Le 6 novembre, un millier de kurdes manifestaient devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg en soutien à Öcalan (voir notre article précédent). Lors de cette manifestation une quinzaine de manifestants kurdes ont pénétré dans les locaux de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) après avoir escaladé les grilles et forcé l’entrée. A l’intérieur, les militants se sont mis à terre et agrippés les uns aux autres pour former une chaîne humaine. Dans les locaux, la police a fait usage de la force pour les interpeller. Les prévenus, à l’exception d’un, nient avoir opposé la moindre résistance et se plaignent au contraire de violences policières. L’un des militants arrêté était accusé d’avoir lancé un projectile contre un motard de la police.

Le jeudi 8 novembre, onze militants ont été jugés par la chambre des comparutions immédiates de Strasbourg. La procureure Françoise Toillon avait requis des peines de huit mois de prison avec sursis pour neuf d’entre eux et six mois avec sursis à l’encontre du militant ayant admis sa responsabilité. Elle avait requis une condamnation de six mois ferme avec mandat de dépôt contre le militant soupçonné de violence, ainsi qu’une interdiction du territoire national durant trois ans. Le militant accusé d’avoir lancé un projectile contre le motard a été condamné à deux mois de prison ferme pour violences et rébellion, assorti d’un mandat de dépôt et d’une interdiction de territoire national pour deux ans. Huit militants ont écopé d’une peine de quatre mois avec sursis, et trois mois avec sursis pour celui qui a admis sa responsabilité. Le onzième militants a été relaxé.

Manifestation du 6 novembre en soutien à Ocalan (Strasbourg)

Manifestation du 6 novembre en soutien à Ocalan (Strasbourg)

Ahmet Kaya, un militant kurde a été placé en garde à vue le mercredi 7 novembre pour « violation des obligations du FIJAIT » (fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes) et est passé en comparution immédiate devant le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Bobigny le vendredi 9 novembre. Il est accusé de s’être rendu à l’étranger sans en avertir les autorités françaises et se serait rendu à Edimbourg et à Bodrum (Turquie), muni d’un « passeport anglais » et « en compagnie de sa femme et de ses deux enfants ». Or, l’intéressé est célibataire, réfugié en France depuis 2006 et ne détient pas de passeport. Le parquet a demandé un complément d’information et a renvoyé l’affaire à une audience ultérieure fixée au 20 novembre. Entre temps, il reste placé en détention provisoire.

Ahmet Kaya à la statut de réfugié politique en France depuis 2006. Il avait passé plusieurs années en prison en Turquie où sa tête est mise à prix. Actuellement, Ahmet Kaya ne peut quitter la France sans permission légale des autorités françaises.

Cette arrestation intervient deux jours avant l’arrivée d’Erdogan à Paris. Le mercredi 7 novembre, la France avait également émis une interdiction pour toute manifestation à Strasbourg en soutien à Oçalan.

Le tribunal de grande instance de Bobigny

Le tribunal de grande instance de Bobigny

En février de cette année, la police française avait arrêté Ricardo Palma Salamanca suite à un mandat d’Interpol émis par le Chili (voir notre article précédent).

Ce vendredi 8 novembre, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) lui a accordé le statut de réfugié politique. Le président chilien, Sebastián Piñera, avait discuté du dossier de Palma Salamanca avec Macron lors d’une visite à Paris début octobre. Suite à la décision de l’Ofpra, il a annoncé son intention d’envoyer une lettre à Emmanuel Macron pour lui demander que le «traité d’extradition entre les deux pays soit respecté».

Ricardo Palma Salamanca

Ricardo Palma Salamanca

Jeudi 8 novembre 7 personnes, françaises, suisses et italiennes comparaissaient au tribunal de Gap dans le cadre de l’affaire « de Briançon » (voir notre article précédent). Accusé.es d’aide à l’entrée irrégulière d’étrangers sur le territoire français le procureur a demandé des peines de 12 mois de prison dont 8 avec sursis pour deux d’entre eux et des peines de 6 mois avec sursis pour les cinq autres prévenu.es.

Le procès s’est tenu dans une ambiance tendue. A l’intérieur du tribunal certains accusé.es ont voulu souligner le caractère politique de ce procès et ont tenu à parler du contexte global du problème migratoire. La présidente elle a tenu a écarter toute politique des débats, « Ici on fait du droit, rien que du droit ». A l’extérieur du tribunal des centaines de militant.es c’étaient réuni.es pour soutenir les accusé.es. Une manifestation et un rassemblement se sont tenus tout le long de la journée. La police était présente en nombre. Des barrages avec fouille et contrôle d’identité ont eu lieu toute la journée sur tous les accès de la ville de Gap plusieurs convois de soutien se sont retrouvé bloqués dans la région. La police a déclaré être à la recherche « d’armes, munitions et stupéfiants ».

Le verdict sera rendu le 13 décembre.

Manifestation de soutien aux 7 de Briançon

Manifestation de soutien aux 7 de Briançon

Le périphérique de Paris a été bloqué lundi par plusieurs centaines d’ambulanciers dénonçant leurs conditions de travail et protestant contre la réforme du financement des transports sanitaires. Des incidents ont eu lieu. La police a fait usage de gaz lacrymogènes, et les manifestants ont érigé et enflammé une barricade sur le périphérique.

Lacrymogènes lundi sur le périphérique de Paris

Lacrymogènes lundi sur le périphérique de Paris

Aujourd’hui, un millier de kurdes se sont rassemblés devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg pour protester contre les conditions de détention de Öcalan et réclamer une nouvelle visite du Comité de prévention de la torture, la dernière datant de 2016. Une cinquantaine de manifestants ont tenté de forcer un barrage de police pour se rendre en direction de la Cour européenne des droits de l’Homme. Ils ont été repoussés par la police à coups de matraque et de gaz lacrymogène.

Une dizaine de manifestants ont ensuite été interpellés après être, selon la police, entrés par effraction dans l’enceinte de la Cour européenne des droits de l’Homme. Ils auraient escaladé un arrêt de bus pour passer par dessus l’enceinte. Une personne a également été interpellée pour des jets de pierre.

Manifestation de soutien à Öcalan à Strasbourg

Manifestation de soutien à Öcalan à Strasbourg

Julien Pauliac est convoqué au tribunal correctionnel pour avoir, en tant que Secrétaire Général de l’UD Cgt 63, « organisé une manifestation sur la voie publique ayant été interdite dans les conditions fixées par la loi », au péage de Gerzat, lors des mobilisations contre la loi travail XXL, le 8 juillet 2017. Julien est ouvrier de l’État à l’AIA ; son syndicat apppelle à un rassemblement solidaire le 5 novembre. Rendez-vous dès 9h devant l’AIA, 161 avenue du Brézet à Clermont-Ferrand.Rendez-vous place de l’Étoile à Clermont, de midi à 14h, début de l’audience.

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Des sénateurs de Les Républicains, dont Bruno Retailleau, ont déposé un proposition de loi pour « lutter contre les violences dans les manifestations » qui vise directement les black blocks. Ils proposent de créer des périmètres dans les manifestations permettant aux policiers de fouiller les manifestants à l’entrée de celles-ci, de donner au préfet de police le pouvoir d’interdire à une personne de manifester , de créer un fichier national listant toutes les personnes interdites de manifestation et de sanctionner plus durement la dissimulation de son visage dans une manifestation en créant un délit passible d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Ce délit existe déjà, un manifestant cagoulé écope pour le moment d’une contravention et de 1 500 euros d’amende. Le texte propose également de punir de 3 ans d’emprisonnement et de 45.000 € d’amende un manifestant détenant des fusées d’artifice et matériel pyrotechnique et d’arme par destination.

Manifestation à Paris le 1er mai 2017

Manifestation à Paris le 1er mai 2017

Sept ans après les incidents d’octobre 2011 où des militants anticorrida avaient été frappés par des aficionados après s’être enchaînés dans les arènes du village, environ 200 militants anti-corrida se sont retrouvé face à 200 gendarmes mobiles à Rodilhan. Les manifestants ont arraché des barrières et lancé des projectiles sur les gendarmes mobiles protégés par des barrières anti-émeutes. Pendant une charge des forces de l’ordre, une manifestante est tombée sur la tête et s’est blessée aux cervicales. Les gaz lacrymogènes ont été utilisés à de nombreuses reprises tout au long de la journée pour éloigner les manifestants mais le vent a porté les gaz jusque dans les arènes, incommodant les aficionades qui ont dû être escortés par les forces de l’ordre à la sortie car les anti-corrida les attendaient.

Militants anti-corrida face à des gendarmes mobiles à Rodilhan

Militants anti-corrida face à des gendarmes mobiles à Rodilhan

Le 9 avril dernier, l’université Paris-Nanterre était occupée. Les étudiants protestaient contre la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants) modifiant les modalités d’entrée à l’université. L’occupation n’aura pas duré bien longtemps. C’est la présidence de la fac elle-même qui a demandé l’intervention des forces de l’ordre. L’intervention fut brutale, les policiers délogent les occupants (voir notre article). Les trois de Nanterre sont accusés d’avoir résisté.

Le verdict est tombé hier mercredi 17 octobre : un ancien étudiant de Nanterre a été condamné à six mois de prison ferme pour « violences contre les forces de l’ordre », un étudiant à quatre mois avec sursis alors qu’un autre étudiant a été relaxé « au bénéfice du doute ». La sentence est lourde. Elle correspond aux réquisitions du procureur (voir notre article).

L'intervention des CRS à Nanterre

L’intervention des CRS à Nanterre