Une campagne de répression visant des syndicalistes indépendants se traduit par der des mesures telles que des suspensions, mutations et radiations. Les autorités algériennes mettent des entraves à la création des syndicats indépendants ainsi qu’à l’organisation et à la participation dans des manifestations pacifiques et des grèves du travail. Les autorités ont bloqué des manifestations, arrêté arbitrairement des militants syndicaux et poursuivi certains d’entre eux au pénal pour l’exercice pacifique de leurs activités syndicales, de même qu’elles ont renvoyé des fonctionnaires suite à des grèves pacifiques et emprisonné des leaders syndicaux pour des accusations à motif politique.

Le 16 avril, veille de l’élection présidentielle remportée par Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 15 ans, la police avait dispersé cette manifestation (photo), organisée par le mouvement Barakat (Ça suffit!). Un procureur algérien a requis dimanche un an de prison ferme contre deux jeunes, dont un Tunisien, accusés d’avoir participé à une manifestation contre un quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.

En attendant la décision, qui doit être rendue le 18 mai, les prévenus restent en détention. Ils sont tous deux accusés d' »attroupement non armé portant atteinte à l’ordre public ». Les deux jeunes hommes ont toujours nié avoir une quelconque relation avec les manifestants, et affirmé qu’ils ne faisaient que passer au moment du rassemblement. Des organisations et militants de droits de l’Homme s’étaient mobilisé pour exiger la libération des deux jeunes. A l’ouverture du procès, la police avait empêché plusieurs jeunes d’entrer dans le tribunal. Des policiers avaient même fait irruption dans la salle d’audience pour en expulser une dizaine de personnes, dont le père d’un prévenu. Face aux protestations des avocats, le père a été autorisé à retourner dans la salle, suivi par les autres personnes évacuées.

Algérie: Un an ferme requis contre deux jeunes manifestants

Les travailleurs de la multinationale Larfarge qui faisaient la grève de la faim devant le siège de la multinationale à Alger ont été expulsés du site par les autorités algériennes hier mercredi. Ces grévistes ont décidé il y a deux jours de camper devant Lafarge pour attirer l’attention sur leur grave situation après 52 jours de grève. Il faut rappeler aussi que ces grévistes sont licenciés depuis 1er décembre 2013. Ils entament leur 52ème jour de la grève de la faim.

Algérie: Ouvriers grévistes de la faim expulsés

La répression provoquent des réactions. Ainsi, la Coordination locale des étudiants (CLE) de l’université de Tizi Ouzou appelle le 5 mai à une marche pour dénoncer les violences policières lors de la marche de commémoration du 20 avril, dans la capitale du Djurdjura. Le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) appelle aussi les citoyens à prendre part à une autre marche demain, dans la ville de Tizi Ouzou pour condamner «les agissements inhumains des policiers en civil et en uniforme à l’égard des participants à la marche pacifique du 20 avril».

Du côté officiel, l’Assemblée populaire de wilaya (APW) a condamné et dénoncé la répression dont ont fait l’objet de jeunes manifestants. Cinq policiers, dont un commissaire, impliqués dans la répression ont été suspendus. C’est une suspension d’exercice provisoire en attendant les résultats de l’enquête ordonnée par la Direction générale de la Sûreté nationale.

Les manifestants qui célébraient dimanche le 34e anniversaire du printemps berbère ont été violemment réprimés par les forces de l’ordre deux jours durant. Les manifestants, pour la plupart des étudiants, ont entamé leur marche du campus universitaire vers le centre-ville. La police a tenté de les disperser à coups de matraque, de gaz lacrymogène. Les marcheurs ont répliqué par des jets de pierres et autres projectiles. Il y a eu plusieurs arrestations très violentes. Selon d’autres témoignages recueillis auprès des riverains de l’université de Tizi Ouzou, on dénombre plusieurs blessés, dont deux graves, parmi les manifestants.

Les affrontements ont repris lundi. Des étudiants se sont à nouveau rassemblés malgré les avertissements des autorités et réclament la libération de leurs camarades arrêtés la veille. Les affrontements ont lieu également la nuit. Des étudiants de Bouira, une autre localité de la région, ont également dénoncé la répression dont il ont fait l’objet en célébrant le printemps berbère.

Ce lundi, la population des villages d’Ihesnaouen, dans la commune de Tizi Ouzou, a entrepris de bloquer totalement la circulation d’un axe routier névralgique vers Alger. Les habitants dénoncent l’abandon d’un projet de piscine dans leur localité après avoir appris que le terrain allait être consacré à la construction d’un lieu de culte, échappant ainsi aux autorités et aux infrastructures destinées aux villageois. Les unités anit-émeutes sont intervenues en début d’après-midi pour rouvrir la route, entraînant de violents affrontements avec la foule. Plusieurs personnes ont été blessées et deux manifestants ont été arrêtés par la police.

Pour la troisième fois depuis le début de l’année, les habitants de la localité de El-Meridj, près de Constantine, sont descendus dans la rue pour exiger une amélioration de leur cadre de vie. Selon eux, ils ont épuisé toutes les voies de recours légales et ont donc décidé de radicaliser leur mouvement. Des dizaines d’habitants ont donc bloqué hier l’axe routier reliant El-Meridj à l’autoroute Est-Ouest avec des pneus brûlés, des blocs de pierres et des troncs d’arbre. Les 4500 habitants de la localité revendiquent leur droit au logement rural, la construction d’une polyclinique et d’un CEM (Collège d’Enseignement Moyen) dans le village. La brigade anti-émeute est intervenue pour disperser la foule et rétablir la circulation. Face à la résistance des habitants, elle a fait usage de la force, blessant au moins huit personnes. Quinze manifestants ont en outre été interpellés.

Les habitants de deux bidonvilles situés dans la banlieue d’Alger ont manifesté leur colère ce lundi après les violentes intempéries qui ont fait de nombreux dégâts à leurs habitations précaires. Il ont notamment bloqué la circulation, exigeant leur relogement lequel leur est promis depuis de longs mois par les autorités. Les forces de l’ordre ont été déployées autour des deux quartiers. A Diar El Baraka, les habitants ont lancé des pierres et des cocktails Molotov contre les policiers qui tiraient des gaz lacrymogène. En milieu de journée, plus de dix camions de police anti-émeutes étaient stationné autour du bidonville. A Birga 2, les habitants ont brûlé des pneus et couché des arbres sur la route avant l’intervention de la police.

Emeutes pour le logement près d’Alger

Emeutes pour le logement près d'Alger

A 7 heures du matin mercredi, des centaines de membres des Compagnies Nationales de Sécurité (CNS) sont intervenues pour déloger 120 familles de logements sociaux qu’elles squattaient depuis un an dans la localité de Merabout, à dix kilomètres de Tizzi Ouzou. Exclus des listes des bénéficiaires de logements sociaux pour des raisons qui leurs sont inconnues, les familles contestaient cette éviction en occupant ces logements, n’ayant par ailleurs nulle part d’autre où aller. Les habitants ont tenté de s’opposer à ce délogement en bloquant une voie de circulation. Cette action de solidarité n’a pas empêché l’action musclée des CNS vis à vis des familles et a entraîné une violente réaction de leur part à l’égard des manifestants. Les heurts ont duré près de trois heures à l’issue desquelles quatre jeunes manifestants ont été embarqués.

Emeutes du logement près de Tizzi Ouzzou

Hier, des dizaines d’habitants d’un bidonville de Bouira, en Kabylie, ont bloqué la circulation sur la route menant au tribunal de la ville pour dénoncer les promesses gouvernementales non tenues quant à leur relogement ainsi que leurs conditions de vie misérables. Très rapidement, les forces anti-émeutes sont intervenues à coups de tirs de gaz lacrymogène, les habitants répliquant à coups de jets de pierres. Neuf personnes ont été arrêtées.

Emeutes à Bouira

Emeutes à Bouira