Le fisc chinois vient de cibler huit médias indépendants ainsi qu’une vingtaine de journalistes (et leurs proches) mais aussi l’Association des journalistes de Hong Kong – le principal syndicat du secteur. Les autorités assurent qu’il s’agit de contrôles fiscaux aléatoires, mais personne n’est dupe. L’un des journalistes visés se voit, par exemple, sommé de payer l’impôt sur les bénéfices d’une société qu’il n’a jamais dirigée. L’un des médias ciblés fait, lui, l’objet d’un audit sur les bénéfices réalisés l’année précédant sa propre création. Rien ne tient, mais qu’importe, les autorités tentent par là de faire pression sur les quelques médias encore indépendants.

Les médias sont sommés de s’aligner sur le discours officiel. La loi sur la sécurité nationale, élaborée par Pékin en 2020, s’est traduite par une censure accrue : fermetures de médias, licenciement de près d’un millier de journalistes, arrestations de certains d’entre eux pour soi-disant « sédition », retrait de subventions aux sites d’informations trop critiques… Ne manquait plus que le harcèlement fiscal pour mater les récalcitrants. Le harcèlement fiscal et une muselière discrète et efficace. Entre les frais d’avocat et le coût du redressement fiscal lui-même – certains médias, trop fragilisés financièrement, se voient contraints de fermer. Ce type de harcèlement se développe à Hong Kong, mais aussi en Hongrie, en Inde ou au Sénégal.

Accusé d’avoir incité à la violence contre des élus et d’avoir exprimé un soutien au Hamas, le trio de rappeurs nord-irlandais Kneecap est, en ce 1er mai, sous le coup d’une enquête de la police antiterroriste britannique. 2 vidéos filmées lors de concerts sont à l’origine de la procédure. En 2023, à Londres, on peut entendre l’un des rappeurs scander : « Debout le Hamas, debout le Hezbollah ! », 2 organisations considérées comme terroristes par le Royaume-Uni. Dans une autre vidéo, datée de novembre, un membre du groupe aurait lancé : « Le seul bon politique conservateur, c’est un conservateur mort. Tuez votre député local ». En avril, aux Etats-Unis, Kneecap avait projeté sur scène des messages dénonçant le soutien des États-Unis à Israël et évoquait le génocide en Palestine. Plusieurs personnalités américaines avaient alors demandé la révocation de leurs visas de travail. La cheffe du Parti conservateur, Kemi Badenoch, a réclamé l’exclusion de Kneecap du festival de Glastonbury, l’un des plus grands rendez-vous musicaux d’Europe où les rappeurs étaient  programmés en juin. Depuis, plusieurs concerts ont été déprogrammés au Royaume-Uni et 3 dates de concert en septembre ont été supprimées en Allemagne.