Les autorités turques ont accusé l’ex-soldat britannique Joe Robinson, arrêté le mois passé en Turquie, d’avoir commis des infractions terroristes. il est accusé d’avoir rejoint les YPG dans leur lutte contre l’Etat islamique et a été placé dans un prison de haute sécurité. Robinson avait déjà été arrêté au Royaume-Uni à son retour du Rojava en novembre 2015 en vertu du « Terrorism Act ». Il a été libéré sous caution, mais avait quitté le Royaume-Uni pour le Rojava d’où il était pour pour rejoindre la famille de sa fiancée en Turquie.

Robinson, qui a précédemment combattu avec des troupes britanniques en Afghanistan, a été arrêté après avoir partagé sur les médias sociaux des post sur son séjour au Rojava avec les YPG en 2015. La fiancée de Robinson, Mira Rojkan et sa mère, ont également été arrêtées à Didan le mois dernier. Les deux femmes ont été libérées mais Mira Rojkan, originaire de Bulgarie et étudiante à l’Université de Leeds, a été accusée de propagande terroriste pour le partage de matériel pro-kurde sur les réseaux sociaux, à savoir le drapeau du Kurdistan irakien, une vidéo YouTube d’une chanson kurde de la Syrie et une photo de combattants kurdes au Rojava. Elle a été détenue pendant six jours avant d’être libérée sous contrôle judiciaire.

Joe Robinson

Joe Robinson

Il y a environ un mois, deux agents des services de renseignements turcs ont été arrêtés par le PKK près de la ville kurde irakienne de Souleimaniye (au Barrage de Kudan, entre Qandil -région contrôlée par le PKK- et Souleimaniye -région contrôlée par le PUK). Les agents du MIT étaient présents au Bashur pour tenter d’assassiner des membres de la guérilla du PKK dont Cemil Bayik, un des trois dirigeants exécutifs du PKK. Le dossier est très sensible et à la source de tensions entre le régime d’Erdogan, le PUK (Union Patriotique du Kurdistan, parti de centre gauche relativement favorable au PKK et relativement hostile envers la Turquie) qui se serait bien passé de cette histoire sur une région qu’il administre officiellement, et le PKK, clandestinement actif dans le Kurdistan irakien et particulièrement dans la région de Qandil. Vu cette tension, les informations apparaissent au compte-goutte. Les deux agents du MIT voyageaient avec des passeports diplomatiques, ils ont convaincu leur hiérarchie qu’ils avaient des opportunités d’enlèvements et d’assassinats contre des cadres du PKK au Bashur, mais leur opération a échoué, peut-être à cause d’une fuite dans leur organisation. Des membres des staffs des deux agents ont également été arrêtés.

L’opération était potentiellement importante pour le régime d’Erdogan. Le soir de l’opération, plutôt que d’apprendre le succès de l’opération, ils ont appris la capture de leurs agents. Une rencontre a aussitôt été provoquée à Ankara entre des responsables du MIT et du PUK, les premiers demandant aux seconds de retrouver leurs agents. Le PUK a à son tour demandé une rencontre au KCK (le parapluie politique du PKK), rencontre qui a eue lieu rapidement à Souleimaniye. Le PKK a refusé de remettre les deux agents au PUK et a argumenté qu’ils pourraient être liés au meurtre de Sakine Cansiz, et que la seule raison pour laquelle les agents n’avaient pas déjà été liquidés étaient précisément pour éviter une crise entre le PKK et le PUK.

Lorsque l’administration d’Erdogan a compris qu’elle ne récupérerait pas ses agents, elle a tenté de faire pression sur le PUK: tenant des réunions parallèles avec le PDK (parti de droite au Kurdistan irakien qui administre la région d’Erbil), fermant les bureaux du PUK à Ankara et expulsant le représentant de ce parti, Bahroz Galali, hors du territoire turc. Ce diplomate a déjà fait la médiation lors de nombreux conflits entre la Turquie et la guérilla du PUK ou entre la Turquie et la guérilla du PKK. De son côté, le PDK a indiqué qu’il était impuissant puisque les faits ne se déroulent pas dans la partie du Bashur qu’il administre.

Médiatiquement, la Turquie est tout à fait silencieuse sur le sujet, puisqu’elle s’attend à ce que des photos, vidéos, et déclarations des deux agents soient publiées et se prépare à les réfuter aussitôt. Côté PUK: même si une certaine branche du parti préférerait que les agents soient rendus à la Turquie, la base militante et les habitants de la ville de Souleimaniye sont généralement heureux d’apprendre qu’une opération du MIT dans leur région a échoué. De son côté, le PKK a annoncé que les deux agents ne seraient pas libérés.

Cemil Bayik, cible du complot du MIT.

Cemil Bayik, cible du complot du MIT.

A Paris et à Zurich, la mort du Commandant du TKP/ML Tikko au Rojava, Nubar Ozanyan, tué en combattant Daesh, a été commémorée. A Zurich, une centaine de militants de différents partis et organisations étaient présents, dont le Revolutionarer Aufbau, le Secours Rouge de Suisse et plusieurs organisations révolutionnaires turques et kurdes. A Paris également, une centaine de militants de différents groupes, dont l’OCML-VP, Partizan et KCK. Un hommage a également été rendu dans les deux villes aux martyrs du MKP (Parti Communiste Maoïste).

Commémoration à Zurich

Commémoration à Zurich

Commémoration à Paris

Commémoration à Paris

Aujourd’hui, une cérémonie a eu lieu à Raqqa en hommage au combattant et commandant TIKKO Rojava Nubar Ozanyan (voir notre article).

Cette cérémonie organisée par le Bataillon International de Libération – IFB a commencé par une minute de silence. Puis le commandant de l’IFB et combattant TIKKO, Mahir Bakırcıyan, a poursuivi par un discours rappelant l’engagement de Nubar Ozanyan durant 40 années au service de la révolution et de l’internationalisme. Discours ensuite traduit en anglais et en français.

Commémoration pour le commandant TIKKO Rojava, Nubar Ozanyan

Commémoration pour le commandant TIKKO Rojava, Nubar Ozanyan

Dans la région d’Iskenderun (Hatay), les forces de sécurité qui menaient une opération de contre-guérilla sur les monts Amanos se sont heurtés à un groupe de combattants du PKK. Un soldat, blessé dans l’accrochage, est mort à l’hôpital public d’Iskenderun où il avait été transféré. C’est le septième soldats turcs tués dans les opérations de ces derniers jours (12 autres ont été blessés). Comme à l’habitude, les autorités turques rapportent des bilans extravagants (des dizaines de combattants du PKK tués à chaque opération…) mais auraient effectivement localisés et détruits 8 refuges et dépots de la guérilla sur le mont Kato (Sirnak) et dans la commune de Yuksekova (Hakkari).

Opération anti-PKK à Sirnak

Opération anti-PKK à Sirnak

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville kurde de Lice, était avec sa mère et son fils de 2 ans, lorsque des policiers ont voulu l’arrêter en pleine rue. En voulant s’opposer à l’arrestation de sa fille, Rezan Zuğurli et sa mère ont été tabassées ainsi que des passants s’étant interposés. Rezan Zuğurli, son fils de 2 ans et un des passants ont été arrêtés. La police a, par la suite, transférée Rezan Zuğurli et son fils à la prison de type E de Diyarbakir.

Rezan Zuğurli, co-maire de Lice élue en 2014, membre du parti BDP (§ Parti de la paix et de la démocratie) représenté au parlement par le HDP, a été destituée et remplacée par un préfet de l’État turc. Elle avait déjà passée 13 mois en prison en 2011-2012 pour avoir participé à des manifestations en soutien à des prisonniers kurdes. Elle a été condamnée à 4 ans et 2 mois de prison ferme pour avoir « commis un crime au nom d’une organisation avec des membres d’une organisation terroriste » (le PKK). Elle a été arrêtée pour purger le restant de sa peine.

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville de Lice

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville de Lice

Nubar Ozanyan, combattant et commandant de la Tikko (branche armée du TKP/ML) au Rojava, a été tué ce 14 août au Rojava. Nubar était arménien, membre du parti depuis 40 ans, il a combattu en Turquie, puis en Palestine (de 1988 à 1990), au Karabagh, en Arménie, au Kurdistan Irakien (2014) et enfin au Rojava depuis juillet 2015, il a également milité à Paris et été le garde du corps du cinéaste révolutionnaire Yilmaz Güney. Il a formé de nombreux militants internationalistes au combat, notamment dans le Bataillon International de Libération. Ces conseils militaires et politiques ont profité à de nombreux combattants.

La déclaration officielle du TKP/ML (en turc) est disponible ici.

Nubar Ozanyan, martyr de Tikko

Nubar Ozanyan, martyr de Tikko

Les opérations de contre-guérilla de l’armée turque se sont intensifiés à la fin de la semaine au Kurdistan nord, de même que la résistance des combattants du PKK. Une opération militaire a été lancée dans la région de Karadag à Semdinli, district de la province de Hakkari, malgré les conditions climatiques difficiles à 3 300 mètres d’altitude. L’armée turque revendique la mort de trois guérilleros et la saisie d’une mitrailleuse lourde Duchka. Dans une zone rurale proche du district de Genc, province de Bingol, les forces de sécurité turques, en mission d’observation et de recherche ont été la cible d’une attaque de la guérilla. Au cours de cet accrochage, un soldat turc a été tué et un deuxième a été blessé.

Hospitalisation duu militaire blessé dans les combats de jeudi

Hospitalisation duu militaire blessé dans les combats de jeudi

Gabar Tolhildan (nom de guerre), un montréalais arrêté le 27 juillet par les forces du PDK (voir notre article), a été libéré ce matin. Il avait combattu avec les YPG et blessé à la jambe il y a environ deux mois lors de la campagne de Raqqa. Gabar Tolhildan avait été évacué et avait décidé de rentrer au Canada en passant par le Kurdistan irakien. Il aurait été arrêté en passant la frontière pour des raisons de problèmes de passeport et de visa. Les combattants volontaires qui franchissent la frontière pour quitter le Rojava sont soumis à des arrestations pour violation de visa.

Gabar Tolhildan

Gabar Tolhildan

Deux comptes Facebook liés à la page « Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava » ont été momentanément suspendus ainsi que la page elle-même. Facebook a conditionné la remise en ligne des comptes et de la page à la suppression de deux contenus jugés comme « non-respectueux des standards de la communauté ». Les deux contenus:

– une photo et un extrait traduit de la fondation de la TQILA (L’Armée de Libération et d’Insurrection Queer), un sous-groupe de l’IRPGF (Forces de Guérilla Populaires Révolutionnaires Internationales), une composante anarchiste de l’IFB (Bataillon International de Libération).
– une vidéo « Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava ». Cette vidéo avait déjà été brièvement censurée par Youtube en mai dernier, mais avait été rapidement remise en ligne après avoir fait appel.

Aucune de ces deux publications (ni aucune publication de la page en général) ne contient de contenu ‘graphique’ pouvant heurter la sensibilité de qui que ce soit. Le Bataillon International de Libération ainsi que ses composantes (MLKP, TKPML, BÖG, IRPGF,…), le Tabûra Enternasyonal (anciennement appelé Antifa Tabur) sont en ce moment même au front à Raqqah, pour déloger l’Etat Islamique de la ville qui fût sa capitale. L’ensemble des Forces Démocratiques Syriennes (QSD) lutte contre l’Etat Islamique et garantit à la ville une autonomie administrative du reste de la Fédération du Nord de la Syrie (Rojava) afin de ne pas lui imposer une énième occupation militaire. Ce n’est pas la première fois que Facebook censure du contenu lié à la résistance contre l’Etat Islamique, contre les groupes rebelles islamistes et contre les puissances impérialistes et réactionnaires en Syrie.

Censure de la page de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava

Censure de la page de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava


Facebook censure la page de Soutien au Bataillon International

Facebook censure la page de Soutien au Bataillon International