Comme nous vous l’annoncions il y a quelques jours, les YPG/YPJ (Unités de Protection du Peuple/des Femmes, milices progressistes kurdes en Syrie) et la coalition qu’ils mènent, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) ont franchit le fleuve Euphrate, pénétrant ainsi dans la province d’Alep, avec pour objectif probable la ville de Jarabulus (et le rattachement de la province de Afrin au reste du Rojava), occupée par les islamistes et protégées par les troupes turques. Cette traversée s’est faite par la libération du barrage de Tichrin.

A 12 kilomètres au nord-ouest de ce barrage, la ville kurde de Manbij attend avec impatience les YPG et manifeste depuis samedi contre l’Etat Islamique qui administre actuellement la ville par la force. Cette nouvelle opération militaire kurde a semé la panique dans les rangs de Daesh qui a dans un premier temps fait venir des troupes de sa capitale, Raqqah. Il semble à présent que les combattants réactionnaires soient en fuite vers Alep. Désespérés, les islamistes ont procédé avec la barbarie qu’on leur connaît en arrêtant de nombreux militants et en kidnappant des femmes.

La libération de Manbij devrait avoir lieu dans les prochaines heures ou prochains jours.

Manifestation à Manbij

Manifestation à Manbij

Les YPG/YPJ, et l’alliance des Forces Démocratiques Syriennes (QSD) ont traversé le fleuve Euphrate en libérant le barrage de Tichrin (province d’Alep) ce samedi 26 décembre soir, précédemment occupé par l’Etat Islamique. Ce point stratégique coupe une nouvelle fois les approvisionnements turcs à la capitale de Daesh, Raqqa. Cette victoire fait suite à la libération de al-Howl, à l’est de la Syrie, qui avait permis aux forces kurdes de Syrie de restaurer un passage entre le mont Shengal et le Rojava.

La libération de Tichrin pourrait signifier une nouvelle étape vers l’unification du canton d’Afrin aux autres cantons du Rojava (Kobané et Cizré), l’un des objectifs primordiaux des milices kurdes progressistes en Syrie. La réalisation de cet objectif a jusqu’à présent été empêchée par l’état turc qui a militarisé sa frontière sur la centaine de kilomètres qui sépare Afrin de Kobané, et particulièrement dans le village de Jarabulus (ville frontalière de la Turquie, juste à l’ouest de l’Euphrate) et multiplié les intimidations armées à Kobané et Tal Abyad (Gîre Spi) pour saboter le projet kurde en Syrie.

Les YPG/QSD arrachent le barrage de Tichrin à Daesh.


Les YPG/QSD arrachent le barrage de Tichrin à Daesh.
Rojava: Les YPG/QSD traversent l’Euphrate

De violents affrontements ont opposé lundi la police à des manifestants kurdes qui dénonçaient le couvre-feu prolongé imposé dans un quartier de Diyarbakir. Les manifestants, dont plusieurs députés du HDP, ont tenté dans la matinée d’entrer dans le district de Sur, théâtre depuis le début du mois de violents affrontements entre les forces de sécurité et des jeunes partisans du PKK. Leur cortège a été repoussé par la police avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau. Au moins deux jeunes manifestants ont été tuées par balle de guerre. Une quarantaine d’autres manifestants ont été arrêtées. Les autorités turques ont imposé le 2 décembre un couvre-feu dans le district de Sur, quelques heures après la mort par balles, dans des circonstances qui n’ont toujours pas été éclaircies, du célèbre avocat Tahir Elçi.

Affrontements à Diarbakir

Affrontements à Diarbakir

Deux sergents de la gendarmerie du village de Yeni Aslan Pacha, à Şırnak, s’étaient rendus, samedi, au centre de la province mais ne sont pas rentrés au poste de la gendarmerie, depuis la soirée du samedi. Les autorités affirment qu’ils ont été capturés par la guérilla du PKK. Par ailleurs, les unités commandos de la 49e brigade de l’armée turque revendiquent la destruction de 26 refuges de la guérilla kurde dans la province de Bingöl, et la saisie une quantité importante d’armes et de munitions.

Un des refuges souterrains découverts par les commandos turcs

Un des refuges souterrains découverts par les commandos turcs

Depuis le 16 août, 52 couvre-feux ont eu lieu dans 17 provinces de 7 grandes villes kurdes abritant ensemble 1,3 millions d’habitants. 31 fois à Amed (Diyarbakır), 9 fois à Mardin, 5 fois à Sirnak, et une fois à Hakkâri, à Mus, à Batman et à Elazig.

La foule à Silvan après le retrait de l’armée.

La foule à Silvan après le retrait de l'armée.

Trois membres des forces de sécurité turques ont été tués hier samedi, dans le cadre d’une reprise des activités de la guérilla du PKK. Mercredi, c’est un IED qui a explosé au passage d’un bus militaire à Mardin, tuant un soldat et blessant sept autres. Jeudi, les forces de sécurité ont donné l’assaut à un appartement dans le district de Sancaktepe, sur la rive asiatique d’Istanbul. Une femme présentée comme combattante du PKK a été tuée et trois autres occupants de l’appartement visé ont été arrêtés.

Le cratère de l’explosion de Mardin

Le cratère de l'explosion de Mardin

Suite à l’exécution il y a quelques heures de Tahir Elçi, célèbre avocat kurde, par la police turque, des manifestations ont lieu à travers la Turquie et le Kurdistan. A Istanbul, la police envoie les auto-pompes contre les manifestants.

Tahir Elci protest broken up in Istanbul

Police fire water cannon in central Istanbul as protesters march to protest the killing Tahir Elci, a prominent Kurdish lawyer.

Posted by Channel 4 News on Saturday, November 28, 2015

Les manifestants se rassemblent pour Tahir Elçi.

Les manifestants se rassemblent pour Tahir Elçi.

Tahir Elçi, président du barreau de Diyarbakir (la capitale informelle du Kurdistan, dont le nom kurde est Amed) et célèbre avocat indépendant proche de la cause kurde a été abattu à Diyarbakir, dans le district de Sur, ce matin. La police a presque par réflexe déclaré que c’était le PKK qui était à l’origine de l’exécution, mais l’autopsie a rapidement révélé que Tahir a reçu une balle de la police dans la nuque. Tahir Elçi avait fait de la prison pour avoir déclaré que le PKK n’était pas une organisation terroriste.

Un échange de coup de feu avait éclaté dans la rue, on peut voir sur une vidéo amateur des policiers se retourner vers Tahir et faire feu dans sa direction. On ignore encore à l’heure actuelle les circonstances exactes de la fusillade, elles seront probablement difficile à éclaircir vu les premières déclarations de la justice turque. Ce 28 novembre marque le 37ème anniversaire du PKK.

Tahir Elçi abattu par la police.

Tahir Elçi abattu par la police.

Alors que les YPG/YPJ (Forces de Défense du Peuple/des Femmes) et la coalition qu’ils mènent (les Forces Démocratiques Syriennes, QSD) poursuivent leurs victoires contre les islamistes au sud-est et à l’ouest du Rojava, l’armée turque se concentre à la frontière avec la ville syrienne de Tal Abyad (Girê Spi) sous contrôle des YPG. Depuis le 24 octobre dernier, l’armée turque agresse régulièrement les forces kurdes. Dernière attaque en date, l’armée turque a bombardé à coups de mortiers la position des YPG à Zeytuna depuis minuit jusqu’à 5h le 25 novembre. Les YPG ont déclaré qu’il n’y avait eu aucune perte humaine suite à ce bombardement.

Au même moment, dans la même ville, l’Etat Islamique a lancé une sanglante campagne d’attentats suicides contre les YPG qui ont fait 20 morts le 22 novembre.

L’une des bombes islamistes contre Tal Abyad ce 22 novembre.

L'une des bombes islamistes contre Tal Abyad ce 22 novembre.

Plusieurs associations antifascistes françaises (dont Antifa NP2C) ont lancé une campagne « Fuck Daesh, Support PKK » qu’ils ont partagé sur Facebook. La campagne propose une pétition demandant entre autres que le PKK soit retiré des listes de groupes ‘terroristes’, que les militants et les soutiens du PKK ne soient plus poursuivis, que les poursuites engagées contre des sympathisants du PKK en Belgique et en Allemagne soient abandonnées. Après avoir été partagée, ‘likée’, et commentée des milliers de fois, la campagne a été censurée par Facebook. Le bureau-presse français de Facebook a répondu aux critiques que « La règle est très simple sur Facebook : il n’y a pas de place pour le contenu faisant l’apologie du terrorisme. Et le PKK est une organisation terroriste selon l’U.E et les Etats-Unis ». Les règles « très simples » de Facebook semblent ne pas être aussi simples lorsqu’il s’agit de contenus fascistes.

Voir la campagne « Fuck Daesh » sur un autre site que Facebook.

Fuck Daesh, Support PKK

Fuck Daesh, Support PKK