Comme chaque année, un appel a été lancé à manifester pour les droits des prisonniers de l’ETA le 8 janvier, mais en raison de la pandémie, et pour la deuxième année consécutive, la traditionnellement manifestations de masse (voir notre article sur la dernière en date) a été remplacée par 191 manifestations dans autant de villes du Pays basque pour demander la fin de la politique pénitentiaire d’exception pour les détenus et le transfert de tous ces derniers au pays. La moitié des prisonniers de l’ETA se trouvent toujours hors du Pays basque et que des mesures exceptionnelles continuent à s’appliquer à eux, tant en ce qui concerne le régime de détention qu’en ce qui concerne les libérations anticipées.

Daniel Pastor, est un communiste basque condamné à plusieurs milliers d’années de prison pour son engagement dans ETA, dont 3.860 années pour l’attaque à la camionnette piégée contre une caserne de Burgos en juillet 2009. En 2015, il avait rendu publique sa rupture avec la « gauche nationaliste officielle » parce qu’elle a pactisé avec l’état espagnol. Incarcéré à la prison de Zuera, il est en grève de la faim depuis le 1er décembre. Le 15 novembre, Daniel est transféré et confiné dans un autre module après avoir été testé positif au Covid-19. Un test devrait déterminer si le confinement peut cesser. Mais les jours passent et le test n’est pas effectué et il est est menacé à plusieurs reprises par des gardiens fascistes. Dans la nuit du 24 novembre, il doit être changé de cellule, le corps plein de morsures des punaises qui infectaient le lit. Nous sommes en décembre et il reste à l’isolement absolu, sans radio, ni livres ni rien.

 

Des dizaines de familles et d’amis ont accueilli lundi matin Agustin Almaraz Larrañaga à sa sortie de la prison de Basauri. Almaraz, originaire de Santutxu, a été arrêté par l’Ertzaintza à Noël 1995 à Gasteiz, accusé de faire partie du « commandement Araba » de l’ETA. Dans la même opération, Iñaki Alonso et Nerea Bengoa avaient été capturés. Almaraz a été détenu pendant 25 ans à Carabanchel, Valdemoro, Ocaña, Burgos et Puerto. Il a ensuite été transféré à Estremera (Madrid), Zuera et enfin à Basauri. Il n’a pas eu de permission, comme c’est le cas pour la plupart des détenus autres que ceux de la gauche nationaliste basque. De la même manière, le fait qu’il était libérable dès 2014 ne l’a pas empêcher d’être détenu jusqu’à lundi.

Agus Almarza (t-shirt CCCP) à sa libération

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a estimé que Jose Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, mieux connu comme Josu Ternera, ancien responsable d’ETA devrait être extradé en Espagne pour y être jugé. La justice française fait ainsi suite à une requête de Madrid au sujet de l’exécution, le 25 juin 1980, par un commando d’ETA, du directeur de l’usine Michelin de Vitoria-Gasteiz, capitale administrative de la région du Pays basque en Espagne. Pourtant, cette action avait été revendiquée par ETA-pm (politico-militaire) à laquelle Josu Ternera n’a jamais appartenu: il appartenait à l’autre branche de la scission, ETA militaire.

Ce n’est pas la première fois que Josu Ternera, assigné à résidence depuis juillet 2020 (voir notre article), est confronté à une demande d’extradition. En novembre 2020, déjà, la justice française avait accepté de le remettre à l’Espagne pour une autre affaire : un attentat à la voiture piégée contre la garde civile à Saragosse en 1987. Josu Ternera, 70 ans, a été arrêté après plus de seize ans en cavale en Haute-Savoie le 16 mai 2019, devant un hôpital où il se rendait, sous une fausse identité, pour y être soigné pour un cancer (voir notre article). Entré dans ETA en 1970-1971, il a été élu député du Parlement basque de 1998 à 2005, alors qu’il était en prison. 30 Basques de nationalité espagnole seraient actuellement incarcérés sur le sol français pour leur appartenance présumée à ETA, la moitié faisant l’objet de mandats d’arrêt européens ou de demandes d’extradition vers l’Espagne.

Jose Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, mieux connu comme Josu Ternera

 

Saioa Sanchez Iturregi est une militante indépendantiste révolutionnaire basque incarcérée à Nantes. Elle purge depuis 2013 une peine de 28 ans de prison pour l’exécution de deux gardes civils par ETA, elle doit faire face à d’autres procédures judiciaires dans l’état espagnol pour ses activités dans la clandestinité. Elle est incarcérée à la prison pour femmes de Rennes comme d’autres femmes basques car c’est une des deux seules prisons pour femmes qui accueillent les longues peines. Si elle a été transférée à Nantes c’est pour accoucher, cet établissement étant plus adapté. Son enfant est né en septembre. Le 30 novembre dernier elle devait être transférée pour un examen gynécologique. L’escorte lui a signifié qu’elle ne pouvait faire ce transfert en compagnie de son enfant, puis lui a dit, après un premier refus de sa part, que ce transfert pouvait se faire en compagnie de son enfant si elle acceptait d’être entravée aux jambes reliées à la taille par une chaine. Saoia a refusé cette humiliation, l’examen n’a pu avoir lieu. Plus d’infos ici.

Saioa Sanchez Iturregi

Saioa Sanchez Iturregi

La quatrième tentative a été la bonne pour la justice de l’État espagnol. Après s’être vue refuser trois demandes d’extradition introduites en 2004, 2005 et 2015, la Cour d’appel de Gand avait finalement accédé à la demande d’extradition de Natividad Jauregui, accusée d’avoir participé à des actions d’ETA dans les années 80, et installée de longue date en Belgique (voir notre article). Elle avait été emprisonnée mercredi et ce samedi 21 novembre elle a été extradée. Ses voisins et ses amis s’étaient rassemblés en solidarité devant la prison.

Deux membres du Mouvement pour l’amnistie et contre la répression (Movimiento pro Amnistía y contra la Represión ATA) ont été arrêtés ce lundi en Biscaye sur ordre de l’Audiencia Nacional. Au cours de l’opération, plusieurs domiciles ont été perquisitionnés. ATA a déclaré que, selon les proches des détenus, il s’agit de Valentina Morisolli, qui vit dans le quartier d’Usansolo, à Galdakao, et de Gaizka Astorkizaga, une ancienne prisonnière d’ETA, d’Ibarrangelu. Le Département de la sécurité du gouvernement basque a confirmé ces arrestations dans le cadre d’une opération menée sur ordre de l’Audiencia Nacional et dans laquelle l’Ertzaintza fait office de police judiciaire. Ils devraient être mis à la disposition de la justiceAudiencia Nacional dans les prochaines heures.

Dossier(s): Pays-Basque Tags: , ,

La Cour d’appel de Gand a accédé à la quatrième demande d’extradition de Natividad « Pepona » Jauregui. Natividad Jauregui est accusée d’avoir participé à des actions d’ETA dans les années 80. Trois demandes d’extradition avaient déjà été introduites en 2004, 2005 et 2015, mais sans succès (voir notre article). La Cour d’appel de Gand avait alors estimé que les droits fondamentaux de la présumée terroriste n’étaient pas garantis en Espagne. Natividad Jauregui avait d’abord trouvé refuge pendant 4 ans en France, puis 14 ans au Mexique, elle est arrivée en Belgique, à Gand, en 2003, où elle a ouvert un restaurant.

Devant le refus répété de la justice belge, la famille d’un policier abattu par ETA a saisi la Cour Européenne des droits de l’Homme. Le 9 juillet 2019, celle-ci condamnait la Belgique à indemniser la famille de la victime, considérant que les tribunaux belges n’avaient pas effectué un examen suffisant de l’existence ou non d’un risque de non-respect des droits fondamentaux de Natividad en cas d’extradition en Espagne (voir notre article). Cet arrêt a permis à la Cour d’appel de Gand d’aborder différemment une quatrième demande d’extradition. Elle vient donc de se prononcer en faveur de cette extradition. Elle rejette l’argument selon lequel Natividad Jauregui risquerait d’être soumise à des traitements inhumains ou dégradants en Espagne. Elle réfute aussi l’argument selon lequel le tribunal spécial chargé des faits de terrorisme serait un « tribunal d’exception qui violerait les droits de l’intéressée ». Elle rejette enfin la demande de l’intéressée de pouvoir purger sa peine en Belgique en cas de condamnation en Espagne. Les avocats de Natividad Jauregui ont l’intention de porter cette affaire devant la Cour de Cassation.

Natividad « Pepona » Jauregui

Le prisonnier de l’ETA, Igor González Sola, a été retrouvé mort dans sa cellule individuelle de la prison de Martutene à Saint-Sébastien vendredi 5 septembre. González Sola avait été condamné en 2005 à 20 ans pour les crimes de « collaboration avec une bande armée », « dépôt d’armes » et « falsification de documents officiels ». En novembre 2018, le Secrétariat général des établissements pénitentiaires a approuvé son transfert de la prison de Madrid II au pénitencier de Soria. En juillet dernier, il avait été transféré à la prison Martutene de Saint-Sébastien.

Igor González Sola, à droite, avec Carmelo Laucirica Orive, un autre membre d’ETA, lors de leur procès

Mardi 21 juillet, des agents de la police nationale ont arrêté Miren Itxaso Zaldua Iriberri, une militante de ETA portant le nom de guerre de Sahatsa, à Hernani (Gipuzkoa). Elle accusée d’avoir participé à l’exécution du président du Parti Populaire d’Aragon, Manuel Giménez Abad, menée le 6 Mai 2001 à Saragosse. L’arrestation intervient après que les experts de la lutte antiterroriste au sein de la police aient trouvé de nouveaux indices dans les documents de l’ETA saisis par la police française au cours de différentes perquisitions et livrés à l’Espagne en février 2018. Miren Itxaso Zaldua Iriberri aurait également été reconnue par un témoin durant l’opération. Arrêtée en 2005 à Lannemezan (France), elle avait déjà été condamnée à 17 ans de prison pour son appartenance à ETA. Elle avait ensuite été libérée en 2017 avant d’être expulsée vers l’Espagne.

Miren Itxaso Zaldua Iriberri

Miren Itxaso Zaldua Iriberri

Dossier(s): Espagne Tags: , , ,