Vendredi 9 mars 20 autres responsables du principal parti kurde BDP et une journaliste ont été emprisonnés sous l’accusation d’être membres d’une organisation «terroriste», à savoir le PKK. Le nombre de journalistes emprisonnés monte à 106, ce qui fait la Turquie la plus grande prison du monde pour journalistes. 19 responsables locaux, un membre du conseil exécutif du BDP et un correspondant de l’agence kurde DIHA ont été placés en détention après avoir comparu devant un tribunal d’Adana.

La police avait déjà interpellé le 6 mars 61 personnes dont trois journalistes de l’agence DIHA, au cours des opérations simultanées visant le BDP dans quatre villes, notamment à Adana. Déjà plus de 6 500 membres actifs de ce parti dont 31 maires sur 98 et six députés sur 36 sont actuellement en prison dans le cadre d’une campagne de répression sans précédente lancée en avril 2009, quelques semaines après le succès historique du parti kurde aux élections municipales.

Le Ministère de l’Intérieur turc est en train de mettre en place les dispositions légales qui instaureront un système de récompenses pécuniaires pour toute aide fournie aux ‘efforts anti-terroristes’ du pays. L’état turc offrira 4 millions de nouvelles livres turques (1,7 million d’euros) à toute personne fournissant des renseignements conduisant à la capture de Murat Karayilan, ou d’une des 49 personnes désignées par les autorités comme étant les ‘têtes pensantes’ du PKK. Par ailleurs, une récompense de 2 millions de nouvelles livres turques (850.000 euros) sera offerte pour la capture de n’importe quel dirigeant inférieur de l’organisation. Ceux qui aideront à la capture ‘de l’auteur ou du conspirateur d’une attaque terroriste’ recevront 100.000 nouvelles livres turques (40.000 euros) tandis que la récompense pour la capture d’un ‘membre ordinaire’ du PKK sera moindre. La Ministère de l’Intérieur a transmis ces dispositions au cabinet du Premier Ministre, qui doit encore les approuver.

Sept Kurdes ont été interpellées par la sous-direction antiterroriste (SDAT) et la PJ de Reims dans le cadre d’une information judiciaire conduite par le juge Thierry Fragnoli portant en particulier sur une tentative d’extorsion de fonds pour le financement du PKK. L’ouverture de cette enquête remonte à septembre 2011. Dans un dossier similaire de financement du PKK, quatre personnes avaient été mises en examen et trois d’entre elles placées en détention provisoire en début février.

Depuis le 15 février, plus de 400 prisonniers politiques kurdes mènent une grève de la faim illimitée. Celle-ci fait suite à celle suivie entre le 1er décembre et le 15 février, qui elle avait été limitée dans le temps. Mais la mobilisation prenant de plus en plus d’ampleur, notamment en raison de la politique de répression menée par le gouvernement turc dans le cadre de l’affaire KCK, celle-ci a été prolongée en une grève illimitée. Depuis quelques mois, les autorités procèdent à des dizaines d’arrestations toutes les semaines, portant à plus de 130.000 le nombre de détenus actuels contre 60.000 en 2002. Outre l’arrêt des arrestations massives, les prisonniers demandent la libération d’Ocalan (leader du PKK emprisonné sur l’île d’Imrali depuis 1999 en isolement total), la reconnaissance officiel des droits collectifs du peuple kurde dans la constitution, notamment la reconnaissance de l’identité kurde et le droit à l’enseignement kurde.

Les règles de modération sur Facebook viennent d’être révélées (sur ce site). Ces règles sont générales et usuelles pour les grands réseaux sociaux, à cette exception singulière près: elles comportent une seule série de règles spécifiques à un pays, la Turquie. Le texte vise précisément « toutes les attaques contre Atatürk », « les cartes du Kurdistan » ou les photographies de « drapeaux turcs en feu ». Ces contenus peuvent toutefois être validés « s’ils sont clairement opposés au PKK ou à Öcalan ».

Hier, la Cour Suprême turque a décidé de qualifier la KCK (Kurdistan Communities Union), qu’elle accuse d’être la branche urbaine du PKK, de groupe terroriste après avoir confirmé la décision d’un tribunal de la province de Van condamnant des membres du collectif à de lourdes peines de prison. Dans son verdict, la Cour a énuméré une série de raisons pour lesquelles, selon elle, la KCK constitue un groupe terroriste: les liens de l’organisation avec le PKK, ses objectifs, sa stratégie, sa structure, le nombre de ses membres ainsi que ses capacités armées et coercitives.

La semaine dernière, les autorités ont interpellé des dizaines de personnes dans le cadre de leurs raids dirigés contre la KCK (Kurdistan Communities Union) qu’elles accusent d’être la branche urbaine du PKK. Cinq suspects ont été arrêtés à Istanbul alors que neuf autres personnes ont été libérées la nuit du 16 février après leur comparution au tribunal. Des 49 personnes détenues à Istanbul, 35 avaient déjà été libérées après interrogatoire. Une cour d’assises d’Ankara a également ordonné l’arrestation de neuf des quatorze personnes qui ont comparu sous le chef d’accusation ‘d’appartenance à une organisation terroriste’. Le tribunal a libéré les cinq autres inculpés en les plaçant sous contrôle judiciaire. 33 personnes des 36 qui avaient été interpellées dans les provinces de Diyarbakir, de Sanliurfa, de Sirnak et de Batman ont été relâchées à Diyarbakir. Deux personnes ont été interpellées dans la province de Van, alors que quatre autres ont été libérées le 16 février.

Arrestations en Turquie

Ce lundi, les autorités ont placé dix personnes en garde à vue en raison de leurs liens présumés avec la KCK. Les équipes du département anti-terroriste turc ont pisté leurs ‘suspects’ en examinant leurs profils Facebook, en visionnant les photos et les vidéos qu’ils partageaient et en lisant les messages qu’ils échangeaient. Les autorités ont interpellé les dix personnes, qui sont âgées de 19 à 22 ans, sur base de l’accusation selon laquelle ils auraient été en train de planifier des incendies volontaires et criminels. Elles ont également saisi leurs ordinateurs qu’elles suspectent de contenir des éléments de propagande pour l’organisation.

Arrestations en Turquie

Des dizaines de milliers de kurdes venus principalement d’Allemagne, France, Pays-Bas et de Belgique ont manifesté samedi 18 février à Strasbourg pour demander la libération du chef du PKK et dénoncer l’inaction de l’Union Européen face à la répression anti-kurde en Turquie. Il s’agit de l’une des plus grandes manifestations de ces dernières années. Des drapeaux à l’effigie du leader kurde Abdullah Öcalan, emprisonné sur l’Ile d’Imrali depuis 13 ans sous totale isolation, et des drapeaux du PKK étaient brandis, ainsi que des pancartes avec des inscriptions telles que « Non au complot international contre Ocalan », « Liberté pour Ocalan, paix au Kurdistan ». Des femmes en tenue noire en signe de protestation et des jeunes en tenue guérilla du PKK étaient présents dans les cortèges.

France: Gigantesque manifestation kurde

Hier, des dizaines de milliers de kurdes se sont rassemblés à l’occasion du 13ème anniversaire de l’arrestation de Abdullah Ocalan (dirigeant du PKK) et pour protester contre son isolement ainsi que contre la répression dont est victime la population kurde en Turquie. Ces rassemblements, à l’appel du parti pro-kurde BPD (Peace and Democracy Party), se sont déroulés dans une cinquantaine de villes à travers la Turquie. En outre, dans la région kurde, une grève générale a été suivie par la majorité des habitants, ceux s’étant vêtus de noirs pour mener une grève de la faim durant 24 heures. La police est intervenue pour disperser les rassemblements dans la plupart des villes. De violents affrontements l’ont opposée aux manifestants à Diyarbakir, à Mardin, à Sirnak, à Istanbul et à Adana, où elle a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau. Au moins 89 personnes ont été arrêtées, dont trente à Istanbul, dix à Diyarbakir, quinze à Mersin et onze à Batman.

Répression d’une manifestation kurde à Istanbul

Dans le même cadre, une association kurde avait organisé une marche aux flambeaux à Anvers. Celle-ci avait été annoncée, mais les autorités ne l’avait pas autorisée. Celles-ci ont procédé à 37 interpellations, précisant qu’il n’y avait eu aucune émeute, ni aucun blessé lors du rassemblement, mais que les interpellations avaient eu lieu ‘par précaution’.

Répression d'une manifestation kurde à Istanbul

Hier, les autorités turques avaient annoncé que dix guérilleros du PKK avaient été tués lors d’une offensive de l’armée dans la province de Sirnak, à la frontière irakienne. Finalement, un second bilan a été présenté aujourd’hui. Quinze guérilleros ont été tués lors de cette offensive menée dans une région montagneuse de la province, où le PKK disposerait de plusieurs base. En outre, deux soldats sont également décédés dans les affrontements. Dans un autre incident, les forces de sécurité à Diyarbakir ont tué le conducteur d’un véhicule dans une fusillade qui a éclaté après qu’elles l’aient stoppé et aient trouvé 125 kilos d’explosifs dans son coffre.