La répression du mouvement populaire de protestation s’intensifie en Algérie et revêt différentes formes. Il y a d’abord les restrictions sur la liberté de circuler qui empêchent les Algériens et Algériennes de rejoindre la capitale pendant les manifestations du vendredi, les dispositifs sécuritaires intra-muros pendant les marches à Alger et les arrestations de manifestants opérées dès les premières heures des manifestations pourtant pacifiques. Il y a aussi la censure par des blocages internet que subissent les médias d’information. Il y a ensuite les poursuites à l’encontre des personnes ayant exprimé leur opposition comme tout récemment l’avocat Ramzi Chekhab poursuivi pour incitation à attroupement par le parquet de Khenchela rien que pour avoir exprimé sur sa page Facebook son opposition au 5e mandat de Bouteflika.

Il y a enfin les poursuites contre des manifestants ayant porté l’emblème Amazigh, alors qu’aucune disposition pénale ne sanctionne le port d’un emblème autre que l’emblème national. Plus de 60 personnes sont emprisonnées pour avoir exhibé cet emblème publiquement. Des peines sont prononcées. Deux jeunes à Chlef sont condamnés à deux mois de prison avec sursis après un séjour carcéral. Hier, à Annaba, le représentant du ministère public a requis 10 ans de prison ferme contre le jeune Nadir Fetissi.

Policiers algériens face aux manifestants le 12 avril

 

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En Algérie, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a été écrouée, jeudi 9 mai, à l’issue de son audition par la justice militaire, dans le cadre d’une enquête pour complots contre l’Etat et l’armée visant le frère du chef de l’Etat déchu. Elle a été convoquée comme témoin en lien avec les responsables arrêtés ces derniers jours et elle se retrouve à son tour arrêtée.

Députée depuis 1997 pour le PT, un parti d’inspiration trotskiste fondé en 1990 lors de l’ouverture au multipartisme, Mme Hanoune a été candidate aux élections présidentielles de 2004, 2009 et 2014, toutes remportées au premier tour avec plus de 80 % des votes par Abdelaziz Bouteflika. Elle a obtenu son meilleur score en 2009, en arrivant en deuxième position avec 4,22 % des voix. Mme Hanoune a été accusée par une partie du mouvement actuel de contestation populaire contre le régime, de faire le jeu du système en participant aux élections, largement frauduleuses.

Louisa Hanoune

Louisa Hanoune

Ce 8e vendredi de manifestation contre le régime en Algérie, les services de police ont tiré des balles en caoutchouc et usé de gaz lacrymogènes pour disperser une foule pourtant calme, comprenant de nombreuses familles, des enfants, des personnes âgées. Une vingtaines de personnes ont observé, aujourd’hui lundi, un sit-in de protestation à proximité de la grande poste à Alger, pour dénoncer la répression et réclamer le départ du régime. Vers 19h00, les éléments de la police interviennent de manière brutale pour disperser la petite foule qui scandait « Algérie libre et démocratique ».

Répression à alger

Répression à alger

Plusieurs dizaines de milliers d’Algériens ont défilé toute l’après-midi de vendredi, à Alger et dans de très nombreuses villes du pays, en scandant des slogans hostiles au pouvoir et en protestant contre la perspective d’un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Les heurts ont fait de nombreux blessés chez les manifestants, cibles de coups de matraque, de pierres que renvoyaient certains policiers, d’éclats de grenade lacrymogènes ou intoxiqués par les gaz.

La police a procédé dans la journée à 45 arrestations, dont cinq personnes ayant tenté d’entrer dans l’hôtel El Djazaïr, un établissement de luxe qui est situé sur l’avenue empruntée par les manifestants partis du centre-ville. Sur l’avenue, près de l’hôtel, les vitrines de quelques boutiques ont été brisées, une agence bancaire et une voiture incendiées. La police a réussi à disperser les jeunes manifestants avec un usage massif de grenades lacrymogènes. D’autres affrontements entre policiers et manifestants ont eu lieu en fin de journée sur la Place du 1er-Mai, dans le centre-ville.

Les affrontements à Alger

Les affrontements à Alger

Le 27 décembre, lors d’une manifestation organisée à Alger, 15 syndicalistes dont 3 dirigeants syndicaux ont été arrêtés et placés en détention pendant plusieurs heures. Les manifestants réclamaient la réintégration des onze dirigeants de SNATEG licenciés pour leurs activités syndicales à la compagnie publique de gaz et d’électricité, Sonelgaz, la fin de la criminalisation des activités des défenseurs des droits syndicaux et des droits de l’homme, y compris pour les journalistes et les blogueurs et la mise en œuvre des recommandations faites par la Commission sur l’application des normes de l’Organisation internationale du travail (OIT) en juin 2018.

Les syndicalistes ont été placés en garde à vue à la préfecture de police d’Alger pendant six heures et contraints de signer un document dénonçant leur propre comportement avant de pouvoir s’en aller.

Manifestants portant des banderoles de revendications

Manifestants portant des banderoles de revendications

36 lycées, sur les 49 que compte la région de Bilda, sont complètement paralysés en raison d’un débrayage des professeurs de l’enseignement secondaire et technique, et qui dure depuis pas moins de six semaines. La justice a jugé cette grève illégale, estimant que les revendications des enseignants «ne sont pas claires et trop généralistes». La direction de l’éducation de Blida a a mis à exécution les menaces du ministère de licencier les enseignants grévistes. A l’annonce du licenciement des enseignants du lycée Commandant Ali Mokrani de Meftah, les élèves solidaires ont manifesté leur refus quant à l’affectation de nouveaux enseignants pour le reste de la saison scolaire. Ils refusent de rejoindre leurs classes avant l’annulation de la décision de licenciement.

Sit-in devant le lycée de Meftah

Sit-in devant le lycée de Meftah

Des affrontements ont éclaté, hier en fin d’après-midi, entre les forces de l’ordre et les demandeurs de logements sociaux et les forces de l’ordre au niveau de la commune de Sour El-Ghozlane (sud de Bouira). Ceux-ci réclamaient l’affichage des listes des bénéficiaires des 350 logements sociaux. Après un sit-in de plus de 45 minutes, où aucun incident notable n’a été enregistré, les manifestants ont voulu défoncer le portail de l’immeuble et pénétrer de force à l’intérieur du bureau de son chef. Les services de l’ordre ont violemment donné l’assaut et aux coups de matraques des policiers, les manifestants ont répondu par des jets de pierres. L’artère principale de la ville a été barricadée par les émeutiers avec des pneus enflammés et autres objets hétéroclites. Bilans : un policier grièvement blessé à la tête, six manifestants blessés à divers endroits et une dizaine d’interpellations.

Les rues de Sour El-Ghozlane après les affrontements

Les rues de Sour El-Ghozlane après les affrontements

Le rassemblement national des médecins résidents à l’hôpital Mustapha s’est transformé avant-hier en confrontation directe entre policiers et médecins grévistes quand ces derniers ont tenté de se rassembler à l’extérieur de l’enceinte hospitalière. Une violente répression s’est alors abattue sur eux. Les forces anti émeutes, en nombre, ont encerclé l’enceinte et bloqué les accès à l’hôpital empêchant même les malades d’y entrer. Les forces anti-émeutes ont repoussé violemment les grévistes à l’intérieur de l’enceinte hospitalière avant de la fermer. Des blessés ont été enregistrés parmi les médecins présents à ce rassemblement.

Pour rappel, les médecins résidents s’insurgent contre le fait qu’ils soient affectés d’office dans des régions isolées pour travailler dans une infrastructure publique durant au moins deux années sans que leurs situations familiales ne soient prises en considération. Ils dénoncent les conditions de travail difficiles au niveau des régions vers lesquelles ils sont généralement affectés: absence de logements, de moyens de transports ou encore de moyens propres à leurs métiers et même d’agents paramédicaux.

Un des médecins matraqués par les forces anti-émeutes

Un des médecins matraqués par les forces anti-émeutes

Le mercredi 14 juin, les Kabyles étaient appelés à se rassembler au centre de la ville de Iazzugen (Azazga) mais aussi dans d’autres villes de Kabylie, afin de célébrer « la Journée de la nation Kabyle » et rendre hommages aux victimes de la répression du « printemps noir » de l’année 2001 au cours duquel 126 personnes ont été tuées par les force de sécurité. Très tôt le matin, la ville fut quadrillée par un impressionnant dispositif sécuritaire. Des barrages ont été installés sur toutes les routes y menant. Dans d’autres localités de Kabylie, la police a procédé à des arrestations préventives. La connexion internet a également été coupée.

Dès que les premiers groupes sont arrivés sur le lieu du rassemblement, ils ont été brutalement attaqués par les forces anti-émeutes. Toute la journée, des agents de police ont chargé très agressives contre des groupes de personnes qui se dirigeaient vers le lieu du rassemblement, faisant des dizaines de blessés. Des dizaines d’autres personnes ont été arrêtées. Dans la soirée, des rassemblements et des moments de recueillement devaient se tenir dans diverses localités de Kabylie mais ils ont tous été interdits.

La répression de ce mercredi en Kabylie

La répression de ce mercredi en Kabylie

Neuf syndicalistes ont été arrêtés, ce matin à Tizi Ouzou. Les policiers ont envahi un hôtel de la ville vers 6h de matin et ils ont arrêté toute la direction du Syndicat national des travailleurs de l’électricité et du gaz de Sonelgaz (SNATEGS), et confisqué les banderoles et les affiches, pour les empêcher de prendre part à la marche nationale des travailleurs du groupe Sonelgaz prévue à ville Tizi Ouzou. Pour entraver les accès au lieu de départ de la marche, des bus et des véhicules ont été interceptés, encerclés et empêchés d’entrer dans la ville.

En janvier, le président du SNATEGS avait été condamné à une peine de 6 mois de prison pour “divulgation de documents secrets” par le tribunal pénal de Guelma. Il a été jugé à la suite d’une plainte déposée contre lui par la Sonelgaz, après sa dénonciation, en mars dernier, d’une surfacturation de plus de 8 millions de consommateurs.

Grévistes de la SNATEGS (archive)

Grévistes de la SNATEGS (archive)