Ce vendredi a été rendu public le rapport d’autopsie et le rapport d’enquête concernant la mort d’Abdullah Cömet. Le jeune homme de 22 ans est décédé le 3 juin dernier au cours d’une manifestation dans la province d’Antakya (sud du pays) en soutien aux rassemblements de Taksim Square qui battaient leur plein à ce moment-là. Le département de médecine légale a confirmé hier dans ses conclusions que Cömet est décédé des suites d’un traumatisme crânien et de blessures à la tête causées par un tir de gaz lacrymogène, dont le projectile l’a heurté de plein fouet. De son côté, la gendarmerie a déclaré que les deux policiers dont le nom est mentionné dans le rapport sont actuellement interrogés en tant que témoins et non en tant que suspects. Ils ont par ailleurs déclaré avoir tiré le gaz lacrymogène à un angle supérieur à 45 degré, ce qui est clairement démenti par le rapport publié vendredi. Le Ministère de la Justice a affirmé que l’enquête allait se poursuivre.

Abduallah Cömet

Abduallah Cömet

Vendredi, les autorités turques ont organisé une opération massive visant des supporteurs des trois grands clubs de football d’Istanbul. Celle-ci n’avait rien à voir avec les événements du dimanche précédent lors du match entre Besiktas et Galatasaray à l’issue desquels 67 personnes avaient été interpellées mais rapidement relâchées. Vendredi, la police a arrêté 72 personnes à leur domicile. Au total, 96 personnes étaient visées par un mandat d’arrêt car accusées de liens avec des ‘organisations illégales’. En fait, ces arrestations visent des groupes de supporteurs qui ont joué un rôle de premier plan dans le mouvement de contestation anti-gouvernemental en juin dernier. Les partisans des trois clubs sont des dizaines de milliers à être investi dans le mouvement ‘Pro-Taksim’ et sont donc une des cibles privilégiées de la répression policière, dans et hors des stades.

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La police turque a tiré des grenades lacrymogènes dimanche pour disperser des manifestants rassemblés aux abords de l’aéroport international Atatürk d’Istanbul pour soutenir une grève des salariés de Turkish Airlines (THY). Les manifestants réunis à l’appel d’un collectif syndical se sont heurtés aux forces de l’ordre qui les ont violemment empêchés de marcher vers le siège de la première compagnie aérienne turque, situé dans le complexe aéroportuaire sur la rive européenne de la métropole.

Les manifestants soutenaient une grève entamée le 15 mai dernier par des salariés de Turkish Airlines pour dénoncer la décision de leur direction de ne pas réintégrer 305 employés licenciés après un mouvement de grève l’an dernier.

Pour réprimer le mouvement de contestation des mois de mai et juin dernier, les autorités turques ont utilisé environ deux ans de stock de gaz lacrymogène en seulement quelques semaines. Avant cette vague de répression, elles disposaient de réserves jusqu’en 2015. En raison de cette consommation en juin, le département de la police turque a du acheter 150.000 cartouches de gaz au Brésil et au Royaume-Uni, ce qui n’avait pas été budgeté. Mais ce 12 septembre, Amnesty International a lancé un appel à tous les pays, parmi lesquels la Belgique, fournissant la Turquie en ‘équipements anti-émeutes’ (gaz, véhicules blindés,…) de suspendre leurs livraisons. Dès lors, les autorités turques viennent de prendre la décision de produire leur propre matériel de contrôle des foules après que le rapport d’un organisme gouvernemental ait confirmé la faisabilité du projet. Le département de la police doit maintenant décider à quelle société il va faire appel pour produire le ‘gaz lacrymogène national’.

Gaz lacrymogène en Turquie

Gaz lacrymogène en Turquie

Un tribunal de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, a ordonné la libération de 17 personnes qui étaient en détention préventive en raison de leur prétendue appartenance au KCK (Kurdish Communities Union), la branche urbaine du PKK. Les 17 restent poursuivis dans le cadre de cette affaire tout comme une trentaine d’autres personnes, mais ils comparaîtront tous libres. Ces 47 personnes avaient été interpellées le 9 décembre 2012 dans la province de Mardin au cours d’une vaste opération contre le KCK. Toutes sont accusées ‘d’appartenance à une organisation terroriste’, et risquent des peines allant de cinq à dix ans de prison.

18 prisonniers se sont évadés ce matin d’une prison située dans l’état du Bingöl, dans l’est de la Turquie, en passant par un tunnel qu’ils auraient creusé. Tous étaient incarcérés (14 en détention provisoire et 4 condamnés) pour ‘participation à une organisation terroriste, le PKK, pour l’avoir aidée et financée’. D’après les autorités pénitentiaires, ils auraient émergé de leur tunnel dans un canal d’eaux usées situé à une dizaine de mètres des murs d’enceinte de la prison. Elles affirment qu’ils ont probablement été aidés au moment de leur sortie, notamment pour changer de vêtements. Dès lors, elles ont décidé de surveiller attentivement les récents visiteurs des évadés. Par ailleurs, vu qu’elles n’ont retrouvé aucun matériel (pelle, pioche,…) ni aucun déchet (pierres, terre,…), elles vont enquêter au sein de la prison et surveiller plus étroitement les détenus. Selon elles, il aurait fallu plus d’un an de travail pour creuser le tunnel. Les forces de police et de gendarmerie ont déclenché une vaste opération pour retrouver les fugitifs. Un hélicoptère survole l’état tandis que des postes de contrôle ont été installés à toutes les entrées et sorties des voies de circulation dans la région.

EDIT: (26 sept): Dix-sept des évadés ont été appréhendés dans une zone rurale de la province de Bingöl, où est située la prison dont ils s’étaient évadés.

La mort le 9 septembre de « traumatisme général » et d' »hémorragie cérébrale ». d’un jeune manifestant porte à six le bilan des victimes de la répression de la contestation depuis juin. 6 morts et plus de 8.000 blessés, plusieurs grièvement (11 personnes ont perdu un ou deux yeux).

La contestation de la tendance autoritaire du gouvernement islamiste AKP, qui s’inscrit dans une longue tradition de résistance au fascisme en Turquie, avait pris naissance à l’opposition à un projet de réaménagement de la place Taksim d’Istanbul qui prévoyait la destruction du parc Gezi et de ses 600 arbres. Sa répression brutale a transformé cette protestation en une vague de fond de 2,5 millions de manifestants descendus dans les rues de nombreuses villes de Turquie.

La police turque a opéré des descentes dans de plusieurs organisations de la gauche révolutionnaire accusées de provoquer des affrontements, à commencer par le Parti Socialiste des Opprimés (ESP) et sa revue Atilim. Ces prisonniers s’ajoutent aux manifestants arrêtés dans la rue et en attente de procès.

Rassemblement pour la libération des prisonniers de Taksim demain jeudi 26 septembre à la Bourse, de 17H00 à 18H00!

répression taksim

répression taksim

Le ministre de la Justice a annoncé hier un nouveau plan gouvernemental pour la construction de 207 nouvelles prisons dans les cinq prochaines années. Il a par ailleurs confirmé que 75 de ces prisons étaient déjà en construction à travers le pays. Pour ce qui concerne la suite du projet, 53 établissements pénitentiaires en sont actuellement au stade de projet, 50 autres au stade de prévision tandis que les 29 derniers sont toujours dans une phase d’appel d’offres.

Prison turque

Prison turque

Un important match de foot entre Besiktas et Galatasaray a été interrompu par les ultras de Besiktas qui ont affronté la police anti-émeute sur le terrain. « Taksim partout ! Résistance partout ! », le slogan porteur de la révolte de juin 2013 était scandé par les ultras.

La révolte se poursuit quotidiennement en Turquie, malgré l’ignorance des médias.

Les ultras turques contre la police

Les ultras turques contre la police

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