Trois personnes sont décédées et trois blessées (dont deux en urgence absolue) après avoir été touchées par des tirs, aujourd’hui vendredi, peu avant midi, dans le Xe arrondissent de Paris. Les faits se sont déroulés rue d’Enghien, au niveau d’un centre culturel kurde, le Centre Ahmet Kaya, dans un quartier commerçant et animé et notamment prisé de la communauté kurde. Un homme a été interpellé et placé en garde à vue. Ce conducteur de train à la retraite de nationalité française et âgé de 69 ans, est connu pour deux tentatives d’homicide commises en 2016 et décembre 2021. L’homme s’en était pris avec un sabre à une dizaine de migrants d’un camp situé dans le 12e arrondissement de Paris, en décembre 2021. Une agression intervenu peu avant son jugement dans une autre affaire : un coup de couteau donné à une autre personne à son domicile en 2016, pour lequel il a finalement été condamné avant que le parquet fasse appel. Le suspect se trouvait en prison jusqu’au 12 décembre, et restait sous contrôle judiciaire. Des rassemblements solidaires de la communauté kurde ont immédiatement eu lieu et sur les lieu même de l’attaque, le rassemblement a tourné en affrontement avec la police (photo).

Mise à jour 24/12

Des rassemblements de protestation ont eu lieu dans de nombreuses villes européennes. De nouveaux affrontements ont eu lieu à Paris (où onze personnes ont été interpellées et d’importants dégâts matériels ont été signalés) mais aussi à Marseille où des véhicules de police qui ont été incendiés devant le commissariat de Noailles, dans le 1er arrondissement, et où quatre personnes ont été arrêtées.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a statué négativement dans l’affaire de la demande de retrait du PKK de la liste des « organisations terroristes » de l’UE. Sa résolution affirme que le PKK est une « organisation terroriste », faisant référence aux résolutions du Royaume-Uni de 2014 et des États-Unis interdisant le PKK en 1997 et 2001. Elle indique que les actions du PKK ne peuvent être considérées comme relevant du « droit du peuple kurde à l’autodétermination » et qu’il ne pouvait être considéré comme légitime de recourir à la force armée pour l’exercice général de ce droit.

En 2018, la CJUE avait pourtant donné raison au PKK, considérant que celui-ci avait été inscrit à tort sur la liste terroriste entre 2014 et 2017. Le Conseil européen avait fait appel de ce jugement. Le PKK avait par la suite introduit un nouveau recours, cette fois-ci contre les listes de 2018 à 2020. Dans un arrêt du 30 novembre 2022, la CJUE a confirmé la décision de la juridiction de première instance s’agissant de la liste de 2014, mais l’a annulée concernant les listes de 2015 à 2017. De surcroît, elle a rejeté les recours contre les listes suivantes jusqu’en 2020.

 

Une embuscade a frappé un bus blindé de la police anti-émeute dans le bazar de Hayvan, sur la route d’Amed (Diyarbakır) et Mêrdîn vers 05h00 ce matin. Une voiture piégée a explosée au passage du bus du service de police anti-émeute en service dans le quartier de Çarıklı du district de Sur, une voiture piégée a explosé. Les 9 policiers occupant le bus ont été blessés. Les forces de sécurité et les équipes médicales ont été dépêchées dans la zone. Deux personnes suspectées d’être les auteurs de l’attaque ont été placées en détention.

La grande opération d’occupation et de ratissages anti-guérilla lancée au Kurdistan irakien par l’armée turque le 15 avril se heurtent à des difficultés importantes. La guérilla kurde a produit plusieurs vidéos montrant ses combattantes et combattantes infliger des pertes aux unités turques, avec des actions de sniper, des tirs de missile et des embuscades (voir ici ou ici). Les combats sont particulièrement acharnés dans la zone de Medya. Pour atteindre les guérilleros dans les grottes et anfractuosités, les militaires turcs font un usage de plus en plus larges d’armes chimiques interdites par les conventions internationales. Les 7, 8 et 9 décembre, les positions kurdes dans la zone de résistance de Çemço ont ainsi été attaquées avec des armes chimiques des dizaines de fois.

Combattants du PKK munis de masque à gaz

Le demandeur d’asile kurde Mahmut Tat, qui a migré en Suède en 2015, était un membre actif du Parti démocratique des peuples (HDP). Il a été jugé et condamné à six ans et dix mois de prison en Turquie il y a sept ans. « Le terrorisme est mentionné à de nombreuses reprises tout au long de votre dossier. Le PKK est également une organisation terroriste pour nous. La République de Turquie vous a jugé équitablement. Vous êtes une menace pour notre pays et vous ne pouvez pas rester ici », lui ont déclaré les institutions suédoises. Le 22 novembre, elles l’ont placé en détention, puis l’ont emmené au centre de détention de Märsta le 1er décembre, d’où il a été transféré en Turquie.

L’extradition de Tat vers la Turquie a eu lieu au milieu des négociations de l’OTAN entre la Turquie, la Suède et la Finlande. Après l’invasion de l’Ukraine, les deux pays scandinaves ont demandé à adhérer à l’OTAN. Toutefois, Erdoğan avait déclaré qu’il gèlerait le processus d’adhésion si les deux pays ne prenaient pas de mesures contre l’exil politique kurde. Le nouveau Premier ministre suédois, qui s’est récemment rendu à Ankara, a promis de respecter toutes les obligations que son pays a contractées envers la Turquie, notamment l’extradition de dissidents, en échange de l’approbation de la candidature de son pays à l’OTAN. Le parlement suédois a également annoncé un vote le 16 novembre sur des amendements constitutionnels qui pourraient conduire à un renforcement des lois antiterroristes, une autre étape vers le respect des exigences de la Turquie. La Suède accueille une diaspora kurde dont les estimations varient entre 85 000 et 100 000 personnes, soit 1% de la population suédoise.

La Turquie a lancé une vague d’attaques aériennes sur le Rojava à 22h00 heure locale samedi soir. Les autorités autonomes kurdes font jusqu’ici état d’au moins 29 morts – 11 civils, 15 soldats syriens, deux gardiens d’un silos de blé et un combattant kurde, mais les pertes pourraient être plus graves. Les frappes ont visé principalement la ville de Kobané (nord) et ses environs, près de la frontière turque, notamment des silos à grains près d’Al-Malikiyah (nord-est) et une centrale électrique située dans une zone sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS).

De nombreuses manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes pour dénoncer les bombardements turcs et la provocation des services secrets turcs voulant faire passer le PKK pour responsable de l’attentat d’Istanbul. A Hambourg, les forces de police ont attaqué la manifestation parce qu’on y brandissait des drapeaux YPG et YPJ dont l’interdiction fait en Allemagne l’objet de nombreux procès (avec des décisions en sens divers).

Hier mardi à La Haye, une manifestation a eu lieu pour dénoncer l’utilisation par la Turquie d’armes chimiques au Kurdistan irakien. Les manifestant exigeaient que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), basée à La Haye, enquête et cette utilisation. Certains manifestants avaient revêtu des combinaisons de protection blanches. Des centaines de manifestants ont marché dans le centre de la ville de La Haye mais à la fin de la manifestation, certains ont voulu marcher vers l’ambassade de Turquie. L’unité mobile de la police est alors brutalement intervenue, avec de la cavalerie et des chiens. Cela a provoqué un dur affrontement, certains manifestants ont été blessés, ayant été battus ou écrasés par des chevaux. Douze personnes ont été arrêtées pour violence contre la police.

 

Le leader kurde Abdullah Öcalan s’est vu imposer une nouvelle interdiction de visite de six mois, après que l’interdiction de visite imposée le 13 avril ait pris fin le 18 octobre. Après le 18 octobre, les avocats du leader kurde, qui avaient demandé à rendre visite à leur client au juge d’exécution des peines de Bursa, ont été informés qu’il n’y avait « aucune interdiction de visite ». Mais le 26 octobre, ils n’ont pas pu rendre visite à leur client, le juge ayant déclaré qu’Öcalan avait reçu une nouvelle interdiction de visite de six mois, qui est devenue définitive le 21 octobre. Les avocats ont annoncé qu’ils feraient appel et demandent à rencontrer le leader kurde deux fois par semaine. Cependant, leurs demandes sont systématiquement laissées sans réponse. Dans certains cas, ce sont des mois plus tard que les avocats apprennent que des mesures disciplinaires ont été prises contre Öcalan.

Les forces de sécurité iraniennes ont tiré et tué jeudi un jeune homme au cours d’une manifestation à Mahabad, au Kurdistan iranien. Le jeune Kurde a été tué d’une balle dans la tête lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule dans le quartier de Gomrok à Mahabad, après qu’un commissariat de police a été encerclé. « Nous ne devrions pas pleurer nos jeunes, nous devrions les venger », criaient les manifestants.

Ces incidents ont éclaté après l’enterrement d’un autre manifestant, Ismaïl Mauludi, tué mercredi soir, au moment où la foule se dirigeait vers les bureaux du gouverneur, du commissariat 11 et d’autres centres du pouvoir. Les forces de sécurité ont réagi en ouvrant le feu sur des manifestants. Une vidéo publiée en ligne montrait une grande foule scandant devant un bâtiment en feu. Un autre a montré des manifestants bombardant l’entrée du bureau du gouverneur de Mahabad avec des pierres alors que des coups de feu retentissaient en arrière-plan.

Mercredi, des milliers de personnes s’étaient rassemblées autour de la tombe de Mahsa Amini dans sa ville d’origine de la province du Kurdistan, pour un hommage 40 jours après sa mort.

Ce jeudi matin, 20 octobre, environ 200 personnes se sont rassemblées pour dénoncer l’emploi d’armes chimiques par l’armée turque contre la guérilla au Kurdistan irakien. Les personnes se sont fait nasser place du Luxembourg, près de la Commission européenne. Les forces de l’ordre ont utilisé matraques et gaz lacrymogènes. Au moins une personne a été blessée.

Récemment, des vidéos ont commencé à circuler montrant l’agonie de combattant.es kurdes suites aux attaques aux armes chimiques utilisées par l’armée turque. Depuis plusieurs années, le mouvement kurde dénonce l’utilisation de ces armes chimiques dans les régions du Kurdistan irakien où sont situées les guérillas kurdes. Malgré les preuves d’utilisation d’armes chimiques, l’OPCW (l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) est toujours restée silencieuse face à ces attaques.