Des affrontements secouent la Martinique depuis plusieurs nuits, dans un contexte de mouvement de contestation contre la vie chère, les tensions ne diminuent pas, un couvre-feu de 21h00 à 05h00 du matin a été décrété dès ce mercredi 18 septembre jusqu’au 23 septembre dans certains quartiers de Fort-de-France et de la commune limitrophe du Lamentin. Dans la nuit de vendredi à samedi, deux personnes ont ouvert le feu sur la façade du commissariat de Fort-de-France, sans faire de blessé. Le Grand port maritime de Martinique, par lequel transitent 98 % des marchandises est lui aussi visé par le mouvement de contestation.

Dans la nuit de mardi à mercredi, dans le quartier Dillon, un McDonald’s a été incendié, des barricades ont été enflammées. Toujours dans ce quartier, un hypermarché Carrefour a été envahi par une cinquantaine de militants, ils ont monté une barricade sur le parking qu’ils ont ensuite tenté d’incendier. Lors de sa fuite en scooter au moment de la dispersion par les forces de l’ordre, un homme est tombé, se blessant légèrement. Il a été interpellé. Un escadron de gendarmes, soit une centaine de militaires, a été envoyé en renfort. Depuis le début du mouvement, 44 véhicules ont été incendiés, 35 locaux commerciaux privés ont été attaqués, les autorités ont procédé à 15 interpellations, trois personnes ont été blessée, dont une par balle.

Vie chère en Martinique, dimanche 1er septembre, 700 manifestants se sont rassemblés à l’appel du collectif  «Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes »(RPPRAC). Le collectif revendique la baisse des prix pratiqués sur l’île soient alignés sur ceux de la métropole. Quinze ans après les grèves générales contre la vie chère, la population martiniquaise est de nouveau de la rue. Ce 1er juillet, un ultimatum avait été lancé par le RPPRAC afin de faire baisser le prix de 2500 produits de première nécessité. Deux mois plus tard, l’ultimatum est sans effet, rendez-vous était fixé devant un grand centre commercial de Fort-De-france.

En début de journée, Rodrigue Petitot, président du RPPRAC a été arrêté et mis en garde à vue, suspecté de participation avec une dizaine d’autres personnes cagoulés à une tentative de vol de bus. En réaction à cette arrestation, les manifestants se sont dirigés vers le port de Fort-De-France où ils ont bloqué ses accès principaux et un terminal à conteneurs. Dans la nuit, un véhicule a été incendié et plusieurs poubelles ont été réduite en cendre. Des opérations de gendarmerie et de police sont menées à Fort-de-France pour libérer les accès des ronds-points bloqués. 5 camions de gendarmes mobiles sont arrivés en renfort de Guadeloupe et se sont déployés sur le terrain. Rodrigue Petitot dit « Le R » a été libéré en fin de journée.

Le placement en détention provisoire d’Hervé Pinto, président du Kollectif Jistiss Matinik, a provoqué deux nuits d’émeutes en Martinique. Dimanche, plusieurs incendies avaient déjà été déclenchés dans le centre-ville de Fort-de-France aux cris de « Libérez Pinto », un activiste qui dit être l’héritier d’un terrain dont il aurait été spolié sur la commune des Trois-Ilets. Les habitants de la résidence construite sur le terrain revendiqué par Hervé Pinto, se disant intimidés, avaient mené une action en justice et l’homme a interdiction de s’approcher du quartier. Le militant anticolonial a été interpellé dans une zone où il avait justement interdiction de se rendre. Dès 21 heures locales lundi, des manifestants masqués ont installé des barricades enflammées à l’entrée du quartier Sainte-Thérèse, à Fort-de-France. Ils ont jeté des cocktails Molotov sur un véhicule de gendarmerie mobile et tiré à trois reprises à balles réelles sur les forces de l’ordre. Des émeutiers ont pillé une station-service et incendié un commerce et au moins cinq voitures. Quatre personnes ont été interpellées.

 

 

 

Le 16 juillet dernier, un jeune manifestant de 22 ans est arrêté en Martinique lors d’une manifestation contre le chlordécone, un pesticide extrêmement nocif utilisé dans les bananeraies jusqu’en 1993. Il est passé à tabac et torturé par la police avant d’être placé en garde à vue pour violence contre les forces de l’ordre. Son procès était initialement prévu le 9 novembre dernier, il a finalement été reporté au 17 mars prochain.

 

Vendredi 22 mai, un groupe de manifestant·es a détruit une statue de Victor Schoelcher située à Fort-de-France à l’occasion de la commémoration des luttes des anciens esclaves pour leur libération. Une autre a été détruite dans la commune qui porte le nom de l’homme politique. Ces actions visaient à rétablir la vérité historique sur l’abolition telle que pensée par Victor Schoelcher. Celui-ci était, en effet, à l’origine du décret qui avait permis l’indemnisation des propriétaires d’esclaves suite à l’abolition de l’esclavage. Les anciens esclaves avaient ainsi dû dans les jours suivants retourner sur les habitations pour être embauchés par leurs anciens maîtres. Victor Schoelcher est célébré dans l’histoire officielle comme un héro ayant permis la fin l’esclavage. En réalité, c’est l’une des multiples révoltes des esclaves pour obtenir leur liberté, qui força le gouverneur de Saint-Pierre à signer le décret d’abolition avant l’arrivé du décret gouvernemental. Plus d’infos ici.

Deux statues de Victor Schoelcher détruites par des manifestant·es

Deux statues de Victor Schoelcher détruites par des manifestant·es

Le dimanche 24 février, des jeunes Martiniquais défilaient dans le cadre des manifestations carnavalesques du LORRAIN en brandissant un drapeau Rouge Vert Noir. Ce drapeau tricolore, crée en 1968, est devenu l’emblème de la revendication autonomiste et indépendantiste martiniquaise. Le rouge représente le socialisme, le noir, le combat pour la cause noire et le vert celui pour la paysannerie.

Les manifestants ont été pris à partie par des gendarmes qui sont allés jusqu’à arrêter l’un d’entre eux, à le placer en garde vue et à saisir le drapeau. Il a finalement été relâché face aux protestations populaires, mais il était convoqué à la gendarmerie du Lorrain le Mardi 26 Février à 9 heures. Un rassemblement de solidarité était prévu. Plus d’infos de contexte ici

Un drapeau indépendantiste de Martinique

Un drapeau indépendantiste de Martinique

Tandis que les conflits sociaux se durcissent, deux escadrons de gendarmes mobiles vont être envoyés en renfort en Martinique où la grève générale est aujourd’hui à son huitième jour, tandis que la Guadeloupe, paralysée depuis vingt-trois jours, a à nouveau accueilli le ministre Yves Jégo. Les deux escadrons feront une escale technique à la Guadeloupe avant Fort-de-France où ils rejoindront deux escadrons déjà sur place.

En Martinique, les négociations ont repris en préfecture sur le prix des services, les syndicats réclamant leur baisse après avoir obtenu la veille moins 20 % sur 100 produits de première nécessité. Environ 1.500 personnes selon la police, ont manifesté le matin dans les rues de Fort-de-France. Mais ‘beaucoup de personnes’ n’ont pu se joindre aux manifestations, qui ont rassemblé jusqu’à 20.000 personnes, faute de carburant, indiquait-on à la préfecture. Les stations-service, y compris celles réquisitionnées par les autorités, n’ont pas été approvisionnées hier après un conflit entre leur représentant et les grévistes. L’immense majorité des services publics était toujours à l’arrêt, tout comme les commerces.

Renforts policiers en Martinique

Renforts policiers en Martinique