Un policier a été tué et neuf blessés vendredi lors d’affrontements avec un ou des combattants PKK à Diyarbakir. Un combattant du PKK a perdu la vie dans l’affrontement. La fusillade a éclaté lors d’une intervention des forces de l’ordre visant à interpeller un membre présumé du PKK. Les policiers sont entrés dans plusieurs immeubles voisins et ont commencé à tirer vers le dernier étage de l’immeuble d’en face. C’est le déclenchement d’une bombe qui aurait causé les pertes dans les rangs de la police.

Périmètre de sécurité établi par la police après la fusillade de Diyarbakir

Périmètre de sécurité établi par la police après la fusillade de Diyarbakir

Des affrontements entre l’armée turque et des combattants du PKK qui tentaient de franchir la frontière pour pénétrer dans la province d’Hakkari, ont eu lieu ce jeudi à proximité de la frontière irakienne. Cinq combattants du PKK, six soldats turcs et deux miliciens anti-guérilla ont été tués dans un premier affrontement. Plus tard, dans le même secteur, un autre groupes de combattants kurdes a été repéré et ciblé par une opération de grandes envergures appuyée par des hélicoptères. L’armée turque revendique la mort de 12 guérilleros mais n’a exposé un butin que de 4 armes (trois lance-roquettes et un AK47).

Matériel récupéré par l'armée

Matériel récupéré par l’armée

Hier mercredi 26 octobre se tenait la première audience dans le procès de Taner Kiliç, président d’Amnesty International en Turquie, suite à son arrestation le 6 juin dernier. Un tribunal d’Istanbul a ordonné mercredi soir la remise en liberté conditionnelle de huit militants des droits de la personne, mais aussi le maintien en détention de Taner Kiliç. Depuis le 9 juin, Taner Kiliç est accusé d’ »appartenance à une organisation terroriste armée » et les onze autres d’ »aide à une organisation terroriste armée ». Ils risquent jusqu’à 15 ans de prison.

Taner Kiliç est essentiellement accusé d’avoir téléchargé l’application de messagerie Bylock que le gouvernement turc dit être utilisé par le mouvement Gülen. Taner nie avoir téléchargé cette application, ce que confirment deux rapports d’experts indépendants. Pendant l’audience, le juge a lui-même reconnu qu’aucune preuve du téléchargement en question n’avait été apportée par la police ou le procureur. Paradoxalement, c’est précisément cette absence de preuves qui a été avancée par le juge pour décider de son maintien en détention, afin de laisser plus de temps aux forces de police pour amener ces preuves…

Rassemblement pour Taner Kiliç

Rassemblement pour Taner Kiliç

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Une manifestation a eu lieu ce vendredi devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles pour célébrer la libération conditionnelle de Semih Özakça et demander celle de Nuriye Gülmen. Ces deux enseignants limogé avec 100.000 autres personnes dans le cadre des purges qui ont suivi le putsch, sont en grève de la fin depuis le 9 mars et incarcéré depuis le 23 mai.
Semih a été libéré le vendredi 20 octobre mais placé sous contrôle judiciaire à domicile avec port d’un bracelet électronique. Il pourrait décidé de poursuivre sa grève de la faim, son dossier de réintégration n’ayant pas évolué. Nuriye Gülmen n’a, elle, pas été libérée. Son état de santé s’est aggravé et a nécessité un transfert en soins intensifs.
La prochaine audience est prévue le 17 novembre.

Semih Özakça et son épouse Esra.

Semih Özakça et son épouse Esra.

Suite à la trahison du PDK et du PUK (les deux partis kurdes irakiens qui ont retiré leurs combattants des ‘zones disputées’, abandonnant plusieurs grosses villes kurdes au contrôle des milices chiites et de l’armée irakienne), les habitants des villes de Kirkouk et de Khanaqin se sont rebellés contre l’occupant irakien. A Khanaqin, la police fédérale irakienne a tiré dans la foule, faisant au moins 4 morts et 29 blessés.

Les manifestants emmènent les morts et les blessés.

Les manifestants emmènent les morts et les blessés.

Après la trahison des peshmergas du PUK (Union Patriotique du Kurdistan) hier à Kirkouk, les peshmergas du PDK (Parti Démocrate du Kurdistan) ont suivi le même chemin cette nuit en abandonnant les zones qu’ils contrôlaient dans le Mont Shengal (aussi connu sous son nom arabe ‘Sinjar’). Les positions ont été cédées aux Hachd al-Chaabi (Unités de Mobilisation Populaires, les milices chiites loyales au pouvoirs irakien et iranien dont certaines comprennent des combattants yézidis). La majorité du centre-ville de Shengal (la principale ville du mont éponyme) est désormais sous contrôle irakien.

Comme à Kirkouk, les peshmergas se sont retirés sans un coup de fusil. L’abandon de Shengal successif à celui de Kirkouk fait très clairement penser qu’il y a eu un accord entre le Gouvernement Régional Kurde indépendantiste et l’Irak de Baghdad pour une cession des « zones disputées ». Les zones disputées sont les villes kurdes qui ne sont pas comprises dans les limites de la région autonome kurde telle que reconnues dans la constitution irakienne, il s’agit principalement de Kirkouk, Makhmour, Shengal et Mossoul. Des zones militairement partagées entre Baghdad et Erbil (la capitale du Kurdistan irakien), et avec une forte influence du PKK dans les trois premiers cas.

Le Mont Shengal abrite le peuple Yézidi, un peuple kurdophone et zoroastriste plusieurs fois persécuté et génocidé à travers l’histoire par les islamistes. En 2014, les peshmergas avaient déjà déserté le Mont dans ce qui ressemble très fort à un accord passé avec Daesh. Les peshmergas étaient à l’époque garants de la protection des Yézidis, cette désertion a mené au bain de sang: 3.000 Yézidis massacrés, 7.000 autres capturés et réduits à l’esclavage par Daesh. Les Yézidis pourchassés avaient pris refuge dans les montagnes où des conditions climatiques épouvantables avaient achevé leur calvaire. Finalement, ce sont les guérillas du PKK et du PYD, les HPG, YJA-Star, YPG et YPJ qui sont venus à leur secours et ont empêché la poursuite du génocide. Depuis lors, les guérillas protègent la montagne et tiennent toujours position aujourd’hui pour protéger le Mont Shengal. Elles ont également formé des milices locales autonomes afin de protéger la montagne.

Depuis que le Mont Shengal a été libéré, le pouvoir kurde irakien a de très nombreuses fois demandé aux guérillas du PKK d’abandonner les zones sous leur contrôle, une demande toujours refusée. Aucun doute qu’une tentative de prise de contrôle de la part du pouvoir irakien mènera à des affrontements.

En orange, les zones disputées.

En orange, les zones disputées.

Suite au référendum pour l’indépendance du Kurdistan Sud (irakien), l’escalade des tensions mène à ce que le pouvoir irakien tente de s’emparer des « zones disputées ». C’est à dire les zones kurdes qui ne font pas officiellement partie de la région autonome du Kurdistan, donc principalement la ville de Kirkouk. L’escalade a basculé ces dernières heures dans les premiers affrontements entre Kurdes et Irakiens. L’objectif de l’armée irakienne est de prendre le contrôle de trois puits de pétrole et de deux bases militaires, et à l’heure de publier cet article, plusieurs cibles ont effectivement été prises. Le jeu des alliances est profondément bouleversé : on retrouve d’un côté les HPG (guérillas du PKK) et les Peshmerguas qui n’ont pour l’heure pas formé d’alliance militaire malgré les demandes des premiers. De l’autre côté : l’armée irakienne et les Unités de Mobilisation Populaires (plus connues comme « milices chiites ») et leurs alliés iranien, turc et syrien.

Les informations sont floues pour l’instant et les différents médias kurdes distribuent des informations très différentes selon leurs couleurs politiques. Il semblerait dans tous les cas que certains peshmerguas (du PUK, Union Patriotique du Kurdistan) aient fuit la ville (des milliers d’habitants ont déjà pris la route vers l’intérieur du Kurdistan). Les HPG ont clairement pris les armes et appelé à former une force « entre les guérillas, les peshmerguas et la population ». Des manifestations ont défilé avec des drapeaux du PKK dans la ville. Des villageois furieux (ce n’est pas la première fois dans cette guerre que les peshmerguas fuient sans combattre) ont tiré sur des convois qui quittaient la ville en pensant qu’il s’agissait de déserteurs. La situation est donc pour l’heure très confuse.

La tension est palpable à Kirkouk. Crédit @jenanmoussa

La tension est palpable à Kirkouk. Crédit @jenanmoussa

Quatre militaires turcs ont été tués et quatre autres ont été blessés suite à l’attaque des guérilleros du PKK dans le district de Yuksekova, sous-préfecture de Hakkari. Les combattants kurdes ont faut sauter un IED installé en bord de route, lors du passage du véhicule militaire. Les blessés ont été transférés à l’hôpital de la ville de Yuksekova. Une vaste opération a été lancée par les forces de sécurité pour accrocher le commando du PKK.

Le transfert des blessés à l'hôpital de Yuksekova

Le transfert des blessés à l’hôpital de Yuksekova

Deux sous-officiers turcs (un sergent et un sergent-chef) et un fonctionnaire ont disparus au Kurdistan dans la nuit de samedi à dimanche. Ils auraient été capturé par la guérilla du PKK qui avait bloqué une route peu avant 22h près du village de Ziyaret (région de Lice et Diyarbakir). Leurs voitures ont été retrouvées vides sur cette route. Les forces de sécurité ont lancé une grande opération pour les retrouver.

Quatre soldats turcs ont été blessés et un autre tué dans des échanges de coups de feu qui se sont produits dans la zone de Kanimasi, dans la région irakienne frontalière de Dohuk. Les forces de sécurité affirment avoir tué trois guérilleros du PKK dans cet affrontement. D’autres combats ont eu lieu près du village de Güngören, dans le district de Doğubayazıt. Deux militaires turcs et deux miliciens anti-guérilla (« gardes de village ») ont été tués. Enfin, la TV de la guérilla kurde a produit une vidéo de l’attaque au mortier d’une base des forces de sécurité turques dans la province d’Hakkari (voir la video). On y voit de nombreux obus frapper la base et mettre le feu à un entrepôt contenant des véhicules.

Combattant·e·s du PKK (archives)

Combattant·e·s du PKK (archives)

Suite à la tenue d’un référendum pour l’indépendance du Kurdistan, une guerre froide a commencé entre la région autonome du Kurdistan Sud (dans le nord de l’Irak) et ses quatre voisins, Syrie, Turquie, Iran et Irak. La Turquie continue à augmenter le nombre de ses opérations militaires dans plusieurs zones du nord de l’Irak, des zones tenues par le PKK. Après plusieurs tentatives d’incursions terrestres, plus ou moins repoussées par la guérilla du PKK, des drones et des avions de chasse ont bombardé les montagnes du PKK.

Un petit résumé de la situation dans cette zone complexe (voyez notre page spéciale pour une explication plus profonde): le KRG (aussi dénommé Bashur ou Kurdistan Sud) est la région kurde quasi-autonome du nord de l’Irak. Il est largement administré par deux partis, le PDK (Clan Barzani, droite) et le PUK (Clan Talabani, gauche) au travers de ses forces armées, les Peshmergas. Plusieurs zones kurdes irakiennes sont toutefois sous le contrôle du PKK ou de guérillas qui lui sont affiliées, notamment la zone de Qandil frontalière de la Turquie (la « Zone de Défense Mède » où sont installés les QG du PKK depuis des décennies) et le Mont Shengal qui avait été abandonné à Daesh par les peshmergas et les forces irakiennes avant d’être secouru par le PKK qui a développé une force de guérilla indépendante, les YBS (Unités de Protection du Shengal). Le Mont Shengal est habité par les Yézidis, un peuple kurdophone que les islamistes ont régulièrement tenté de génocider à travers l’histoire. La ville de Kirkouk est à la frontière entre le KRG et l’Irak et ethniquement plus mixte (avec de fortes communautés turkmènes, arabes, chrétiennes). Le PKK a également une présence relative dans cette ville qu’il n’a pas dans les grandes villes du KRG.

Suite à des attaques de la part des « milices chiites » (Hachd al-Chaabi, Unités de Mobilisation Populaire, milices qui combattent au côté de l’armée irakienne) contre le Mont Shengal, le PKK a réaffirmé qu’il continuerait à protéger la zone et qu’il soutiendrait son autonomie.

Pour ce qui est de l’actualité des réactions frontalières au référendum pour l’indépendance du Kurdistan Sud: une interdiction de vols internationaux vient d’entrer en vigueur ce soir aux deux aéroports kurdes (Erbil et Soulemanyé). Ce qui veut dire qu’un étranger qui voudrait se rendre au Kurdistan en avion devrait faire escale à Baghdad et reprendre un avion de là. L’Irak serait également en train de planifier une prise de contrôle militaire des frontières du Kurdistan avec l’Iran, la Turquie et la Syrie. Côté iranien, des dizaines d’arrestations ont été rapportées, 27 selon Komala, contre des manifestants qui fêtaient la victoire du « Oui » au référendum.

Manifestation au Kurdistan Oriental (Iran)

Manifestation au Kurdistan Oriental (Iran)