Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée a déclaré l’état d’urgence aujourd’hui jeudi 11 janvier pour deux semaines dans la capitale, après la mort d’au moins 15 personnes au cours d’une nuit de violentes émeutes. Le déclencheur a été une manifestation organisée à l’intérieur du parlement par des membres des forces de sécurité qui avaient constaté une baisse de leur salaire sans explication. Bien que le gouvernement ait rapidement promis d’y remédier, le mouvement de protestation s’est répandu comme une trainée de poudre, touchant de larges parts de la population. Des immeubles et des véhicules ont été incendiés et il y a eu de nombreux pillages. Bien que la Papouasie Nouvelle Guinée soit dotée de vastes gisements de gaz, d’or et de minerais, près de 40 % de ses neuf millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Des affrontements ont eu lieu mardi 19 à l’Université des ressources naturelles et de l’environnement sur le campus de Vudal à Kokopo (sur l’île de Nouvelle-Bretagne).  Répondant à un appel du’ Conseil représentatif des étudiants de l’UNRE (SRC), les étudiants ont manifestés parce qu’ils sont handicapés par la non-reconnaissance de certains cours (ainsi ceux de la nouvelle école de l’Environnement et du Réchauffement climatique). Des incidents ont eu lieu, qui se sont soldés par l’incendie de quatre véhicules appartenant à l’université.

Au moins deux manifestants ont été tués aujourd’hui dans la partie de la Papouasie annexée par l’Indonésie, lorsqu’une manifestation contre une réforme administrative a tourné à l’affrontement. Les manifestants dénoncent que cette réforme exclut les Papous dans les projets de création de nouvelles provinces dans la région et craignent qu’elle soit utilisée pour renforcer le contrôle du gouvernement sur la région. Des protestations ont éclaté dans toute la Papouasie et même dans la capitale du pays, Jakarta. C’est à un de ces rassemblements, situé dans le district éloigné de Yahukimo, qui a tourné à l’affrontement. Deux manifestants ont été tués par les forces de l’ordre, et plusieurs autres ont été blessés.

La Papouasie a été le théâtre d’une insurrection rebelle vieille de plusieurs décennies visant à obtenir l’indépendance de l’Indonésie, qui a pris le contrôle de l’ancienne colonie néerlandaise dans les années 1960. En 2019, au moins 20 personnes sont mortes dans la province de Papouasie occidentale lors d’un affrontement entre les forces de sécurité et les manifestants, après des jours de troubles violents pour protester contre le racisme envers les étudiants papous dans la deuxième ville du pays, Surabaya.

 

Lundi 19 août, des émeutes ont éclaté en Papouasie occidentale, alors que des milliers de personnes protestaient contre les arrestations et les détentions d’étudiants indépendantistes durant le week-end. Plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Manokwari, la capitale de la province de Papouasie occidentale. Les manifestations se sont transformés en soulèvement causant des dégâts matériels (magasins et véhicules incendiés, panneaux de signalisation arrachés, jets de pierre), jusqu’à l’incendie du Parlement régional. Le samedi 17 août, jour de l’indépendance de l’Indonésie, 43 étudiants papous vivant à Surabaya (sur l’île de Java), ont été arrêtés, accusés d’avoir détruit un drapeau indonésien. La police est intervenue dans les dortoirs utilisant des gaz lacrymogènes pour forcer les étudiants à sortir. Ils seront arrêtés et relâchés après interrogatoire. Depuis des années, les forces de sécurité du pays sont accusées d’exactions à l’encontre de la population de Papouasie, notamment d’assassinats de militants politiques et sociaux.

Parlement Régional de Manokwari, capitale de la province de Papouasie occidentale

Le jeudi 15 août, des militants de Papouasie occidentale ont manifesté dans plusieurs villes indonésiennes à l’occasion de l’anniversaire de l’accord de New-York signé aux États-Unis en 1962 et qui transféra le territoire de la Papouasie des Pays-Bas à l’Indonésie.

À Amboine (Maluku), 11 étudiants papous occidentaux ont été battus et arrêtés après la dispersion de la manifestation. À Ternate (Maluku), la manifestation des étudiants de Papouasie (KMP) et du Front des peuples indonésiens pour la Papouasie occidentale (FRI-WP) a été dispersée peu de temps après son départ. 16 personnes ont été arrêtés et frappées par les forces de l’ordre avant d’être emmenées au poste de police de Ternate. À Malang (Java), des étudiants ont été attaqués par des membres de milices civiles nationalistes. 24 étudiants ont été blessés, dont 5 grièvement. Une manifestation s’est également tenue à Jakarta. Les manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade des États-Unis avant de se rendre devant le « palais de l’État », où ils ont chanté l’hymne de l’Organisation pour une Papouasie libre. Les manifestants ont exigé le retrait de l’armée indonésienne de la Papouasie, la fin de l’exploitation et de la déforestation et l’indépendance totale de l’Indonésie. Au total plus de 150 personnes ont été arrêtées et des dizaines blessées. Plus de 60 militants étaient toujours en détention le samedi 17 août.

Manifestant blessé lors des marches commémorant l'accord de New-York de 1962

Les autorités indonésiennes ont déchaîné une nouvelle vague de répression sur les Papous mélanésiens qui participent à des manifestations indépendantistes. Dans plusieurs cas, les personnes arrêtées ont été torturées. Ces arrestations de masse ont eu lieu en avril, mai et juin 2016. Entre mai et juin, environ 3.000 personnes ont été arrêtées au cours de manifestations pacifiques de masse dans les grandes villes de la Papouasie indonésienne. Et le dernier coup de filet s’est produit le 15 juin, plus de 1.000 Papous occidentaux ont été arrêtés, la plupart ont été libérés depuis, mais certains ont été torturés en détention.

La période est cruciale pour l’avenir des provinces papoues indonésiennes, car le Groupe mélanésien « Fer de lance » (Fidji, Papouasie Nouvelle-Guinée, Papouasie indonésienne, Vanuatu et Îles Salomon) décidera en juillet s’il accorde ou non le statut de membre associé au Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale. Cela placerait les indépendantistes à égalité avec l’Indonésie, qui a obtenu son statut de membre associé de l’institution mélanésienne l’année dernière. L’Indonésie est opposée à cette promotion du mouvement indépendantiste et elle cherche à convaincre les membres du Groupe « Fer de lance » de voter contre.

Manifestants indépendantistes papous

Manifestants indépendantistes papous

Une manifestation de protestation contre l’accaparement des terres et le capitalisme a tourné à l’émeute avant-hier, mardi, dans le centre de Madang, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La police avait refusé la tenue de cette manifestation. Les habitants du quartier se sont mêlés aux manifestants et des commerces tenus par des Chinois ont été pillés. Un certain nombre de personnes ont été grièvement blessées, et un étudiant a été tué par la police. La ville de Madang est situé sur un littoral réputé pour sa beauté, menacé notamment par le projet de Pacific Marine Industrial Zone, un grand complexe de conditionnement de thon.

Papouasie: Emeutes à Madang

Depuis plus d’une semaine, plusieurs centaines de demandeurs d’asile de l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée observaient une grève de la faim, certains allant même jusqu’à s’automutiler. Les forces de l’ordre australiennes sont entrées lundi soir dans le camp, où des détenus s’étaient barricadés la veille. Bilan de l’intervention : 58 arrestations et plusieurs blessés parmi les migrants, dont certains auraient été placés en cellule d’isolement. Plusieurs centaines de personnes refusent toujours de s’alimenter.

L’Australie envoie systématiquement tous les clandestins qui tentent d’atteindre ses côtes par la mer dans des camps « offshore », notamment en Papouasie, construits sur le sol d’anciennes bases australiennes et gérées par des organismes australiens. Les migrants du camp de Manus, venus principalement d’Irak, d’Iran et d’Afghanistan, veulent s’installer Australie, mais celle-ci leur oppose une loi impose qu’ils restent dans le pays « qui les a accueillis » (en fait, où la marine australienne les a débarqués): la Papouasie-Nouvelle-Guinée…

Papouasie/Australie: Répression au camp de Manus

Des centaines de Papous ont fui leurs foyers suite à une opération militaire dans les hautes terres de Papouasie. La répression a eu lieu près de Grasberg – la plus grande mine de cuivre et d’or du monde. Le 7 janvier, des centaines de policiers et de soldats indonésiens ont pris d’assaut le village d’Utikini, suite au meurtre de deux officiers de police et d’un agent de sécurité de la mine. Des villageois ont rapporté que 116 Papous ont été arrêtés, dont 48 femmes et 3 enfants. Nombre d’entre eux ont été interrogés et torturés par la police. 12 sont toujours en garde à vue. Un villageois a reçu deux balles dans les pieds afin ’qu’il se tienne tranquille’. Les soldats et la police ont incendié des maisons et des tentes appartenant aux membres des tribus dani, amungme, damal et moni.

La police aurait trouvé que de nombreux villageois détenaient des tracts en faveur de l’indépendance papoue. De telles manifestations d’expression politique peuvent être dangereuses en Papouasie occidentale, où des Papous sont actuellement emprisonnés jusqu’à 15 ans pour avoir levé le drapeau indépendantiste. Lors d’une conférence de presse, le 7 janvier, un chef de la police indonésienne a déclaré : ’J’ai ordonné [aux policiers] de brûler les maisons des habitants du village d’Utikini. Cela a été fait délibérément afin de briser le mouvement [indépendantiste]. Je les anéantirai.’ Cet incident survient quelques semaines seulement après l’assassinat mortelle de cinq adolescents papous par des soldats et la police.

Papouasie: Répression et exode

L’incident s’est déroulé à Enarotali, la capitale du district de Paniai. Quatre personnes officiellement, parmi lesquelles trois lycéens, ont été tués par balles. Les activistes locaux accusent la police d’avoir ouvert le feu sur la foule. Selon le récit de plusieurs habitants, l’affrontement entre les manifestants et la police faisait suite à des heurts, qui s’étaient déroulés la veille au soir entre un groupe d’adolescents et des militaires. Les jeunes s’en seraient pris à un militaire, qui conduisait une moto, phares éteints. Ce dernier serait ensuite revenu, accompagné par un groupe d’hommes. Ils auraient alors agressé une jeune garçon de douze ans, qui travaillait à un poste de contrôle. Depuis plusieurs années, la province de Papouasie occidentale, une région riche en ressources naturelles mais sous-développée économiquement, est le théâtre d’affrontements sporadiques entre les forces de sécurité indonésiennes et des rebelles armés, opposés au gouvernement de Jakarta.