Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2009, une explosion ébranle une usine désaffectée située à Cognin. Zoé Aveilla, une jeune Ardéchoise de 23 ans, est tuée par les débris de la bombe artisanale qu’elle confectionnait avec son compagnon, Michaël Dupanloup, 25 ans. Plus en retrait, le garçon, originaire de Genève, est sérieusement brûlé et sa vue est gravement atteinte. Ils manipulaient du chlorate de soude et du sucre et un petit extincteur pour servir de récipient aux produits. Tous gravitent alors dans le monde des squats fréquentés par des militants de l’ultra-gauche et des anarchistes.
L’enquête sur le drame prend rapidement une tournure très spectaculaire. Un grand nombre de gendarmes mobiles, de policiers locaux, et de policiers de la sous-direction nationale antiterroriste de la police judiciaire investissent le squat de l’ancienne usine Pilotaz puis les différents « points de chute » similaires du couple. Dans les jours et les semaines qui suivent, Raphaël Serres, Joris Allibert, Michaël Dupanloup sont mis en examen pour participation à une entreprise terroriste, destruction de preuves. Ils sont détenus puis progressivement libérés avec un contrôle judiciaire qui s’est allégé avec le temps. Michael Dupanloup a récupéré de ses blessures. Une perte partielle de sa vue est la principale séquelle à laquelle il est encore confronté. Tous les trois ont repris leurs études ou ils travaillent. Le dernier à avoir été arrêté est Thibaut Simon qui vivait ici sous une autre identité, longtemps recherché, retrouvé en Europe centrale et extradé de Hongrie où il s’était réfugié il y a quelques mois. Lui aussi est sous contrôle judiciaire.
Quatorze mois après avoir été saisi de l’enquête, le juge d’instruction du pôle antiterroriste de Paris vient, avec un avis favorable du parquet, de renvoyer l’affaire à Chambéry, en se déclarant « incompétent » par ordonnance, il y a quelques jours.
Il appartient maintenant au procureur général, ici, de désigner un nouveau juge d’instruction. Pour rechercher dans le registre du droit commun, entre la manipulation de produits explosifs et les causes de l’accident, si des infractions peuvent être reprochées aux jeunes mis en cause.