Les règles de modération sur Facebook viennent d’être révélées (sur ce site). Ces règles sont générales et usuelles pour les grands réseaux sociaux, à cette exception singulière près: elles comportent une seule série de règles spécifiques à un pays, la Turquie. Le texte vise précisément « toutes les attaques contre Atatürk », « les cartes du Kurdistan » ou les photographies de « drapeaux turcs en feu ». Ces contenus peuvent toutefois être validés « s’ils sont clairement opposés au PKK ou à Öcalan ».

Hier, la Cour Suprême turque a décidé de qualifier la KCK (Kurdistan Communities Union), qu’elle accuse d’être la branche urbaine du PKK, de groupe terroriste après avoir confirmé la décision d’un tribunal de la province de Van condamnant des membres du collectif à de lourdes peines de prison. Dans son verdict, la Cour a énuméré une série de raisons pour lesquelles, selon elle, la KCK constitue un groupe terroriste: les liens de l’organisation avec le PKK, ses objectifs, sa stratégie, sa structure, le nombre de ses membres ainsi que ses capacités armées et coercitives.

La semaine dernière, les autorités ont interpellé des dizaines de personnes dans le cadre de leurs raids dirigés contre la KCK (Kurdistan Communities Union) qu’elles accusent d’être la branche urbaine du PKK. Cinq suspects ont été arrêtés à Istanbul alors que neuf autres personnes ont été libérées la nuit du 16 février après leur comparution au tribunal. Des 49 personnes détenues à Istanbul, 35 avaient déjà été libérées après interrogatoire. Une cour d’assises d’Ankara a également ordonné l’arrestation de neuf des quatorze personnes qui ont comparu sous le chef d’accusation ‘d’appartenance à une organisation terroriste’. Le tribunal a libéré les cinq autres inculpés en les plaçant sous contrôle judiciaire. 33 personnes des 36 qui avaient été interpellées dans les provinces de Diyarbakir, de Sanliurfa, de Sirnak et de Batman ont été relâchées à Diyarbakir. Deux personnes ont été interpellées dans la province de Van, alors que quatre autres ont été libérées le 16 février.

Arrestations en Turquie

Ce lundi, les autorités ont placé dix personnes en garde à vue en raison de leurs liens présumés avec la KCK. Les équipes du département anti-terroriste turc ont pisté leurs ‘suspects’ en examinant leurs profils Facebook, en visionnant les photos et les vidéos qu’ils partageaient et en lisant les messages qu’ils échangeaient. Les autorités ont interpellé les dix personnes, qui sont âgées de 19 à 22 ans, sur base de l’accusation selon laquelle ils auraient été en train de planifier des incendies volontaires et criminels. Elles ont également saisi leurs ordinateurs qu’elles suspectent de contenir des éléments de propagande pour l’organisation.

Arrestations en Turquie

Des dizaines de milliers de kurdes venus principalement d’Allemagne, France, Pays-Bas et de Belgique ont manifesté samedi 18 février à Strasbourg pour demander la libération du chef du PKK et dénoncer l’inaction de l’Union Européen face à la répression anti-kurde en Turquie. Il s’agit de l’une des plus grandes manifestations de ces dernières années. Des drapeaux à l’effigie du leader kurde Abdullah Öcalan, emprisonné sur l’Ile d’Imrali depuis 13 ans sous totale isolation, et des drapeaux du PKK étaient brandis, ainsi que des pancartes avec des inscriptions telles que « Non au complot international contre Ocalan », « Liberté pour Ocalan, paix au Kurdistan ». Des femmes en tenue noire en signe de protestation et des jeunes en tenue guérilla du PKK étaient présents dans les cortèges.

France: Gigantesque manifestation kurde

Hier, des dizaines de milliers de kurdes se sont rassemblés à l’occasion du 13ème anniversaire de l’arrestation de Abdullah Ocalan (dirigeant du PKK) et pour protester contre son isolement ainsi que contre la répression dont est victime la population kurde en Turquie. Ces rassemblements, à l’appel du parti pro-kurde BPD (Peace and Democracy Party), se sont déroulés dans une cinquantaine de villes à travers la Turquie. En outre, dans la région kurde, une grève générale a été suivie par la majorité des habitants, ceux s’étant vêtus de noirs pour mener une grève de la faim durant 24 heures. La police est intervenue pour disperser les rassemblements dans la plupart des villes. De violents affrontements l’ont opposée aux manifestants à Diyarbakir, à Mardin, à Sirnak, à Istanbul et à Adana, où elle a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau. Au moins 89 personnes ont été arrêtées, dont trente à Istanbul, dix à Diyarbakir, quinze à Mersin et onze à Batman.

Répression d’une manifestation kurde à Istanbul

Dans le même cadre, une association kurde avait organisé une marche aux flambeaux à Anvers. Celle-ci avait été annoncée, mais les autorités ne l’avait pas autorisée. Celles-ci ont procédé à 37 interpellations, précisant qu’il n’y avait eu aucune émeute, ni aucun blessé lors du rassemblement, mais que les interpellations avaient eu lieu ‘par précaution’.

Répression d'une manifestation kurde à Istanbul

Hier, les autorités turques avaient annoncé que dix guérilleros du PKK avaient été tués lors d’une offensive de l’armée dans la province de Sirnak, à la frontière irakienne. Finalement, un second bilan a été présenté aujourd’hui. Quinze guérilleros ont été tués lors de cette offensive menée dans une région montagneuse de la province, où le PKK disposerait de plusieurs base. En outre, deux soldats sont également décédés dans les affrontements. Dans un autre incident, les forces de sécurité à Diyarbakir ont tué le conducteur d’un véhicule dans une fusillade qui a éclaté après qu’elles l’aient stoppé et aient trouvé 125 kilos d’explosifs dans son coffre.

Les forces de sécurité ont interpellés 109 personnes hier matin dans divers raids menés à travers la Turquie, notamment dans les quartiers généraux de plusieurs syndicats à Ankara dans le cadre de l’enquête liée à la KCK (Kurdish Communities Union). Des policiers ont perquisitionné les locaux de la Confederation of Public Sector Trade Unions (KESK), du All Municipal and Local Administration Workers Union (Tüm Bel Sen) et du Health Employees Union (SES) ainsi que les domiciles de plusieurs syndicalistes, plaçant quinze personnes en garde à vue à Ankara. Certaines de ces perquisitions seraient liées à un meeting organisé par plusieurs femmes membres du KESK en 2009. La police antiterroriste a également interpellé 42 personnes dans le district de Beyoglu à Istanbul après plus de deux heures de fouilles dans plusieurs lieux. Des douzaines d’autres personnes ont été arrêtées par les autorités dans plusieurs provinces du sud-est du pays: Sirnak, Izmir, Diyarbakir, Mus, Hakkari, Sanliurfa et Gaziantep ainsi que dans les provinces de Adana (sud), de Denizli et Mersin (sud-ouest) et de Kocaeli (nord-ouest). Par ailleurs, 24 personnes ont été arrêtées dans la province de Batman et immédiatement inculpées pour avoir bombardé au cocktail Molotov des fonctionnaires de police, des magasins et des véhicules. Ils ont également été accusés de fournir un support humain et matériel aux guérilleros du PKK dans les campagnes. La KCK est accusée par les autorités turques d’être la branche urbaine du PKK.

Hier, des unités du renseignement turc ont appris que des groupes de guérilleros étaient en train de se rassembler à proximité du district de Uludere de la province de Sirnak, proche de la frontière irakienne. Une division locale de l’armée a déclenché une opération soutenue par l’armée de l’air. Des soldats spécialement entraînés ont été largués depuis des hélicoptères et ont engagé le combat avec les guérilleros. Dix d’entre eux ont été tués et leurs armes saisies. Les autorités militaires ont déclaré que deux soldats avaient été blessés dans les combats.

Hier, des avions militaires turcs ont bombardé samedi soir des positions du PKK dans les régions de Zap et Hakurk, au Kurdistan irakien. Le bilan final de l’opération de contre-guérilla menée jeudi dans l’agglomération d’Ilicalar, dans la province de Bingol, est de neuf membres présumés du PKK tués et trois autres capturés. Les forces de sécurité ont saisi neuf Kalachnikov AK-47, cinq grenades à main, un lance-roquettes, deux fusils d’assaut M-16, des explosifs de type C-4, deux radios et des documents appartenant à l’organisation.

Deux violents affrontements distincts ont opposé les guérilleros du PKK et les forces de sécurité cette nuit. Vers 2h du matin, une brigade de guérilleros a attaqué une unité de l’armée près de la frontière irakienne, dans la province de Hakkari. La fusillade a duré plus d’une heure et demi. Un soldat a été tué et six autres blessés par les tirs des guérilleros qui ont ensuite disparus. Plusieurs unités de l’armée ont été lancées à leur recherche, et les corps de quatre d’entre eux ayant succombé à leurs blessures auraient déjà été retrouvés. A 4h du matin, les forces de sécurité ont pris d’assaut une maison abritant des guérilleros à Ilica, dans la province de Bingöl. Les autorités ont affirmé ce matin que trois guérilleros auraient été capturés et neufs autres tués durant la confrontation. Sur place, elles ont également saisi neuf Kalachnikov, cinq grenades, un lance-roquette, deux fusils d’assauts M-16 et une certaine quantité d’explosif C4.