Trois policiers turcs ont été tués dimanche au Kurdistan par des combattants du PKK qui poursuivent leurs attaques quasi quotidiennes. Un attentat à la voiture piégée a fait deux morts et cinq blessés parmi les policiers près de la ville de Sirnak. Les forces de l’ordre se sont lancées en hélicoptère à la poursuite du commando du PKK et en a tué deux des membres. Par ailleurs, un policier a été tué et un autre blessé dans une attaque à la roquette lancée par le PKK dans le district de Silvan. Un couvre-feu a été imposé dimanche dans des quartiers de la ville de Silvan. Un couvre-feu a également été décrété dans un quartier de Diyarbakir.

Des dizaines de milliers de parents et personnes en deuil ont défilé dimanche dans le centre de la ville kurde de Cizre pour enterrer une douzaine de personnes qui ont perdu la vie pendant le couvre-feu de neuf jours imposé par l’armée turque. Les amis des défunts ont porté les cercueils, drapés dans les couleurs kurdes, au cours de la cérémonie funèbre qui a précédé l’enterrement de 16 personnes. Le gouvernement turc a déclaré que 32 militants kurdes ont été tués pendant le couvre-feu imposé à Cizre lors d’une opération « anti-terroriste ». Mais le HDP a déclaré que 21 civils ont été tués lors de l’opération. Le HDP a mis le gouvernement au défi de prouver que personnes qui ont été tuées étaient des militants membres du PKK. Parmi les morts se trouvaient un bébé de 35 jours, plusieurs adolescents et trois hommes âgés de 70 ans ou plus.

La foule aux funérailles à Cizre

La foule aux funérailles à Cizre

Deux voitures piégées ont fait 26 morts ce lundi à Hassaké, grande ville l’est du Rojava, partagé entre les YPG et le régime syrien. La première -énorme- explosion visait un poste frontière contrôlé par les milices kurdes, la seconde visait le QG d’une milice loyaliste. Les deux attaques ont été revendiquées par l’Etat Islamique alors que la Turquie est déjà pointée du doigt, régulièrement accusée de téléguider les bombes islamistes dans les villes kurdes frontalières du nord de la Syrie.

L'explosion au poste-frontière.

L’explosion au poste-frontière.

En vigueur depuis le 4 septembre, le couvre-feu imposé à la ville de Cizré (Canton de Sirnak) a été levé ce matin, laissant des milliers de sympathisants entrer dans la ville. Au moins 23 Kurdes ont été tués -en grande partie des civils- et des dizaines d’autres blessés, par l’armée turque lors de ce siège qui est considéré comme l’une des attaques les plus cruelles commises contre une population civile depuis le début de la guerre entre le PKK et l’état turc en 1984. La ville est également dans un état de pénurie puisque rien n’a circulé durant près de dix jours. Notons également que la co-maire de la ville -membre du HDP élue à 82% des voix- a été destituée de ces fonctions par l’état turque pour des remarques contre l’état parues dans le journal Vice News. De son coté, le gouvernement turc s’est félicité de cette opération en annonçant avoir abattu 30 membres du PKK… L’armée et la police restent massivement présentes sur place.

Dans les prisons turques, les membres emprisonnés du PKK et du PAJK (Parti pour la Libération des Femmes au Kurdistan) sont en grève de la faim depuis le 15 août dernier. Les prisonniers sont en grève contre les massacres perpétrés par l’armée turque contre la population kurde depuis la reprise des combats et contre les bombardements qui visent la guérilla en Irak.

Cizré en ruines après 10 jours de couvre-feu.

Cizré en ruines après 10 jours de couvre-feu.

Suite aux attaques des nationalistes turcs, bénéficiant de la complicité de la police, contre les locaux du HDP dans de nombreuses villes, la jeunesse kurde d’Istanbul est descendu dans les rues affronter la police avec des pierres et des cocktails Molotov. Au Kurdistan, les attaques conduites par le PKK se succèdent à un rythme quotidien. En début de matinée, un commando a ouvert le feu sur la terrasse d’un restaurant où des policiers en uniforme prenaient leur petit déjeuner. Quatre personnes ont été atteintes par les coups de feu, trois policiers et un serveur de l’établissement. Les autorités turques ont annoncé vendredi la levée du couvre-feu imposé depuis huit jours aux habitants de Cizre suite à l’insurrection de la ville contre le pouvoir turc.

A Bruxelles, plusieurs centaines de Kurdes (mais aussi une délégation du MLKP et une de notre SR) se sont rassemblés pour protester contre la guerre anti-kurde déclarée par le gouvernement AKP, contre le siège de Cizre et contre la vague d’attaques contre les locaux du HDP. Avant hier, plusieurs locaux kurdes de Saint-Josse ont été attaqué par un groupe de nationalistes, des vitres ont été brisées et des Kurdes rudoyés.

Le rassemblement du 11 septembre.

Le rassemblement du 11 septembre.

La ville de Cizre vit depuis plusieurs jours un terrible couvre-feu assuré par les snipers de l’armée turque qui abattent quiconque ôse sortir de chez lui. Les ambulances ne peuvent pas circuler et les familles sont affamées. Des milliers de Kurdes affluent vers la ville depuis Şırnak et Silopi pour manifester leur soutien à la population, ils risquent ainsi leur vie. Les manifestants ont commencé à arriver il y a quelques heures et ont dû traversé le fleuve du Tigre qui longe la ville. On sait à présent que les manifestants ont été attaqué par la police spéciale turque avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. Des balles auraient également été tirées vers les manifestants. La foule chante « Bijî berxwedana Cizîrê », « Vive la résistance de Cizre ».

Les premiers manifestants arrivés à Cizre cet après-midi

Les premiers manifestants arrivés à Cizre cet après-midi

La communauté kurde de Belgique manifestera ce vendredi de 13h à 16h, sur la Place du Luxembourg à Bruxelles, contre les lynchages, massacres et agressions de la part de la police, de l’armée et des nationalistes turcs.

Ces derniers jours, la ville de Cizre vit un siège inédit de la part de l’armée turque alors que plus de 400 locaux du HDP ont été incendiés par des nationalises turcs à travers le pays.

Des élus du principal parti kurde de Turquie, son chef de file en tête, ont entamé mercredi une marche pour rallier à pied la ville kurde de Cizre afin de rompre le blocus imposé depuis près d’une semaine par les autorités sur la ville. Le convoi de l’HDP, emmené par ses deux coprésidents Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag et deux ministres, a été bloqué par les forces de l’ordre autour de Midyat. La délégation a alors décidé de continuer sa route à pied, soit une marche de 90 km.

Le convoi de l'HDP bloqué par les militaires sur la route de Cizre

Le convoi de l’HDP bloqué par les militaires sur la route de Cizre

Les forces de sécurité turques ont imposé il y a six jours un couvre-feu strict sur Cizre, où des affrontements ont éclaté entre les forces de sécurité et des jeunes militants kurdes proches du PKK. Les snipers de l’armée tirent sur les habitants qui sortent de chez eux après l’heure du couvre feu. Au moins sept civils ont ainsi été tués, dont deux mineurs. Environ 120.000 personnes ne peuvent plus sortir de la ville à cause du couvre-feu.

Par ailleurs, dans de nombreuses villes, les locaux du HDP, dont son quartier général d’Ankara, ont été la cible de nombreuses attaques de la part de manifestations nationalistes qui accusent le mouvement de soutenir le PKK. Enfin, une vaste opération policière a visé le Parti Socialiste des opprimés (ESP). Des descentes de police ont eu lieu dans les locaux d’ESP de Maltepe et d’Ataşehir, ainsi que dans des domiciles. Au moins 11 personnes ont été arrêtées.

Le siège de l'HDP attaqué par les nationalistes

Le siège de l’HDP attaqué par les nationalistes

Un convoi de l’armée turque a été visé par une embuscade revendiquée par le PKK, dans la nuit de dimanche 6 à lundi 7 septembre dans la région montagneuse de Daglica, près de la frontière irakienne. Des IED ont été déclenchés au passage du convoi, détruisant deux véhicules blindés, tuant 16 soldats et blessant et six autres selon les autorités turques. Le PKK affirme que 31 soldats ont été tués, dans l’embuscade et les combats qui ont suivi. Dès dimanche soir, l’armée de l’air turque a rapidement riposté en bombardant des positions kurdes. Des unités des forces spéciales ont également été acheminées par hélicoptères dans les environs de Daglica, un secteur montagneux de la province d’Hakkari, située à proximité de la frontière irakienne, où les combats se poursuivaient lundi.

L'armée turque dans la province de Hakkari (archive)

L’armée turque dans la province de Hakkari (archive)

Par ailleurs, des membres du PKK ont tiré au lance-roquettes contre les équipes de police venues pour remplir les fosses creusées par les militants kurdes pour entraver la circulation dans dans à Hasırlı. Une roquette a touché un blindé de la police, tuant deux policiers et blessant trois autres. La préfecture a décidé un couvre-feu jusqu’à nouvel ordre dans la province de Sur.

Le service secret du Gouvernement Régional Kurde irakien, le Parastin a détenu 1 semaine, fouetté et torturé deux Yézidis, Schîar Elias Hashem (20 ans) et Willie Khudaida (19 ans), qui prenaient la défense du HPS (Unités de Protections du Shingal, la guérilla yézidie du PKK dont le commandant avait été arrêté en avril dernier par la police kurde irakienne) sur Facebook, ils sont à priori toujours détenus, comme de nombreux Yézidis et militants proches du PKK au Kurdistan irakien. Huit guérilleros du PKK auraient également été remis à l’armée turque.

Le Gouvernement Régional Kurde est une région quasi-autonome du nord de l’Irak gouvernée par le PDK, un parti de droite en conflit avec le PKK. Condamnant de temps à autres les bombardements de l’armée turque sur son territoire, elle aide dans les faits la Turquie soit par passivité, soit par collaboration à réprimer le PKK sur son territoire. Une nouvelle fuite -à prendre avec des gants- affirme que le PDK aurait ordonné en 2014 aux Peshmerguas (l’armée régulière kurde irakienne) de ne pas attaquer l’Etat Islamique. Probablement pour déstabiliser l’état irakien et gagner en autonomie.

Les deux jeunes militants torturés par Parastin.

Les deux jeunes militants torturés par Parastin.