Après 6 semaines de détention provisoire à Fleury-Mérogis, Lucile passait en procès ce mercredi 25 novembre au tribunal de Bobigny où elle a été condamnée à 3 mois de prison ferme avec un maintien en détention. Une forte présence policière répondait à une forte mobilisation solidaire: la salle d’audience est comble, une cinquantaine de personnes étaient venues soutenir Lucile. Cette anarchiste est poursuivie pour s’être refusé à un contrôle d’identité, pour avoir énoncé quelques vérités désobligeantes sur les policiers, et pour avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes. La garde à vue sera éprouvante: insultes et coups.

Un incident s’est passé suite au réquisitoire lors d’une suspension d’audience. Une échauffourée a opposé l’assistance solidaire aux policiers devant la salle du tribunal. Les policiers ont fait usage de tonfa, on plaqué des personnes au sol et menacé » d’autre de tasers allumés. Avant le verdict, le juge fait entouré l’assistance par la police. Le cordon policier poussera les manifestants jusqu’au métro, à 400 m du tribunal.

Lire une lettre de Lucile

Le palais de justice de Bobigny

Le palais de justice de Bobigny

Déclenchée suite aux attentats islamistes du 13 novembre, l’état d’urgence a déjà servi à réprimer à plusieurs reprises des progressistes. A l’expulsion d’un squat par le RAID à Lille, l’annulation des mobilisations contre la COP21 et aux arrestations de manifestants qui avaient participé à un rassemblement interdit par les mesures d’exception, succède une nouvelle « opération anti-terroriste » contre une ferme bio du Périgord. Sur ordre du préfet du département, dix gendarmes se sont introduits ce mardi à 10h dans la ferme, à la recherche de « personnes, armes ou objets susceptibles d’être liés à des activités à caractère terroriste », en lien avec les attaques du 13 novembre. Au bout de 2h40 de recherches, l’un des gendarmes interroge les deux propriétaires « le G8, les sommets européens, les manifestations pour l’environnement, ça ne vous dit rien ? » avant de parler d’une action en particulier, le blocage du péage de Mussidan contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, il y a deux ans. Ordinateurs et téléphones ont été raccordés à une machine qui en a copié le contenu. Les gendarmes sont finalement repartis bredouille à 10h du matin.

Le lendemain, plusieurs domiciles de militants anarchistes de Périgueux ont également été perquisitionnés, les données informatiques saisies et les lieux photographiés.

France: Perquisitions dans une ferme bio et aux domiciles d’anarchistes dans le Périgord

Deux ans d’emprisonnement ont été requis mardi contre huit anciens salariés de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord pour la séquestration durant 30 heures en 2014 de deux cadres. Poursuivis devant le tribunal correctionnel d’Amiens pour «séquestration et violences en réunion», le procureur a requis contre chacun d’entre eux une peine de deux ans d’emprisonnement: un an «ferme aménageable» et un an de sursis. Entre le 6 et le 7 janvier 2014, le directeur des ressources humaines ainsi que le directeur de la production de cette entreprise de 1.143 salariés, fermée quelques jours après, avaient été retenus dans les locaux de l’usine de pneumatiques que plusieurs dizaines de salariés avaient occupée avant de les laisser partir, sans violence.

Parmi les nombreux témoins qui se succédaient à la barre, une inspectrice du travail est venue expliquer le «management pathogène» de la direction de Goodyear. Le CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) a comptabilisé 14 suicides en moins de deux ans. Le procès s’est déroulé sans plaignant: Goodyear avait en effet retiré sa plainte en application de l’accord de fin de conflit signé avec les syndicats fin janvier 2014, tout comme les deux cadres concernés, qui se sont désistés après avoir déposé plainte à titre individuel dans un premier temps. Le jugement a été mis en délibéré au 12 janvier 2016.

Le DRH à sa libération

Le tribunal d’application des peines de Paris a accepté mardi la demande de libération conditionnelle de Lorentxa Guimon, ancienne militante française d’ETA qui est atteinte de la maladie de Crohn. Une expertise médicale réalisée en août dernier avait relevé les difficultés de suivi du traitement pour Lorentxa Guimon, incarcérée à Rennes et âgée de 46 ans, qui souffre de cette maladie chronique du système digestif depuis de nombreuses années. Interpellée en 2003, elle doit purger une peine de 20 ans de détention, résultat de la confusion de plusieurs condamnations pour ses activités au sein de l’ETA.

Le parquet a immédiatement fait appel de la décision du tribunal d’application des peines. « La jurisprudence de la chambre d’application des peines en la matière nous oblige à être très prudents car une décision favorable pour un autre prisonnier a été cassée en appel début 2015», a souligné l’avocate de Lorentxa Guimon.

Lorentxa Guimon

Lorentxa Guimon

Suite aux attentats du vendredi 13, la manifestation qui devait avoir lieu à Paris contre la conférence COP21 avait été interdite par la police. Les organisateurs du grand rassemblement avait conclu ce week-end un accord de principe avec la commune d’Ostende pour y déplacer le rassemblement. Le cabinet du bourgmestre vient toutefois de communiquer que le rassemblement ne serait pas autorisé sur place car la police ostendaise devait assurer ce jour là (le 29 novembre) la sécurité du sommet européen, et ne sera donc pas suffisante pour « encadrer » la manifestation.

Affiche de Paris-Luttes.info contre la COP

Affiche de Paris-Luttes.info contre la COP

Le 22 novembre, suite à la manifestation de soutien aux migrants, l’identité de 58 manifestants identifiés avait été transmise au procureur pour avoir manifesté malgré l’état d’urgence. Plusieurs personnes ont reçu des convocations pour des « auditions libres » et ont ensuite été mises en garde à vue. L’audition libre est censé fournir un statut entre celui de témoin et celui de gardé à vue.

La manifestation place de la République

La manifestation place de la République

Les grévistes de la Clinique du pont de chaume à Montauban entament aujourd’hui leur 34e jour de grève. La direction générale du groupe Vedici a assignés hier les grévistes en référé par la direction pour blocage du hall d’accueil de la clinique. L’avocate représentant les salariés grévistes a demandé le renvoie de l’affaire «afin de laisser place à la médiation et toutes les chances qu’un accord aboutisse». Un renvoi accepté par l’avocat de la direction. La prochaine audience est prévue le 3 décembre.

Les grévistes manifestant

Les grévistes manifestant

La préfecture de police de Paris a transmis au procureur de la République les identités de 58 personnes ayant bravé dimanche l’interdiction de manifester à Paris, en défilant en soutien aux migrants et contre l’état d’urgence (voir notre article) annonce un communiqué ce lundi matin.

Dans le cadre de l’état d’urgence décrété depuis le 13 novembre à la suite des attentats à Paris et Saint-Denis, le préfet de police de Paris a pris un arrêté d’interdiction de manifester sur la voie publique qui a été prorogé jusqu’au 30 novembre à minuit. Mais dimanche, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur la place de la Bastille et ont défilé jusqu’à la place de la République. La police a procédé à 58 identifications de personnes. Les contrevenants s’exposent à une peine pouvant aller jusqu’à six mois d’emprisonnement et à une amende de 7.500 euros.

La manifestation place de la République

Interdite par la préfecture de police, dans le cadre de l’état d’urgence, la manifestation de soutien aux migrants a tout de même eu lieu ce dimanche, comme annoncée, de la Bastille à la place de la République, où environ 300 personnes se sont rassemblées. Auparavant, quelques centaines de personnes étaient réunies, vers 15h, sur les marches de l’Opéra Bastille, encerclées par un considérable dispositif policier. Vers 16h, après avoir forcés le cordon policier, 200 à 300 manifestants ont empruntés le boulevard Beaumarchais en direction de la place de la République. Bloquée par la police à la hauteur de la rue des Francs Bourgeois, la manifestation est cependant repartie et, malgré l’envoi sur le cortège de deux ou trois grenades lacrymogène par la police, atteindre la place de la République.

L’affiche de la mobilisation

L'affiche de la mobilisation

La préfecture de police de Paris a annoncé samedi la prolongation jusqu’à la fin du mois de l’interdiction de manifester dans la capitale française et sa région, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre. Cette décision, qui concerne « les manifestations sur la voie publique », court jusqu’au 30 novembre à minuit, a précisé la préfecture en la justifiant par « l’extrême gravité » des attaques qui « a conduit le gouvernement à déclarer l’état d’urgence ». L’interdiction couvre ainsi la journée d’ouverture de la Conférence mondiale sur le climat (COP21) pour laquelle plus d’une centaine de dirigeants étrangers sont attendus à Paris. Les autorités avaient déjà décidé ces derniers jours l’annulation de deux grandes manifestations prévues les 29 novembre et le 12 décembre en marge de la conférence.

Dispositif policier à Paris

Dispositif policier à Paris