Il y a quelques jours, nous évoquions la situation de Sambo Sodi. Cette femme est l’une des nombreuses victimes de l’opération de ratissage anti-guérilla ‘Green Hunt’ menée au mois d’octobre par les forces de sécurité. Depuis le 4 janvier, elle est maintenue en détention après avoir été interceptée alors qu’elle se rendait à l’hôpital de Delhi afin de continuer sa revalidation. Elle se trouve actuellement à l’hôpital de Jagdalpur Maharani, sous haute surveillance car soupçonnée d’être une militant maoïste. Or, il est impératif qu’elle aille à Delhi pour poursuivre son traitement, sous peine de se voir amputée. Malgré l’ordre de la Cour Suprême de l’autoriser à s’y rendre, la police s’y refuse. De plus, elle empêche quiconque de lui rendre visite. Lorsque son avocat a tenté d’aller la voir, un officier lui a affirmé qu’elle ne souhaitait pas se rendre à la capitale, ni rencontrer personne. Cette déclaration est tout à fait aberrante sachant que Sambo Sodi a conscience de son état et est suivie par le meilleur orthopédiste de Delhi. De plus, lorsque son avocat a tenté de s’adresser aux autorités suite à ce qui lui avait dit l’officier, celles-ci ont refusé de lui répondre.

Un membre du parti communiste officiel (associé au pouvoir) a été tué dimanche au Bengal occidental, dans la région du Lalgarh. Il a été enlevé dans son magasin dimanche soir et retrouvé lundi matin, criblé de balles. Les maoïstes ont laissé des tracts sur le lieu, le dénonçant comme un informateur de la police. Quatre autres personnes ont été tuées dans la journée de samedi dans trois incidents séparés. Les maoïstes ont à chaque fois expliqué qu’il s’agissait d’informateurs de police. Quelques heures plus tard, trois maoïstes étaient tués par les forces de l’ordre.

Himanshu Kumar a été arrêté le 3 janvier dernier dans le sud du Chhattisgarh. Depuis plus de vingt ans, ce militant gandhien travaille auprès des populations tribales indiennes dans de nombreux villages du district du Dantewada et du Chhattisgarh pour mettre en place des programmes de santé et d’éducation. Huit jours avant son arrestation, Kumar avait commencé une grève de la faim en protestation contre l’emprisonnement sous de fausses accusations d’un de ses collègues et pour réclamer la réhabilitation des villageois déplacés par la milice armée. Déjà, le 17 mai 2009, son ashram avait été démoli par la police sous prétexte qu’il était situé sur un terrain acquis illégalement. Le militant a déjà porté plus de 600 plaintes contre les forces de l’ordre pour abus et violence envers la population locale.

Ce dimanche, Sambo Sodi devait se rendre à l’hôpital de Delhi. Issue d’une tribu du Chhattisgarh, elle est l’une des nombreuses victimes civiles de l’opération ‘Green Hunt’ menée cet automne par les forces de sécurité. Touchée à la jambe lors d’une fusillade, elle a été à l’époque transportée sur un brancard jusqu’à Delhi où elle a été soignée. Aujourd’hui, elle est capable de marcher, soutenue par des béquilles, mais suit toujours une revalidation à l’hôpital. Hier, la police locale a refusé qu’elle prenne le bus pour s’y rendre. Elle a alors tenté de rejoindre la capitale dans une voiture privée, accompagnée d’un homme du village, mais ils se sont fait arrêter, interpeller et emmener au commissariat de Kanker. Là, ils ont été longuement interrogés, la police accusant Sambo Sodi d’être naxalite. Cet interrogatoire s’est tenu à la demande du commissaire de police du district, et Sambo Sodi est toujours maintenue en détention, selon ses ordres.

L’organisation ‘People’s Union for Civil Liberties’ du Chhattisgarh a critiqué publiquement le harcèlement vis à vis de cette femme. De plus, il a accusé le gouvernement de sabotage d’un meeting qui doit se tenir cette semaine à l’initiative du PUCL et qui a pour sujet ‘La violation des droits humains dans la zone par les forces de sécurité’.

Malgré l’énorme déploiement des forces de sécurité gouvernementales ces derniers mois, les maoïstes poursuivent leurs actions et les intensifient dans le Bengale occidental. Depuis des années, les maoïstes mènent une lutte armée contre les propriétaires terriens et les sociétés minières, pour la défense des paysans sans-terre et des tribus dans les Etats indiens où la puissance publique (éducation, santé,…) est quasi inexistante. Sentant la menace grandissante, le gouvernement a depuis maintenant plus d’un an, mis en place un programme de contre-guérilla.

Sa première grande offensive dans le Bengale occidental (opération Lalgarh) fut un fiasco total, les maoïstes parvenant à récupérer toutes leurs bases et à harceler les forces ennemies durant tout le courant de l’action. A l’heure actuelle, les forces paramilitaires comptent plus de 2.500 hommes déployés dans la zone ainsi qu’une mobilisation d’un grand nombre d’officiers de la police locale, mais le gouvernement ne parvient pas à enrayer la guérilla. Ces derniers mois se sont multipliés les exécutions de policiers, d’informateurs ainsi que les attaques contre les infrastructures de l’Etat (ponts, commissariats,…) et des sociétés privées. Durant la seule journée du 18 décembre, les guérilleros ont attaqué une usine et ont mis le feu à 25 camions, à 12 motos et à 3 pétroliers. Il semble évident que jusqu’à présent, toutes les initiatives gouvernementales contre les naxalites se sont avérées inefficaces. Les autorités ne baissent pourtant pas les bras et ont annoncé la reprise de l’offensive anti-naxalite le 25 décembre dernier. Dans un rapport publié récemment, les maoïstes font état de la perte de 232 hommes dans leurs rangs entre juillet 2008 et septembre 2009.

Le gouvernement indien vient d’annoncer avoir affecté une flotte de dix hélicoptères MI-17 de l’Indian Air Force à la lutte contre les maoïstes. Après avoir annoncé sa décision d’augmenter le contingent des troupes anti-naxalites ainsi que l’attribution de primes plus importantes à ceux qui mènent la contre-guérilla, le gouvernement a donc décidé d’en augmenter l’arsenal. Ces hélicoptères auront pour mission de déposer les commandos dans les zones peu accessibles et d’en évacuer les blessés. Armés, ils auront également pour but de détruire les camps maoïstes des cinq états où les guérilleros sont les plus présents: Andhra Pradesh, Chhattisgarh, Jharkhand, Orissa et Maharashtra. Tous ces préparatifs se font dans le cadre de la reprise de l’opération ‘Green Hunt’ annoncée par le gouvernement pour le début de l’année. La photo ci-dessous montre un des 50 premiers MI-17 indien lors d’une exercice indo-US antiterroriste ‘Balance Iroquois 2003’. Depuis, l’Inde a encore acheté à la Russie 70 de ces engins.

Hélicoptère MI-17

Hélicoptère MI-17

Le CPI(M) – maoïste – et le CPI-ML – naxalbari – ont décidé ce 23 décembre d’unir leurs forces contre les offensives gouvernementales visant les maoïstes à travers le pays. A l’issue d’un meeting rassemblant les différents leaders, un document commun a été rendu public, exhortant le peuple à mettre en place une résistance militante face à la répression de l’Etat. Jusqu’à présent, les deux organisations avaient mené leur lutte armée de manière indépendante. Après plusieurs rounds de discussions, le besoin que les forces révolutionnaires devaient s’unir pour renforcer la guerre du peuple s’est fait ressentir. Malgré certaines divergences politiques, cette alliance semble être un premier pas vers une possible fusion face à la répression gouvernementale que subi le peuple indien.

Le gouvernement du Bengal occidental a approuvé ce jeudi la décision de mettre en place un conseil d’administration qui supervisera la sécurité et mettra en oeuvre de nouvelles mesures antiterroristes. Il sera dirigé par un député inspecteur général de police et engagera 480 policiers. Le gouvernement a également décidé d’augmenter les effectifs policiers et d’améliorer les infrastructures situées dans les districts où les maoïstes sont les plus actifs. 3224 postes seront créés dans divers départements et les 150 actuellement vacants seront complétés. Il leur sera également fourni plus de véhicules. Le gouvernement d’état a quant à lui décidé de fournir des armes plus performantes aux officiers de police déployés dans les zones ‘à risques’ et de leur accorder des primes financière accrue.

Une militante maoïste et un soldat du Groupe d’Opération Spécial (SOG, l’unité d’élite anti-naxal de l’Etat de l’Orissa)) ont été tués tôt jeudi matin dans le district de Koraput, en Orissa. Trois autres soldats du SOG ont également été aussi blessés. La fusillade a eu lieu lors d’une opération de ratissage à Koraput. La guérilla maoïste a par ailleurs endommagé une tour-relais de téléphonie mobile à Kiang la nuit de mercredi à jeudi.

Les violences continuent dans la zone de Lalgarh. Dans la soirée de lundi, des maoïstes ont pillé et mis le feu aux maisons de deux membres du PCI(M), le parti communiste réformiste associé au pouvoir. Selon la police, un grand groupe de militants et plusieurs maoïstes armés ont attaqué l’habitation de Amiyo Sengtupa, membre du comité du district dudit parti, pour ensuite s’attaquer à celle du leader local Avijit Singha. Sans les deux cas, les personnes présentes dans les maisons ont pris la fuite avant que le feu n’y soit bouté. Les forces de sécurité ont voulu se rendre sur place, mais les maoïstes avaient disposé des mines terrestres sur leur trajet. L’explosion de l’une d’entre elles a blessé quatre policiers. Un second contingent en provenance de Jhargram n’est pas parvenu jusqu’au lieu des attaques, préférant ne pas se risquer sur un chemin probablement également miné.