Abalo Akéta est un dirigeant de la combattive Union des syndicats de l’éducation du Togo (USET), à l’origine des grèves qui ont perturbé l’enseignement lors de l’année académique 2013-2014, et qui lui avait valu une arrestation (voir notre article). Le ministre de l’Enseignement vient de régler son cas en demandant sa mise à disposition de la Fonction publique. Une punition des plus insolites alors qu’il y a un manque criard d’enseignants au Togo. Le ministre de la Fonction publique a bien sûr accédé à la demande de son collègue, en casant l’enseignant-syndicaliste contre sa volonté : « Je n’ai jamais formulé cette demande puisse que je ne suis pas administratif, déclare M. Aketa. Je suis un enseignant, professeur d’économie recruté comme tel. Au moment où le gouvernement organise des concours pour recruter des enseignants afin de combler le besoin sur le terrain, des ministres déclarent certains enseignants forfait pour des raisons syndicales ». Dans son rapport général rendu publique ce mercredi, l’USET dénonce une entrave à la liberté syndicale.

L’affaire intervient à un moment où le Gouvernement mène des discussions difficiles avec les syndicats sur l’adoption du statut général de la Fonction publique, la grille salariale et la valeur indiciaire, et leur application à partir de janvier 2015. D’après la Synergie des Travailleurs du Togo (STT), les propositions du gouvernement sont inacceptables. On s’attend donc à une rentrée difficile en septembre prochain.

Togo: Syndicaliste écarté de l’enseignement

Le Rapporteur général de l’Union des Syndicats des Enseignants du Togo (USET), Akéta Abalo, devait se rendre à une réunion de sa base puis se rendre à une conférence de presse de la Synergie des travailleurs du Togo (STT) lorsqu’il fut interpellé par des agents en civile de la Direction générale de la police judiciaire.

Akéta Abalo

Les autorités togolaises répondent par la répression au mouvement des étudiants qui revendiquent l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, particulièrement misérables. La police est intervenue contre les manifestations, deux étudiants ont placés sous mandat de dépôt à la prison civile de Lomé et d’autres ont été exclus de l’université.

En Côte d’Ivoire, la police universitaire a fait une descente punitive à la faculté de la médecine d’Abidjan. Tout serait parti de la plainte des étudiants quand aux nombreuses agressions dont ils seraient victimes de la part de la police universitaire sur les quais. N’ayant pas apprécié des reproches des médecins apprenants, ces derniers auraient fait une descente musclée dans les amphis brutalisant par-dessus des professeurs et blessant une trentaine d’étudiants transportés par la suite aux urgences. Suite à cette agression, le doyen de la faculté de médecine a décidé de suspendre les cours tout en convoquant les enseignants à une Assemblée Générale pour le lundi 24. Quand aux étudiants ils ont décidé de manifester ce vendredi 21.

Intervention de la police sur le campus de Lomé, le 13 février

A Dapaong (600 km au nord de Lomé), lors d’une manifestation de soutien aux enseignants en grèves, un jeune élève de 12 ans du nom de Sinandare Anselme, fils d’un enseignant, et une fillette de 14 ans ont été tués par les tirs des gendarmes togolais. Suite à ce décès, les manifestations des élèves et écoliers de Dapaong et ses environs ont tourné à l’émeute conduisant à l’incendie de plusieurs véhicules et bâtiments publics dans cette ville frontalière du Burkina Faso.

Les militaires de la garnison de Nioukpourma seront plus tard appelés à la rescousse, les manifestants ayant un moment pris le dessus sur les forces de l’ordre, mettant le feu commissariat de police de la ville. La mairie de Dapaong a été pillée et tous les documents sont allés à l’eau. Les militaires venus en renfort se sont heurtés à la colère des manifestants. Un de leurs véhicules a été calciné. Un ministre a été agressé dans la région (Barkouassi) par des élèves alors qu’il revenait d’une tournée dans la localité. Il a été blessé par une pierre lancée contre le pare-brise de sa voiture de commandement. Les syndicats de l’enseignement, des médecins et d’autres secteurs de la fonction publique sont en grève depuis plusieurs semaines et exigent de meilleures conditions de travail et de vie. Le gouvernement a décidé de la fermeture des établissements scolaires de Lomé et ses environs à partir de ce lundi.

Togo: Deux enfants tués dans une manifestation