Un officier de l’armée en désaccord avec le régime actuel est sorti de l’ombre en début de semaine afin de témoigner et de rendre publiques les différentes missions qu’ont reçu l’armée et la police hondurienne depuis le coup d’Etat du mois de juin dernier. Son témoignage vient renforcer tout ce qui était largement soupçonné, mais indique également des éléments inquiétants, tels que le fait que l’armée est actuellement formée aux techniques antiterroristes et qu’elle dispose d’un matériel d’espionnage très perfectionné provenant de pays étrangers (probablement des Etats-Unis et d’Israël). Il indique que la mission qui leur est allouée aujourd’hui (alors que la mission initiale consistait à réprimer la population afin d’épuiser les manifestants dont le mouvement se serait éteint de lui-même) est d’éliminer purement et simplement toute menace contre le régime et donc tous les leaders de l’opposition disséminés à travers le pays. Dans ce but, des militaires et des policiers s’infiltrent dans toutes les organisations populaires ainsi que dans le réseau de diffusion et les sites web de la résistance. De plus, il indique que des listes ont été élaborées, désignant toutes les personnes à éliminer (leaders des foules manifestant contre le putsch, organisateurs au sein des communautés, leaders populaires des mouvements des travailleurs, nouveaux leaders avec des idées socialistes/communistes ayant un haut pouvoir de pénétration dans toutes les couches de la population,…). Selon lui, les personnes tuées ces derniers mois ont toutes été des objectifs préalablement sélectionnés. Enfin, l’officier affirme également que les corps de sécurité du régime reçoivent une formation continue de la part de formateurs mercenaires antiterroriste internationaux.

Vendredi 12 février à la tombée de la nuit, l’artiste hondurien Hermes Reyes, qui est aussi membre du Vaste Mouvement pour la Dignité et la Justice, dont l’organisation est liée au Front National de Résistance Populaire (FNRP), a été victime d’un attentat alors qu’il sortait d’une réunion du FNRP.

A l’aube du lundi 15 février, Julio Funès Benitez, membre de la résistance et appartenant au Syndicat SITRASANAA a été assassiné. Ses assassins ont disparu sans être inquiétés à bord d’un taxi, dans les environs du quartier Brisas del Norte, de Comayaguela.

Le 28 juin 2009, le président Manuel Zelaya était renversé par un coup d’état militaire et envoyé de force au Costa Rica. Le 24 septembre, il est rentré à Tegucigalpa et a trouvé refuge à l’ambassade du Brésil. Hier, il a quitté son pays pour se rendre en République Dominicaine. Dès sa prise de pouvoir, le gouvernement putschiste a placé le pays sous loi martiale, faisant régner un climat de répression et de violences constant vis à vis du peuple, et notamment des partisans du président déchu. Le Ministère Public hondurien avait sais la Cour Suprême de Justice pour qu’elle juge pour délits d’abus d’autorité les six chefs de l’armée qui avaient donné les ordres d’expulser par la force Zelaya. Le verdict est tombé en début de semaine, et la junte des commandants a été absoute. Entre autres arguments, le président de la Cour a évoqué le fait qu’avant le coup d’état, le Honduras vivait déjà des moments d’incertitudes. Que 700 étrangers étaient présents dans le pays avant le 28 juin, mettant en danger la population. Il a également déclarer détenir des documents liés au référendum (que Zelaya avait fait mener plus tôt dans l’année) faisant état de la participation de 900 citoyens d’origine vénézuélienne et cubaine qui auraient contribué à déstabiliser le pays. Le président de la Cour a donc innocenté les six chefs de l’armée. Dans le même temps, le parlement a voté l’amnistie de tous les délits politiques commis depuis début 2009. Tous les auteurs et/ou commanditaires des assassinats, des enlèvements et des tortures commis au Honduras depuis le coup d’état vont ainsi être amnistié, la loi considérant ces actes comme des délits politiques.

Cela fait maintenant plus de dix ans que les paysans honduriens se battent pour récupérer leurs terres. Dix ans que dure le conflit agraire avec les entrepreneurs qui ont acquis les terres de manière frauduleuse en corrompant les autorités. Certaines d’entre elles n’ont même jamais été inscrites au nom des acheteurs mais l’état a reconnu leurs droits sous forme de concessions.

Après une longue période de revendications, de prises de terre et de routes en signe de protestation, un processus de négociation est entamé en 2009 et une convention est signée entre les paysans et les propriétaires terriens, approuvée par le président Zelaya entre autres. Ils se sont alors accordés pour créer une commission tripartite afin de réviser le procédé légal pour l’acquisition des terres par les propriétaires terriens. Mais la chute de Zelaya lors du coup d’état du mois de juin a paralysé les négociations et devant l’intransigeance du gouvernement de facto, les paysans ont entamé une campagne de récupération des terres, entraînant une répression intense des forces de l’ordre.

Au début du mois de janvier, une vaste opération d’expulsion avait commencé dans plusieurs villages du département de Colomb. Cette semaine, plus de 600 personnes ont été délogées par un important contingent composé de militaires, de policiers et de gardes de sécurité. Ils ont attaqué à balles réelles et de caoutchouc et avec du gaz lacrymogène des familles entières de paysans. Ce fut un délogement très violent. Tous les paysans arrêtés ont été remis en liberté, mais trois d’entre eux seront poursuivis en justice et ont donc, eux, été placés en détention provisoire. Sachant qu’actuellement, plus de 300 autres personnes poursuivent le processus de récupération des terres, il est à craindre d’autres actions répressives dans les prochains jours.

Affiche de la résistance hondurienne

Affiche de la résistance hondurienne

En fin de semaine dernière, les expulsions des paysans établis sur les terres convoitées par les oligarques proches du président putschiste de cet été ont repris de plus belle. Depuis le mois de décembre, ces paysans ont décidé de récupérer plus de 1.600 hectares de terre de l’Etat que des propriétaires prétendent détenir alors qu’ils n’ont aucun titre de propriété. En effet, ces groupes au pouvoir utilisent la ‘légalité’ d’un système contrôlé par eux et dont ils ont établi les règles pour éliminer les droits de la population.

Dans la nuit du 7 janvier, environ 300 policiers et militaires ont commencé à déloger violemment les habitants de plusieurs villages dans le département de Colomb. Ils sont arrivés dans sept bus et ont procédé à l’expulsion en brûlant et en détruisant tout sur leur passage. Un membre du Front de Résistance parle de chasse à l’homme: ‘ils poursuivent les paysans dans les palmeraies des environs, ils sont disséminés sur une zone de 50-60 kilomètres. Ils nous ont saisis, ils ont détruit tout ce que les paysans avaient. L’armée passe la région au peigne fin et encercle les gens dans une zone d’où ils ne pourront sortir que s’ils savent nager‘. Il explique également comment un groupe de 35 femmes a été harcelé par les membres de l’armée qui utilisaient des bombes lacrymogènes pour les affaiblir et les arrêter. Il semblerait que trois personnes soient décédées. Vingt autres ont été blessées et 17 emmenées par les forces de l’ordre. De plus, des policiers en civil ont pris des photos de leur arrivée dans le secteur dans l’intention de s’en servir pour accuser les paysans d’actions illégales, voire même de les ‘signaler’, ce qui peut les mettre en danger de mort.

Les faits sont là, les escadrons de la mort ont été réactivés par le gouvernement putschiste au Honduras. Ce week-end, trente personnes ont été assassinées, à Tegucigalpa, mais aussi dans le reste du pays. Elles étaient toutes liées au mouvement de résistance contre le coup d’Etat et ont été criblées de balles. Les exécuteurs des crimes se déplacent dans des véhicules sans plaques et s’identifient comme étant des policiers afin d’entrer dans les lieux où se trouvent leurs victimes. Dans les dernières semaines, ces voitures sans plaques circulent en ville afin d’intimider et d’observer les membres de la résistance. Il semblerait que ce week-end, ces patrouilles soient passées à l’action pour massacrer le peuple hondurien.

Scène de crime au Honduras

Scène de crime au Honduras

Scène de crime au Honduras
Scène de crime au Honduras

Malgré la fin de la période pré-électorale et la tenue des élections il y a deux semaines, la répression se poursuit au Honduras. Hier matin, un militant de la résistance contre le coup d’état a été enlevé par des hommes cagoulés. Alors qu’il effectuait son travail de surveillance, un véhicule de type pick-up s’est arrêté à côté de lui. Quatre hommes cagoulés en sont descendus, l’ont menacé de manière violente et l’ont fait monter dans la voiture. Lorsqu’il leur a dit, pensant à une attaque pour le voler, qu’il n’avait que peu d’argent sur lui, ils lui ont répondu qu’ils le connaissaient bien et qu’ils étaient fatigués de lui, qu’ils allaient le tuer. Ils lui ont enfilé un sac sur la tête, l’ont insulté et lui ont posé des questions sur la résistance, lui ont demandé des informations sur le mouvement et ses leaders. Ils ont ensuite passé un coup de fil pour signaler qu’ils avaient accompli leur mission et qu’ils avaient le paquet, tout en continuant à le frapper. Le militant a alors tenté le tout pour le tout et s’est jeté du véhicule en marche. Il s’est enfui en courant et s’est longtemps caché dans un terrain vague. Ses agresseurs ne l’ont pas cherché, ou du moins, ne l’ont pas retrouvé. Il souffre d’une rupture de la cloison nasale et de contusions multiples sur le visage et le corps.

C’est aujourd’hui que le peuple hondurien est appelé à voter pour son nouveau président au Honduras, dans ce que l’on peut nommer un climat tendu. Ce scrutin fait suite au putsch mené par Micheletti le 28 juin dernier, ayant entrainé la destitution de Manuel Zelaya et son expulsion à l’étranger. Rentré à Tegucigalpa le 24 septembre, le président déchu est réfugié depuis lors à l’ambassade du Brésil et soutenu par tout un peuple opprimé depuis la prise de pouvoir de Micheletti.

La répression fait rage depuis que le gouvernement putschiste est en place et celle-ci a encore pris de l’ampleur ces trois derniers jours, à la veille des élections. Vendredi, c’est par groupe de quinze que les policiers et les militaires patrouillaient, fusil à la main, dans les rues de la capitale avec une attitude agressive et intimidatrice. De nombreux militants pro-Zelaya ont ainsi été arrêtés pour des motifs divers, tels que la possession de bombes de peinture,… Un citoyen a reçu une balle dans la tête de la part des soldats après avoir percuté en voiture de manière accidentelle les clôtures de béton disposées par les militaires dans la rue. Plusieurs collectifs de résistance ont vu leurs locaux pris d’assaut, les forces de sécurité y faisant illégalement des perquisitions et un fichage de leurs membres. Un grand nombre d’entre eux ont été arrêtés, notamment pour avoir appelé à un boycott électoral.

La police procède à toutes ces arrestations sans ordre de capture, justifiant ses actions par ‘l’état d’urgence’ dans lequel se trouve le pays. Ce dimanche, la police et l’armée ont déployé plus de 30.000 hommes, et des rafales de coups de feu et des explosions ont eu lieu durant toute la journée et les arrestations multiples se sont également poursuivies.

Répression au Honduras

Répression au Honduras

Après avoir été arrêté par la police hondurienne, le cadavre du coordonnateur du Front National contre le coup d’État, le professeur Luis Gradis Espinal, a été retrouvé ce mardi 24. Personne ne savait où il était depuis dimanche dernier. Son corps sans vie a été trouvé, les pieds et les mains attachés, sur un chemin du village Las Casitas, au sud-ouest de la capitale, proche d’une zone où se trouvent plusieurs unités militaires. Luis Gradis Espinal, 56 ans, était le leader de la résistance antipustch de la localité de Nacaome, département de Valle, dans la zone sud du pays. Son meurtre arrive à quelques jours des élections (l’opposition appelle à leur boycott) et dans un contexte de vaste militarisation sur tout le territoire hondurien. Le meurtre de Luis Gradis Spinal s’ajoute à ceux de plusieurs de ses collègues comme Mario Contreras, Félix Murillo et Roger Vallejo.

La résistance armée semble s’organiser puisque des inconnus ont tiré au lance-roquette sur les bâtiments de la Cour suprême et sur le siège d’une télévision à Tegucigalpa tôt mercredi matin. Il n’y a eu aucun blessé.

Affiche appelant au boycott

Affiche appelant au boycott

Jeudi soir, le président de facto a accepté un accord permettant le retour au pouvoir du président déchu Manuel Zelaya. Ce dernier avait été victime d’un coup d’Etat à la fin du mois de juin. Roberto Micheletti, ancien président du parlement, avait pris le pouvoir et aussitôt proclamé la loi martiale dans le pays.

En septembre, Zelaya faisait un retour surprise à Tegucigalpa, trouvant refuge à l’ambassade du Brésil. Depuis lors, la vague de répression putschiste fait rage dans le pays, tant vis à vis de l’ancien président et de ses sympathisants dans le bâtiment brésilien que du peuple hondurien. Hier, le Comité pour la Défense des Droits de l’Homme au Honduras affirmait dans un courrier que les techniques de harassement utilisées par le gouvernement de facto envers les occupants de l’ambassade (micro-ondes, chaleur, lumières, sons) perturbent de plus en plus gravement leur santé, à tel point que ceux-ci risquent de perdre la vie. Grâce à cet accord, on serait en droit de croire à une pacification. Pourtant, hier, après plusieurs jours d’un calme tout relatif dans la capitale, la police a dispersé à coups de matraques et à grand renfort de gaz lacrymogènes plusieurs centaines de manifestants pro-Zelaya. Plusieurs d’entre eux ont été blessés.