De chaude affrontements ont opposé hier matin les étudiants de la faculté de lettres de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) aux forces de l’ordre. Les étudiants l’en peuvent plus d’attendre l’aide financière devant leur permettre de préparer leur soutenance. Pour ce faire entendre, ils sont descendus sur la Corniche ou ils se sont heurtés à des éléments de la police.

Les étudiants de l’UCAD affrontant la police

Les étudiants de l'UCAD affrontant la police

L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est transformée, en début de semaine, en un champ de bataille. Etudiants et forces de l’ordre se sont livrés à des affrontements qui ont duré plusieurs heures. S’insurgeant contre le retard dans le paiement de leurs bourses, depuis huit mois maintenant, les grévistes ont barré les routes qui mènent à l’université avec de grosses pierres jetées par terre, des bâtons et des pneus brûlés. Les affrontements avec la police ont été violents, tant mardi que mercredi, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du campus.

Les affrontements d’hier à Dakar

Les affrontements d'hier à Dakar

Nous avions expliqué le 12 juin que 5.000 enseignants grévistes sénégalais étaient menacés de licenciement par le gouvernement (voir notre article). Un accord entre les enseignants et le gouvernement a finalement été trouvé lundi lors d’une réunion avec le ministre de l’Éducation nationale. Non seulement il n’est plus question de licenciement mais les montants ponctionnés sur les salaires d’avril et de mai seront restitués avant la fin du mois de juin. Ces ponctions avaient frappé tous les enseignants, grévistes comme non-grévistes.

La grève des enseignants au Sénégal

La grève des enseignants au Sénégal

Dans un communiqué publié vendredi, le porte-parole du gouvernement a fixé aux enseignants grévistes un ultimatum de 24 heures, à partir de lundi, pour se conformer à l’ordre de réquisition des autorités. Des réquisitions ont été envoyées à près de 5.000 enseignants, dans le but de mettre fin aux nombreuses grèves dans les écoles. Ceux qui ne s’exécuteront pas vont s’exposer à plusieurs sanctions. Ils risquent « la révocation, avec suspension du droit à pension » quand il s’agit des enseignants fonctionnaires, ou le « licenciement sans préavis » pour les agents non fonctionnaires.
La menace brandie par le gouvernement a provoqué la colère du Grand cadre des syndicats d’enseignants et du Cadre unitaire des syndicats d’enseignants. Ces deux confédérations syndicales ont décidé de déposer une plainte contre le gouvernement.

La grève des enseignants au Sénégal

Les habitants de Sabodala et de Khossanto, deux localités situées dans le département de Saraya, région de Kédougou, ont comme principale ressource des activités artisanales d’orpaillage. Ils sont confrontés à l’accaparement des terrains d’orpaillage par la société la société aurifère Sabodala Gold Operation, la SGO. Finalement, ils se sont insurgés et ont attaqué et brûlé ce matin un bus de transport, un bulldozer et un pick-up de la SGO. Des barricades ont été dressées et d’autres installations (dont un poste de garde) endommagés. La SGO a dû arrêter ses opérations. Police et gendarmerie sont intervenues et plusieurs manifestants ont été interpellés et gardés au poste de gendarmerie de Sabodala.

L’émeute à Sadobala

L'émeute à Sadobala

Des affrontements entre les forces de l’ordre et les ouvriers saisonniers grévistes de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS). ont eu lieu lundi à Richard-Toll. Les revendications des 1.000 saisonniers coupeurs de canne en grève tournent essentiellement autour de l’amélioration de leurs conditions de travail et de l’augmentation de leur salaire.

Les ouvriers, très remontés contre la direction de la CSS qui a licencié 69 saisonniers pour des motifs relatifs à cette grève (décrétée illégale parce que sans préavis), ont manifesté leur colère et ont tenté de bloquer tous les chemins qui mènent aux champs et à l’usine, empêchant ceux qui veulent travailler d’accéder aux différents casiers de l’entreprise. Les forces de l’ordre sont intervenues à coups de grenades lacrymogènes. Des échanges de projectiles entre les gendarmes et les coupeurs de canne ont eu lieu sur les terrains de Thiabakh, de Campement et à l’entrée de l’usine. Un gendarme légèrement blessé et un ouvrier grièvement atteint ont été admis à l’infirmerie.

Affrontements à Richard-Toll

Affrontements à Richard-Toll

Les violents affrontements qui ont opposé hier lundi étudiants et forces de l’ordre sur le campus de Saint-Louis, ont fait douze blessés dans les rangs des forces de police, dont un grièvement, évacué à Dakar pour des soins. Deux étudiants ont fait l’objet d’une arrestation suite à ces affrontements, le nombre d’étudiants blessés est inconnus. Les étudiants protestaient contre leur mise à l’écart dans le processus de négociation sur la loi cadre sur l’université.

Sénégal: Affrontement entre policiers et étudiants

Au Sénégal, les autorités refusent systématiquement les autorisations aux manifestations des principaux partis d’opposition ou de la société civile. Tout Sénégalais qui désire organiser une manifestation publique est tenu d’en informer, 72 heures à l’avance, l’autorité publique (le Préfet de la circonscription d’où doit se tenir la manifestation). Les « risques de trouble à l’ordre public » et des détails administratifs sont les deux justifications avancées par le préfet de Dakar pour interdire les rassemblements. En fin de semaine, quelques militants avaient bravé l’interdiction du préfet, provoquant arrestations et affrontements avec la police.

Plusieurs incidents ont opposés les gendarmes de la brigade de Recherche de la gendarmerie de la caserne située sur l’avenue Faidherbe, au cœur de Dakar, et les habitants excédés par les abus de pouvoir et les rackets. Cinq jeunes habitants du quartiers ont été enfermés dans la caserne suite à ces incidents, et ont été accusés d’avoir blessé un gendarme lors de ces incidents. L’affaire sera jugée aujourd’hui jeudi.

La caserne située sur l’avenue Faidherbe, à Dakar

La caserne située sur l’avenue Faidherbe, à Dakar

Les étudiants orientés dans les établissements privés ont barré la Voie de Dégagement Nord (VDN) de Dakar hier mardi pour exiger le paiement immédiat de leurs bourses. Ils ont brûlé des pneus, occasionnant un embrouillage monstre. Les étudiants boursiers orientés vers le privé ont d’autant plus besoin de l’argent de leur bourse qu’ils n’ont pas accès, comme ceux qui ont été orientés vers une université publique, à la restauration universitaire, au service médical, à la bibliothèque.

Sénégal: Incidents à une manifestation étudiante