Les lycéens ont entamé leur mouvement de protestation ce jeudi matin dès 8 h. La plupart des établissements sont concernés. Après avoir bloqué l’entrée de leur établissement, les élèves se sont dirigés vers le centre ville. Le Polygone et des commerces de la Comédie ont fermé leurs portes par mesure de précaution.
Des heurts entre lycéens et policiers se sont déroulés dans la matinée sur l’Esplanade. Le calme est revenu après une paire d’heures. Une trentaine d’interpellations ont été effectuées. Une quinzaine de personnes ont été placées en garde à vue principalement pour des caillassages et des dégradations. Il s’agit de mineurs et de majeurs. Certains pourraient être jugés en comparution immédiate ce vendredi 15 avril.

Après les affrontements, la police a quadrillé le secteur

Après les affrontements, la police a quadrillé le secteur

Sur le site de Gentilly en Val-de-Marne mais aussi du Carteret à Lyon, Sanofi a mis en place un dispositif destiné à enregistrer les faits et gestes de ses employés afin, en apparence, d’optimiser la gestion de l’espace dans l’entreprise. Alors que le nouveau campus Val de Bièvre de Sanofi près de Paris a été conçu comme un immense open space présenté comme propice à la libre association des 3.000 travailleurs, la direction a décidé de prendre une plus exacte connaissance des agissements de ses employés, notamment dans leur gestion de l’espace et des déplacements. Pour ce faire, elle a envisagé de doter chaque salarié d’une puce RFID (Radio Frequency IDentification), c’est-à-dire d’une puce permettant de géolocaliser la personne à tout moment. Suite à l’opposition des syndicats, la direction à revu son dispositif à la baisse : plutôt que d’équiper chaque salarié, ce sont seulement les porte-badge qui ont été équipés d’une puce électronique. Ainsi, l’anonymat est préservé. Cependant, même avec le porte-badge anonymisé, il est facile de faire un lien entre cette puce et celle du badge qui sont activées ensemble quand on passe les contrôles. Par ailleurs, la direction refuse de transmettre l’expertise de la Cnil sur l’affaire.

Puce RFID dans un badge SANOFI

Puce RFID dans un badge SANOFI

Une femme de 19 ans et deux hommes de 18 et 20 ans avaient été interpellés samedi à Nantes, boulevard Philippot et chaussée de la Madeleine. Ils ont été accusé d’avoir participé, le visage masqué à un attroupement qui jetait des pierres sur les forces de l’ordre lors de la mobilisation contre la loi Travail. Ils ont été jugés lundi. Les policiers affirment les avoir reconnus malgré leur masque par des détails vestimentaires (sac à dos aux couleurs vives etc.). La lycéenne de 19 ans est condamnée à 2 mois de prison avec sursis et interdiction de porter une arme pendant trois ans. Les deux autres de 20 ans et 18 ans à des peines de 70 et 60 heures de travaux d’intérêt général et à trois ans d’interdiction de porter une arme. Pour le dernier, la prévention est requalifiée sans la mention de visage masqué.

Les affrontements de Nantes

Les affrontements de Nantes

Chaque nuit depuis la journée de mobilisation du 31 mars contre le projet de réforme contesté du code du travail, des manifestants, souvent par milliers, se retrouvent à République dans le cadre de ce mouvement citoyen qui dépasse largement l’opposition à ce projet de loi.

La nuit de samedi et dimanche, lorsque quelques centaines de personnes ont voulu se rendre au domicile du Premier ministre Valls. Une heure plus tard, ces petits groupes sont revenus place de la République avec des barrières ramassées le long de leur parcours afin d’ériger une barricade au niveau de la rue du Temple. A 02H00, les policiers sont intervenus pour démanteler cette barricade et ont été la cible de jets de projectiles. Une agence de téléphonie, une agence bancaire et deux restaurants ont eu des vitres brisées et des façades taguées. Huit personnes ont été interpellées. Lundi matin, la police a évacués la place de la République à Paris. Une personne a été interpellée et deux policiers légèrement blessés dans la nuit de lundi à mardi.

Samedi matin, lors d’un contrôle d’identité, un policier a reconnu une personne comme étant un manifestant qui avait insulté les forces de l’ordre puis jeté une barrière sur un fourgon de police lors de la manifestation de mardi 5 contre la loi travail. Le jeune homme ne s’est pas laissé faire et a repoussé le policier avant de prendre la fuite en direction de la place Kleber, bousculant au passage une passante, avant de se faire interpeller. Suite à son placement en garde à vue, environ deux cents personnes s’étaient ensuite rassemblées devant l’hôtel de police pour demander sa libération ainsi que pour trois autres de leurs camarades. Le prévenu a été condamné ce lundi à quatre mois de prison dont deux ferme, à la fois pour les incidents du 5 avril et ceux du 9 avril. Il est maintenu en détention.

Rassemblement spontané samedi devant le commissariat de Strasbourg

Rassemblement spontané samedi devant le commissariat de Strasbourg

L’affaire n’est pas un cas isolé: il y a clairement des consignes du gouvernement et du ministère de la Justice au parquet pour appliquer une répression judiciaire maximale tous azimuts contre les jeunes qui manifestent, si on compare par rapport à des mouvements antérieurs. Vendredi 1er avril, alors que les élèves du lycée Voltaire, situé dans le 11e arrondissement de Paris, organisent le blocage de leur lycée pour protester contre la loi El Khomri. L’un d’eux met le feu à une feuille et la jette dans une poubelle. Un enseignante sympathisante du blocage a refermé le clapet de la poubelle et la flamme s’éteint immédiatement. Quinze minutes après, les policiers sont arrivés et ont demandé qui était impliqué dans le feu, et Ryan, un lycéen, très naïvement, a dit qu’il faisait partie du groupe. Ils l’ont embarqué. Plusieurs enseignants les ont suivi au commissariat, mais les policiers leur ont dit de rester à l’extérieur et ont soutenu qu’ils avaient prévenu la mère de Ryan, ce qui était un mensonge.

Placé en garde à vue pendant dix heures, soumis à des relevés d’empreintes et à des prélèvements ADN, Ryan a été déféré seul, sans avocat, ni conseil, devant le procureur de la République, qui l’a assigné à comparaître le lendemain devant le juge des enfants. Il est resté toute la nuit au dépôt du palais de justice, sans pouvoir contacter ses parents. Ce n’est que dans la matinée du 2 avril que Ryan a pu rencontrer son avocate, puis sa mère, dans la salle d’audience où le juge a retenu le chef d’accusation inique proposé par le procureur: « dégradation volontaire de bien matériel par incendie pouvant potentiellement engendrer un danger pour autrui », passible de dix ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. La poubelle n’est même pas endommagée…

Manifestation lycéenne contre la loi Travail

Manifestation lycéenne contre la loi Travail

La mobilisation des opposants à la réforme du droit du travail s’est poursuivie ce samedi en France, où plusieurs personnes ont été blessées lors d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants à Rennes. Les autorités locales avaient interdit l’accès au centre historique de cette ville, l’un des foyers actifs de la contestation, où des incidents avaient déjà eu lieu lors des précédentes journées d’action. Mais des jeunes, certains encagoulés ou armés de projectiles, ont tenté de forcer le passage. Les forces de l’ordre ont alors fait usage de gaz lacrymogène et de grenade assourdissantes. 19 manifestants, trois policiers et un journaliste ont été blessés.

Le cortège étant composé en grande majorité de salariés, de familles avec enfants, de retraités. Alors que la contestation entre dans son deuxième mois, des syndicats de salariés, d’étudiants et de lycéens avaient appelé pour la 6e fois les Français à descendre dans la rue pour réclamer le retrait de la réforme, porteuse de précarité. A Paris, plusieurs milliers de personnes ont commencé à défiler vers 14h30. Des rassemblements ont aussi été organisés à Lyon, Marseille, Nantes, Grenoble ou encore Montpellier.

Ils auront finalement eu gain de cause. Ou au moins gagné une bataille. Trois salariés d’une entreprise de métallurgie de Hazebrouck (Nord), menacés de licenciement (voir notre article) et mis à pied pour avoir fait grève contre la loi Travail le 31 mars, ont réintégré l’entreprise vendredi. Le 1er avril, les trois employés, membres de la CGT, avaient reçu «une convocation à un entretien préalable à licenciement éventuel pour faute grave» après avoir fait grève le 31 mars.

Les trois ouvriers menacés de licenciement

Les trois ouvriers menacés de licenciement

Meeting pour la libération de tous les prisonniers politiques en Inde organisé par le Collectif Rouge Internationaliste pour la défense des prisonniers politiques révolutionnaires, ce vendredi 8 avril à 18H30 à l’ACTIT, 54 rue Hauteville, 75010 Paris. Traduction en anglais assurée.

Affichage pour le meeting de ce vendredi

Affichage pour le meeting de ce vendredi

Dans un e-mail envoyé le 1er avril, l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN, « Police des polices ») indique qu’elle crée un fichier pour recenser les violences policières. La base de données sera alimentée par les services de police « dès qu’ils seront en possession d’une incapacité totale de travail supérieure ou égale à vingt jours, soit à la suite d’une plainte (…) soit à la suite de l’ouverture d’une enquête de police« . L’objectif est, ajoute l’IGPN, de « combattre l’idée trop généralement reçue que les blessures sérieuses ou graves, voire les décès, sont synonyme d’illégitimité de l’usage de la force ou des armes« .

Twitter commente la décision de l'IGPN

Twitter commente la décision de l’IGPN