Texte du tract:

Reprise du procès des syndicalistes de Clabecq

Ce mardi 29 janvier, après cinq années de péripéties judiciaires (premier tribunal révoqué, second tribunal se déclarant incompétent) le procès de la délégation syndicale des Forges de Clabecq a repris à la 11e chambre de la cour d’appel de Bruxelles. L’instruction d’audience, par laquelle commence d’ordinaire les procès, a donné un avant-goût de la manière dont la justice bourgeoise entend mener ce procès – et de la manière dont elle le mènera effectivement si le mouvement de solidarité ne l’en empêche pas.

Il s’agissait ce mardi pour la cour de faire dire aux 13 inculpés s’ils acceptaient ou rejetaient chacune des nombreuses préventions retenues contre eux. A titre d’exemple, le président a demandé à Roberto D’Orazio s’il acceptait ou récusait la prévention de vol à l’aide de menace d’un téléphone mobile au vigile de l’aciérie.

Cela a permis à D’Orazio de demander une fois de plus ce qu’on lui reprochait exactement. En effet, l’intitulé des préventions ne précise jamais si on accuse l’inculpé d’être directement ou indirectement (par le biais de consignes par exemple) responsable des faits. D’Orazio se trouve ainsi inculpé de faits (ainsi l’incident du téléphone) pour lesquels le dossier d’instruction ne fait même pas état de sa présence sur les lieux! Le dossier d’instruction se limite à une série d’accusations imprécises devant lesquelles les accusés sont censés faire la preuve de leur innocence. Pratiquement, les principaux délégués syndicaux sont accusés de tous les incidents qui ont émaillés la longue lutte des sidérurgistes de Clabecq contre la fermeture de leur usine, sans que l’instruction ai cherché à enquêter sur les actes réels de chacun.

Dans cette affaire du mobile comme dans les autres affaires, Roberto D’Orazio et Silvio Marra (le président du Comité de Sécurité et d’Hygiène) ont entrepris d’exposer à la cour en quoi la prévention, en coupant l’incident de son contexte, relevait de la manipulation. A l’époque où la curatelle tentait de brader l’entreprise en faillite, la délégation syndicale, refusant la fermeture, était parvenue avec le travail bénévole de centaines d’ouvriers à maintenir l’outil en fonctionnement. L’avenir lui a donné raison en ce sens qu’effectivement, au lieu de la liquidation de l’aciérie au profit de quelques créanciers, l’usine a été reprise et la moitié des emplois ont été préservés. A l’époque des faits, la curatelle n’en voulait rien savoir et non seulement elle avait déserté l’entreprise, mais elle avait entrepris de saboter systématiquement les efforts des sidérurgistes. Parmi ces sabotages et provocations, les curateurs avait fait couper toutes les lignes téléphoniques. Ce faisant, ils menaçaient délibérément non seulement la tentative des ouvriers de sauver l’usine, mais également la sécurité de ces ouvriers et même celle de la région puisque les risques industriels dans une aciérie ne sont pas minces (l’usine est traversée de conduites d’hydrogène, il y avait sur place un stock de 200 kg de dynamite destinée à rompre l’acier malvenu, etc.). La seule ligne téléphonique laissée ouverte par la curatelle était celle du téléphone mobile en question, téléphone programmé de telle sorte qu’il ne pouvait servir qu’au flicage de l’usine par le vigile. Plusieurs ouvriers n’ont pas accepté que cette ligne subsiste: ils ont été saisir saisir le mobile, l’ont mis au frais, et l’ont restitué quelques temps après.

Les interventions des délégués à l’audience furent réellement remarquables de clarté, de dignité et de combativité, mais de ces remises en contexte qui démontraient le caractère proprement indécent des préventions, le président du tribunal s’est appliqué à n’en rien entendre. C’est ainsi qu’après l’exposé du contexte de l’affaire du mobile, le président s’est borné a demander (après avoir benoîtement laissé parler les délégués sur le mode du ’cause toujours’) à Roberto D’Orazio : ‘donc, vous rejettez la prévention de vol de téléphone’…

En réduisant un conflit social à une mosaïque d’incidents correctionnalisables, la justice bourgeoise peut persécuter des délégués qui ont consacré toute leur vie sociale au mieux-être de leur classe et faire l’impasse sur le seul véritable scandale de l’affaire de Clabecq: le pillage d’une région et le bradage de la sidérurgie brabançonne par le capital financier et ses agents (pouvoirs publics et autres curateurs responsables de détournements par dizaines de millions), la volonté de briser à tout prix la résistance ouvrière, et la trahison honteuse de la hiérarchie syndicale.

Ce n’est pas innocemment que l’instruction vise en bloc la délégation syndicale sans chercher à établir le degré exact d’implication de chacun des délégués dans chaque incident. Elle se désintéresse non seulement de la réalité de l’implication (présence sur place ou non) mais aussi de la nature d’une éventuelle implication, car à plusieurs reprises, les délégués soucieux de la sécurité des travailleurs ont mis un terme à des incidents qui leur valent officiellement aujourd’hui d’être traînés au tribunal. Officiellement et officiellement seulement, car derrière le procès de ces délégués, il y a purement et simplement le procès de la résistance ouvrière et du syndicalisme de lutte.

La prochaine audience (suite de l’instruction d’audience, réquisitoire du procureur et plaidoiries des parties civiles) se tiendra le lundi 4 février, la suivante aura probablement lieu de lundi suivant. De nouvelles péripéties de procédure ne sont toutefois pas à exclure puisque les avocats de la défense ont demandé que les inculpations soient déclarées nulles en raison de leur imprécision. Il importe d’apporter le soutien le plus large aux délégués des Forges de Clabecq en dénonçant ce procès et en leur apportant un soutien financier: à ce jour, leurs frais de procès dépassent 50.000 euros (compte de l’asbl Défense des Travailleurs : 370-1053288-52). (info : Secours Rouge/APAPC)

Secours Rouge / APAPC – Janvier 2002

De vastes soulèvements anti-britanniques avaient été écrasés en Irlande au 18e siècle, et l’Irlande avait ensuite été dépeuplée par la famine (un million de mort) et par une émigration massive. En 1905, l’organisation Sinn Féin, indépendantiste, est fondé, tandis que James Connolly jette les bases théoriques et organisationnelles du mouvement socialiste de libération de l’Irlande.

Durant la guerre mondiale, en 1916, les Volontaires de l’Irish Republican Brotherhood (du Sinn Féin) et de l’Irish Citizen Army (de James Connolly) déclenchent l’insurrection de Pâques. Le soulèvement fut limité à Dublin, fit 400 morts et fut écrasé en moins d’une semaine. La férocité de la répression (exécution des meneurs de l’insurrection, des milliers d’arrestations) apporte au Sinn Féin une popularité accrue.

La bibliothèque de Dublin au moment de l'insurrection de Pâques

La bibliothèque de Dublin au moment de l’insurrection de Pâques


La même après la répression du soulèvement

La même après la répression du soulèvement

En janvier 1918, des Volontaires décidèrent de libérer deux prisonniers, James Duffy de Meenbanad et James Ward de Cloughlass. Ces derniers avaient déserté l’armée britannique mais été arrêté par la gendarmerie à Kincasslagh et ils enfermés dans la caserne locale. Le 4 janvier, quatre membres de la Royal Irish Constabulary (Gendarmerie royale irlandaise), un sergent et trois agents, étaient venu de Derry pour emmener les prisonniers dans le train de l’après-midi.

La gare de Meenbanad était noire d’une foule qui revenait de la foire de Dungloe. Soudainement, quatre volontaires montent à bord et se ruent sur les gendarmes, les boxent, arrachent au sergent son fusil et sa baïonnette et libèrent les prisonniers. Volontaires et prisonniers ont traversés la foule, et se sont engouffrés dans une voiture qui les attendait. Duffy, qui avait prit part à l’insurrection de Pâques en 1916, rejoignit l’armée de libération tandis que Ward émigra en Amérique où il fut tué dans un accident de circulation.

Volontaires de l'armée de libération irlandaise

Volontaires de l’armée de libération irlandaise

L’embuscade de la gare de Meenbanad est célébrée comme l’action inaugurale du soulèvement qui allait durer trois ans et déboucher sur les accords de Londres en 1921 qui consacrait la partition de l’Irlande en accordant l’indépendance aux comtés du Sud en laissant les six comtés du Nord sous la domination de la Grande-Bretagne.

La gare de Meenbanad aujourd'hui, désaffectée, elle est devenue un lieu de mémoire

La gare de Meenbanad aujourd’hui, désaffectée, elle est devenue un lieu de mémoire


A la gare de Meenbanad en 1968, trois des anciens participants de l'embuscade (de droite à gauche) Dim Bonner, Fergus Ward and Neil Boyle

A la gare de Meenbanad en 1968, trois des anciens participants de l’embuscade (de droite à gauche) Dim Bonner, Fergus Ward and Neil Boyle

Des commissariats-forteresses ne présentant que du béton et des volets d’acier à l’extérieur, des bases hérissées de caméras, de périscope, de senseurs, de grilles anti-roquettes, ravitailiables par hélicoptères, d’immenses miradors bétonnés surveillant les villes et les campagnes, les forces britanniques en Irlande ont dû, sous la menace des actions de l’IRA, développer les plus formidables dispositifs défensifs contre-insurrectionnels.

 Golf Five Zero watchtower Crossmaglen, South Armagh

Golf Five Zero watchtower Crossmaglen, South Armagh

L’attaque des bases des forces de sécurité a toujours été un objectif du mouvement républicain: police, armée britannique, et surtout l’exécrée Royal Ulster Constabulary (RUC), la police militarisée anti-guérilla levée en Irlande parmi les loyalistes. Jets de cocktails molotov par les manifestants et, surtout, attaques armées de l’IRA, ont commandé des progrès dans la fortification des bases et des commissariats.

British Army Security force base. Bishops Gate, Derry City Walls, Londonderry

British Army Security force base. Bishops Gate, Derry City Walls, Londonderry

Pour donner une idée du niveau militaire de l’affrontement, l’IRA a conçu et produit au début des années 80 un lance-roquette pouvant tirer d’un lieu clos (pièce d’habitation, voiture…): c’était la première armée au monde à disposer d’un tel engin, aujourd’hui universellement répandu: les lances-roquettes de l’OTAN ou de l’URSS dégageaient à l’époque un tel jet de gaz brûlant vers l’arrière que l’utilisateur aurait été gravement blessé en l’actionnant dos à un mur. L’IRA a aussi mis en oeuvre des batteries de mortiers artisanaux, qui ont amené les britannique à installer des grillages devant faire exploser les projectiles avant l’impact sur les murs.

Newtownhamilton Barracks. Newtownhamilton, South Armagh

Newtownhamilton Barracks. Newtownhamilton, South Armagh

Bases et commissariats se sont trouvé toujours plus coupés des populations: leurs occupants n’en sortant que sous forme de patrouilles fortement armées et sur le qui-vive, exposées aux IED et aux tirs de sniper. La plupart de ces fortifications ont été démantelées suite aux accords de paix. Le gouvernement britannique a entrepris de les démolir, effaçant ainsi les preuves évidentes du caractère de forces d’occupation qu’avaient ses troupes en Irlande du Nord. Ces photos ont été prises par Jonathan Olley de 1997 (elles ont été publiées par le Laboratoire d’Urbanisme insurrectionnel).

Magilligan Ranges, Magilligan Point, County Londonderry

Magilligan Ranges, Magilligan Point, County Londonderry


Forkhill Security force base Forkhill, South Armagh

Forkhill Security force base Forkhill, South Armagh


Mountpottinger Road RUC station, Belfast,Co.Down

Mountpottinger Road RUC station, Belfast,Co.Down

Athènes, Grèce, 12 octobre

Plusieurs grands dazibaos appelant à la libération de Georges Abdallah sont collés dans la ville.

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New-York, USA, 14 octobre

Rassemblement à 16h00 devant la Mission permanente de la France aux Nations Unies, 245 E. 47th St, à l’initiative de Samidoun.

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Magdeburg, Allemagne, 15 octobre

Soirée solidaire co-organisée par la section locale du Rote Hilfe et le Netzwerk Freiheit für alle Politische Gefangenen, à partir de 18h00 à l’Infoladen de Magdeburg, Pushkin Strasse 20.

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Paris, 15 octobre

Rassemblement et tractage de 10h à 13h au marché de Barbès et présence à partir de 14h à « Palestine debout » (place de la République)

Marseille, 15 octobre

Concert co-organisé par le Comité PACA Georges Abdallah et le FUIQP.

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Toulouse, 15 octobre

Intervention à la commémoration des massacres du 17 octobre.
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Paris, 16 octobre

Rassemblement et tractage de 10h à 13h au marché de Saint‐Ouen et présence à partir de 14H au cabaret d’urgence «pour le MEDEF, tous les coups sont permis» avec la Compagnie Jolie‐môme (Cartoucherie – Epée de bois à Vincennes) en solidarité avec les inculpés du mouvement social.

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Grenay, 17 octobre

Rassemblement devant l’hôtel de ville sur le son fronton duquel flotte désormais une banderole demandant la libération de Georges Abdallah, à l’initiative de la municipalité de Grenay, la section PCF et le comité « Libérez-les ! » (59 – 62).

Paris, 17 octobre

A partir de 18h: Rassemblement et tractage au Pont de Saint-­Michel pour faire le lien entre le massacre des Algériens 17 octobre 1961 et la cause de Georges Abdallah.

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Paris, 18 octobre

A partir de 18h: Rassemblement devant la direction de l’administration pénitentiaire, 35 rue de la Gare, 75019 Paris.

Saint-Etienne, France, 18 octobre

Commémorations des massacres du 17 oct. 1961 par le FUIQP.
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Toulouse, le 19 octobre

Meeting organisé par le collectif anti-impérialiste Coup Pour Coup 31 à partir de 19H au Blind Tiger, 61 rue Pargaminière.

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Thessalonique, Grèce, 19-20 octobre

Meeting au Ιουστινιανού 11 organisé par Samidoun avec la participation du combattant palestinien Mohammed Khatib, la 19 à partir de 20h, le 20 à 13h.

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Paris, 19 octobre

De 12h à 15h: Présence et tractage à la faculté de Saint-­Denis

Tunisie, 19 octobre

Affiche du FPLP pour la libération de Georges Abdallah

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Bruxelles, 19 octobre

Plusieurs bâtiments (palais de justice, gare du midi, …) sont été tagués d’appels à la libération de Georges Abdallah

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Milan, Italie, 20 octobre

Meeting co-organisé par la section milanaise du Secours Rouge International, Samidoun et le Fronte Palestina à 16h à l’Universita Statale.
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Paris, 20 octobre

De 17h30 à 20h: Rassemblement et tractage à Belleville

Montréal, Canada, 20 octobre
Rassemblement des membres et sympathisants du Secours Rouge du Canada – section Québec.

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Martigues, 20 octobre

Soirée-projection-échanges à 18h30 au café associatif « Rallumeurs dʼEtoiles » quai Besson à Martigues, co-organisée par le Comité PACA Georges Abdallah et le FUIQP.

Bruxelles, Belgique, 20 octobre

Départ à 21h de la délégation belge du Secours Rouge International pour la manifestation de Lannemezan via Toulouse

Istanbul, Turquie, 21 octobre

Rassemblement devant le consulat français à Istanbul à l’appel de Samidoun.

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Paris, 21 octobre

A partir de 18h: Rassemblement place de la République. avant le départ Départ à 22h du bus pour la manifestation de Lannemezan

Hambourg, Allemagne, 21 octobre

Rassemblement et meeting co-organisé par la section de Hambourg du Secours Rouge International avec la Bündnis gegen imperialistische Aggression à 19h30, à l’Internationales Zentrum B5, (Brigittenstraße 5, St. Pauli).

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Vienne, Autriche, 21 et 22 octobre

Rassemblements devant l’ambassade de France à Vienne à l’appel de Samidoun, le 21 à 15h00 et le 22 à 12h00.

Athènes, Grèce, 21 octobre

Rassemblement devant l’ambassade de France à Athènes à l’appel de l’Assemblée des anarchistes-communistes pour la contre-attaque de classe contre l’UE, l’Assemblée de solidarité avec les prisonniers politiques, les combattants emprisonnés et poursuivis, Ligne rouge et le Réseau de solidarité à la Résistance palestinienne. Des dizaines de personnes se sont rassemblées, la police avait déployé des équipes de policiers anti-émeute tout autour de la manifestation. Voir les photos
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Bordeaux, 21 octobre

Projection du film « Stop the Wall » de Muriel Jacoub et Antonin Dagorn, suivie d’un débat avec Julien Salingue, au cinéma Utopia à 20h30, organisée par le Collectif Libérons Georges 33.

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Toulouse, 21 octobre
Soirée solidaire organisée par Coup pour Coup 31.

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Lannemezan, 22 octobre

Quelques 400 manifestants ont défilé comme chaque année de la gare à la prison de Lannemezan en solidarité avec Georges Ibrahim Abdallah. Notre section belge du Secours Rouge International a manifesté cette année avec l’OCML Voie Prolétarienne dans un bloc commun « De la Palestine au Kurdistan, Vive la Résistance des peuples », en soutien au Bataillon International de Libération au Rojava, ainsi qu’à Georges. Les sections italienne et turque du SRI étaient également présentes ainsi que Coup pour Coup 31 et le Secours Rouge Arabe.
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Bloc VP/SRI

Bloc VP/SRI

Lyon, 22 octobre

Rassemblement de 15h00 à 17h00 devant le Palais de justice de Lyon, quai Romain Rolland organisé par le Collectif 69 de Soutien au Peuple Palestinien.

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Tunis, Tunisie, 22 octobre

Rassemblement devant l’ambassade de France à 13h00 (début du rassemblement au milieu de l’avenue Habib Bourguiba puis marche direction l’Ambassade de France) à l’appel du Comité de solidarité tunisien pour la libération de Georges Abdallah.
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Berlin, Allemagne, 22 octobre

Rassemblement devant l’ambassade France à partir de 13h00, 1 Pariser Platz, à l’appel du Demokratische Komitees Palästina.
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Beyrouth, Liban, 22 octobre

Rassemblement devant le Ministère des affaires étrangères, Palais Bustros, à 11h00, pour exiger la libération de Georges Abdallah.
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Chicago, USA, 22 octobre

Message de solidarité de l’International League of Peoples’ Struggle

Gaza, Palestine, 24 octobre

Meeting organisé par la commission prisonniers du FPLP de la Bande de Gaza dés 10h du matin devant le bâtiment de la Croix-Rouge à Gaza.

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Ramallah, Palestine, 25 octobre

Meeting de solidarité « Georges Ibrahim Abdallah, une question palestinienne ». L’évenement FB.

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Haïfa, Palestine, 26 octobre

Rassemblement devant le consulat de France à l’appel du Committee for the Freedom of Prisoners
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Paris, 28 octobre

Rencontre avec le comité de Bagnolet de solidarité avec Georges Abdallah (19h00) et concert de soutien (21h). 3 rue de l’Oise, Paris 19e.
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Rome, Italie, 28 octobre

Projection et dîner au Centre Populaire Garbatella.

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Assunta Modotti est née le 17 août 1896 à Udine, en Italie, au sein d’une famille pauvre. Son père, Giuseppe, fut un ouvrier mécanicien, militant d’un groupe socialiste interdit. Tina abandonna très tôt ses études afin de gagner sa vie comme ouvrière avec sa mère dans une manufacture de soie. Son père émigre aux USA et elle est initiée à la photographie par son oncle qui possédait un studio de photographie à Udine. En 1913, elle rejoint son père et sa sœur aux États-Unis et s’installe à San Francisco. Elle y rencontre Roubaix de l’Abrie Richey, peintre et poète, avec qui elle découvre le milieu bohème de San Francisco. Tina fait du théâtre, devient starlette de cinéma et rencontre le grand photographe Edward Weston avec qui elle se lie. Avec lui elle sera modèle mais aussi et de plus en plus photographe.

Tina Modotti

Tina Modotti

Elle fait un court séjour au Mexique en 1922, et, profondément marquée par ce séjour y entraine Weston l’année suivante. Ils ouvrent un studio de photographies à Mexico et reçoivent les muralistes qui ne vont pas tarder à former un syndicat des artistes proche de l’Internationale communiste. Tina pose à l’occasion pour Diégo Rivera qui la représentera souvent sur ses fresques murales. Profondément choquée par l’extrême pauvreté du peuple mexicain, Tina fréquente assidument les milieux révolutionnaire et devient l’amie de Frida Kahlo.

Frida Khalo (photo de Tina Modotti)

Frida Khalo (photo de Tina Modotti)


Photo de Tina Modotti

Photo de Tina Modotti


Photo de Tina Modotti

Photo de Tina Modotti

Elle photographie et expose avec Edward Weston (qui retourne à Los Angeles), puis seule. C’est l’époque des magnifiques portraits réalisés avec un Graflex au cœur des rues des villes, le long des chemins campagnards, dans les rencontres des conditions misérables de tout un peuple. Son oeuvre prend un caractère de plus en plus politique. Elle collabore à la fondation de la section mexicaine du Secours rouge et participe dans ce cadre à la défense de Sacco et Vanzetti et adhère en 1927 au jeune Parti Communiste Mexicain. Elle publie parallèlement dans diverses revues internationales telles l’Arbeiter Illustrierte Zeitung et New Masses. Elle vit un grande histoire d’amour avec un révolutionnaire cubain, Julio Antonio Mella qui est assassiné à ses côté à Mexico, probablement par des tueurs à la solde du dictateur cubain Gerardo Machado.

Réunion du Secours rouge à Mexico (photo de Tina Modotti)

Réunion du Secours rouge à Mexico (photo de Tina Modotti)


Photo de Tina Modotti

Photo de Tina Modotti


Photo de Tina Modotti

Photo de Tina Modotti

Tina est jetée en prison pour tentative d’attentat contre Ortiz Rubio, le Président de la République nouvellement élu. Après 13 jours d’une grève de la faim, Tina est libérée mais une expulsion du Mexique sous 48 heures est ordonnée. Placée sur un bateau à destination de la Hollande, les services secrets italiens (l’OVRA) l’attendent mais avec l’aide Secours Rouge International hollandais, elle peut se réfugier à Berlin où elle réalise ses dernières photos. Elle part pour Moscou et travaille à plein temps pour le Secours rouge international. Elle parle 6 langues et est précieuse comme traductrice et lectrice de la presse étrangère. Elle accueille des délégations étrangères. Elle écrit des articles. Elle entreprend des voyages clandestins dans toute l’Europe, afin d’agir probablement en faveur des prisonniers politiques. Elle travaille en 1934 au bureau européen du Secours rouge à Paris, se lie avec Aragon et Elsa Triolet, avec Clara et André Malraux, Walter benjamin. Elle est en 1935 en Asturies où s’est déroulée une répression de l’éphémère république socialiste asturienne (voir cet épisode de notre feuilleton). En 1936 elle quitte l’URSS pour l’Espagne et travaille pour le Secours rouge espagnol. Elle est rédactrice en chef de l’Ayuda Semanario de Solidaridad del Socorro Rojo Internacional, participe aux services médicaux du Secours rouge mais également aux activités des services secrets de l’Internationale communiste. A la défaite de la République, elle passe en France avec un faux passeport puis retourne aux Mexique où elle décède d’une crise cardiaque le 5 janvier 1942

Après la défaite du Corps expéditionnaire français en Indochine, les militaires français, à l’instar du colonel Lacheroy élaborent une nouvelle théorie, celle de la « guerre révolutionnaire » ou « guerre subversive »: l’ennemi est au coeur de la population civile, il faut l’identifier et l’éliminer. Cette théorie séduit l’état-major français pendant la guerre d’Algérie et il la met en application pendant la « bataille d’Alger ».

Le 8 janvier 1957, la loi martiale est proclamée à Alger, le général Massu a les pleins pouvoirs. Ses 10.000 parachutistes patrouillent en ville, fouillent à l’entrée des lieux publics. Les quartiers musulmans sont entourés de barbelés; ceux qui y entrent ou en sortent sont fouillés. Le colonel Trinquier fait ficher systématiquement tous les habitants de chaque immeuble, et désigner un responsable de cet îlot. Le responsable doit avertir de tout mouvement, départ ou arrivée. Les arrivants sont systématiquement interrogés pour chercher à détecter des clandestins. Le couvre-feu permet d’arrêter les suspects à domicile, en dehors de toute légalité. Interrogées dans des centres de torture, ces prisonniers « extra-judiciaires » sont ensuite soit exécutés, soit « retournés », soit, dans de rares cas, remis à l’autorité judiciaire puis relâchés pour absence de preuves Les exécutions sont dissimulées d’abord des prétendues tentatives d’évasion, afin de leur donner un aspect légal, puis pratiquées de manière clandestine, les détenus étant jetés à la mer par hélicoptère. Le général Aussaresses, dont l’unité est appelée « l’escadron de la mort » arrête 24.000 personnes en six mois. La torture est massivement utilisée. 3.000 ont disparu

Les méthodes utilisées en Algérie deviennent un modèle de lutte contre les mouvements révolutionnaires. ès la fin des années 1950, les méthodes de la « Bataille d’Alger » sont enseignées à l’École supérieure de guerre de Paris, puis en Argentine, où s’installe une « mission militaire permanente française » constituée d’anciens d’Algérie. Elles sont exportées dès la fin des années 1960 en Argentine, au Brésil, au Centre d’instruction de la guerre dans la jungle de Manaus (où se formaient à la contre-insurrection des officiers brésiliens, mais aussi chiliens, argentins et vénézuéliens) et sur tout le continent américain. Des officiers français participent à la formation, au sein de l’école des Amériques de Panama, de 60.000 officiers des diverses dictatures sud-américaines.

De plus, le général Aussares , ainsi que d’autres gradés, sont accueillis aux États-Unis dès 1961 dans les écoles militaires qui forment les forces spéciales. On retrouve même certains de ces instructeurs à Fort Bragg. Ils auront un rôle majeur dans la conception de l’opération Phoenix lors de la guerre du Vietnam. Ce programme visait à démanteler l’organisation politique civile clandestine de la résistance. Des unités spéciales de 10 ou 20 hommes, commandées par des instructeurs américains, menaient des opérations de renseignements, de capture, de torture et d’assassinat des cadres politiques, des propagandistes et des collecteurs d’impôts. Le nombre de victimes de l’opération Phoenix serait selon les sources, de 20.000 à 40.000 personnes. Lorsqu’en Argentine, en mars 1976, la répression s’abat sur le pays après le coup d’État du général Videla, la plupart des généraux ont été élèves des officiers français. Ces derniers étaient même présents lors du coup d’État comme Servant. Au total, 30.000 personnes jugées « subversives » seront arrêtées, torturées et assassinées entre 1976 et 1982.

La Gauche prolétarienne (GP) est née de la convergence des militants libertaires du « Mouvement du 22-Mars » et de militants issus de l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes. « Spontanéiste », elle appelle à dépasser les organisations ouvrières existantes pour construire un authentique parti communiste à partir des luttes des peuples. Les militants de la GP interviennent dans de nombreux mouvements sociaux en France (grèves ouvrières, occupation de maison pour les mal-logés, lutte des immigrés, etc.). La GP édite un journal, La Cause du peuple, et joue un rôle central dans la refondation du Secours Rouge en France.

La GP montre une grande combattivité, n’hésitant pas à affronter les fascistes, la police ou les vigiles. Cependant, la direction de la GP veille à ce que la violence ne dépasse jamais un niveau « symbolique »: même sa « branche armée », la Nouvelle Résistance Populaire (NRP), ne vise pas la construction d’un rapport de force, mais plutôt à diffuser une violence révolutionnaire diffuse dans l’ensemble des luttes

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Le 17 juin 1969, 200 militants prennent d’assaut l’usine Renault de Flins, ce qui termine en bagarre générale avec les contremaitres, les vigiles et avec les militants PCF/CGT qui veulent expulser de l’usine ces « provocateurs ». Officiellement interdite en mai 1970, la GP continue de se développer et dispose de « Comité de lutte » à l’intérieur des usines Renault (au Mans, à Billancourt et à Flins) Citroën (à Choisy), Peugeot (à Sochaux), Vitho (à Saint-Ouen), Girosteel (au Bourget), et autres. Les affrontements sont nombreux. Les ouvriers militants sont licenciés, les ouvriers sympathisants sont fouillés au corps tous les jours, à l’entrée de l’usine, pour qu’ils ne rentrent pas de tracts.

Lorsque le « Comité de lutte Renault » décide, le 25 février 1972, de distribuer des tracts qui appelaient à une manifestation au métro Charonne (pour commémorer le massacre de février 1962) à la sortie de l’usine de Billancourt, il sait que des échauffourées sont possibles.
Une dizaine de « maos » participent à cette distribution de tracts. Parmi eux, Pierre Overney, fils d’ouvriers agricoles, jeune ouvrier de chez Renault licencié peu avant pour à ses activités militantes dans le « Comité de lutte ».

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A l’arrivée du groupe devant les portes de l’usine, Jean-Antoine Tramoni, vigile de Renault (un ancien des parachutistes tortionnaires du général Massu lors de la guerre d’Algérie) s’approche des militants prêt au pugilat. Mais Tramoni a un pistolet à la main: à trois mètres de Pierre Overney, Tramoni, suivi d’autres vigiles, et qui n’est pas physiquement menacé, abat de sang-froid le jeune ouvrier d’une balle en plein cœur.

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Les manifestations qui suivent tournent à l’émeute et dans la nuit du mardi 1er au 2 mars 1972, des véhicules sont incendiés au dépôt de Renault de Caen. Le samedi 4 mars 1972, jour de ses obsèques, 200. 000 personnes défilent à travers Paris jusqu’au cimetière du Père-Lachaise, dans un cortège de sept kilomètres. D’autres manifestations ont lieu en province, par exemple à Nantes à laquelle participent un bon nombre des jeunes ouvriers de l’agglomération.

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Les funérailles de Pierre Overney

Les funérailles de Pierre Overney


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Le mot d’ordre est à la vengeance, mais la direction de la GP est déjà sur la voie de la trahison et de la liquidation. Ne pouvant pas ne pas réagir, elle fait enlever le 8 mars 1972, par son groupe de choc la NRP (Nouvelle Résistance populaire), Robert Nogrette, chef-adjoint chargé des relations sociales à Billancourt… et le libère unilatéralement deux jours plus tard. Un an plus tard, la Gauche Prolétarienne s’autodissout et ses dirigeants, en majorité des intellectuels de bonne famille, rejoignent le giron de la bourgeoisie et feront de belles carrières.

De nombreux militants refusent cette dissolution. Certains continuent à publier La Cause du peuple jusqu’en 1976, puis fondent le collectif « Offensive et autonomie » puis « Autonomie prolétaire » (c’est une caractéristique de l’autonomie française d’être issu de l’expérience mao spontex). D »autres rejoignent l’OCML Voie Prolétarienne, d’autres encore fondent deux organisations armée: les Brigades internationales et les Noyaux Armés Pour l’Autonomie Populaire (NAPAP). Le 23 mars 1977, Jean-Antoine Tramoni, l’assassin de Pierre Overney, est exécuté par les NAPAP. Certains membres de la mouvance des NAPAP participeront à la fondation d’Action Directe. Le 17 novembre 1986, le directeur de la Régie Renault Georges Besse est abattu par le « commando Pierre Overney » d’Action directe.

La guerre civile entre Rouges et Blancs déchira la Finlande dans la foulée de la Révolution russe. Le 28 janvier 1918, le Sénat bourgeois finlandais (institué sous le tsarisme) se regroupa à Vaasa, tandis que le Conseil des Commissaires du Peuple fondé par les révolutionnaires et présidé par Kullervo Manner, se basait à Helsinki. Les relations entre la Russie et la Finlande rouge furent formalisée le 1er mars par un accord qui vit la fondation de la République socialiste de Finlande, dont l’indépendance nationale était respectée. La Finlande était alors coupée en deux par une ligne de front ouest-est passant au nord de Pori, Tampere, Heinola et Lappeenranta et penchant en direction du sud-est vers l’isthme carélien et les rives du Ladoga à proximité de la frontière finno-russe.

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Du côté Blancs, les 40.000 miliciens (bourgeois, paysans riches, nobles, militaires professionnels et mercennaires) se transformèrent en une armée commandée par le général Mannerheim. Ils avaient en renfort un corps de volontaires suédois et surtout un corps expéditionnaire allemand de 12.500 hommes.

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Ils vainquirent les gardes rouges (30.000 hommes, essentiellement des ouvriers et des métayers) d’abord dans la région de Tampere, en mars-avril, et immédiatement les massacres commencèrent : sur 11000 gardes rouges fait prisonniers à Tampere, la moitié est fusillée , le reste va être dirigé vers les camps de concentration.

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Fin mai, l’armée blanche et ses renforts allemands avaient avaient conquis la Finlande. La guerre était finie mais la terreur blanche s’amplifiait. Après la reddition des armées rouges au tournant d’avril-mai, les Rouges furent regroupés dans des camps de concentrations, les premiers camps de concentration en Europe. Les plus grands de ces camps furent ceux de Hämeenlinna, Viipuri, Helsinki, Tampere, Riihimäki. Kotka et Lahti, le plus connu par la suite étant celui de Tammisaari.

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En mai 1918, à l’issue de la guerre, les Blancs gardèrent ainsi entre 80.000 et 90.000 prisonniers (6 % de la population adulte finlandaise). Au printemps 1919, 12.500 d’entre eux étaient morts du fait de leurs conditions de détention. 68.000 travailleurs furent condamnés par des tribunaux d’exception à un total de 300.000 années de travaux forcés.
La bourgeoisie finlandaise avait triomphé du bolchevisme et se vantait d’avoir détruit le mouvement ouvrier « pour 25 ans au moins ». En 18 mois, un Finlandais adultes sur 13 (un ouvrier sur 5) avait été tué d’une manière ou d’une autre par les gardes blancs, et seulement 3.400 pendant les combats.

Rédigé en 1965 au Mexique et publié deux ans plus tard, en Argentine, en rencontrant un succès immédiat et durable (vendus à trente millions d’exemplaires, traduits en 35 langues, il reste dans la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps), Cent ans de solitude (Cien años de soledad) raconte la destinée de la famille Buendía sur sept générations et du village imaginaire de Macondo qu’elle habite. Les lecteurs du chef d’oeuvre de Gabriel García Márquez, se souviendront de l’épisode de la grève de la bananeraie, – en tout cas de sa répression et de l’effaçage de toute trace du massacre avec la noria de train allant jeter les cadavres à la mer. L’épisode est historique.

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A l’aube du XXe siècle, les gisements de pétrole, d’or, de platine et d’autres métaux précieux sont quasiment offerts à des entreprises américaines ou anglaises. On leur cède de vastes territoires pour l’exploitation de la banane, du cacao, du tabac et du caoutchouc, sur lesquels elles constituaient de véritables états dans l’état. C’est ainsi que l’United Fruit Company (les fameuses « Chiquita »…) s’installa dans la région caribéenne de Santa Marta.

Dans une plantation colombienne de l'United Fruit

Dans une plantation colombienne de l’United Fruit

Le développement d’un vaste prolétariat minier et agricole surexploité, et l’influence de la Révolution soviétique, vont engendrer les premières organisations politiques et syndicales dans les années 1920, comme l’USTM (Union Syndicale des Travailleurs du Magdalena) ou le Parti socialiste révolutionnaire, (devenu en 1930 le Parti communiste colombien). Mobilisations et grèves arrachent des premiers droits. Confronté au mécontentement social et à la « menace communiste », le gouvernement conservateur, l’oligarchie et la hiérarchie ecclésiastique (au sein de laquelle on trouve les plus grands propriétaires terriens), firent promulguer en octobre 1928 la Loi de défense sociale, qui loi définissait comme « subversive » l’action revendicatrice, politique et sociale des syndicats et des organisations populaires.

En 1927, tandis que les USA consomment approximativement 16 millions de régimes de bananes par an, 25.000 personnes travaillaient dans les plantations de United Fruit, avec des journées de douze heures minimum. Elles ne percevaient pas de salaire en argent : on leur donnait des bons qui ne pouvaient être utilisés que dans les boutiques de l’entreprise, en échange de produits importés depuis les Etats-Unis par les bateaux qui avaient transportés les bananes. Les travailleurs dormaient entassés dans des cabanes insalubres et n’avaient pas accès aux soins médicaux. Le syndicat présenta un cahier de doléances: augmentation salariale, amélioration des conditions de travail, reconnaissance des droits syndicaux, paiement du salaire en argent.

L'empire caribéeen de l'United Fruit

L’empire caribéeen de l’United Fruit

Les négociations, qui n’avançaient pas, furent suspendues lorsque la Loi de défense sociale fut approuvée. L’United Fruit refusa le cahier de doléances, le qualifiant de « subversif ». Les travailleurs se mirent en grève le 12 novembre 1928. L’United Fruit exigeant la présence de l’armée, le président Abadía Méndez déclara l’état de siège dans la zone, et chargea le général Carlos Cortés Vargas d’en finir avec la subversion.

Le 5 décembre, on convoqua les grévistes au village de Ciénaga sous prétexte d’y recevoir le gouverneur qui allait probablement participer aux négociations. A sa place vint le général Cortés Vargas qui ordonna la dissolution de toute réunion de plus de trois individus et menaça de tir,er sur la foule si nécessaire. Deux heures plus tard, alors que 1.500 grévistes, souvent accompagnés de leurs femmes et enfants, refusaient de vider les lieux, le général donna l’ordre aux soldats placés sur les toits et armés de mitrailleuses d’ouvrir le feu. Ceux qui ne moururent pas sur le coup furent achevés à la baïonnette ou enterrés vivants dans des fosses communes. On embarqua dans les trains de l’entreprise des centaines de cadavres qui furent jetés à la mer comme les bananes de mauvaise qualité.

Ouvriers massacrés de l'United Fruit

Ouvriers massacrés de l’United Fruit

Les survivants furent poursuivis. Par centaines, ils furent battus et emprisonnés, tandis que des tribunaux militaires jugeaient rapidement les leaders ouvriers. La tuerie dura plusieurs jours, jusqu’à ce que, malgré la censure de la presse, la nouvelle se répande à travers le pays et que des manifestations éclatent. Le général Cortés Vargas reconnut neuf morts. Le gouvernement, treize. En fait, le nombre dépassait 1.500 (deux ans plus tard, une commission d’enquête du Congrès découvrit des fosses communes), mais l’United Fruit et le gouvernement firent comme s’il ne s’était rien passé : le général Cortés Vargas signa pour les travailleurs un « accord professionnel » (qui prévoyait la réduction des salaires…) et fut promu directeur de la Police nationale. Il fut finalement destitué, non pas pour le massacre des bananeraies mais pour l’assassinat d’un jeune manifestant, le 8 juin 1929 à Bogota. Il s’agissait d’un étudiant issu de l’élite de Bogota, fils d’un ami du président Abadía Méndez.

Retour de chasse (à gauche le président Abadía Méndez, à droite le général Cortés Vargas), caricature de 1930).

Retour de chasse (à gauche le président Abadía Méndez, à droite le général Cortés Vargas), caricature de 1930).

L’United Fruit n’a jamais changé une formule qui gagne: elle perpétue de sa politique de corruption des « élites » (un de ses représentants disait qu’au Honduras, un député coûtait moins cher qu’une mule) et de massacre des forces syndicales et progressistes. Son pire fait d’arme est le putsch militaire au Guatemala en 1954. Un gouvernement élu proposait une réforme agraire nuisible aux intérêts de l’United fruit (qui possédait 70% des terres privées du pays et y employait 100.000 ouvriers) Suite à une enquête du Département de la Justice des USA Chiquita Brands (nouveau nom d’United Fruit) a versé en 2007 25 millions de dollars aux groupes paramilitaires responsables, selon l’ONU, de 80% des morts du conflit armé colombien.

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01/01/2000

Le black bloc

La présence dans les rassemblements de masse de manifestants masqués prêts à l’affrontement est bien entendu antérieure au black bloc. Dans ce qu’il a de spécifique, le black bloc est une réponse à la répression des manifestants sur base de photos et des vidéos. Dans le même temps, il reprend et systématise un dispositif qui allie la force de l’effet de masse à la souplesse de la multiplicité des petits groupes constitutifs indépendants. L’effet de masse permet un rapport de force contre la police, la multiplicité des parties permet l’exploitation optimale de la moindre faille du dispositif policier.
Le black bloc permet de se solidariser au moins passivement des manifestants prêts à l’action directe en leur fournissant un espace complice. Car si le black bloc a une dimension défensive, en garantissant l’anonymat et l’auto défense collective, il a aussi une dimension offensive. Il est le lieu d’où partent des attaques contres des locaux perçus comme représentant l’ennemi : agences bancaires, sièges d’administrations, franchises de multinationales, caméras de vidéo-surveillance, publicités, etc. – et bien sûr la police elle-même.

C’est donc une technique de lutte de rue et non l’expression d’un courant politique spécifique. Les modalités du black bloc ont d’ailleurs été reprises par des groupes de supporters décidés d’en découdre avec la police. Différents courants l’ont adopté (parfois ensemble, lors des mêmes événements) : anarchistes, anti-capitalistes et d’environnementalistes radicaux, antifascistes et antiracistes, syndicalistes et communistes. Même au sein d’un courant, il n’y a pas « un » black bloc organisé, mais une multiplicité de petits groupes. C’est une réalité déconcertante pour la police et la justice: en 1981 la justice allemande tentait de faire condamner 50 manifestants de Francfort comme « membres de l’organisation terroriste Black Block ».

En décembre 1980, la ville de Berlin-Ouest décide de mettre un terme aux occupations d’universités et aux squats. Des autonomes vêtus et masqués de noir sont descendus dans la rue affronter les forces de l’ordre venues les expulser. Le terme (schwarzer Block) remonte à ce moment et est attribuée à la police allemande, largement repris dans les médias.
Les manifestants des premiers black blocs s’habillaient de vestes en cuir pour se protéger des matraque de la police et de masques de ski. Les vestes de cuir ont rapidement laissé place aux Kapus (hoodies) noirs et les lunettes noires se sont généralisées. Parmi les black blocs marquant de l’époque : celui que 1.500 manifestants forment à Hambourg en 1986 pour défendre les grands squats de la Hafenstrasse et soutenir les prisonniers de la RAF ; celui de la manifestation contre la visite du président américain Ronald Reagan à Berlin-Ouest en juin 1987, et celui de la manifestation contre la réunion de la Banque mondiale et du FMI, toujours à Berlin-Ouest, en septembre 1988.

Manifestation antirépression à Hambourg (1986)

Manifestation antirépression à Hambourg (1986)

Manifestation contre le G20 à Toronto (2010)

Manifestation contre le G20 à Toronto (2010)

Le première apparition d’un black bloc aux État-Unis date de 1992, lors d’une manifestation contre la guerre du Golfe à Washington, mais les black blocs ne devinrent célèbres en Amérique qu’à l’occasion du congrès de l’OMC à Seattle en décembre 1999. Pendant plusieurs heures, malgré ses effectifs et sa brutalité, la police fut débordée et des parties entières de la ville étaient aux mains des manifestants. Les banques et commerces de sociétés multinationales furent massivement attaqués (7 millions de dollars de dégâts). Les 16 et 17 avril 2000, à Washington, lors de la réunion du FMI et de la Banque Mondiale, un black bloc opta pour une tactique différente de celle de Seattle. Il concentra ses efforts sur la police, faisant reculer leurs lignes, forçant les barrages et libérant des personnes arrêtées.

Les 25 et 26 septembre 2000, un black bloc affronte la police tchèque à Prague, à l’occasion de la réunion du FMI, et un autre se forme en juin 2001, à Göteborg contre le sommet de l’UE, où la police ouvre le feu sur la foule et blesse grièvement un des manifestants. La pratique s’internationalise: des nombreux militants se rendent à ces grands « rendez-vous » pour bénéficier de l’effet de masse. Des black blocs massifs sont en première ligne des manifestations de Gênes les 20 et 21 juillet 2001, lors du G8. Les destructions furent nombreuses et la répression féroce: on compta un mort -Carlo Giuliani- et 600 blessés, et jusqu’à la torture pour des manifestants arrêtés.

Le sommet du G8 début juin 2003 à Évian, marque un progrès dans la répression préventive des black blocs. Interdictions de manifestations, filtrage, arrestations préventives, harcèlement policier violent tout le long des manifestations, etc. Par contre, lors du G8 de 2007, près de Rostock en Allemagne, près de 5.000 personnes formèrent des black blocs qui débordèrent complètement le dispositif policier. Les affrontements firent de nombreux blessés des deux côtés.

Au sommet de l’OTAN à Strasbourg , les 3 et 4 avril 2009, un black bloc d’environ 2.000 personnes occasionna pour plus de 100 millions d’euros, tandis que 1.500 personnes ont été blessées dont plus de 100 policiers et 13 pompiers. Mais à la différence de Rostock, le dispositif policier avait fonctionné : les manifestants étaient cantonnés dans des quartiers périphériques.

Strasbourg a marqué un tournant : les dispositifs policiers s’affinaient (blocages des frontières, filtrage des accès aux manifestations). A Genève, lors d’une manifestation contre l’OMC le 28 novembre 2009, un membre du black bloc sur dix a terminé la journée au commissariat. A Copenhague, le 12 décembre 2009, une grande partie du black bloc est isolée du reste de la manifestation et encerclé par la police (400 arrestations). Cette technique des arrestations préventives de masse fut employée à l’occasion du camp No Border de Bruxelles.

Le développement des manifestations en mode black bloc a donc entraîné un développement des modalités de la répression. Par exemple, l’interdiction de se masquer, et l’arrestation au plus tôt de toute personne qui se masque (en Allemagne, le geste de remonter le foulard ou de descendre la cagoule sur le nez est celui qui commande l’action répressive). En réaction se généralise l’acte de se masquer en même temps, au moment jugé possible pour la confrontation.

La manière dont la police multiplie les prises d’images (en plaçant des cameramen au sommet des immeubles, en dotant chaque unité tactique d’un vidéaste, etc.) et affine ses analyses pour identifier un manifestants par un détail (montre, tatouage, détail d’un vêtement) a commandé un raffinement dans l’uniformisation du black bloc, surtout en Allemagne et en Suisse (scotch noir masquant les singularité des vêtements, etc.). Les supporters ultra du FC Zurich allant jusqu’à adopter le même modèle de chaussures. A la tactique des raids « en coin » des policiers anti-émeutes visant à des arrestations ciblées ont répondu les « tight blocs », la protection des flancs des manifestations par des banderoles solides et solidement tenues.

Le black bloc piégé à Copenhague (2009)

Le black bloc piégé à Copenhague (2009)

Un black bloc en mode

Un black bloc en mode

Manifestation contre l'Expo universelle à Milan (2015)

Manifestation contre l’Expo universelle à Milan (2015)

Le black bloc a encore remporté quelques succès : plusieurs premier mai révolutionnaires à Berlin-Kreuzberg, manifestation contre le G20 à Toronto le 26 juin 2010 (quatre voitures de police incendiées), manifestation à Rome du 15 octobre 2011 (135 blessés, dont 105 policiers), 1er mai 2012 à Montréal, etc.

Et la méthode s’internationalise : Égypte en janvier 2013 lors des manifestations contre le gouvernement Morsi ou au Brésil, en octobre 2013, lors des manifestations contre la corruption et le coût de la Coupe du monde de football 2014. La manifestation à Nantes du 22 février 2014 contre le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes fut l’occasion d’un black bloc imposant et efficace, tout comme rassemblement contre l’inauguration de la BCE à Francfort le 18 mars 2015. Les manifestations contre la loi travail à Rennes, Nantes et Paris sont encore l’occasion de manifestations en mode black bloc, avec des succès divers.

Outre leur effet immédiat, les black blocs ont produit un impact culturel conséquent mais contradictoires, engendrant parfois un simple effet de mode, mais en reposant aussi la question de la violence et de son organisation et, surtout, la question du devoir de solidarité collective (même passive, en facilitant l’anonymat d’autrui) face à la répression.

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