Atenco est une bourgade des environs de Mexico. En 2001, ses habitants, mobilisés pour défendre leurs terres, ont réussi à empêcher la construction de ce qui devait être le nouvel aéroport de Mexico. Les gouvernements locaux et fédéraux leur en ont gardé une rancune farouche. Les 3 et 4 mai 2006, profitant d’un conflit mineur portant sur la vente de fleurs au marché, la police a lancé une opération qui s’est soldée par deux morts, des centaines d’arrestations brutales, le viol d’environ trente femmes. Ces violences policières ont été reconnues, le 12 février 2009, par la Cour Suprême de Justice du Mexique. Mais dans sa délibération, la Cour Suprême de Justice a évité de se prononcer sur les responsabilités des dirigeants policiers et politiques qui ont participé à ces faits.
Parmi les personnes arrêtées les 3 et 4 mai se trouvaient les principaux organisateurs des mobilisations contre le projet d’aéroport. Douze d’entre eux ont été condamnés à des peines aberrantes, jusqu’à 112 ans d’emprisonnement dans le cas d’Ignacio del Valle (détenu dans une prison de haute sécurité avec isolement presque total, cellule éclairée jour et nuit,…). Ces peines reposent sur des délits fabriqués et arguent également que des fonctionnaires municipaux auraient été retenus par la population, puis relâchés. Trois ans après la répression des 3 et 4 mai 2006 et l’emprisonnement arbitraire de douze personnes, une campagne est organisée au Mexique et à travers le monde pour exiger la libération des prisonniers d’Atenco.
Le New York Times a révélé que les tortionnaires de la CIA ont soumis 183 fois à la simulation de noyade Khalid Cheikh Mohammed, le citoyen pakistanais présenté comme le planificateur des attentats du 11 Septembre. Un autre membre présumé d’Al-Qaïda, Abou Zoubaydah, l’a été à 83 reprises. Citant une note interne du département de la Justice de 2005, le quotidien américain indique que le personnel de l’agence de renseignement chargé de mener les interrogatoires a utilisé cette méthode sur ces deux détenus bien plus souvent que cela ne l’avait été dit jusqu’à présent. En 2007, l’ancien agent de la CIA John Kiriakou avait indiqué aux médias qu’Abou Zoubaydah avait subi cette technique d’interrogatoire pendant 35 secondes avant de dire qu’il était prêt à dire tout ce qu’il savait. La méthode de la simulation de noyade avait été réclamée pour Abou Zoubaydah malgré le fait que les interrogateurs pensaient qu’il avait déjà dit tout ce qu’il savait.
Il faut noter que les Etats-Unis ont poursuivi des interrogateurs japonais lors de procès pour crimes de guerre après la Deuxième Guerre mondiale pour simulation de noyade. Au Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient ou lors des Procès de Tokyo pour crimes de guerre de 1946 à 48, plusieurs soldats japonais avaient été condamnés pour avoir procédé à des simulations de noyade sur des prisonniers américains.
Cette description de l’expérience de la simulation de noyade par un GI américain aurait aussi bien pu être faite pour décrire la méthode de la CIA, ‘Ils m’ont allongé et attaché sur une civière. Ensuite la civière a été relevée et j’avais la tête qui touchait presque le sol et les pieds en l’air… Ils ont alors commencé à verser de l’eau sur mon visage et il m’était parfois quasiment impossible de respirer sans avaler de l’eau.‘
Voici les termes exacts de la note de service de la CIA: ‘Dans ce procédé, l’individu est fermement attaché à un banc incliné… De l’eau est versée sur un linge qui est d’abord placé sur le front et les yeux puis abaissé pour lui recouvrir le nez et la bouche… Ceci provoque un excès du niveau de gaz carbonique dans le sang de l’individu, ce qui incite à des efforts accrus pour respirer. Ces efforts combinés à la présence du linge trempé sur le visage produisent une impression de ‘suffocation et de panique’, c’est-à-dire l’impression de se noyer… La procédure peut alors être répétée… Un expert en médecine… sera présent durant toute la durée de l’opération…‘
L’administration Obama a publié une version expurgée des mémos secrets décrivant les méthodes violentes de la CIA dans sa lutte anti-terroriste. Les techniques vont de la gifle humiliante à la simulation de noyade en passant par le confinement en compagnie d’insectes. Les mémos datant de 2002 et 2005 constituent un mode d’emploi détaillé d’une dizaine de techniques ‘de base’ et ‘coercitives’ pour faire parler des terroristes présumés. Ainsi, le prisonnier est d’abord mis nu, privé de sommeil, enchaîné et parfois doté d’une couche-culotte, précisent les textes rédigés par des avocats mandatés par l’administration Bush. Il subit aussi une ‘altération de son hygiène alimentaire’, souvent une alimentation exclusivement liquide. Viennent ensuite les méthodes dites ‘correctrices’. Selon un ‘interrogatoire prototype’, on peut utiliser ‘la frappe insultante au visage‘, ‘la frappe au ventre‘, la privation de sommeil les mains menottées, parfois appuyé contre un faux mur souple qui s’affaisse lorsque le détenu tente de s’y reposer. Celui qui interroge peut également utiliser ‘les positions de stress‘, le confinement en compagnie d’insectes hostiles et enfin la simulation de noyade. Barack Obama a convenu que les Etats-Unis avaient traversé ‘un chapitre noir et douloureux’ de leur histoire… mais a assuré que les personnels ayant menés ces interrogatoires ne seraient pas poursuivis.
Lundi, la Cour suprême des Etats-Unis a rejetté l’appel de Mumia Abu-Jamal pour un nouveau procès. Cet appel était basé sur une loi de la Cour suprême de 1986 (‘Batson v Kentucky’) qui accorde à un défendant un nouveau procès s’il peut démontrer que le procureur a délibérément écarté des jurés pour des motifs raciaux. Au procès de 1982 contre Mumia Abu-Jamal, le procureur Joseph McGill avait utilisé 10 ou 11 de ses 15 possibilités d’écarter un juré pour écarter des candidats jurés noirs.
La Cour Suprême de Pennsylvanie a blanchi des centaines de jeunes qui avaient été incarcérés entre 2003 et 2008 par deux juges corrompus ayant touché des pots-de-vin pour remplir des prisons privées. Les juges Mark Ciavarella et Michael Conahan du comté de Luzerne (Pennsylvanie) ont admis en février dernier avoir encaissé plus de 2,6 millions de dollars de la part de prisons privées en envoyant pendant des années de jeunes mineurs en détention ou en camps disciplinaires pour des délits sans rapport avec leur peine. Au total, plus de 5.000 adolescents ont été jugés coupables au cours de cette période par les deux juges qui opéraient dans une ancienne région minière pauvre à majorité blanche. Et plus de 2.000 ont été envoyés en détention. La décision de la Cour Suprême ordonne d’effacer les casiers judiciaires d’un ‘nombre substantiel’ de dossiers.
Depuis le début de l’année, les américains traversant la frontière par voie terrestre ou marine (mais pas aérienne) ont pu utiliser le passeport United States Passport Card (également appelée ‘PASS Card’), qui contient une puce RFID dont les données sont lisibles jusqu’à 50 mètres. Cette carte était censée sécuriser et accélérer le passage de la frontière. Toutefois, des chercheurs ont découvert que les tags RFID utilisés étaient des modèles Class One Generation Two, qui, bien que moins onéreux ne sont pas sécurisés, et des hackers ont déjà réussi quelques piratages spectaculaires.
Rappelons que 720.000 passeports à puce RFID, délivrés en Belgique entre fin 2004 et juillet 2006, n’étaient tout simplement pas cryptés. Il suffit donc d’un lecteur de puces RFID du commerce pour accéder à leur contenu, à 10 cm de distance. Ce qui peut se faire en toute discrétion et en quelques secondes n’importe où. Comme si cette gaffe ne suffisait pas, le passeport RFID belge contient un ingrédient de plus que ses confrères européens: la signature du titulaire. Donc, 720.000 belges disposent d’un passeport prêt à confier au premier hacker venu toute l’information qu’il contient en page 2, photos de face et signature comprises.
Les habitants de la Nouvelle Orléans ont été réveillés pendant plusieurs nuits début février par des hélicoptères de combat Black Hawks et des hélicoptères de transport volant à basse altitude, des tirs et des explosions. Il s’agissait de troupes du Commandement des Opérations Spéciale américaine recevant une formation pour la guerre urbaine. ‘Ils sont régulièrement engagés dans des opérations de combat,’ a dit de ces troupes le porte-parole du Commandement d’Opérations Spécial américain Kimberly Tiscione. ‘Ils sont le mieux du mieux que nous devons offrir à travers toutes les branches de l’armée.‘ Ces troupes ont été héliportées sur des toits de bâtiments, sur des terrains proches des maisons, ont investis des pâtés de maisons, échangés des tirs de paint-ball, etc.
En 1994, la Grande Bretagne accordait le statut de réfugié à Binyam Mohamed, un citoyen éthiopien. En 2002, il est capturé au Pakistan pour suspicions de ‘participation au terrorisme’. Après quelques interrogatoires au Pakistan, il est envoyé par la CIA dans un de ses ‘charters de la torture’ au Maroc où il a été torturé avec des lames de rasoir sur les parties génitales. Il sera transféré à Guantanamo en 2004 où il subira le supplice de la baignoire.
Le gouvernement britannique a supprimé des preuves sur la torture de Binyam Mohamed parce que les documents révélaient que le MI6 a aidé les interrogateurs. Les juges de la High Court ont noirci des parties du dossier de la CIA sur Binyam Mohamed car ils contenaient des détails sur la contribution des espions anglais à l’interrogatoire, et sur les tortures qui y ont été pratiquées, raconte The Sunday Telegraph.
Deux juges racontent qu’ils ont voulu rendre public le contenu du dossier de la CIA. Mais ‘le problème est que le document prouvait que l’agence britannique a aidé les Américains dans l’interrogatoire de Mohamed Binyam‘, explique l’un d’eux. Les 25 lignes dévoilées contenaient les détails sur la façon dont Binyam Mohamed a été torturé au Maroc et à Guantanamo. Une autre source raconte que ‘les services britanniques connaissaient les tortures et n’ont rien fait. Ils ont fourni des informations aux Américains et aux Marocains. Ils ont fourni des photographies‘.
La House of Representatives Judiciary Committee met la pression sur le Président Barack Obama pour qu’il publie le rapport inchangé, il est le seul à pouvoir faire paraître le document. Binyam Mohamed fait à présent grève de la faim alors que toutes les accusations ont été abandonnées en fin d’année dernière.
Samedi le 31 janvier 2009 vers 18h, une unité de commando armée de la police de l’état de Oaxaca est entrée dans la prison de San Pedro Pochutla et a emmené Abraham Ramirez Vasquez, dirigeant indigène et prisonnier politique, qu’ils ont embarqués dans un van blanc sans immatriculation vers une destination inconnue.
Abraham et deux de ses compagnons, Juventino et Noel Garcia Cruz, sont privés de leur liberté depuis le 15 janvier 2005 par ordre du gouverneur et despote de l’état de Oaxaca, Ulises Ruiz Ortiz (celui même qui a brutalement réprimé l’insurrection populaire de Oaxaca de 2006). Ils sont membres du comité pour la défense des droits indigènes (CODEDI) de Santiago Xanica, organisation intégrante de l’Alliance Magoniste-Zapatiste (AMZ), de l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO) et de l’Autre Campagne (Otra Campana).
Mumia Abu-Jamal est un journaliste reconnu de Philadelphie qui se trouve en prison depuis 1981 et dans le couloir de la mort depuis 1983, accusé d’avoir tué l’officier de police Daniel Faulkner.
Déjà à l’âge de 14 ans, Mumia est arrêté et battu pour avoir protesté contre un meeting du candidat ultraraciste George Wallace à Philadelphie. Peu après, il est fiché par le FBI pour avoir voulu rebaptiser son lycée ‘Malcolm X’. Adolescent, il est l’un des membres fondateurs du Chapitre du Black Panther Party de Philadelphie. En 1969, il est y chargé de l’information. Le FBI le considère comme l’une des personnes ‘à surveiller et interner en cas d’alerte nationale‘.
Adulte, il devient journaliste pour des radios telles que NPR et WHAT, où il est directeur de l’information. Ses reportages se concentrent essentiellement sur les injustices et les brutalités subies par les noirs.
Mumia Abu Jamal
L’affaire Mumia Abu Jamal
En 1981, Mumia travaillait comme taximan pour arrondir ses fins de mois. Dans la nuit du 9 décembre, lors d’une course, il entend des coups de feu, s’arrête et voit son frère, titubant. Il sort de sa voiture, court vers lui et reçoit une balle, tirée par un officier de police. Il perd connaissance. Quelques minutes plus tard, la police arrive et trouve Faulkner et Mumia étendus sur le trottoir, inconscients. L’officier de police mourra de ses blessures, et Mumia est arrêté, sauvagement battu, jeté dans une voiture et conduit à l’hôpital le plus proche. On ne sait comment, il survit. Arrêté, il est accusé du meurtre de Faulkner.
Malgré ses dénégations, malgré son absence d’antécédents judiciaires, une enquête inéquitable (expertises balistiques inexistantes, balles non identifiables, absence de relevé d’empreintes, zone des faits non sécurisée, tests non effectués…) conclut à la culpabilité de Mumia. Le procès commence en 1982, présidé par le juge Sabo (connu comme étant le juge ayant envoyé le plus d’accusé à la mort). Mumia souhaitait s’y défendre seul, mais ce droit lui est refusé, et on lui assigne un avocat commis d’office. Durant tout le procès, on l’accuse de déranger le cours des débats, et il ne pourra assister à presqu’aucune des audiences de son propre procès.
L’accusation affirme que le coup de feu qui a tué Faulkner provient de l’arme de Mumia, un calibre 38 légalement enregistré, en totale contradiction avec le rapport de l’expertise médicale dans lequel est clairement établi que la balle retirée du cerveau du policier est issue d’un calibre 44. Ce fait n’a jamais été révélé au jury. De plus, un expert en balistique dit qu’il trouve incroyable que la police présente sur les lieux de la fusillade n’ait pas analysé l’arme de Mumia pour voir si elle avait servi récemment, ou regardé ses mains pour y trouver d’éventuelles traces de poudre.
Une des accusations la plus accablante est celle qui affirme que Mumia aurait avoué à l’hôpital. Troublant, cette confession n’est rapportée que deux mois après les faits, juste après que Mumia ai introduit une poursuite contre la police pour brutalités. L’un des officiers qui déclare avoir entendu la confession de Mumia est Gary Wakshul. Mais dans le rapport policier qu’il rend ce jour-là, il déclare: ‘le nègre n’a fait aucun commentaire’. Le docteur Coletta, médecin de garde qui est resté auprès de Mumia tout le temps dit qu’il ne l’a jamais entendu parler.
Le témoin phare de l’accusation est une prostituée du nom de Cynthia White, qu’aucun autre témoin sur place n’a vu au moment de la fusillade. Durant le procès de Billy Cool (le frère de Mumia), qui s’est déroulé quelques semaines plus tôt, elle donne un témoignage en totale contradiction avec ce qu’elle dira au procès de Mumia. Son témoignage au procès de Cook décrit quelqu’un sur les lieux qui n’était pas là quand la police est arrivée. Cela corrobore avec les cinq autres témoignages affirmant qu’une personne aurait fui. Durant une audition en 1997, une autre ancienne prostituée témoigne que White agissait en tant qu’informateur de la police. Un autre témoignage, sous serment, a révélé que la police recueillait régulièrement des témoignages sous la contrainte. En 1995, un témoin visuel jure que la police a plusieurs fois déchiré sa déclaration écrite – que le tueur avait fui les lieux – jusqu’à ce qu’il signe finalement un document qu’elle estimait acceptable. L’année suivante, le témoin Veronica Jones s’est présentée pour déclarer qu’elle avait été forcée de changer sa déclaration initiale, où elle affirmait que deux hommes s’étaient enfuis. Billy Cook, présent durant toute la durée de la fusillade, a clairement affirmé que Mumia était absolument innocent. Témoins menacés, subornés, écartés, rapports de police contradictoires, violations de ses droits, mèneront, en juillet 1982, à sa condamnation à mort. Mumia est de toute évidence le coupable idéal. Par deux fois, en 1995 et en 1999, la mobilisation internationale a empêché son exécution.
En 1999, Arnold Beverly, ancien tueur à gage, avoue à l’une des avocates de Mumia être l’auteur du meurtre de l’officier Faulkner. Cette confession est validée par un test au détecteur de mensonge. Malgré l’évidence, le procureur de Philadelphie refuse d’enquêter, et il est même interdit aux tribunaux de l’entendre, sous prétexte que le témoignage est hors délais des procédures. En 2001, la sténographe du tribunal de l’époque affirme qu’avant le début du procès, elle a entendu le juge Sabo dire: ‘Yeah, je vais les aider à griller ce nègre‘, faisant référence à Mumia. Cela remet en avant l’évidence du racisme inhérent au procès. Dans la même année, un journaliste reconnu affirme s’être rendu sur les lieux de la fusillade en décembre 1981, afin d’en parler, et n’y avoir vu aucun membre des forces de l’ordre. Cette affirmation ne fait que confirmer ce qui avait été mis en avant lors des audiences en 1982, et tous les manquements de l’enquête.
En 2001, la sentence de mort de Mumia a été provisoirement écartée, mais il est toujours considéré comme coupable. Cela signifie qu’une nouvelle sentence pourrait être prononcée après que tous les appels aient été épuisés. Mais seules deux options s’offriront alors: soit la peine de mort, soit une peine de prison incompressible. Aujourd’hui, les options d’appel s’amenuisent… et Mumia se trouve toujours dans le couloir de la mort.
Mumia menotté en prison
Le 7 décembre 2012, les avocats de Mumia Abu-Jamal annoncent qu’il ne sera pas exécuté. Au début de l’année, une cour d’appel fédérale avait décidé que sa peine devait être réexaminée en raison de vices de procédures durant son procès pour le meurtre de policier en 1982. La Cour Suprême avait rejeté la demande des procureurs de Philadelphie de recondamner l’ancien Black Panther à la peine de mort. Aujourd’hui, ces derniers ont annoncé qu’ils ne feraient pas appel de cette décision. Mumia est donc condamné à une peine de prison à perpétuité et transféré de la prison SCI-Greene de Waynesburg à la prison SCI-Mahanoy de Frackville, à 170 km de Philadelphie.
Les nouvelles conditions de détention ne sont que restrictions, interdits et humiliations. Il se trouve en isolement total de manière permanente, la lumière de sa cellule reste constamment allumée, ses contacts hebdomadaires avec l’extérieur sont limités à une visite et à un droit d’appels téléphoniques réduit à un quart d’heure cumulé. Mumia est menotté et enchaîné dès qu’il sort de sa cellule, même pour aller prendre une douche, et il a été privé de tous ses effets personnels, de livres, de radio, de télévision et de machine à écrire. Ce régime va durer deux ans.
En octobre 2014, Mumia Abu-Jamal adressé via un message enregistré l’ouverture au Goddard College, au Vermont. La réaction du monde politique à cette intervention a été rapide : Le projet de Loi « Relief Act Revictimisation » privant les prisonniers de Pennsylvanie de leur droit d’expression (notamment à propos de leur condamnation) est adopté, en procédure d’urgence, par les deux chambres de l’Etat.
Le 30 mars 2015, Mumia, agé de 61 ans, est hospitalisé d’urgence en raison d’un choc diabétique qui l’a plongé dans le coma. A l’hôpital, Mumia est placé à l’isolement. Ce ne sera qu’en mai qu’il pourra parler à son épouse au téléphone. Il reste dans un état de faiblesse extrême, il a perdu 22 kg et n’est plus en état de se nourrir lui même.
Déclaration de Mumia Abu-Jamal (2001)
Moi, Mumia Abu Jamal, je déclare:
Je suis le requérant dans cette action. Si j’étais appelé en tant que témoin, je pourrais témoigner par ce formulaire de mes connaissances personnelles.
Je n’ai pas tué l’officier de police Daniel Faulkner. Je n’avais rien à voir avec le meurtre de l’officier Faulkner. Je suis innocent.
Durant mon procès, on m’a refusé le droit de me défendre moi-même. Je n’avais aucune confiance en mon avocat commis d’office, qui ne m’a même jamais demandé ce qui s’était passé la nuit durant laquelle on m’a tiré dessus et où l’officier de police a été tué. De plus, j’ai été exclu d’au moins la moitié de mon procès.
A partir du moment où l’on m’a refusé tous mes droits durant mon procès, je n’ai pas témoigné. Je ne souhaitais pas être utilisé pour faire croire à un procès équitable.
Je n’ai pas témoigné lors de la post-condamnation de 1995 sur conseil de mon avocat, Leonard Weinglass, qui m’a explicitement dit de ne pas le faire.
Aujourd’hui, pour la première fois, on m’a donné l’opportunité de dire ce qu’il m’est arrivé aux petites heures du 9 décembre 1981. Voici ce qui s’est passé:
En tant que taximan, je choisissais régulièrement la 13ème et Locust Street parce que c’était une zone populaire de clubs, avec beaucoup de circulation piétonne. Dans la nuit du 9 décembre 1981, je travaille à partir d’United Cab. Je crois que je revenais d’avoir été faire une course à West Philly.
J’étais en train de remplir mon journal de bord lorsque j’ai entendu des cris. J’ai jeté un oeil dans mon rétroviseur et j’ai vu la lumière du gyrophare d’une voiture de patrouille de police. Ce n’était pas inhabituel. J’ai continué à remplir ma feuille de route lorsque j’ai entendu ce qui ressemblait à des coups de feu. J’ai à nouveau regardé dans mon rétroviseur et j’ai vu des gens courir de haut en bas de Locust Street.
En regardant plus attentivement, j’ai reconnu mon frère, debout dans la rue, titubant, troublé.
J’ai immédiatement quitté mon taxi et j’ai couru vers son appel. Comme je traversais la rue, j’ai vu un officier en uniforme, tourné vers moi, une arme à la main. J’ai vu un flash et suis tombé à genou. J’ai fermé les yeux et me suis assis, pour reprendre mon souffle.
La chose suivante dont je me souviens, c’est de me sentir frappé et être sorti de ma stupeur.
Quand j’ai réouvert les yeux, il y avait des policiers tout autour de moi. Ils gueulaient, juraient, m’attrapaient et me tiraient. Je me suis senti faiblir et j’avais du mal à parler. Regardant à travers cette foule de policiers, je vois mon frère, du sang coulant le long de son cou, un policier le maintenant couché sur le trottoir.
On m’a remis sur mes pieds et percuté contre un téléphone où je suis tombé, puis on m’a jeté dans un combi. Je pense que j’ai dormi jusqu’à ce que j’entende la porte s’ouvrir. Un officier blanc, vêtu d’une chemise blanche, est entré en jurant et m’a frappé au visage. Je ne me souviens pas de ce qu’il a dit sauf de beaucoup de ‘nègre‘, de ‘black mother fucker‘ et autres.
Je suppose qu’il est parti et que je me suis rendormi. Je ne me souviens pas du combi qui roule pendant un moment. Je me suis réveillé pour entendre le conducteur parler de son prisonnier dans sa radio. J’apprends par le grésillement anonyme de la radio que je suis en route pour le bâtiment de l’administration de la police, à quelques blocs. Puis, des sons tels que ‘I.D.D.‘ et ‘M.I.‘ sortent de la radio, disant au conducteur d’aller à l’hôpital Jefferson.
A mon arrivée, je suis jeté par terre et battu.
Je suis à nouveau battu devant les portes de l’hôpital. A cause du sang dans mes poumons, il m’était difficile de parler, impossible de gueuler.
Je n’ai jamais rien avoué parce que je n’avais rien à avouer. Je n’ai jamais dit que j’avais tué le policier. Je n’ai pas tué le policier. Je n’ai jamais dit que je souhaitais qu’il meurt. Je ne dirais jamais une chose pareille.
Je déclare sous peine de parjure des lois des Etats-Unis que mes déclarations sont vraies et correctes, rédigées par moi-même le 3 mai 2001 à Waynesburg, Pennsylvanie.
Manifestation pour la libération de Mumia
Conférence de Claude Guillaumaud-Pujol sur Mumia et le BPP
Le 20 février 2009, le Secours Rouge a organisé à Bruxelles une Conférence de Claude Guillaumaud-Pujol sur le Black Panther Party et le cas Mumia Abu-Jamal. Claude Guillaumaud-Pujol est née le 16 avril 1945 à Tours. En tant qu’universitaire spécialisée en civilisation américaine, elle s’est rendue en 1990 à Philadelphie afin de mener sa thèse consacrée à la brutalité policière et aux minorités. Elle a enseigné dans les universités de Tours, Clermont-Ferrand et Marne-la-Vallée. Avec ses étudiants à Tours, elle fonde un groupe de soutien à Mumia Abu-Jamal et aux MOVE 9: ‘Just Justice TOURS’. Elle est également membre du Collectif national ‘Ensemble sauvons Mumia Abu-Jamal’ basé à Paris.
Avant sa conférence publique, Claude Guillaumaud-Pujol a répondu aux questions d’une animatrice de la radio Passe-Muraille. Cet entretien a été diffusé sur les ondes le lendemain de la soirée, dans le cadre de l’émission sur la prison diffusée tous les dimanches.