Dans le district de TepêSirya Eruh (province de Siirt), les forces de sécurité ont accéléré les travaux pour la construction de nouvelles routes stratégiques et de nouveaux points de contrôle. Les Forces de Défense populaire du PKK ont mené une action d’avertissement en mettant le feu à quatre camions de l’armée turque transportant des matériaux de construction vers ce chantier. L’armée turque a lancé une vaste opération dans la province avec de nombreux véhicules blindés soutenus par des hélicoptères de type Cobra.

Hélicoptère Cobra de l'armée turque

Hélicoptère Cobra de l’armée turque

Le 1er juillet, suite à une vague de perquisitions, 9 personnes avaient été arrêtées dans le district de Nusaybin (province de Mardin). Après une comparution devant le bureau du procureur de la République, six d’entre eux ont été libérés et les trois autres inculpés d’« appartenance à une organisation terroriste » (le PKK). Ces trois jeunes gens, Halil Oktay, Ramazan Tunç et Doğan Yakup ont été envoyés à la prison de Mardin. Ils sont accusés plus spécifiquement d’avoir levé des barricades lors d’une manifestation avenue Midyat, provoquant les forces de police avec gaz lacrymogènes et canons à eau.

Une des arrestations à Nusaybin

Une des arrestations à Nusaybin

52 personnes avaient été arrêtées dans le district d’Erciş (Van) pour avoir participé à des manifestations les 6-8 octobre 2014, manifestations qui avaient tourné à l’affrontement avec les forces de sécurité. Les manifestants essentiellement des Kurdes, montraient leur solidarité avec la résistance de Kobané contre l’offensive de l’Etat Islamique qui était alors à son sommet. Ils dénonçaient la complicité de l’état turc avec l’EI, le siège local de l’AKP avait d’ailleurs été attaqué par les manifestants.

Les 52 manifestants étaient accusés de onze motifs, allant de la « propagande pour une organisation terroriste » (le PKK) à « appartenance à une organisation armée », en passant par « destruction de biens publics », etc. Le procureur a requis un total de 297 années pour chaque manifestant, soit un total de 15.444 ans de prison ! Seuls les rapports de police ont été utilisés comme preuve dans l’acte d’accusation. Aucune photo, aucune vidéo ne montre les accusés participer à quelque dégradation que ce soit, par contre les accusés sont tous des militants kurdes connus dans la région.

Van, le 7 octobre 2014

Van, le 7 octobre 2014

L’Etat turc rentrerait finalement en Syrie, 4 ans après le début de la guerre. Dans un discours, vendredi dernier, Erdogan a annoncé qu’il ne laisserait pas la formation d’un état kurde avoir lieu en Syrie, pointant du doigt que le PYD (Parti de l’Union Démocratique) contrôle par l’intermédiaire de ses branches armées (les YPG et les YPJ) une grande partie du territoire au centre et à l’est du nord de la Syrie.

Depuis le 28 juin, plusieurs opérations militaires ont effectivement eu lieu de la part de la Turquie contre le PKK. D’abord des vols de drônes, des mitraillages,et enfin des bombardements soutenus par des tanks et des mortiers. Voir nos précédents articles.

A terme, le but de la Turquie est d’occuper via 18.000 soldats et un appui aérien, un territoire de 100km entre la ville de Mare et la ville de Kobané, rentrant de 30km à l’intérieur de la Syrie. Zone que les médias et militaires turques ont déjà surnommé ‘Ligne de Mare’. La prise de cette zone par la Turquie, empêcherait les YPG/YPJ de prendre le contrôle de la partie ouest du Rojava. La ligne de Mare est occupée de façon contestée par l’Etat Islamique et par des groupes de l’ASL.

Alors que les troupes turques avancent vers la frontière syrienne, les habitants des villes traversées dressent des barricades et affrontent les militaires qui répliquent avec des balles réelles, des gaz lacrymogènes et l’avancée de leurs blindés. Le ptremier objectif de la Turquie -dont il n’est pas sûr qu’elle établisse cette ‘zone tampon’ est de masser ses troupes à la frontière turco-syrienne.

Des barricades en travers de la route de l'armée turque.

Des barricades en travers de la route de l’armée turque.

EDIT 09.50 ; Sur la carte suivante (venue du compte Twitter très complet Karybdis), nous avons mis en évidence la ‘Ligne de Mare’, le territoire que la Turquie veut occuper. En jaune, les territoires sous contrôle des YPG/YPJ, en vert les zones sous contrôle de l’ASL (Armée Syrienne Libre), en noir les zones sous contrôle de l’état islamique, et en rouge les zones sous contrôle du régime syrien.

Carte de la Syrie, juin 2015.

Carte de la Syrie, juin 2015.

L’aviation turque a procédé à plusieurs bombardement sur les zones de guérilla du PKK de Meyda, ce mardi entre 9H00 et 13H00. Les postes de l’armée turque ont également des tirs d’artillerie (obusiers et mortiers), notamment à Dağlıca, près de la frontière irakienne. L’armée a déclaré que ces tirs étaient un riposte aux attaques de harcèlement au mortier et à la mitrailleuse de la base de Dağlıca par la guérilla du PKK hier lundi mais aussi à d’autres reprises en juin.

La base de Dağlıca

La base de Dağlıca

Le local du Parti Socialiste Démocratique de Izmir a été attaqué par la police mardi dernier. Pendant le raid de la police, 4 membres ont été arrêtés. Deux membres du SDP après avoir été jugés par le tribunal ont été libérés, mais Çağlar Demiröz a été emprisonné. Hier, le parquet a recueilli les déclarations des membres de SDP poursuivis et suite à ces déclarations, Direnç Tuna a été relâché, Gamze Akbaba a été envoyée au tribunal pour être mise sous contrôle judiciaire, et Sefa Hodul et Çağlar Demiröz ont été envoyés au tribunal en vu d’un emprisonnement. Après la décision du tribunal, Sefa Hodul et Gamze Akbaba ont été relaxés, mais le membre de SDP Çağlar Demiröz a été emprisonné.

Le Parti Socialiste Démocratique est l’héritier du Parti de la Solidarité et de la Liberté (Özgürlük ve Dayanışma Partisi, ÖDP), une plate-forme socialiste libertaire issue de l’organisation communiste révolutionnaire Dev Yol et d’autres groupes de la gauche radicale.

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Le HPG (la branche armée du PKK) a rapporté de nombreux vols de drône au-dessus des zones de la guérilla du PKK, dans l’est de la Turquie. Les drônes ont été repérés au-dessus des régions de Kandil et de Zap au-dessus des zones de Çarçella, de Oremar et de Avaşin. De nombreux véhicules blindés sont également présents autour de la zone de construction du barrage de Silvan (Province de Diyarbakır/Amed). Les drônes repérés sont probablement des drônes de reconnaissance, la Turquie cherche à fabriquer via sa propre industrie ‘Turkish Aerospace Industry’, des drônes armés. Le ANKA-S, variante équipée de deux missiles UMTAS entrera dans la panoplie de la force aérienne turque en 2016.

Le drône de reconnaissance 'Anka' fabriqué par l'état turc.

Le drône de reconnaissance ‘Anka’ fabriqué par l’état turc.

Jeudi dernier (le 25 juin), plusieurs groupes d’islamistes ont attaqué la ville de Kobané et les villages alentours. La plupart d’entre-eux sont rentré dans la ville via la frontière turque. Les islamistes ont tout d’abord fait explosé des véhicules piégés, ils sont ensuite rentré dans la ville en portant des uniformes de l’ALS (Armée Libre Syrienne), c’est pour cette raison que les civils ne se sont pas enfuit (les YPG/YPJ et l’ALS sont alliés dans le canton de Kobané).

Il a fallu trois jours aux YPG/YPJ pour nettoyer la zone, si cela a prit autant de temps, c’est parce que les islamistes prenaient des civils en otage et que les forces kurdes prenaient soin de ne pas risquer des vies civiles. Ce sont 233 civils qui ont été massacrés, parmi lesquels de nombreux enfants et personnes agées. 23 combattants du YPG, 14 membres d’Asayiş, un membre de Tev Dem et un membre de l’Union des Jeunes de Rojava (Yekîtiya Ciwanên Rojava ) ont été tués au combat. La plupart des affrontements ont eu lieu dans le centre-ville de Kobané et dans le village proche de Berxbotan.

Tous les islamistes (entre 80 et 100) sauf 7 ont été abattus par les forces kurdes. Dans un communiqué publié ce matin, le commandement des YPG/YPJ a promis de faire payer ce massacre aux islamistes. De son coté, le PKK a publié la même déclaration. Lors du massacre même, de nombreux civils du coté turc de la frontière, au village kurde de Suruç, ont accourus à l’hopital pour donner leur sang. L’armée turque a évidemment empêché les civils de Kobané d’accéder aux hopitaux de Suruç.

Dans l’est de la Syrie, dans le canton de Ciziré, la ville d’Hassaké est prise d’assaut par l’Etat Islamique. Cette ville est depuis plusieurs mois partagée sous le contrôle de l’ASA (l’Armée Syrienne Arabe) et des YPG/YPJ. Jusqu’à présent, l’Etat Islamique a pénétré dans la partie sous contrôle de l’ASA. Au moins 3 villages ont été repris par les YPG/YPJ après avoir été brièvement occupés par l’Etat Islamique.

Vue des combats à Kobané depuis la frontière turque.

Vue des combats à Kobané depuis la frontière turque.

Vers 5h ce matin, plusieurs véhicules blindés tout-terrains de l’Etat Islamique ont attaqué Kobané. Ils ont pu arriver jusque là via la Turquie. Les islamistes ont d’abord envoyé trois voitures piégées (l’une a explosé, la seconde a été capturée par les YPG, la troisième n’a pas encore été trouvée…) et ont suivi avec des hommes armées dans des voitures. En tout, cette attaque a fait 8 morts et des dizaines de blessés parmi les civils kurdes. Les affrontements se poursuivent.

Kobané est devenue en janvier dernier l’emblème de la résistance kurde en Syrie après avoir fait face à un siège très dur de la part des islamistes qu’elle a finalement vaincue. Dans le canton de Ciziré, à l’est du Kurdistan syrien, la ville de Hassaké -dont le contrôle est en partie à l’Armée Syrienne Arabe et en partie aux Unités de Protection du Peuple- est depuis plusieurs jours sous la menace islamiste qui s’apprêterait à l’attaquer.

EDIT : Encore une fois, il semble que les militaires turcs aient prêté main forte aux islamistes. Ces derniers portaient des uniformes des YPG/YPJ et de l’ASL (Armée Syrienne Libre), pour que les civils ne fuient pas en les voyant arriver. Au moins 30 islamistes ont été abattus par les forces kurdes, plusieurs dizaines d’autres sont encerclés par les YPG/YPJ. Plusieurs dizaines de civils, dont de très jeunes enfants et des personnes agées, ont été massacrées dans une série d’attentats suicides et de mitraillages perpétrés par les islamistes aujourd’hui à Kobané et dans les villages alentours.

Immense drapeau YPG accroché lors de la libération de Kobané en janvier 2015.

Immense drapeau YPG accroché lors de la libération de Kobané en janvier 2015.

L’Agence Régionale Méditerranéenne de l’Association des Droits de l’Homme (IHD) a tenu une conférence de presse avec le HDP (parti d’union de la gauche qui reprend plusieurs partis légaux issus des mouvements révolutionnaires turques, qui vient d’obtenir 13% des votes aux dernières élections turques). Cette conférence de presse concernait les prisonniers du PYD (Parti de l’Union Démocratique), de ses branches armées (YPG et YPJ) et d’autres habitants du canton de Kobané. Ils sont plus de 150 dans les prisons turques, majoritairement emprisonnés à la prison de Osmaniye T2. Dans cette prison, les prisonniers sont 10 à 12 dans des cellules conçues pour détenir 3 personnes. Les matons provoquent systématiquement les prisonniers en les traitant de terroristes, en les battant, en les déshabillant et en les fouillant régulièrement, en les empêchant de porter leurs chaussures en cellule. La qualité de la nourriture est épouvantable et l’accès aux journalistes est interdit. La plupart des prisonniers sont détenus sans autre motif qu’avoir combattu contre l’Etat Islamique.

Au niveau médical, un seul médecin est autorisé à visiter les prisonniers, une fois par semaine. De nombreux prisonniers ont été blessés au champs de bataille syrien et ne peuvent pas recevoir de traitements. 10 prisonniers en particulier sont très gravement blessés et ne peuvent pas être soignés, entre autres raisons parce que les matons refusent de retirer les menottes des prisonniers lors des rares visites du médecin. Les prisonniers qui résistent où se rebellent sont déplacés de prison en prison, les éloignant du Kurdistan. Les prisonniers arrêtés près de la frontière syrienne sont ainsi détenus à Urfa, puis à Osmaniye, puis déplacés vers l’Ouest s’ils résistent.

La Turquie est régulièrement accusée de connivence avec les islamistes. Lors de la toute récente bataille de Tal Abyad (rebaptisée de son nom kurde ‘Girê Spî’), de très nombreux combattants réactionnaires ont pu fuir à travers la frontière turque. Il y a deux jours, un QG de l’Etat Islamique a été ‘découvert’ à Akçakale (ville turque à la frontière de Girê Spî). Cette base, bien connue des soldats turcs, a servi a mener des opérations pour les islamistes de l’autre coté de la frontière et à rapatrier des cadres islamistes. Ce QG a été mis en évidence car les islamistes prenaient en photo les journalistes qui passaient par là pour se rendre vers la ligne de front.

La prison d'Osmaniye

La prison d’Osmaniye