élections (voir notre article).

Par ailleurs, vendredi 8 juin, trois membres présumés du front urbain de l’ELN ont été arrêtés à Bogota. Ils sont accusés d’homicide, de détention et de port d’arme illégal. Il s’agirait de trois coordinateurs du groupe : Jusef Morales Betancur, alias Manuel, coordinateur de la structure; Harry Alejandro Gil, alias Óscar, coordinateur logistique, et Julián Andrés Gil, coordinateur de masse dans les universités publiques.

Membre de l’ELN

Onze dissidents de la guérilla des FARC ont été tués dans une opération militaire dans le sud de la Colombie qui a également fait deux blessés. Ces 13 combattants appartenaient au 7e front des FARC, commandé par Edgar Salgado, alias Rodrigo Cadete, commandant guérillero qui a rejeté l’accord de paix signé fin 2016 à la suite duquel la plus ancienne rébellion des Amériques a déposé les armes et s’est convertie en parti politique sous le même acronyme. Sans commandement centralisé, les groupes dissidents des FARC opèrent dans plusieurs régions de Colombie compteraient environ 1.200 combattants.

Edgar Salgado

Edgar Salgado

Vendredi 25 mai, le sergent Miguel Angel Pascuas des FARC a annoncé que si la répression et et les menaces continuaient, les FARC reprendraient les armes. Depuis les accords de paix, 50 anciens combattants désarmés ont été assassinés (dont 22 en 2018). Par ailleurs Jesús Santrich, un des négociateurs des accord de paix, avait été arrêté à la demandes des Etats-Unis. Il avait été libéré suite à un mois de grève de la faim. Enfin le candidat à la présidentielle en tête des sondages, Ivan Duque souhaite de revenir sur les accords de paix.

Au niveau de ces accords, les FARC sont mécontents de la non-application de la réforme agraire prévue. Ils sont également mécontents du fait que certains anciens combattants soient encore en prison, en contradiction la mise en place d’une justice spéciale prévue dans les accords.

Plusieurs commandants et combattants des FARC sont passés en semi-clandestinité ou en clandestinité par crainte de se faire arrêter ou assassiner. Par ailleurs selon l’armée colombienne, un peu plus d’un ancien FARC sur six aurait déjà repris les armes.

Dans un centre de guérilleros des FARC désarmés et démobilisés

Dans un centre de guérilleros des FARC désarmés et démobilisés

Ce lundi, l’ELN a déclaré qu’elle cesserait ces activités miliaires du 25 au 29 mai, à l’occasion des élections présidentielles. L’ELN affirme avoir pris cette décision afin de permettre à la population de voter dans un climat serein.

Ce cessez-le-feu intervient alors que l’ELN et le gouvernement colombien sont en train de poursuivre leur cinquième cycle de négociation à Cuba (voir notre article). L’ELN espère que ce geste mènera le gouvernement à lui aussi prendre des mesures d’apaisement.

Combattants de l’ELN (archives)

Au moins 22 combattants démobilisés de l’ex-guérilla des FARC ont été assassinés depuis le début de l’année en Colombie. Le dernier meurtre a visé Juan Vicente Carvajal, alias « Misael », ex-commandant du 10e front des FARC. Le commandant « Misael », libéré de prison après la signature de l’accord de paix fin 2016 suite auquel l’ex-guérilla a déposé les armes et s’est convertie en parti politique, a été assassiné lundi soir dans le département d’Arauca, frontalier du Venezuela.

Depuis la signature de l’accord de paix le 24 novembre 2016, 40 ex-combattants des FARC et des proches de l’ancienne rébellion ont été assassinés, ainsi que 10 leaders communautaires associés au nouveau parti de gauche.

Feu le commandant Misael

Feu le commandant Misael

Les négociations entre l’ELN et le gouvernement reprendront la semaine prochaine à Cuba. Ces négociations se tenaient préalablement en Équateur, mais des incidents impliquant l’ELN avaient éclaté à la frontière de ce pays. Son président, Lenin Moreno, avait alors refusé de continuer à accueillir les pourparlers (voir notre article). Ce samedi, le gouvernement Colombien et l’ELN ont annoncé, dans un communiqué commun, leur décision de poursuivre au plus vite le cinquième cycle de négociations dans la ville de La Havane.

Pablo Beltrán