Des Mapuches du sud du Chili et des policiers se sont affrontés à plusieurs reprises hier lundi dans le centre de Santiago lors d’une marche des peuples autochtones pour protester contre la militarisation de leur région. Au son des tambours et des cornes, les manifestants – vêtus de costumes traditionnels colorés et portant des drapeaux de leurs peuples respectifs – ont avancé le long de l’Alameda, l’avenue principale de la capitale chilienne, où ils ont été dispersés par des camions de pompiers et des gaz lacrymogènes. Dix personnes qui ont été arrêtées seront remises au bureau du procureur. La marche, qui coïncidait avec le « jour de la rencontre des deux mondes », comme on appelle au Chili le jour de Colomb ou de l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique, dénonçait la militarisation des régions méridionales de Biobío et de La Araucanía, où se mobilisent de groupes mapuches revendiquant des terres ancestrales accaparées par des entreprises forestières et d’agriculture industrielle.

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Il y a eu une augmentation significative des manifestations samedi (qui est le premier jour ouvrable de la semaine iranienne). Dans la ville de Sanandaj, la population s’est emparée d’un commissariat de police avant d’y mettre le feu. La jeunesse insurgée a incendié la base des pasdaran de la ville et la mairie du village voisin de Naysar. Toujours à Sanandaj, dans la soirée, la jeunesse a pris le contrôle de rues en y allumant des feux, en détruisant les caméras de sécurité et en incendiant de nombreux centres répressifs, comme celui de la « Promotion de la vertu et de la prohibition du vice ». Les pasdaran ont fouillé chaque immeuble et maison de la rue Jam-e-Jam à la recherche de manifestants et ont tiré des salves de balles sur plusieurs portes d’entrée. Plusieurs jeunes manifestants ont été tués. Des agents ont tiré sur le conducteur d’une voiture qui klaxonnait en signe de solidarité avec les manifestants et l’ont tué.

A Machad les gens ont incendié un véhicule des forces répressives et passé à tabac un milicien (bassidj). Sur la place Pajouhech les manifestants scandaient : « Miliciens qui touchez vos rations, mangez bien, c’est la dernière ». Des agents ont lancé des lacrymogènes et tiré des chevrotines, en faisant des blessés, et les jeunes ont répliqué avec des cocktails Molotov. A Javanroud, au Kurdistan, un grand portrait de Khamenei a été incendié et des accrochages ont éclaté toute la nuit, la jeunesse tenant de certaines parties de la ville. À Kamiyaran, les manifestants ont bloqué les rues et se sont heurtés aux forces de répression. Les jeunes de Boukan ont pris le contrôle de quartiers de la ville en barricadant les rues. A Karadj, quatre voitures et deux motos des forces répressives et un grand portrait de Qassem Soleimani ont été incendiés. Les habitants de Hamadan ont fermé le pont stratégique de Qeshlaq. A Kerman, les agents ont ouvert le feu sur la foule.

Des manifestations ont eu lieu dans d’autres villes. Une vidéo d’une femme qui est apparemment dans ses derniers instants après avoir été abattue par les forces de sécurité iraniennes lors d’une manifestation dans la ville de Mashhad samedi est devenue virale sur les réseaux sociaux en Iran. Des centaines de personnes sont mortes depuis le début des émeutes à la mi-septembre – 192 sont identifiées. Des milliers ont été arrêtés. Parmi les personnes tuées lors de la manifestation figuraient deux jeunes femmes âgées de 16 et 17 ans qui, selon le régime, sont tombées des toits lors d’une manifestation, mais selon leurs familles, elles ont été assassinées par le régime avec des passages à tabac brutaux, et cela a même été confirmé par des examens pathologiques selon des rapports obtenus par la BBC. Un célèbre tiktoker encourageait les femmes à s’habiller librement, Hadis Najafi, a également été assassiné par le régime.

Les Palestiniens de la ville voisine de Kafr Qaddum organisent depuis des années des manifestations quasi hebdomadaires pour protester contre l’expropriation des terres qui appartenaient historiquement à leur ville, au profit de la colonie sioniste de Kedumim. Des affrontements ont éclaté vendredi entre l’armée israélienne et les manifestants Palestiniens. L’armée d’occupation a ouvert le feu, tuant un jeune manifestant de 15 ans, Adel Daoud. Un autre jeune manifestant, Mahdi Ladadweh, 17 ans, a été tué par un tir de militaires israéliens dans un village proche de Ramallah. Cinquante autres Palestiniens ont été blessés dans la répression des manifestations de ce vendredi.

L’Association des enseignants du primaire avait organisé jeudi une grande manifestation à Peshawar contre la baisse des pensions. Ils demandaient aussi un changement dans la structure actuelle du service des enseignants du primaire. La manifestation a provoqué des embouteillages massifs dans les zones environnantes. Entre-temps, le gouvernement provincial a refusé d’accepter les demandes des enseignants protestataires, sous prétexte qu’ils bloquaient les routes toute la journée au lieu de négocier. La police a été lancée contre les manifestants, blessant des  dizaines d’entre eux. Malgré les bombardements intenses de grenades lacrymogènes et les coups de matraque, la police n’a pas réussi à disperser les manifestants, car les enseignants ont tenu bon face à l’assaut. Les blessés ont été transportés d’urgence dans un hôpital local. La police a été jusqu’à arrêter certains enseignants qui recevaient des soins médicaux à l’hôpital. En réponse à cette répression, un grève totale a été déclenchée par les enseignants.

 

Alaa Zaghal, 21 ans, est mort d’une blessure par balle à la tête tirée par des militaires israélien à Deir al-Hatab, à l’est de Naplouse. Des jeunes palestiniens ont manifestés et caillassés des militaires qui procédaient à un raid contre domicile d’un Palestinien nommé Salman Omran qu’ils voulaient arrêter pour une raison encore inconnue. Omran s’est rendu après qu’un bulldozer israélien se soit approché de sa maison. Outre le jeune manifestant tué, sept personnes ont été blessées  par les forces d’occupation, dont trois journalistes. Les raids israéliens ont tué une centaine de Palestiniens, faisant de cette année la plus meurtrière depuis 2015.

L’arrestation de Salman Omran

Dans le prolongement des manifestations des universités durant toute la journée du lundi 3 octobre, pour la 18e nuit du soulèvement, des affrontements et des manifestations nocturnes ont eu lieu dans de nombreux quartiers de Téhéran, notamment à Pounak, Amirabad Chomali, Ashrafi Isfahani, Tajrish, Shahrara et Shahryar. Des accrochages ont éclaté entre les forces répressives et la jeunesse insurgée qui manifestait de nuit en scandant « à bas Khamenei » et « à bas le dictateur ». À Tajrish, les gens ont répondu aux menaces et aux propos de Khamenei sur le soulèvement le jour-même avec le slogan « ce dingue de guide est une honte ». À Sanandaj, des manifestants ont mis le feu aux banderoles du régime au carrefour Sharif Abad et du 6-Bahman. Des manifestants et des jeunes rebelles ont manifesté dans le quartier de Nayssar où ils ont affronté des agents à moto. A Chiraz, rue Chamran, les gens ont manifesté de nuit soutenus par un concert de klaxons contre le déploiement massif des forces répressives. Hier, en plus des manifestations de grande ampleur dans des dizaines d’universités, des étudiants ont brûlé l’exposition des miliciens du Bassidj à l’entrée de l’Université d’Ispahan. La cérémonie funéraire d’une jeune insurgée nommée Nika Shakarami, dans la ville de Khorramabad, a tourné à la manifestation. Les forces répressives ont tenté d’y mettre fin en tirant sur les gens et en lançant des gaz lacrymogènes.

Hier mardi 4 octobre, des violents affrontements a éclaté entre la police et les habitants du quartier de Memonwada, à Porbandar, dans l’État du Gujarat. Les habitants ont affronté la police en protestant contre la campagne de démolition menée à Porbandar. Si quelques habitations ont été démolies pour cause de construction illégale, d’autres ont été rasées sous prétexte qu’elles auraient été utilisées pour stocker des stupéfiants. Les habitants se sont rassemblés en masse et ont jeté des pierres sur les policiers. La police a tiré des gaz lacrymogènes sur les villageois. La tension est actuellement élevée au Gujarat, car outre Porbandar, une autre grande ville, Vadodara, a connu des affrontements aux premières heures du 4 octobre, qui ont entraîné l’arrestation de 40 personnes.

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Les enseignants de la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) luttent pour la création de postes pour les enseignants de l’État du Michoacán. Lundi 3 octobre, lors d’une manifestation, ils ont envahi les voies ferrées du tronçon Lazaro Cardenas-Morelia dans la communauté de Caltzontzin, dans la municipalité d’Uruapan (Michoacán). La Garde civile est intervenue et des affrontements ont éclaté, faisant de nombreux blessés dans les deux camps. Les manifestants ont lancé des projectiles divers sur la Garde civile, y compris des engins pyrotechniques, blessant (légèrement) sept membres des forces de l’ordre. A la fin du mois de septembre, des enseignants du CNTE s’étaient déjà heurtés à des éléments de la Garde civile après avoir effectué au moins trois blocages de routes dans les municipalités d’Uruapan, de Chilchota et de Purépero.

Les manifestations contre la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée peu après son arrestation par la police des moeurs, constituent la plus importante expression de rejet des autorités religieuses iraniennes depuis 2019. L’université Sharif, traditionnel foyer de dissidence, est encerclée par des dizaines de policiers anti-émeutes. Une des vidéos diffusée sur les réseaux sociaux montre les forces de sécurité tirant des gaz lacrymogènes pour chasser les étudiants du campus et le son de ce qui semblait être des tirs à distance pouvait être entendu. Une autre vidéo montre les forces de sécurité poursuivant des dizaines d’étudiants coincés dans le parking souterrain de l’université. Dimanche, des étudiants ont manifesté dans de nombreuses universités et des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes telles que Téhéran, Yazd, Kermanshah, Sanandaj, Shiraz et Mashhad, les participants scandant « indépendance, liberté, mort à Khamenei ».

Dans un Irak en pleine impasse politique, des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi 1er octobre à Bagdad pour marquer le troisième anniversaire d’un soulèvement contre le pouvoir, lancé contre la corruption des élites et la gabegie des services publics. La contestation inédite, déclenchée en octobre 2019, s’était propagée jusqu’au sud pauvre majoritairement chiite. Dans cet Irak riche en pétrole, des mois durant, des centaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue, dénonçant chômage des jeunes, infrastructures en déliquescence et absence de démocratie. Le mouvement s’était essoufflé avec une répression qui avait fait près de 600 morts et 30 000 blessés, mais aussi le confinement lié au coronavirus. Trois ans plus tard, la situation n’a pas changé. Les mêmes partis monopolisent la vie politique et, un an après les législatives d’octobre 2021, ils ne peuvent s’accorder sur le choix d’un premier ministre et d’un président.

En soirée, la mobilisation se poursuivait à Bagdad avec des effectifs moins importants, mais aussi dans les grandes villes du Sud, Nassiriya et Bassora, où les contestataires ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des grenades de gaz lacrymogène. « Le peuple exige la chute du régime », ont scandé, samedi dans la journée, les milliers de manifestants, très jeunes pour la plupart, brandissant drapeaux irakiens et portraits des « martyrs » de 2019 sur la place Tahrir de Bagdad. Les forces de l’ordre ont tiré plusieurs salves de gaz lacrymogène pour empêcher les contestataires de franchir un pont, où des murs en béton barraient l’accès à la Zone verte, quartier abritant ambassades occidentales et institutions étatiques. Les accrochages à Bagdad ont fait 36 blessés chez les manifestants, souffrant principalement de troubles respiratoires. Après des décennies de conflits, en l’absence de réformes économiques et de grands projets d’infrastructures dans ce pays frappé par une corruption endémique, le chômage touche par ailleurs quatre jeunes sur dix. Et la vie des 42 millions d’Irakiens est impactée par les conséquences du changement climatique, sécheresses et pénuries d’eau ne faisant qu’empirer.