Dans une lettre depuis la prison de Zaballa, le détenu basque Jesús Mari Etxeberria annonce qu’il quitte le Collectif des prisonniers politiques basques (Euskal Preso Politikoen Kolektiboa – EPPK), estimant que cette organisation a renoncé à son engagement politique en privilégiant une logique individuelle de sortie de prison. Par ailleurs, il critique la « politique du retour à la maison » qu’il considère comme une capitulation, l’abandon de la mémoire des militants morts et l’acceptation humiliée du système pénitentiaire. Il dénonce aussi le silence du collectif face au génocide contre le peuple palestinien, attribué selon lui à la peur de compromettre les procédures carcérales. Pour Etxeberria, la lutte, l’amnistie et la dignité restent indispensables malgré les renoncements qu’il observe autour de lui, affirmant que l’avenir du Pays Basque passera par le maintien de cet engagement.

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Jon Mirena San Pedro, prisonnier politique basque, a été libéré après 30 ans de prison. Originaire du quartier de Deusto à Bilbao, il a été emprisonné plusieurs fois par la France et l’Etat espagnol. Il a d’abord été détenu en Espagne, entre 1991 et 1995, en détention préventive et accusé d’être membre du commandement d’ETA en Biscaye. Il a ensuite pris la fuite puis a été arrêté en France en 1999 et condamné à cinq ans de prison supplémentaires. Après avoir purgé sa peine en 2004, il a été remis aux autorités espagnoles et a depuis été détenu dans différentes prisons. Il aurait dû être libéré depuis longtemps si le critère européen, qui imposait la déduction des peines de prison prononcées dans d’autres pays, avait été appliqué.

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Asier Oyarzabal Txapartegui a été libéré après avoir purgé presque 24 ans de prison. Arrêté par la police française le 23 septembre 2001, il avait été condamné à 30 ans de prison pour son rôle présumé de chef militaire de l’ETA. Il a d’abord été incarcéré à Saint-Maur, à 680 kilomètres de sa ville natale. La politique de distanciation a été assouplie en 2018, lorsqu’il a été transféré à la prison de Lannemezan, plus proche du Pays basque. En octobre 2023, il avait été transféré au Pays Basque Sud à sa demande.

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Le 7 janvier, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Bilbao en soutien aux membres emprisonnés d’ETA. Les manifestants appelaient à l’amnistie pour les prisonniers, mais également réclamant qu’ils puissent accomplir leur peine près de leur famille. La politique des gouvernements espagnols est d’emprisonner les détenus basques à des centaines de kilomètres de leur région, ce qui complique les visites de leurs proches: les enfants de ces prisonniers doivent à parcourir des centaines de km pour seulement 40mn de visite. Après son arrivée au pouvoir en juin 2018, un mois après l’auto-dissolution d’ETA, le premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait promis de revenir sur cette politique, mais peu de progrès  accompli depuis. Le même jour, au pays basque français, environ 10.000 personnes ont défilé à Bayonne.

Après 32 ans, 6 mois et 15 jours de détention, Jakes Esnal a quitté ce matin le Centre pénitentiaire de Lannemezan. Tout comme Ion Kepa Parot, sorti la semaine dernière (voir notre article), Jakes n’accèdera à la liberté conditionnelle qu’à l’issue d’une période probatoire d’un an durant laquelle il sera assigné à résidence avec un bracelet électronique. Unai Parot reste le dernier militant basque du « commando Argala » d’ETA encore incarcéré (lui aussi depuis avril 1990 et actuellement à la prison de Zaballa, au Pays basque Sud),

Après que la cour d’appel de Paris lui a accordé la liberté conditionnelle le 22 septembre dernier, le Bayonnais Ion Parot a quitté la prison de Muret le jeudi 13 octobre au matin. La cour d’appel de Paris a notifié le 22 septembre dernier sa décision d’accorder la libération conditionnelle à Ion Parot – dont il s’agissait de la sixième demande – et à Jakes Esnal – dont c’était la seconde. Ils n’accéderont à la liberté conditionnelle qu’après une période probatoire d’un an au cours de laquelle ils seront soumis au port du bracelet électronique. Aujourd’hui âgés de 71 ans, ils ont ont passé environ 32 ans et demi derrière les barreaux. Arrêtés en avril 1990, ils avaient été condamnés comme militants d’ETA en 1997 à la réclusion à perpétuité avec Frederik « Xistor » Haranburu. Unai Parot, le frère de Ion, avait été interpellé dans l’État espagnol. Il purge actuellement sa peine à la prison de Zaballa, en Araba. Frederik Haranburu, Ion Parot et Jakes Esnal étaient libérables de 2007.

 

Le 28 mai 2015 avaient été retrouvés, dans une villa de Biarritz, 26 pistolets et revolvers, un millier de munitions, plusieurs kilos de produits entrant dans la composition d’explosifs et quelque 700 plaques minéralogiques vierges avec une presse pour les imprimer (photo). Plus de sept ans plus tard, l’occupante des lieux et l’un de ses amis comparaissent pour association de malfaiteurs terroriste et, pour le second, transport, détention d’armes et recel, avec la qualification terroriste. Né en France mais originaire de Pampelune, ce dernier a quitté la France pour le Mexique entre 1986 et 1998, après l’émission d’un mandat d’arrêt de Madrid contre lui, des poursuites plus tard abandonnées. Cet homme de 58 ans a reconnu jeudi à la barre avoir entreposé les armes dans la maison. Il a maintenu ne jamais avoir été membre de l’ETA, se présentant comme un sympathisant de la gauche nationaliste. A l’audience, il a soutenu avoir agi dans le cadre du «processus de paix», en vue d’une remise de ces armes aux autorités. En 2011, l’ETA avait annoncé la fin de la lutte armée et entamé début 2014 un processus unilatéral de désarmement, en lien avec la Commission internationale de vérification (CIV), non reconnue par Madrid et Paris. C’est le 8 avril 2017 que l’organisation  a annoncé son «désarmement total» avant, le 3 mai 2018, de déclarer sa dissolution.

Ibai Aginaga, militant communiste et indépendantiste, était revenu le 13 mars dans sa ville de Berango après une absence de 21 ans, dont 2 dans la clandestinité dans ETA et 19 autres passés dans différentes prisons d’Espagne. Cette libération avait été l’occasion d’une manifestation de sympathie de masse, un accueil triomphal ayant été réservé au prisonnier (voir notre article). La justice espagnole a ouvert une procédure suite à cet accueil. La Haute Cour nationale a ouvert une procédure d’enquête  et un juge d’instruction a inculpé trois personnes prétendument impliquées dans l’organisation de l’hommage. Le juge a déjà convoqué le président de lu local (le stade de pelote) où a eu lieu l’accueil.

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Alors que les audiences des prisonniers basques Ion Parot et Jakes Esnal se tiendront dans un peu moins d’un mois, les forces solidaires annoncent une action de blocage de tout le Pays Basque Nord pour cet été. Cette annonce a été faite le 19 avril, dans la perspective des audiences de Ion Parot et Jakes Esnal, respectivement les 13 et 19 mai prochains. Des rassemblements sont prévus à ces deux dates : le 13 à Bayonne et le 19 à Saint-Jean-de-Luz  afin que soit enfin accordée la libération conditionnelle à ces prisonniers âgés de plus de 70 ans. Une manifestation est également organisée le 11 juin à Lauga, à la veille des délibérés d’audiences. Après quatre actions de désobéissance civile, d’autres sont promises, plus impactantes et plus importantes, dans les semaines à venir. Ion, Jakes et Unai sont détenus depuis 32 ans et ils auraient déjà pu être libérés si des mesures d’exception ne leur avaient pas été appliquées.

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