Güler Zere est incarcérée depuis 14 ans. En 2008, les médecins détectent une tumeur cancéreuse maligne se propageant dans sa bouche et sa tête. Elle subit alors deux opérations, dont une ablation partielle du palais remplacé par une prothèse. Cela dit, trop de temps passe entre le dépistage et les soins, une situation qui met en péril la vie de Güler Zere. Son incarcération constitue l’unique raison de cette perte de temps. Il y règne en effet une bureaucratie et des conditions de vie qui freinent gravement ses traitements. L’état de santé de Güler Zere nécessite qu’elle soit maintenue dans un environnement stérile. Une prison en Turquie n’est certainement pas un endroit approprié.

Güler Zere

Güler Zere

Meryem Özsögüt est une figure de proue du syndicalisme en Turquie. Elle est en effet membre du Comité exécutif du Syndicat des Employés de la Santé et des Services Sociaux de Turquie (SES) affilié à la Confédération des Syndicats des Travailleurs des Services Publics (KESK). En janvier 2008, elle fut arrêtée pour avoir participé à une conférence de presse dénonçant l’assassinat de Kevser Mirzak, une militante du mouvement révolutionnaire DHKP-C, elle aussi issue du monde médical. Après huit mois de détention, Meryem retrouva la liberté mais la justice la condamna en première instance à 15 mois de prison pour ‘propagande en faveur d’une organisation terroriste’. Elle a entre-temps perdu son travail pour les mêmes motifs politiques. Actuellement, elle attend la reprise de son procès.

Meryem Özsögüt continue d’être menacée par une peine totale de 19 ans et six mois de prison. Elle était l’invitée d’honneur cette semaine au 8ème Congrès de la Fédération Syndicale Européenne des Services Publics (FSESP). Elle a présenté aux 500 congressistes un discours sur les persécutions que subissent les forces démocratiques en Turquie qui lui a valu une longue ovation.

La commission rogatoire du Parquet fédéral belge, composée de 5 personnes, qui enquête sur l’attentat Sabanci a sollicité l’audition de certaines personnes qui avaient été mises en garde à vue en relation avec l’attentat puis relaxées ainsi que celles de certains employés du Sabanci Center. Parmi les 21 personnes auditionnées, Ercan Kartal, l’un des présumés dirigeants du DHKP-C. Pour recueillir sa déposition, Ercan Kartal, qui est détenu à la prison de type F d’Edirne, a été transporté jusqu’au tribunal d’Istanbul situé à Besiktas.

Les enquêteurs ont posé 30 questions à Ercan Kartal. Avant d’être soumis à l’interrogatoire, Ercan Kartal a fait savoir qu’il avait des choses à dire et qu’il ne répondrait à aucune question. Il exposa ensuite ses griefs en s’abstenant de répondre aux questions. D’abord, Ercan Kartal a affirmé qu’en tant que représentants d’un Etat impérialiste, ses verbalisants belges n’avaient aucun droit d’ingérence dans la justice en Turquie, qu’ils n’avaient donc aucun pouvoir de rendre justice, que l’attentat contre Sabanci avait été revendiqué par le DHKP-C, que l’organisation a décrit l’attentat jusque dans ses moindres détails, qu’il n’y avait rien de secret à ce sujet. Kartal a par ailleurs expliqué à la commission que le DHKP-C n’est pas une organisation terroriste mais un mouvement populaire et que les accusations en rapport avec l’attentat qui lui sont portées ne s’appuient sur aucune preuve et n’ont aucune base juridique. Ercan Kartal a rappelé qu’il est injustement détenu depuis 15 ans. Ercan Kartal a été condamné à la peine à perpétuité aggravée dans le cadre de ‘l’attentat Sabanci’. Il est jugé par la 14e Cour d’assises, soupçonné d’avoir donné la directive de ‘l’attentat contre Sabanci’ et de ‘l’attentat contre le général Kenan Evren’, le chef de la junte militaire qui prit le pouvoir le 12 septembre 1980.

Par ailleurs, le 11 avril dernier, la police a opéré une vaste opération ‘anti-terroriste’ visant des milieux proches du DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple) à Trabzon, Rize et Istanbul. Trois jours plus tard, la 2e Cour d’assises d’Erzurum a émis un mandat d’arrêt contre 9 des personnes interpellées sous l’accusation de porter assistance au DHKP-C.

Abdülkadir Aygan, un ancien fonctionnaire civil anti-terroriste (engagé en septembre 1991 avec le matricule J27299 et réfugié en Suède) a témoigné sur les séances de torture et les exécutions sommaires de militants soupçonnés de soutenir la cause kurde, dont il fut le témoin. Des centaines de meurtres et d’enlèvements, non élucidés, auraient été commis dans le sud-est de la Turquie entre 1987 et 2001. Il y a près de 1.500 dossiers connus de disparus dans la région; 5.000 en comptant les meurtres inexpliqués.

En Turquie, les aveux d’Abdülkadir Aygan ont totalement relancé l’enquête sur ces disparitions et rendu espoir aux familles des victimes. Le corps de Murat Aslan, un jeune de 25 ans volatilisé en 1994, a ainsi été retrouvé dix ans après, brûlé et enterré au bord d’une route. ‘Nous l’avons enlevé dans un café après une dénonciation et amené au local du Jitem, se souvient M. Aygan. Un caporal expert en torture l’a accroché au plafond par les mains, avec des poids aux pieds. Il le battait. Il est resté trois ou quatre jours sans nourriture. Moi, j’évaluais ses informations.‘ Selon Abdülkadir Aygan, Murat Aslan a finalement été envoyé à Silopi, puis amené au bord du Tigre. ‘On lui a mis un bandeau sur les yeux et des menottes. Le sous-officier Yüksel Ugur a tiré et Cindi Saluci l’a arrosé d’essence et a mis le feu. C’est grâce à mon témoignage que son corps a pu être retrouvé par sa famille et identifié grâce à un test ADN.

Le repenti décrit également les ‘puits de la mort’, tels que les a baptisés la presse turque: des cuves de la compagnie pétrolière d’Etat Botas, dans lesquelles sept corps auraient été jetés en 1994 après avoir été dissous dans l’acide ou brûlés. Il précise aussi que trois syndicalistes, arrêtés la même année et remis par le procureur au chef du Jitem à Diyarbakir, le colonel Abdukerim Kirca, ont été exécutés par ce dernier d’une balle dans la tête près de Silvan.

Depuis le 9 mars, l’enquête sur les disparitions a pris une nouvelle dimension. Sur requête des avocats qui s’appuient sur les déclarations de M. Aygan, la justice a finalement ordonné des fouilles autour de Silopi, dernière ville avant la frontière irakienne, et dans la région de Diyarbakir. Les ‘puits de la mort’, situés à proximité de la principale caserne militaire de Silopi, et sur le site de l’entreprise Botas, ont été explorés. Ainsi que des charniers présumés dans plusieurs villages, où des dizaines de fragments d’os, un gant vert, des cordelettes nouées, des débris de vêtements, un crâne humain ont été découverts. ‘Ces crimes étaient connus de la population depuis des années. Chaque famille a une histoire de disparu‘, précise le bâtonnier Elçi. Rien qu’à Silopi, 15.000 habitants, au moins 300 personnes seraient portées disparues.

Les langues se délient depuis le lancement, en 2007, d’une enquête sur le réseau Ergenekon, une puissante nébuleuse militaro-fasciste incrustée dans l’appareil d’Etat turc et soupçonnée d’avoir fomenté putschs et assassinats. Depuis octobre 2008, 86 personnes – militaires, académiciens, journalistes, politiciens et mafieux – sont jugées devant un tribunal spécial, dans la banlieue d’Istanbul, pour un complot présumé contre le gouvernement. A partir de juillet, 56 autres suspects seront traduits devant la justice.

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Muharrem Cengiz, guitariste du groupe musical révolutionnaire ‘YORUM’ Muharrem Cengiz, vient été une nouvelle fois arrêté. Muharrem Cengiz avait été déjà été arrêté et a purgé plusieurs mois de prison pour des raisons des plus ridicules. En 2004, Muharrem Cengiz avait comparu devant une Cour de sûreté de l’Etat à Istanbul pour avoir publié en 2002 plusieurs articles dont un poème du poète chilien Pablo Neruda, intitulé ‘Chanson aux mères qui ont perdu leur fils’

Les membres du groupe YORUM ont été arrêtés et torturés des centaines de fois. Trois de ces musiciennes sont mortes: deux d’entre elles assassinées par la police et une troisième, décédée durant la grève de la faim de 1996. Né au lendemain du coup d’état fasciste du 12 septembre 1980, le groupe YORUM s’était assigné pour tâche de lutter contre le processus de dépolitisation de la société amorcé par la junte militaire à travers leur répertoire militant et populaire, leur mode de vie humble et leur engagement politique. Après 19 ans d’existence, le groupe YORUM a à son actif plus de 400 procès. Plusieurs centaines de ses concerts ont été interdits. 15 de ses membres ont été arrêtés. Leurs instruments été ont maintes fois confisqués et détruits par la police et les militaires. Mais malgré cela, YORUM a réussi à sortir 19 albums et à en vendre plus de 3 millions d’exemplaires.

Nurtepe est un arrondissement ouvrier d’Istanbul où la gauche radicale est profondément implantée depuis le milieu des années 1970, une gauche qui a dû consentir à de lourds sacrifices pour arracher ce quartier des mains de la mafia immobilière et protéger sa population des incursions meurtrières de l’extrême droite, de la police et de l’armée. Ce dimanche 15 mars, l’un des quartiers de Nurtepe, appelé Cayan et baptisé ainsi en hommage au héros révolutionnaire Mahir Cayan, a été le théâtre d’une répression sanglante. Vers 16h, de retour d’un meeting organisé à Caglayan par le Parti fasciste MHP, un convoi électoral a été bloqué par les habitants du quartier. Après une demi-heure d’affrontements, les fascistes ont fini par battre en retraite. La police, arrivée en renfort, est alors intervenue et a tiré en direction des militants antifascistes. Un membre du Front populaire (Halk Cephesi) a été blessé par balles. Les membres du Front populaire ont appelé à une conférence de presse sur les lieux de l’incident. La police, armée de blindés, d’autopompes et de matraques, est intervenue une nouvelle fois.

Les affrontements entre les révolutionnaires armés de pierres et la police tirant à balles réelles se sont poursuivies jusque tard dans la nuit. Peu avant minuit, 23 manifestants ont été arrêtés tandis qu’un hélicoptère de la police suivait les déplacements des manifestants et que des policiers en civil procédaient à des contrôles d’identité. Deux des militants blessés seraient dans un état grave. D’après les dernières dépêches, les militants antifascistes arrêtés de manière violente ont été répartis entre les commissariats de Sadabad et d’Alibeyköy. Ils seraient soumis à des tortures et des mauvais traitements. On a appris entre-temps que le quartier stambouliote de Gazi a lui aussi connu une nuit d’affrontements entre manifestants et forces de police.

Les unités ‘anti-terroristes’ de la police turque ont attaqué dans six provinces plusieurs organisations ouvrières, progressistes et révolutionnaires, parmi lesquelles la Plateforme Socialiste des Opprimés (ESP), le périodique Atılım newspaper, l’Académie marxiste Nazim Hikmet, l’Association des Femmes Travailleuses (EKD), l’Association de la jeunesse socialiste (SGB), l’organisation d’éducation populaire (BEKSAV) et d’autres organisations accusées par l’appareil policier-judiciaire fasciste d’être l’appareil légal du parti communiste marxiste-léniniste MLKP (illégal). Au total, entre 50 et 60 personnes ont été arrêtées, à Istanbul, Izmir, Hatay, Mersin et Adana. Ont été arrêtés: Çetin Poyraz, Figen Yüksekdağ et Önder Öner (journalistes à Atilim), Hacı Orman, président de BEKSAV, Alp Altınörs, coordinateur de l’Académie Nazım Hikmet, Cem Dinç, le président du syndicat des constructeurs de navires Limter-İş Münevver İltemur, Tuğba Gümüş et Fatma Siner (EKD), Serap Ünal, Hacer Koçak, Erden Fesli, Esat Süner, Seher Kilisli, Deniz Melih Özşen; dans Izmir Şerife Erbay (SGD), Hatice Aydemir, Hasan Ozan, İrfan Gerçek, Zelal Armutlu, Bülent Kapar, Abbas Duman, Erhan Çalparmak, Tarık Tepeli, Kurtuluş Sarıkaya, Gökben Keskin, İlker Tatlı Pınar, Alihan Alhan, Yüksel Bulut, Aşur İşbilir, Yeşim Sönmez, Hülya Gerçek, Hızır Uzundağ, Sevilay Ateşçi, Seval Gündoğan, Yasemin Tuğcu, Barış Çırpan et İbrahim Yapıcı et d’autres militants de l’ESP parmi lesquels Muhsin Çobanoğlu, un candidat à la mairie soutenu par plusieurs groupes de la gauche.

Manifestation contre la répression en Turquie

Manifestation contre la répression en Turquie

Des rassemblements ont été improvisés immédiatement un peu partout en protestation contre cette vague répressive. A Bruxelles, notre Secours Rouge a participé aujourd’hui à un rassemblent organisé à 15h sur les marches de la Bourse par l’EGK.

Le 20 février, la 5ème audience du procès contre les 23 communistes proches du MLKP qui avaient été arrêtés et emprisonnés en septembre 2006 dans des opérations effectuées dans 8 villes, a eu lieu au tribunal de Besiktas, à Istanbul. Parmi les inculpés, le rédacteur en chef du journal Atilim, Ibrahim Ciçek. Deux militants, Soner Cicek et Bilgi Tagac, ont été libérés suite à cette audience.

Ibrahim Ciçek

Ibrahim Ciçek

Pour en savoir plus sur ce procès

Manifestations en soutien à Ocalan de ces derniers jours suite à la date anniversaire de son arrestation (15 fevrier 1999).

394 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été arrêtées le week end dernier en Turquie; 70 personnes, dont des policiers ont été blessées.

-A Êlih, 80 personnes ont été arrêtées et une douzaine blessées.
-A Şirnex (Şırnak) et dans ses districts, 49 personnes ont été arrêtées. Un garçon de 16 ans a perdu un oeil sur un tir de grenade lacrymo. 4 policiers et au moins 8 manifestants ont été blessés.
-A Mêrdîn (Mardin), 69 personnes ont été arrêtées. 6 policiers ont été blessés et au moins 8 manifestants.
-A Amed, 38 personnes ont été arrêtées. 3 policiers ont été blessés et 23 manifestants.
-A Sêrt (Siirt), 12 personnes arrêtées et 10 blessées en comptant les policiers.
-A Mersîn (Mersin , 17 personnes ont été arrêtées et une femme blessée.
-A Adana, 35 personnes ont été arrêtées.
-A Wan, 20 personnes ont été arrêtées et 3 blessées.
-A Colemêrg (Hakkari), 7 personnes ont été arrêtées et 17 blessées dont 9 policiers.
-A Gewer (Yüksekova), 23 personnes ont été arrêtées et deux mineurs blessés.
-A Istanbul, 44 personnes ont été arrêtées et une blessée.

Communiqué du comité Tayad (familles et amis des prisonniers politiques en Turquie):

Aujourd’hui 19 décembre…

Tout le monde s’en souviendra: il y a huit ans, l’armée turque attaqua 20 prisons différentes où étaient incarcérés des détenus politiques. Armés de fusils mitrailleurs, de bombes de natures diverses, de gaz à la composante chimique inconnue, ils ont commis un véritable bain de sang. Bilan: 28 prisonniers tués, des centaines de blessés par tortures. Des centaines de détenus dont la sécurité devait être garantie par l’Etat ont été victimes d’une effroyable cruauté et ce, de la part du même Etat. Certains détenus ont été brûlés vifs, criblés de balles ou sont morts asphyxiés sous l’effet des bombes… La raison d’une telle sauvagerie en était l’opposition des prisonniers politiques à leur transfert vers de nouvelles prisons dites ‘de type F’ conçues pour ‘purger’ les détenus de leurs opinions et ce, au moyen de l’isolement carcéral. C’était la raison pour laquelle l’Etat turc opéra contre ces prisonniers qui étaient à sa merci, le plus grand déploiement militaire depuis l’invasion de Chypre de 1974. Sous les yeux du monde entier, des détenus attachés ont été tabassés à mort et mutilés à vie.

Face à ces atrocités, nous, parents de détenus et citoyens solidaires de Turquie, ne pouvions certainement pas relâcher le col des bourreaux. Notre insistance a finalement contraint les autorités turques à entamer des procès contre les auteurs de ces massacres. Il s’agissait cependant de procès cosmétiques où les criminels ont été jugés mais pas condamnés. Comme dans bien d’autres affaires, les assassins ont été innocentés et parfois, ont même été récompensés.

Dans le cadre du procès du 19 décembre, plusieurs procès ont été lancés. Il y eut le procès de la prison de Bayrampaşa où 12 détenus politiques ont été tués… Celui de Çanakkale où 4 prisonniers furent tués. Alors qu’il s’agissait de véritables massacres, les procès ont été intentés sous l’argument de ‘mauvais traitements contre les détenus’. Quant au verdict, il fut encore plus révoltant: non-lieu par manque de preuves crédibles et accablantes et prescription…. Ces procès avaient ainsi été intentés non pas pour que justice soit rendue mais pour court-circuiter toute possibilité de condamnation des assassins. Les juges ont été remplacés à chaque audience. L’un des procureurs qui demanda à pouvoir auditionner les assassins a été limogé. Les requêtes des avocats ont été ignorées. Les preuves ont été manipulées ou occultées… Finalement, les assassins ont été blanchis grâce à la prescription. Malgré cela, pour nous, familles des détenus, ce procès du massacre de 28 détenus n’est pas fini. Il ne sera clos que lorsque justice sera rendue. Tant que nous nous souviendrons la date du 19 décembre, ce procès ne prendra pas fin.

Citoyens européens, les prisons de type F, appelées à l’époque ‘projet planétaire’, ont été discutées dans les réunions de l’OTAN et financées par l’Union européenne. Ces deux institutions sont donc directement responsables des souffrances subies par les prisonniers politiques. C’est pour clamer cette réalité que nous sommes venus ici des dizaines de fois et que nous reviendrons encore et encore. Par ailleurs, des dizaines de prisonniers politiques de Turquie qui ont lutté contre le fascisme dont ils ont été les victimes, sont actuellement incarcérés dans des prisons européennes. Depuis le massacre du 19 décembre 2000, on constate un dangereux progrès de la collaboration entre l’Europe et l’Etat turc et ce, à force d’adoption de ‘lois anti-terroristes’ qui bafouent les droits et libertés que les peuples européens ont conquis par de grands sacrifices. Notre silence face à de telles lois ne fera qu’aggraver la situation.

Points communs entre les procès en cours en Allemagne, en France et en Belgique: Malgré la différence des inculpations, les instructions menées à l’encontre de dizaines de militants antifascistes et les procès politiques en cours dans trois pays (Belgique, France et Allemagne), ont la même nature. Toutes ces affaires sont régies par le principe suivant: ‘Les inculpés peuvent personnellement n’avoir commis aucun délit ni dans notre pays ni nulle part ailleurs dans le monde. Mais les inculpés s’opposent au régime en Turquie et soutiennent la lutte révolutionnaire contre ce régime. Par conséquent, nous pouvons les juger pour tout acte délictueux perpétré contre ce régime-là…’. Selon cette théorie arbitraire, un nombre incalculable de personnes sont menacées de peines totalisant plusieurs dizaines d’années de prison.

Nous tenons à rappeler aujourd’hui que la Turquie est indéniablement dominée par un régime fasciste. Ces trente dernières années, ce régime a assassiné des dizaines de milliers de ses citoyens, forcé des millions de personnes à l’exil, pratique la torture de manière systématique et exerce une violence physique sur des centaines de milliers de ses citoyens. Plus de la moitié des dossiers traités par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) concerne les violations des droits de l’homme commises par le régime fasciste d’Ankara. Cela signifie des centaines de condamnations pour tortures, exécutions et massacres. Dans les procès qui visent les militants en Europe, on ne tient même plus compte des critères universels comme la responsabilité personnelle dans le délit ou l’espace et le temps de la commission du délit. Et encore moins du caractère vertueux et humaniste de la lutte contre le fascisme et contre la tyrannie. Nous connaissons le fascisme avant tout de ce que les peuples européens en ont souffert. Les européens sont, en effet, ceux qui connaissent le mieux ce malheur. Nous demandons juste la fin de cette souffrance que génère le fascisme. Si ce voeu est désormais un crime en Europe, des millions de citoyens devraient s’en rendre coupables et être traînés en justice.

En tant que proches des détenus politiques turcs de Turquie et d’Europe, nous disons que:

-Résister contre le fascisme n’est pas un crime mais que le fascisme lui, est bien un crime. Nous réclamons que les auteurs du massacre du 19 décembre soient jugés et condamnés…
-Résister contre le fascisme est légitime. Nous demandons la libération de toutes les victimes et de tous les opposants au fascisme de l’Etat turc, qu’ils soient incarcérés en Europe ou en Turquie.
-L’Europe doit cesser de collaborer avec le fascisme turc. Nous demandons l’annulation de tous les procès intentés contre les opposants turcs en Allemagne, en France et en Belgique ainsi que les verdicts prononcés dans ces affaires.

Les martyrs du 19 décembre sont immortels – Punissez les responsables du massacre du 19 décembre – Stop aux persécutions visant les révolutionnaires anatoliens, en Europe et en Turquie – La lutte contre la tyrannie est légitime

TAYAD Komite, (tayadkomite@hotmail.com)