Depuis ce samedi 25 février, 97 détenus politiques de la prison de Popayan, au sud-ouest de la Colombie, ont arrêté de s’alimenter. Ils dénoncent un manque de suivi médical systématique qui a conduit plusieurs fois à la mort de leurs camarades ces dernières années. Les accords de paix ratifiés en novembre dernier prévoient notamment l’amnistie de nombreux détenus politiques. Ceux-ci protestent pour exiger que cette loi d’amnistie soit appliquée le plus vite possible.

Les FARC entament aujourd’hui mercredi leur désarmement. L’accord de paix prévoit que les guérilleros déposent progressivement leurs armes dans un délai de 180 jours à partir du 1er décembre, un processus supervisé par les Nations unies. Le désarmement devrait donc être terminé le 29 mai prochain au plus tard. Les FARC auraient dû remettre déjà 30 % de leur arsenal aujourd’hui, mais les opérations ont pris du retard en raison des problèmes logistiques. Seuls 7000 guérilleros ont atteints les zones de rassemblement et de désarmement prévus par l’accord.

Des membres des FARC sur le point de rendre les armes à Gallo, dans le département de Córdoba, le 1er février

Des membres des FARC sur le point de rendre les armes à Gallo, dans le département de Córdoba, le 1er février 2017

L’ELN a revendiqué tard hier dimanche sur Twitter l’attentat du 19 février à Bogota, dans lequel un policier a été tué (voir notre article). « Un commando guerillero urbain de l’ELN a attaqué à l’explosif une patrouille policière, blessant 26 policiers », précise l’ELN dans communiqué publié sur le compte de sa radio, ELN Ranpal. Le gouvernement colombien et l’ELN ont entamé le 7 février des pourparlers officiels en Equateur visant à mettre un terme à plus d’un demi-siècle de conflit armé.

Les lieux de l’explosion à Bogota

Les lieux de l'explosion à Bogota

L’explosion d’un charge télécommandée visant la police dimanche, près de La Santamaría, aux arènes de Bogotá, a fait un mort et 26 blessés (24 policiers et deux civils). L’engin explosif a été activé à distance au moyen d’un téléphone portable, il contenait jusqu’à 1,5 kilo d’ammonal (un mélange de nitrate d’ammonium, de trinitrotoluène et d’aluminium en poudre) avec des éclats de métal. Les autorités colombiennes accusent l’ELN avec laquelle le gouvernement a débuté des pourparlers de paix à Quito.

Les lieux de l’explosion à Bogota

Un détachement de militaires a fait l’objet d’une attaque à la grenade dans la localité de Susumuco, sur la route Bogota-Villavicencio, mardi après-midi. Cette attaque a fait cinq blessées, dont quatre militaires: trois soldats et un lieutenant. L’attaque a été effectuée par des membres présumés de l’ELN qui circulaient à moto et ont jeté deux grenades. La grande route entre les deux villes a été fermée pendant quelques minutes. Cette attaque survient alors que les négociations de paix entre l’ELN et le gouvernement colombien se sont ouverte à Quito (voir notre article)

Barrage routier de l’armée colombienne

Barrage routier de l'armée colombienne

Plusieurs fois repoussée, l’ouverture de la phase publique des pourparlers a eu lieu hier mardi 7 février dans une hacienda jésuite, près de Sangolqui, à une trentaine de kilomètres de Quito. Les tractations secrètes avaient duré plus de trois ans, et les ratés au démarrage plus de dix mois. A la différence des FARC qui se sont toujours pensées comme une armée, l’ELN est mieux articulée aux organisations sociales – syndicats ou associations paysannes – des régions où l’organisation est implantée.

L’agenda en six points négocié par les délégués du gouvernement et de l’ELN avait été rendu public début 2016. Il prévoit que les négociations porteront sur « la participation de la société civile, la démocratie pour la paix, les transformations pour la paix, les victimes, la fin du conflit et les conditions de la mise en œuvre de l’accord ». La grande différence avec le processus de paix des FARC concerne cette participation de la société civile dont personne ne sait encore quelle forme elle prendra. Les « transformations pour la paix » ouvrent à l’infini le champ des négociations. L’ELN parait vouloir obtenir plus que les FARC.

Les négociateurs de Quito

Les négociateurs de Quito

La voie vers des pourparlers de paix entre l’ELN et le gouvernement colombien est désormais ouverte. L’ELN a libéré hier jeudi l’ancien député Odin Sanchez, détenu depuis près de dix mois. Sa libération était un des préalables fixés par le président Juan Manuel Santos pour ouvrir des négociations (voir notre article). Celles-ci doivent débuter dès mardi en Équateur. Quelques jours avant, deux membres de l’ELN emprisonnés avaient été libérés en Colombie, après avoir été désignés « facilitateurs de paix » par le gouvernement (voir notre article). La reprise des pourparlers est prévue à partir du 7 février à Quito.

La libération d’Odin Sanchez

La libération d'Odin Sanchez

Deux membres de l’ELN emprisonnés ont été libérés ce weekend en Colombie, après avoir été désignés « facilitateurs de paix » par le gouvernement, l’une des conditions préalables aux pourparlers prévus à partir du 7 février à Quito. La semaine dernière, le gouvernement du président Juan Manuel Santos et l’ELN avaient annoncé le lancement le 7 février dans la capitale de l’Equateur voisin de pourparlers officiels, à l’issue de discussions menées en secret depuis janvier 2014.

Ces négociations formelles, qui devaient être précédemment entamées en octobre dernier, avaient été annulées au dernier moment par M. Santos, l’un des prisonniers de l’ELN, l’ex-député Odin Sanchez, n’ayant pas été relâché. Selon les conditions posées en préalable, l’ancien parlementaire, retenu de puis avril, doit être libéré le 2 février, tandis que le gouvernement doit gracier deux guérilleros emprisonnés et en nommer deux autres facilitateurs de paix (voir notre article). Avec les libérations annoncée ce weekend, l’une de ces conditions est désormais remplie. L’ELN a précisé dimanche que les guérilleros qui devraient être graciés, Nixon Cobos et Leivis Valero, se trouvent dans un « état de santé délicat » et « seront remis en liberté simultanément avec Odin Sanchez ».

Combattants de l’ELN

Combattants de l'ELN

Dimanche devait commencer la saison de tauromachie à Bogota, après 5 ans d’interdiction. Différentes organisations pour les droits des animaux avaient appelés marches et des sit-in devant la Plaza de Toros et ses environs. Plus de 1200 policiers avaient été mobilisés pour empêcher les manifestants d’avoir accès à l’événement. Les manifestants ont traité d’assassins tous les gens qui pouvaient passer les filtres de police pour assister à l’événement, les incidents se sont multipliés avec les policiers. La police anti-émeute est alors intervenue pour évacuer les manifestants à grand renfort de gaz lacrymogènes.

Les incidents de dimanche à Bogota

Les incidents de dimanche à Bogota

Vendredi 13 janvier, une nouvelle réunion exploratoire a démarré à Quito entre la délégation du gouvernement et celle de l’ELN, pour tenter de relancer le processus de paix. L’agenda en six points des négociations a été publié en mars 2016. Mais le dialogue public – qui aurait dû démarrer en octobre – bute sur le cas d’Odin Sanchez. Le gouvernement exige la libération de ce parlementaire et de tous ceux qui sont aux mains de l’ELN pour reprendre les pourparlers. Les négociateurs guérilleros refusent toute condition préalable.

Pour sortir de l’impasse, l’idée d’un échange de prisonniers qui ne dirait pas son nom a fait surface fin 2016. Le gouvernement a accepté de nommer « constructeurs de paix » deux chefs guérilleros incarcérés et d’en amnistier deux autres. Mais l’ELN a exigé la libération de deux commandants du Front occidental en prison pour des crimes non amnistiables. Nouveau blocage.

Odin Sanchez, prionnier de l’ELN

Odin Sanchez, prionnier de l'ELN

Un militaire a été abattu lundi par deux guérilleros de l’ELN circulant à moto a eu lieu dans les environs de la ville de Puerto Jordan, dans le département d’Arauca. Les guérilleros, membres de la « Commission Martha Helena Barón » du Front « Domingo Lain Saenz » de l’ELN, ont ouvert le feu sur un check-point établi par l’armée pour sécuriser la région. Des renforts ont été déployés suite à cette attaque.

L’action de la guérilla est survenue un jour après que le gouvernement a annoncé que les pourparlers pour la mise en place de négociations avec l’ELN reprendront le jeudi 12 et non le 10 comme prévu. Les négociations devaient commencer le 27 octobre à Quito, mais elles ne progressent pas en raison du refus de l’ELN d’accepter un préalable exigé par le gouvernement: la libération de l’ancien membre du Congrès Odin Sanchez, détenu par la guérilla depuis le 3 avril.

Odin Sanchez, prionnier de l’ELN