Les autorités turques ont ordonné le blocage des principaux réseaux sociaux -Twitter, Facebook et Youtube- pour stopper la diffusion de la photo de la prise d’otage du procureur par le DHKP-C d’il y a quelques jours. Le jour même, des émeutes avaient éclatés dans de nombreux quartiers d’Istanbul et d’Ankara pour soutenir l’action des guérilleros du ‘Parti-Front pour la Libération du Peuple’. Dés le lendemain, l’état turc avait attaqué plusieurs journaux en justice pour ne pas avoir respecté le black-out médiatique imposé sur cette affaire.

La photo du procureur qui a fait le tour d’internet.

La photo du procureur qui a fait le tour d'internet.

Une fusillade a éclaté mercredi 1er avril devant le quartier général de la police à Istanbul. L’une des deux assaillants(qui portait une bombe) a été tuée lorsque les policiers ont riposté. L’autre assaillant, blessé, a réussi à prendre la fuite. Un officier a été légèrement touché lors des échanges de tirs. L’action est généralement attribuée au DHKP-C, qui a renvendiqué l’attaque de la vaille au palais de justice.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des échauffourées ont opposé des policiers et des manifestants dans deux quartiers de la ville, après la mort des militants du DHKP-C et du procureur. La police a procédé à plusieurs interpellations au cours de la journée de mercredi. Vingt-deux étudiants soupçonnés d’être proches du DHKP-C ont été arrêtés à Antalya, dans le sud du pays, cinq de ses membres présumés à Izmir (Ouest), où des documents et des munitions auraient été saisis, puis cinq autres à Eskisehir (Centre).


Turquie: Fusillade, manifestation, rafles

Le procureur turc Mehmet Selim Kiraz, grièvement blessé lors de l’opération de la police qui a mis fin mardi 31 mars au soir à sa séquestration dans un tribunal d’Istanbul, par des militants armés d’un groupe d’extrême gauche, est mort des suites de ses blessures. Les deux militants du DHKP-C, qui l’avaient retenu pendant plusieurs heures dans un tribunal d’Istanbul, ont été tués par la police. Le commando avait menacé de tuer le procureur si les policiers à l’origine de la mort de Berkin Elvan ne reconnaissaient pas leur responsabilité et que les policiers (dont aucun n’a pour l’heure été formellement mis en cause dans cette affaire) soient jugés par un tribunal populaire et que les personnes poursuivies pour leur participation à des manifestations de protestation contre la mort de l’adolescent soient acquittées.

Lors de la fête du Newroz (fête kurde), à Amed en Turquie, le groupe « Alozî Chaos Initiative » a manifesté sur 7 km à Amed en solidarité avec les prisonniers politiques grecs et particulièrement ceux de la Conspiration des Cellules de Feu. Les manifestants ont scandé en kurde et en turque : “Feu aux prisons », « Liberté pour les prisonniers anarchistes », « Joyeux Newroz », « Vive l’Anarchie » et d’autres. Durant la manifestation, un commissariat a été attaqué et une route bloquée avec des barricades enflammées.

Manifestation anarchiste à Amed.

Manifestation anarchiste à Amed.

L’armée a annoncé mardi avoir engagé une opération au Kurdistan. Cinq unités militaires ont été engagées pour identifier et de détruire des abris et des lieux de stockage qui pourraient appartenir au PKK dans la région de Mazidag autour de Mardin, Depuis, les militaires turcs ont essuyés des tirs de mortiers et d »‘armes automatiques et ont procédé à des tirs d’artillerie à la frontière irakienne.

Turquie/Kurdistan: Opération militaire anti-PKK

35 Kurdes, la plupart civils, ont été tués dans deux attentats suicides devant des bureaux de partis kurdes (TEV-DEM et PDKS) dans le canton est du Rojava (partie syrienne du Kurdistan), Hassaké. Des centaines de personnes y étaient rassemblées à l’occasion du « nouvel an kurde », le Newroz. Il y a également eu 150 blessés.

Ce Newroz est l’occasion de rassemblements monstres : à Amed/Diyarbakir (dans la partie turque du Kurdistan) le plus grand Newroz jamais organisé se tient aujourd’hui : 2 millions de Kurdes y sont attendus. Ce matin une marche dominée par les drapeaux des principaux mouvements kurdes, PKK, YPJ, YPG et KCK a animé la ville. Un message du leader du PKK, Abdullah Öcalan a ensuite été lu.

Marche des jeunes à Amed.

Marche des jeunes à Amed.

C’est la troisième fois qu’une combattante venue d’un pays occidental meurt au Kurdistan aux cotés des YPG (les Unités de Défense du Peuple) depuis le début du conflit qui oppose ce groupe progressiste kurde aux islamistes de l’Etat Islamique. Ivana Hoffman (a.k.a. Avasin Tekosin Gunes) était membre du MLKP (Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Turquie) qui a envoyé de nombreux combattants en soutien à la lutte pour la libération du Rojava (la partie syrienne du Kurdistan). Avasin était originaire d’Allemagne et avait 19 ans, elle est décédée en défendant un village kurde près de Tal Tamr, dans le canton kurde de Hassakah, au nord-est de la Syrie.

Ce décès survient 3 jours seulement après le décès d’un combattant britannique des YPG et 2 semaines après le décès d’un australien qui combattait sous la mème bannière.

Avasin Tekosin Gunes

Avasin Tekosin Gunes

İlhami Yıldırım, un conseiller du président Erdogan, qui s’était signalé par des déclarations les plus agressives contre les manifestants de mai, a été la cible d’une attaque des Forces Populaires Partisanes (la branche armée du MKP, le Parti Communiste Maoïste). Son chauffeur/garde du corps du politicien a été blessé (et ses armes confisquée) tandis que Yıldırım quittait le véhicule mitraillé et s’enfuyait. Il a été blessé d’une balle à la jambe dans sa fuite. İlhami Yıldırım est par ailleurs le frère de l’ancien ministre des Transports Binali Yıldırım. L’attaque a eu lieu dans le quartier Mehmet Akif du quartier Çekmeköy d’Istanbul.

Le lieu de l’embuscade

Le lieu de l'embuscade

Ce lundi 9 février vers 10h du matin, 4 militants kurdes qui revenaient de Turquie vers Kobané ont été poursuivis par une camionnette de militaires turques qui les ont tabassés à deux kilomètres de la frontière puis laissé sur le sol. Deux militants ont finalement pu passer la frontière, les deux autres trop gravement blessés ont attendu pendant 3h une ambulance qui les a rapatrié à l’hopital de Suruç, une municipalité contrôlée par le BDP (Peace and Democracy Party, parti kurde de gauche).

L’un des 4 Kurdes blessé par les militaires turques.

L'un des 4 Kurdes blessé par les militaires turques.

Dans un quartier populaire d’Ankara, les forces de l’ordre ont intercepté deux bus qui transportaient des militants du Halk Cephesi (Front Populaire), puis l’ont investi en noyant ses occupants de gaz lacrymogènes. Soixante personnes ont été interpellées. Les manifestants entendaient honorer la mémoire de Berkin Elvan, 15 ans, mort en mars 2014 après 269 jours de coma. Le jeune homme avait été atteint à la tête par une grenade lacrymogène tirée par la police lors d’une manifestation contre le gouvernement d’Erdogan, alors Premier ministre.

Turquie: 60 manifestants arrêtés