Le placement en détention provisoire d’Hervé Pinto, président du Kollectif Jistiss Matinik, a provoqué deux nuits d’émeutes en Martinique. Dimanche, plusieurs incendies avaient déjà été déclenchés dans le centre-ville de Fort-de-France aux cris de « Libérez Pinto », un activiste qui dit être l’héritier d’un terrain dont il aurait été spolié sur la commune des Trois-Ilets. Les habitants de la résidence construite sur le terrain revendiqué par Hervé Pinto, se disant intimidés, avaient mené une action en justice et l’homme a interdiction de s’approcher du quartier. Le militant anticolonial a été interpellé dans une zone où il avait justement interdiction de se rendre. Dès 21 heures locales lundi, des manifestants masqués ont installé des barricades enflammées à l’entrée du quartier Sainte-Thérèse, à Fort-de-France. Ils ont jeté des cocktails Molotov sur un véhicule de gendarmerie mobile et tiré à trois reprises à balles réelles sur les forces de l’ordre. Des émeutiers ont pillé une station-service et incendié un commerce et au moins cinq voitures. Quatre personnes ont été interpellées.

 

 

 

Le 16 juillet dernier, un jeune manifestant de 22 ans est arrêté en Martinique lors d’une manifestation contre le chlordécone, un pesticide extrêmement nocif utilisé dans les bananeraies jusqu’en 1993. Il est passé à tabac et torturé par la police avant d’être placé en garde à vue pour violence contre les forces de l’ordre. Son procès était initialement prévu le 9 novembre dernier, il a finalement été reporté au 17 mars prochain.

 

Vendredi 22 mai, un groupe de manifestant·es a détruit une statue de Victor Schoelcher située à Fort-de-France à l’occasion de la commémoration des luttes des anciens esclaves pour leur libération. Une autre a été détruite dans la commune qui porte le nom de l’homme politique. Ces actions visaient à rétablir la vérité historique sur l’abolition telle que pensée par Victor Schoelcher. Celui-ci était, en effet, à l’origine du décret qui avait permis l’indemnisation des propriétaires d’esclaves suite à l’abolition de l’esclavage. Les anciens esclaves avaient ainsi dû dans les jours suivants retourner sur les habitations pour être embauchés par leurs anciens maîtres. Victor Schoelcher est célébré dans l’histoire officielle comme un héro ayant permis la fin l’esclavage. En réalité, c’est l’une des multiples révoltes des esclaves pour obtenir leur liberté, qui força le gouverneur de Saint-Pierre à signer le décret d’abolition avant l’arrivé du décret gouvernemental. Plus d’infos ici.

Deux statues de Victor Schoelcher détruites par des manifestant·es

Deux statues de Victor Schoelcher détruites par des manifestant·es

Le dimanche 24 février, des jeunes Martiniquais défilaient dans le cadre des manifestations carnavalesques du LORRAIN en brandissant un drapeau Rouge Vert Noir. Ce drapeau tricolore, crée en 1968, est devenu l’emblème de la revendication autonomiste et indépendantiste martiniquaise. Le rouge représente le socialisme, le noir, le combat pour la cause noire et le vert celui pour la paysannerie.

Les manifestants ont été pris à partie par des gendarmes qui sont allés jusqu’à arrêter l’un d’entre eux, à le placer en garde vue et à saisir le drapeau. Il a finalement été relâché face aux protestations populaires, mais il était convoqué à la gendarmerie du Lorrain le Mardi 26 Février à 9 heures. Un rassemblement de solidarité était prévu. Plus d’infos de contexte ici

Un drapeau indépendantiste de Martinique

Un drapeau indépendantiste de Martinique

Tandis que les conflits sociaux se durcissent, deux escadrons de gendarmes mobiles vont être envoyés en renfort en Martinique où la grève générale est aujourd’hui à son huitième jour, tandis que la Guadeloupe, paralysée depuis vingt-trois jours, a à nouveau accueilli le ministre Yves Jégo. Les deux escadrons feront une escale technique à la Guadeloupe avant Fort-de-France où ils rejoindront deux escadrons déjà sur place.

En Martinique, les négociations ont repris en préfecture sur le prix des services, les syndicats réclamant leur baisse après avoir obtenu la veille moins 20 % sur 100 produits de première nécessité. Environ 1.500 personnes selon la police, ont manifesté le matin dans les rues de Fort-de-France. Mais ‘beaucoup de personnes’ n’ont pu se joindre aux manifestations, qui ont rassemblé jusqu’à 20.000 personnes, faute de carburant, indiquait-on à la préfecture. Les stations-service, y compris celles réquisitionnées par les autorités, n’ont pas été approvisionnées hier après un conflit entre leur représentant et les grévistes. L’immense majorité des services publics était toujours à l’arrêt, tout comme les commerces.

Renforts policiers en Martinique

Renforts policiers en Martinique