Quatre prisonniers politiques kurdes iraniens de confession sunnite, Hamed Ahmadi, Kamal Molaï et les frères Jamchid et Jahanguir Dehghani incarcérés à la maison d’arrêt de Ghezel Hessar à Karadj (banlieue de Téhéran), sont en grève de la faim.

Ils ont cessé de s’alimenter depuis le 14 juin et après avoir été transférés de la prison de Gohardacht à celle de Ghezel-Hessar dans la même ville pour procéder à leur exécution. Ils sont condamnés à mort pour « propagande contre le régime, corruption sur Terre et guerre contre Dieu (Moharebeh) ». Ces quatre détenus ont perdu beaucoup de poids, ont une chute de tension et des problèmes néphrétiques. Hamed Ahmadi souffre de saignements de l’estomac. Il y a quatre mois, également, pour protester contre leur condamnation à mort, ils avaient mené 73 jours de grève de la faim.

Iran: Quatre prisonniers politiques kurdes condamnés à mort

Reza Chahabi est membre du comité de direction du syndicat des employés de la Régie des transports de la ville de Téhéran. Il a entamé une grève de la faim pour protester contre son transfèrement de la prison d’Evin à Téhéran vers la prison de Gohardacht à Karadj. Il a besoin d’une opération chirurgicale sur sa colonne vertébrale et cette opération n’est pas réalisable à l’intérieur de la prison. Les médecins qui l’ont examiné ont souligné que si Réza Chahabi ne reçoit pas rapidement les soins médicaux dont il a besoin, le côté gauche de son corps sera prochainement paralysé.

Les habitants du village de Savadjan dans la province de Chahar-Mahal-va-Bakhtiari, (ouest de l’Iran) d’où était originaire Gholam-Reza Khosravi, ont tenu une cérémonie à la mémoire de ce membre de l’OMPI pendu à l’aube du 1 juin à la prison de Gohardacht en banlieue de Téhéran. Les services de renseignement ont refusé de restituer le corps à sa famille et l’ont enterré en secret à 1h00 du matin le 2 juin au cimetière Bagh-e-Rezvan d’Ispahan. Les habitants de Savadjan se sont d’abord rassemblés devant le sanctuaire de Seyed Soleiman. Ils ont ensuite marché en cortège jusqu’à la mosquée pour la cérémonie en scandant des slogans en l’honneur de Khosravi, En réponse, les forces de sécurité ont interrompu la cérémonie.

Iran: Un syndicaliste en danger, une cérémonie funéraire interrompue

Gholam-Reza Khosravi, un prisonnier politique sympathisant de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) et partisan de l’établissement d’un régime démocratique et laïque dans son pays a été exécuté dimanche 1er juin pour son rôle dans le mouvement de contestation des prisonniers politiques le mois dernier en Iran. Ce père de famille exécuté après 12 années de prison et de torture, était considéré par les autorités comme le « principal instigateur » du mouvement de protestation sans précédent des prisonniers politiques de la section 350 de la prison d’Evine en avril dernier. Mis en isolement, il avait entrepris une grève de la faim qui a duré 21 jours et avait appelé la population à se joindre aux revendications des prisonniers politiques.

Iran: Exécution d’un prisonnier politique

Dans la matinée du 1er mai, les salariés de la compagnie des bus se sont rassemblés sur la place Azadi de Téhéran pour célébrer la Journée des Travailleurs. Les forces de sécurité ont chargé le groupe à coups de matraques et d’injures et les ont embarqués dans un fourgon pour les conduire à la prison d’Evine. Le régime a également déployé une multitude d’agents devant le ministère du Travail, pour empêcher le moindre rassemblement. Les forces de sécurité, les agents en civil et les miliciens du Bassidj contrôlaient les alentours de l’avenue Azadi et même les allées avec des blindés et des motards. Malgré ces mesures répressives, près d’un millier de travailleurs sont arrivés jusqu’au ministère du Travail mais n’ont pu se rassembler. Plusieurs ont été arrêtés sur place.

Auparavant, à 1h30 du matin, le 1er mai, Jafar Azim-Zadeh et Jamail Mohammadi, deux membres de la direction de l’Union des Travailleurs Libres, qui avaient appelé au regroupement devant le ministère, ont été arrêtés dans un raid du Vevak à leurs domiciles. Les agents du Vevak ont aussi attaqué le domicile de Mme Parvine Mohammadi, militante ouvrière, en brisant la porte d’entrée. Elle n’était pas là mais a été arrêtée quelques heures plus tard.

Les prisonniers politiques de la prison d’Evin, à Téhéran, ont mis fin à leur grève de la faim, hier mardi, après une dizaine de jours. Ils protestaient contre les affrontements violents survenus lors de l’inspection des cellules, jeudi 17 avril, entre des gardiens de prison et les quelque 70 détenus de la section 350, celle des prisonniers politiques. Ils exigeaient la création d’un comité d’enquête et le traitement médical des blessés. A la suite de ces affrontements, 32 détenus ont été mis à l »isolement ; douze s’y trouvent toujours.

L’affaire, relatée dans la presse iranienne, a suscité l’indignation des familles des prisonniers, de journalistes et de militants des droits de l’homme. Les familles se sont ensuite réunies devant le bureau de la présidence, le Parlement, ainsi que devant le ministère de la justice. Le 23 avril, le directeur de l’Organisation pénitentiaire a été limogé. Mais il a ensuite été nommé à la tête de la Cour de justice de Téhéran, ce qui ressemble davantage à une promotion qu’à une sanction. Après cette attaque, les gardes de la prison ont rasé les cheveux des détenus. En signe de solidarité, d’autres prisonniers se sont également coupé les cheveux. Et des internautes ont lancé une campagne intitulée « Sarfaraz » (« tête haute », en persan), pour laquelle ils se rasent la tête puis se prennent en photo. Ces images sont ensuite publiées sur les réseaux sociaux.

Iran: Les prisonniers politiques d’Evin arrêtent leur grève de la faim

Le mardi 22 avril, un groupe composé de membres des familles de prisonniers politiques et des étudiants qui les soutenaient, ont participé à un rassemblement devant le bureau du chef de l’appareil judiciaire du régime, afin de protester contre le raid sauvage des agents de répression sur les prisonniers politiques à la prison d’Evin (pour moitié des Moudjahidines du Peuple, pour moitié des militants de diverses organisations de la gauche révolutionnaire). Le mercredi 23, un jour après la manifestation des familles des prisonniers politiques, trois personnes (Nada Sabouri, Milad Pour-Issa et Sohrab Salehine) ont été arrêtées en Iran. Ce sont des étudiants de l’université de Téhéran, on est sans nouvelle de la situation des personnes arrêtées et de leur lieu de détention.

La Haute Cour de Justice a confirmé les verdicts prononcés le mardi 22 avril dans lesquels quatre prisonniers politiques kurdes ont été condamnés à mort. Les quatre prisonniers politiques sont : Mohammad Abdollahi, Mostafa Salimi, Ali Afshari et Habib Afshari. Ils sont actuellement emprisonnés dans la ville d’Oroumieh (chef-lieu de la province d’Azerbaïdjan occidental, située au nord-ouest de l’Iran).

Ces dernières semaines, plusieurs autres prisonniers politiques kurdes ont été condamnés à mort, notamment : Samkou Khorshidi, Shirkou Maaréfi, Habibollah Golparipour, Reza Esmaïli-Mamédi. 16 prisonniers kurdes ont été exécutés et 20 autres prisonniers kurdes qui se trouvent actuellement dans le couloir de la mort. Par ailleurs 39 autres prisonniers sunnites kurdes ont été condamnés à mort pour des raisons confessionnelles.

Environ 200 proches et parents de prisonniers politiques se sont rassemblés hier dès la matinée devant la prison d’Evine et y sont restés toute la journée. Ils demandent à voir leurs proches et le retour des prisonniers à la section générale. Les gardiens refusent les visites aux familles rassemblées depuis 8h00 du matin et tentent de la disperser. En même tant, pour empêcher tout contact de ces familles avec les autres familles, le régime envoie des parasites pour brouiller les communications téléphoniques avec les autres quartiers de la capitale.

Le 17 avril, un grand nombre de gardiens de la révolution, d’agents du renseignement et de membres de la garde spéciale pénitentiaire, avaient profité du prétexte d’une inspection pour passer violement à tabac, insulter et humilier les prisonniers politiques de la section 350. Dans cette attaque, de nombreux détenus ont été grièvement blessés, y compris l’un d’eux qui vient juste de subir une opération chirurgicale à cœur ouvert. Les gardes ont enchainé aux mains et aux pieds à leur lit à l’infirmerie d’Evine des prisonniers gravement blessés.
32 prisonniers politiques sont à l’isolement dans la section 240 d’Evine bien qu’ils soient blessés et qu’ils aient besoin d’être soignés et rien n’a filtré sur leur situation.

Les prisonniers politiques de la section 350 se sont mis en grève de la faim le 18 avril pour protester contre ce raid sauvage et l’absence de toute information sur le sort de 32 de leurs codétenus. De leur côté, le 19 avril, des familles des prisonniers politiques sont aussi allées protester devant le Parquet de Téhéran, place Ark (photo).

Iran: Répression et résistance des prisonniers politiques

Le prisonnier politique kurde iranien, Simko Khorshidi, a été pendu à la prison de Kermanshah, au Kurdistan iranien. Arrêté à Téhéran en 2011, puis transféré dans les prisons de Sanandaj et Saqqez, avant de se trouver à la prison de Dizél, dans la province de Kermanshah, il avait été condamné à mort le 9 mai 2012 pour « Moharebeh » (inimitié envers Dieu) et appartenance à une organisation kurde. Il était originaire de Baneh.

Le même jour, la cour suprême iranienne a approuvé la condamnation à mort deux autres prisonniers politiques kurdes, Mohammad Abdoullahi et Mostafa Salimi. Le premier a été arrêté en avril 2010 et a été condamné trois ans plus tard, le 19 avril 2013, à la peine de mort par le tribunal de la ville kurde de Mahabad. Les motifs étaient les mêmes que ceux dirigés contre Simko Khorshidi. Quant au prisonnier kurde Mostafa Salimi, il avait été arrêté le 6 avril 2013 dans la province de Lorestan, avant d’être condamné a mort pour « Moharebeh » et appartenance a une organisation kurde. le 17 avril dernier, il a été transféré en cellule d’isolement à la prison de Saqqez, une autre ville du Kurdistan iranien. Entre 30 et 60 prisonniers politiques kurdes se trouvent dans les couloirs de la mort.